Eliousha a 5 ans, il vit avec ses parents, ses grandes sœurs et son petit frère en Ukraine. Sa vie bascule quand son père doit partir se battre avec l’armée rouge contre l’Allemagne d’Hitler. Il va alors parcourir l’Europe avec sa mère, son frère et ses sœurs. Alors qu’il vivait dans une famille sans soucis d’argent il va devoir apprendre à se débrouiller pour ramener de la nourriture et accepter de vivre dans des conditions rudimentaires.
Inspiré d’une histoire vraie, Le Royaume d’Eliousha est un magnifique roman sur un enfant pendant la seconde guerre mondiale. On a peu l’habitude de voir ce genre de témoignages, on connaît plus ce qu’il se passait en France ou dans les pays proches, ici on est donc entre l’Ukraine, le Kazakhstan et Israël. Eliousha va vivre dans un village musulman et dans un kibboutz, il va chasser et pêcher, il va apprendre à vivre avec les autres, des gens dont il ne comprend pas toujours la langue ou la façon de vivre. C’est une très belle histoire (sans scènes dures, je préfère le préciser) sur la différence, le fait de devoir se débrouiller, la famille, la vie en communauté.
On quitte les années 40 pour rencontrer deux enfants d’aujourd’hui…
Agnès et Vincent sont deux enfants dont le rêve est de voir l’horizon, là où le soleil se couche. Pour ça il va falloir faire de beaux voyages qui seront l’occasion de rencontres inoubliables.
Le premier voyage les mène en Algérie, Agnès et Vincent vont voyager dans le désert avec un jeune nomade prénommé Mahmoud. Ils découvriront les nuits fraîches sous la tente, les fossiles que l’on trouve dans le désert, les lacs salés, les rites des nomades (notamment suite à une naissance), ils joueront au foot avec des amis de Mahmoud, ils assisteront à des débats entre les anciens sur la survie de leur peuple à une époque où les camions transportent plus de choses en un voyage qu’eux en une année et ils iront à la rencontre d’un conteur qui leur apprendra que l’horizon est ailleurs… au Mexique
Le deuxième voyage sera donc au Mexique, là où Agnès et Vincent vont rencontrer Pedro qui les mènera dans la légendaire cité de Teotihuacán. Tantôt dans des bus surchargés, tantôt à pied, les enfants vont faire un long voyage pendant lequel ils vont tout savoir de l’histoire des Aztèques, de la construction de leur cité à leur chute au moment où les colons sont arrivés. Les histoires de Pedro seront parfois très dures, mais toujours passionnantes. Ce voyage sera aussi l’occasion de rencontrer des enfants qui mendient aux carrefours, respirant l’air pollué à longueur de journée et dont l’espérance de vie est très basse et de voir à quel point les lieux historiques ne sont plus que des attractions à touristes.
Au Mexique les enfants ont rencontré un vieux japonais leur ayant appris que c’est dans son pays que de lève le soleil, voilà donc Agnès et Vincent partis pour le Japon. Chiens robotisés, gens aux looks très décalés, écoles où les enfants sont très disciplinés, appartements minuscules où tout est calculé pour gagner de la place, les enfants vont voir un énorme décalage avec le Mexique ! Trouveront-ils ici l’horizon ?
La quête de l’horizon est une très bonne trilogie signée Didier Debord. D’après moi l’auteur a dû voyager dans ces pays tant les anecdotes, les descriptions sont nombreuses et détaillées. Certaines scènes sentent vraiment le vécu et on imagine bien l’auteur avoir pensé ce que pensent les enfants, s’être émerveillé de certaines choses comme eux ou tout comme eux avoir été peiné par d’autres (après tout dans un pays étranger dont on ne connait rien, on est souvent tel un enfant qui découvre les choses). En tout cas il est certain qu’il a décidé ici de donner un grand coup de pied aux clichés, les autochtones que croisent Agnès et Vincent s’amusent d’ailleurs des idées que les français se font d’eux.
Les trois livres se lisent indépendamment comme le précise la quatrième de couverture (mais il est certain que c’est plus intéressant de lire les trois et dans l’ordre) et sont finalement assez différents. Le premier est très descriptif, on est assez proche de carnet de voyageur. On nous raconte tout de la vie des nomades et de leur lieu de vie. Le deuxième, mon préféré, est vraiment plus basé sur les légendes. Enfin le troisième est le plus drôle des trois (une scène de quiproquo m’a particulièrement fait rire d’ailleurs). Les trois sont particulièrement bien écrits et on sent chez Didier Debord un amour des mots autant que son amour des gens et des voyages. Ce sont vraiment des livres qui, encore une fois, sentent le vécu et qui parlent d’énormément de choses : du voyage et de la différence bien-sûr, mais de tellement d’autres choses… C’est une vraie quête dans laquelle les enfants se sont lancés, et il y a toute une réflexion sur les choses, sur la vie, sur l’horizon… une trilogie vraiment réussie.
Quelques pas de plus…
Un roman un peu dans le même esprit, que j’avais beaucoup aimé, Liberté pour Hannah. Et La quête de l’horizon m’a fait penser un petit peu à une série de romans/documentaires, Les carnets de Timéo.
Le royaume d’Eliousha de Uri Olev (traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen), illustré par Claire Perret Flammarion dans la collection Castor Poche romans 8,10€, 135×179 mm, 320 pages, lieu d’impression non indiqué, 2012. |
Mahmoud, petit prince du désert de Didier Debord Éditions du Jasmin dans la série La Quête de l’horizon 7,90€,130×190 mm, 64 pages, imprimé en Tchéquie, 2012. |
Le secret de Teotihuacán de Didier Debord Éditions du Jasmin dans la série La Quête de l’horizon 7,90€,130×190 mm, 70 pages, imprimé en Tchéquie, 2012. |
Au pays du soleil levant de Didier Debord Éditions du Jasmin dans la série La Quête de l’horizon 7,90€,130×190 mm, 66 pages, imprimé en Tchéquie, 2012. |
Et voilà que janvier se termine… Il est temps de vous donner nos coups de cœur album du mois ! Marianne a choisi C’est pour mieux te manger ! de Françoise Rogier édité par L’atelier du poisson soluble et moi Paul d’Alice Brière-Haquet et Csil édité par Frimousse. Retrouvez nos coups de cœur des mois précédents sur le blog, sur Facebook (ici pour les albums et là pour les romans) et sur Pinterest (ici pour les albums et là pour les romans).
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !