Alors que vient de commencer le mois de la Pride et qu’on est en train de finaliser notre webzine spécial LGBTQI+ qui sortira ce mois-ci à l’occasion des 50 ans de Stonewall, voici quelques romans qui mettent en scène des personnages gays, bis et trans.
Aristote, dit Ari, a 15 ans, il n’est pas des plus heureux et trouve la vie ennuyeuse. Il espère que les choses changeront, mais constate que le monde reste le même. Son père est un homme taciturne depuis qu’il est revenu de la guerre et son frère est en prison… mais personne n’en parle. Ari aimerait trouver des réponses à ses questions. Un jour, il rencontre Dante, un garçon qui, comme lui, a des origines mexicaines. Ensemble, les deux garçons vont tenter de percer les secrets de l’univers…
Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers est presque devenu un classique et il est possible que je ne le fasse pas découvrir à beaucoup d’entre vous. Dans ce magnifique roman de près de 450 pages qui se lit d’une traite, on rencontre donc deux adolescents, un peu perdus, entre qui il va naître une belle histoire. L’auteur nous emmène parfois là où l’on ne s’attend pas du tout (non non ce n’est pas juste une histoire d’amour) et l’histoire qu’il nous raconte est particulièrement belle. On parle des secrets de famille, des différences entre les milieux culturels, d’accepter les autres malgré leurs différences, des rencontres qui changent une vie et de tellement d’autres choses encore. C’est un roman extrêmement poétique, difficile à décrire, avec une écriture très facile à lire (ne soyez pas effrayé·e·s par l’épaisseur du livre). Et l’on apprécie que, contrairement à beaucoup de romans avec des personnages LGBTQI+, ici on peut être gay et autre chose en plus (racisé). À noter que ce livre a eu le prix des Incorruptibles 2017 (niveau 3e).
Un très beau roman qui se lit d’une traite.
Tanner est un adolescent qui vit à Provo, dans l’Utah, où les non mormons comme lui sont en minorité. Lorsqu’il a emménagé, il a décidé de cacher sa bisexualité, car il sait qu’ici elle ne serait pas forcément acceptée. Poussé par sa meilleure amie, il s’inscrit à un atelier d’écriture où il rencontre Sebastian qui publie bientôt son prochain roman. Tanner tombe fou amoureux du jeune prodige… qui se trouve être le fils du pasteur…
J’assume mon côté fleur bleue et j’avoue avoir adoré Autoboyographie. J’ai souri bêtement et pleuré, j’ai adoré les personnages et vécu avec eux leurs joies et leurs peines. Il s’agit donc ici d’une histoire d’amour entre deux garçons que tout sépare (l’un vit dans une famille extrêmement ouverte sur les questions LGBTQI+ — la mère en fait même des tonnes — et l’autre dans une famille extrêmement religieuse pour qui l’homosexualité est une abomination). C’est un roman d’aujourd’hui (on y parle de Snapchat notamment) et c’est surtout un des rares romans où le personnage se dit clairement bisexuel (on regrettera à ce propos le « #homosexualité » au dos du livre alors que le personnage passe son temps à dire qu’il est attiré par les deux genres). Ici, le fait d’être LGBTQI+ ne pose pas de souci, c’est la religion qui en a un… et ça aussi ça fait franchement du bien !
Gros coup de cœur pour ce roman sur une belle histoire d’amour.
Arthur est à New York pour encore quatre semaines et sa Géorgie lui manque. Le destin lui fait croiser Ben « le garçon le plus mignon de la planète » (dixit Arthur). Au moment de la rencontre, Ben s’apprête à déposer à la poste un colis comprenant les affaires de son ex-petit ami. Mais voilà qu’un flash mob les sépare, il ne reste plus à Arthur que le bordereau d’envoi du colis tombé par terre… Sauf que celui-ci est déchiré et Arthur ne sait même pas si ce qu’il parvient à lire est le nom de ce bel inconnu ou de son ex…
Si, comme moi, vous aimez les histoires d’amour, vous allez être servi·e·s ! L’autrice de Moi, Simon, 16 ans, homo sapiens nous revient (avec Adam Silvera) avec une belle histoire entre deux garçons. Les chapitres alternent les voix d’Arthur et de Ben et l’on suit, dans un premier temps, leur quête pour se retrouver… en se désespérant de voir l’un faire un truc que ne fait pas l’autre et vice-versa. Bien sûr, ça parle d’amour, d’amour et encore d’amour, mais on évoque ici les différences sociales, l’amitié (et les histoires d’amour qui viennent compliquer les amitiés), les ruptures, les malentendus… C’est un roman avec deux personnages qui vivent des choses plutôt positives (contrairement à beaucoup de romans LGBTQI+ pas de harcèlement ou de coming out qui se passe mal ici). Même si ce n’est (vraiment) pas de la grande littérature j’ai adoré ce roman, j’ai adoré passer ce temps avec ces personnages et je n’avais aucune envie de les quitter.
Un roman d’amour qui fait du bien par l’autrice de Moi, Simon, 16 ans, homo sapiens.
David, 14 ans, se souvient de son vœu à 8 ans, celui exprimé devant toute une classe. Quand certain·e·s affirmaient que plus tard ils ou elles seraient actrices, Premier ministre ou Harry Potter, David avait déclaré « je veux être une fille ». Depuis c’est souvent le doux sobriquet de « monstre » que lui attribue une bande de crétins de son école. Quant à Léo, il vit dans un quartier populaire, avec une mère qui collectionne les conquêtes et ses deux sœurs. Depuis toujours, il rêve de retrouver son père. En attendant, il vient de changer de lycée et doit affronter ses nouveaux camarades. Le nouveau lycée de Léo est celui de David…
Deux voix ici encore pour ce très beau roman sur la transidentité sans (d’après moi), aucune caricature. On suit donc l’histoire de David né dans un corps qui ne correspond pas à son genre, et celle Léo, jeune garçon à qui la vie n’a pas vraiment souri. C’est une très belle histoire d’amitié, mais on parle aussi de harcèlement scolaire, des différences sociales, de la quête d’identité (pas seulement de genre) ou encore de coming out (et de outing). Personnellement, j’ai décidé de ne pas vous révéler une chose très forte de ce roman, la youtubeuse Cordelia pense qu’au contraire il faut le dire… si vous voulez connaître son avis : https://www.youtube.com/watch?v=k98DxxqHDNc (attention la révélation est dans le titre de la vidéo).
Un roman très fort et vraiment réussi sur la transidentité.
Chez les Stevenson, il n’y a que des garçons : Papa, Daddy et leurs quatre fils, Sam, Jax, Eli et Castor. Cette année, il se passe plein de choses pour les enfants : Eli change d’école et ne sera plus avec ses frères (il rejoint un collège pour les surdoué·e·s), Sam se prend de passion pour le fait d’inventer des histoires et fini par se laisser convaincre de rejoindre le casting d’une comédie musicale… mais il se demande si c’est compatible avec le foot, Jax doit faire un exposé sur les anciens combattants et il interrogerait bien le voisin… mais celui-ci est terrifiant, quant au jeune Castor, qui s’invente toujours des ami·e·s imaginaires, il ne fait plus que de parler d’une amie appelée Marmotte et qui aurait deux mamans… Réelle ou imaginaire ?
Voilà un roman réjouissant ! Ici, on suit, pendant toute une année, une famille qui vit le même quotidien que beaucoup de familles… sauf qu’il y a deux pères (sans que ça change quoi que ce soit). Les personnages sont tous hyper attachants, chacun existe vraiment et vit des tas de choses, c’est même difficile de les quitter ! Le roman est parfaitement adapté aux enfants de 10 ans qui découvriront ici un autre modèle de famille… ou seront ravis de retrouver une famille qui ressemble à la leur !
Un super roman pour les plus jeunes avec une famille homoparentale.
Dans la tête d’Ewen, 14 ans il y a Théo, son meilleur ami avec qui il passerait bien à autre chose. Il y a aussi Martin Shane, le chanteur préféré de sa sœur, qu’il trouve tellement sexy qu’il en tache ses draps en le regardant dans les magazines. Alors qu’il arrive en vacances, il rencontre Mathis, avec qui les choses vont devenir plus concrètes… mais il y aura aussi Raphaëlle… Et Sandra, mais ça c’est une autre histoire.
À l’âge des premières découvertes, Ewen ne se pose pas de question, il aime qui lui chante et fantasme sur qui il a envie, que ça soit une fille ou un garçon, quelle importance ? Joël Breurec raconte avec justesse cet âge où les hormones sont en ébullition. Son personnage va tout tenter… y compris des choses dangereuses… Dans ce joli roman avec un héros bisexuel, pas d’éclat, pas d’outing, pas d’homophobie dans la famille d’Ewen (l’homophobie n’est pas absente du roman, mais elle sera dans la famille de Mathis), ils sont même un peu lourds à le charrier, les choses sont plutôt positives, bref ça fait du bien !
Un très joli roman sur la découverte de la sexualité (et surtout l’envie de la découvrir).
Aristote et Dante découvrent les secrets de l’Univers![]() de Benjamin Alire Sáenz (traduit de l’américain par Hélène Zylberait) PKJ 7,90 €, 108×177 mm, 445 pages, imprimé en Espagne chez un imprimeur éco-responsable, 2018 (première édition française : 2015). |
Autoboyographie![]() de Christina Lauren (traduit de l’américain par Anaïs Goacolou) Hugo Roman dans la collection New Way 17 €, 132×206 mm, 398 pages, imprimé en France, 2017. |
Pourquoi pas nous ?![]() de Becky Albertalli et Adam Silvera (traduit de l’américain par Mathilde Tamae-Bouhon et Jean-Baptiste Flamin) Hachette Romans 16,90 €, 135×215 mm, 380 pages, imprimé en Espagne chez un imprimeur éco-responsable, 2018. |
Normal(e)![]() de Lisa Williamson (traduit par Mathilde Tamae-Bouhon) Hachette Romans 16,90 €, 135×215 mm, 380 pages, imprimé en Espagne chez un imprimeur éco-responsable, 2017. |
Une année chez les Stevenson![]() de Dana Alison Levy (traduit de l’américain par Sarah Dali) Milan 12,90 €, 140×205 mm, 256 pages, imprimé en Italie, 2018. |
Un garçon comme une autre![]() de Joël Breurec Oskar dans la collection La vie 12,95 €, 130×210 mm, 108 pages, imprimé en Europe, 2013. |

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !

