Cette semaine j’ai la chance de recevoir la jeune et talentueuse illustratrice Auriane Kida. Son Géant de la grande forêt est un petit bijou. Ensuite notre rendez-vous mensuel “Une chronique de…” est un peu particulier cette fois-ci puisque l’auteur Catibou y chronique un livre auquel elle a participé, le recueil Notre pense pas bête.
L’interview du mercredi : Auriane Kida
Quel a été votre parcours ?
Dispersé, tortueux, j’ai tendance à transformer les chemins droits en un labyrinthe dans lequel je finis par me perdre ^^
Je dessine depuis toute petite mais je n’envisageais pas d’en faire mon métier. Ce sont mes études aux Beaux-Arts (École Supérieure d’Arts de Metz) qui m’ont convaincue de poursuivre dans cette voie.
J’ai eu plusieurs faux départs : un projet de BD qui n’a pas abouti, un éditeur qui a déposé le bilan. J’ai repris des études à l’université avant de tout abandonner et partir en voyage. Je fais un peu de graphisme et depuis 1 an, me remets à la sculpture, avec plusieurs projets en route.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Aïe… J’avais un problème avec les livres et la lecture. J’aimais bien Tintin, et ado j’avais accroché à l’univers fantastique et aux personnages tourmentés de Stephen King. Mais ce n’est qu’au lycée que j’ai renoué avec la lecture en découvrant Freud et Sartre.
J’ai l’impression qu’il y a eu un vrai travail de recherche sur Le géant de la grande forêt, je pense notamment aux oiseaux. Pouvez-vous nous en parler ?
Quand j’attaque un projet, je laisse d’abord cours à mon imagination, à ma spontanéité, pour réaliser mes premières esquisses. Mais il me semble important d’approfondir et de nourrir l’idée par des recherches sur chaque élément venant composer l’illustration. Ça va de la faune, la flore, au mobilier et l’architecture, jusqu’à la gestuelle des personnages. Évidement ça comporte un piège, celui de taire une interprétation personnelle et poétique aux dépens du réalisme. Il faut juste savoir jusqu’où on veut aller et bien doser les deux approches. Je ne sais pas si j’y parviens mais c’est un défi que je me lance à chaque dessin.
Je m’aide aussi beaucoup du travail de photographes ou de cinéastes. En fait je me plonge dans beaucoup d’univers avant d’entreprendre une illustration. Et dans le cas de la forêt, le mieux est encore de s’y promener.
Quels sont vos projets ?
Beaucoup trop, j’aurais bien besoin de toutes mes 9 vies de chat pour les réaliser ! J’ai plusieurs projets de livres pour enfants et BD qui me tiennent à cœur et que j’aimerais mener à terme d’ici 1 à 2 ans. Malheureusement, je ne travaille pas aussi vite que je le souhaiterais. Sinon je prépare une exposition de mes statuettes avec deux graphistes, artistes plasticiennes, qui devrait avoir lieu mi septembre/octobre, à Metz.
Auriane Kida a, pour l’instant, un seul livre dans sa bibliographie, Le géant de la grande forêt. Elle y illustre un texte de France Quatromme, l’album est sorti chez d’Orbestier et nous l’avons chroniqué ici.
La chronique de… Catibou
Une fois par mois un acteur de la littérature jeunesse qu’on aime à La mare aux mots nous parle d’un livre qu’il a aimé. Cette fois-ci c’est Catibou qui s’y colle ! Merci à elle.
Notre Pense Pas Bête ou les chroniques de la bêtise humaine !
Notre Pense Pas Bête, projet initié par Juliette Parachini, a rassemblé 26 textes courts, résultat de la collaboration entre une vingtaine d’auteurs et d’illustrateurs jeunesse.
Mais il est également une petite aventure éditoriale à laquelle tous ont contribué.
Le point de départ ? La volonté de Juliette de réunir des volontaires autour d’un thème commun, ce fut… la bêtise humaine ! La motivation ? Travailler bénévolement pour une association, ce fut… SOS Villages d’Enfants. L’aboutissement ? Ce fut… P’tit Baluchon, toute jeune maison, qui courageusement décida de l’éditer.
Je l’ai entre les mains, je le feuillette… D’abord, quel plaisir pour les yeux…. Les vingt-trois illustrateurs, avec leurs styles différents, ont largement contribué à la beauté de ce petit recueil. Et on reconnaît bien la patte de chacun…
Je l’ai entre les mains, je le relis… J’ai éprouvé un réel bonheur à découvrir :
Le fond : La mésentente familiale, la dureté de l’homme, l’égoïsme, l’alcoolisme, le jugement hâtif, l’accident nucléaire, le mépris, le manque de courage, la tauromachie, la maltraitance des humains et des animaux, la drogue, le racisme, la pollution…
La forme : Les auteurs ont utilisé plusieurs canevas pour tisser leurs histoires. La chanson avec refrain, le récit, le dialogue, la poésie, le haïku, le journal intime, parfois un seul mot si parlant avec les illustrations, la notice, l’article de journal scientifique…
Là encore, la patte des auteurs s’est montrée inventive, pleine de sensibilité. Oui l’émotion transpire de ce recueil : la bêtise humaine, on la ressent plus aisément lorsqu’on en est victime ou témoin. Les quelques textes humoristiques apportent donc un peu de fraîcheur et allègent la gravité de certains sujets.
Un point intéressant à relever : Il n’y a rien de moins objectif que de définir la bêtise humaine. Suivant vos convictions certains actes vous paraîtront faire partie de cette catégorie, d’autres moins. A vous de juger…
Pour terminer, une petite citation qui je l’espère mettra tout le monde d’accord :
« On se fatigue de voir la bêtise humaine triompher sans combat. » Albert Camus.
Voici donc plusieurs bonnes raisons d’acheter Notre Pense Pas Bête.
Sa bibliographie :
- Viens que je te dise…, album illustré par Géraldine Hary, P’tit Baluchon (2012)
- Notre Pense Pas bête, Collectif, P’tit Baluchon (2012)
- La dernière mode, album numérique illustré par Cécile Rousse, Éditions chemins de traverse (2012)
- L’histoire de Louis Trente-Deux, enfant-roi ! album illustré par Chadia Loueslati, Petits Pas de Ioannis (2011) que nous avons chroniqué ici.
- Le mystérieux carnet de Gaston, album illustré par Loren Bes, Belcastel (2011)
- Un ami, c’est comment ?, album illustré par Cécile Rousse, Limonade (2011)
- Les raccommodeuses des cœurs déchirés, album illustré par Géraldine Hary, Petit Pas de Ioannis éditions (2010)
- Le secret de la montagne, album numérique illustré par Mewie Fish, Chouettéditions (2010)
- Le secret de la montagne, album numérique illustré par Marlène, Chouettéditions (2010)
Vous pouvez retrouver Catibou sur son blog : http://catibou.canalblog.com.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Des découvertes. Merci
Il est sublime, à s’offrir d’urgence!