Quelques beaux albums…

Aujourd’hui une sélection de beaux albums. Vous avez pu les voir dans le webzine de Noël, mais c’est frustrant de parler d’un livre en aussi peu de mots, alors ici je m’étends un peu plus !

Thomas travaille pour le roi, il écrit ses textes depuis bien longtemps maintenant. Mais voilà qu’un jour, le roi décide d’augmenter les taxes, et comme Thomas écrit tous les textes, c’est lui cette fois encore qui va écrire le texte de loi. Sauf que cette fois Thomas ose donner son avis, le peuple a déjà trop de taxes, celle-ci sera de trop et le roi risque sa vie si le peuple se met en colère. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, et le roi, hors de lui, fait chasser son écrivain. À peine rentré chez lui, celui-ci rédige un texte qu’il fait envoyer au roi, un texte qui ne lui plait pas vraiment, car voilà que déjà le roi réclame la tête, sans procès, du responsable de ce qu’il vient de lire. Mais il est déjà loin, il vogue vers une île qu’on appelle Utopia…
Mon gros coup de cœur de cette fin d’année ! Tiré d’un roman de Thomas More (que je ne connaissais pas, soyons honnête), ce bijou (tant au niveau du propos, que des illustrations ou de l’objet-livre lui-même avec son dos toilé) est un grand album qui plaira autant aux enfants qu’aux adultes. On y parle donc de sociétés dictatoriales, mais aussi de mondes utopiques (sur Utopia, ouvriers et princes gagnent le même salaire et mangent à la même table), de celles et ceux qui osent aller contre les lois néfastes, des réfugié·e·s, de l’accueil… Difficile de tout révéler, mais la fin totalement surprenante en fera réfléchir plus d’un·e. C’est un album à lire seul·e, en famille, en classe… Un album qui fait réfléchir, débattre, parler… Bref, un album indispensable.
Gros coup de cœur pour cette merveille !

Une reine regarde par la fenêtre la neige tomber. Celle qui attend un enfant est en train de coudre une étoffe pour celui ou celle qui viendra bientôt. Mais voilà qu’elle se pique le doigt et que deux gouttes de sang s’écoulent. Admirant ce tableau, la reine décide que son enfant aura les cheveux noirs comme le bois de la fenêtre, le visage aussi blanc que la neige qui tombe au-dehors et les lèvres aussi rouges que le sang qui vient de s’écouler. Bientôt, l’enfant est là, mais la mère n’a pas survécu. Avant de mourir, elle a fait promettre au roi de donner à sa petite fille le nom de Blanche-Neige.
Alors bien sûr tout le monde (ou presque) connaît l’histoire de Blanche-Neige et il y a fort à parier que la plupart d’entre vous possèdent déjà un livre sur elle, sauf qu’ici il s’agit d’un album absolument somptueux. Le texte de Charlotte Moundlic est extrêmement bien écrit, chaque mot semble choisi, et pourtant, bien que très littéraire, c’est un régal à lire à voix haute (rien de pire que les textes sur lesquels on bute sur chaque phrase lors d’une lecture à un enfant). Les illustrations de François Roca à la peinture sont, comme toujours, magnifiques. Le très grand format de l’album les met particulièrement en valeur et ça donne un livre qu’on a envie d’offrir (et de s’offrir) tant c’est un bel objet ! Ajoutons qu’ici Blanche-Neige n’est pas une cruche comme dans la plupart des versions et que l’autrice laisse planer le doute sur certaines choses… ce qui m’a particulièrement plu.
Une superbe version de Blanche-Neige à posséder absolument !

Cosette, huit ans, a été confiée à un couple d’aubergistes, les Thénardier, par sa mère qui ne pouvait plus s’en occuper. Seulement l’argent dû pour la pension n’est bientôt plus arrivé, alors Cosette est devenue servante. Une de ses missions, parmi les nombreuses qu’elle avait en charge, était de faire attention que l’eau ne manque jamais, car il fallait aller la cherche loin. Aussi trembla-t-elle quand elle s’aperçut un soir qu’il n’y avait plus une goutte, elle savait qu’on lui demanderait bientôt d’aller seule, dans la nuit noire, remplir le seau… Et c’est ce qui arriva. Mais sa route croisa celle d’un homme qui semblait être venu pour l’aider.
Olivier Desvaux illustre le texte original de Victor Hugo (extrait du roman Les misérables, vous l’aurez compris) dans ce grand et bel album sur Cosette. L’histoire débute au moment de l’arrivée de Jean Valjean dans la vie de la jeune orpheline et se termine par l’emménagement de la fillette avec l’ancien bagnard à Paris. Si le texte d’origine peut paraître compliqué à lire par des enfants (ou à des enfants), l’histoire est tellement passionnante et si joliment illustrée qu’ils se laisseront happer. Et c’est bien entendu un premier pas pour lire (pourquoi pas en version abrégée dans un premier temps) le roman entier.
L’enfance de Cosette, extraite du texte original de Victor Hugo, dans un très bel album illustré à la peinture à l’huile sur papier.

Nils avait pour spécialité les bêtises. Un jour où ses parents étaient au temple et qu’il était prêt à martyriser un des animaux de la maison comme il en avait l’habitude, il fit la rencontre du lutin qui veillait sur sa famille. L’occasion était trop tentante pour le garnement de s’amuser un peu avec cet être si petit qu’il ne pouvait pas se défendre… Mais le lutin n’était pas du genre à se laisser faire et bientôt Nils devint si petit qu’il pouvait monter sur un oiseau. Par un concours de circonstances, c’est ce qui arriva, il s’envola à travers la Suède sur le dos d’un jars.
Nous avons déjà chroniqué plusieurs versions de ce grand classique suédois, mais voici une version longue (mais pas intégrale, le livre d’origine fait 600 pages !) dans un magnifique album. Si le roman de Selma Lagerlöf n’était à la base qu’une commande afin d’apprendre aux enfants suédois la géographie de leur pays, Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède n’en est pas moins une histoire passionnante dont on pourra lire un passage chaque soir sous un plaid au coin du feu (ou ailleurs !). Il est ici illustré par Yvan Duque qui apporte une touche de fraîcheur et de modernité à ce très beau conte. Ajoutons que la maquette est magnifique, que l’objet aux airs de vieux livre est extrêmement beau, le genre de livre qu’on a envie de posséder absolument dans sa bibliothèque !
Une magnifique version abrégée du grand classique suédois Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède.

Le prince Siegfried était un solitaire, il avait tendance à fuir la compagnie et aimait se réfugier dans un monde imaginaire. Quand il eut 18 ans, sa mère décida qu’il était temps qu’il se marie et qu’il monte sur le trône pour prendre la succession de son père mort quelque temps plus tôt. Elle lui annonça d’ailleurs qu’elle lui présenterait bientôt six princesses, à lui de décider laquelle deviendrait sa femme. Peiné par son triste sort, le prince s’en fut se promener dans les bois. C’est là qu’il rencontra une femme qu’il avait d’abord prise pour un cygne…
Pascale Maret signe une très belle adaptation du Lac des cygnes et en fait un conte merveilleux. Les illustrations d’Alexandra Huard sont magnifiques et accompagnent à merveille cette histoire aussi belle que tragique.
Un très bel album adapté de l’histoire du Lac des cygnes.

Sindbad vivait une vie paisible dans la ville de Bagdad. Nul besoin de travailler depuis qu’il avait touché l’héritage de son père. Seulement, voilà, tout a une fin, et Sindbad se retrouva un jour sans argent, il devait travailler. Devenu marchand, il part bientôt sur un navire en direction des Indes. Mais il se retrouve bien vite sur le dos d’une baleine ! Sindbad fera six autres voyages, il croisera un oiseau roc, un cyclope, des cannibales et devra même voyager sur une rivière qui coule à l’envers…
Sandrine Thommen illustre, avec le talent qu’on lui connaît, les sept fameux voyages de Sindbad dans ce grand et bel album. Les aventures de ce personnage issu des contes des Mille et une nuits sont absolument passionnantes et l’on est presque frustré que ça soit si court ! L’ouvrage est absolument magnifique avec sa couverture ornée d’un marquage doré.
Un très bel album pour celles et ceux qui aiment les aventures pleines de rebondissements.

En première page, « Assis sur son ananas, l’âne albinos arrose abondamment les ailes de l’albatros accordéoniste », quelques pages plus tard on découvre que « le grotesque grognement du gnou gêne gravement le gnome gymnaste qui se goinfre goulûment au goûter de graisse de gorille sur son guéridon »…
Vous l’aurez compris, c’est un abécédaire que nous propose le génial (mais totalement fou) Olivier Tallec… enfin, plutôt un abécébête… Vingt-six phrases (totalement dingues) illustrées par de grandes planches (aussi absurdes que les textes). C’est très très beau (comme toujours chez Olivier Tallec), l’album est immense (ce qui met encore plus en valeur les illustrations), et l’on se marre franchement (parents comme enfants). J’espère que ce grand auteur-illustrateur ne perdra jamais sa folie, car nous on prend énormément de plaisir à lire ses bêtises !
Un abécédaire totalement dingue, aussi beau que drôle. Totalement réjouissant !

Utopia de Simon Bailly, d’après Thomas More L’agrume 20 €, 235×325 mm, 88 pages, imprimé en Italie, 2019.

Blanche-Neige Texte de Charlotte Moundlic, illustré par François Roca Albin Michel 19 €, 290×364 mm, 43 pages, imprimé en Italie, 2019.

Cosette Texte de Victor Hugo, illustré par Olivier Desvaux Belin Jeunesse 19,90 €, 267×332 mm, 56 pages, imprimé en Slovénie, chez un imprimeur éco-responsable, 2019.

Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède Texte de Selma Lagerlöf (traduit par Agneta Ségol et Pascale Brick-Aïda), illustré par Yvan Duque Albin Michel Jeunesse dans la collection Classiques illustrés 25 €, 227×308 mm, 160 pages, imprimé en Espagne, 2019.

Le Lac des cygnes Texte de Pascale Maret, illustré par Alexandra Huard Nathan 17,95 €, 253×330 mm, 32 pages, lieu d’impression non indiqué, imprimé chez un imprimeur éco-responsable, 2019.

Sindbad le marin Texte de Viviane Koenig, illustré par Sandrine Thommen Belin Jeunesse 16,90 €, 266×333 mm, 35 pages, imprimé en Slovénie, 2019.

Abécébêtes d’Olivier Tallec Actes Sud Junior 18 €, 275×377 mm, 55 pages, imprimé au Portugal, 2019.