Deux héroïnes de BD aujourd’hui. La première a envie d’une autre vie, la seconde essaye de se construire malgré le lourd secret familial.
Devant l’aquarium où Leïla travaille, des manifestant·es appellent à sauver les océans. La jeune femme, qui achète les crabes vivants chez le poissonnier pour les rejeter à la mer, s’interroge sur leur combat et sur la vie qu’elle mène. Parfois, elle aimerait partir, quitter la ville. Sa rencontre avec un mystérieux jeune homme et surtout sa chute dans un bassin de l’aquarium l’amènent à réfléchir et à prendre une décision.
Gwénola Morizur et Elléa Bird nous font faire connaissance avec une jeune fille qui est à un tournant de sa vie. Leïla sait que sa vie actuelle n’est pas celle qu’il lui faut, mais il faudra plusieurs petits événements pour lui en faire prendre totalement conscience. Le personnage de cette BD, loin des stéréotypes actuels de la BD (Leïla n’est ni blanche ni filiforme), m’a particulièrement touché avec ses incertitudes. Bien entendu, les autrices parlent aussi du fait de s’engager (Leïla va rejoindre une association de défense de l’environnement), mais le récit est aussi teinté de mystère (plusieurs éléments semblent surnaturels). Le sexisme et le harcèlement de rue y sont aussi évoqués.
Sophia déménage souvent. L’adolescente a déjà connu neuf appartements, huit écoles et six pays. Chaque fois, il faut tout recommencer, se faire de nouveaux·elles ami·es, mais surtout ne rien leur dire de trop personnel et noyer le poisson quand on lui demande le métier de ses parents (d’ailleurs, que répondrait-elle ? Elle-même ne le connaît pas). Et bien sûr, il ne faut pas trop s’attacher, car bientôt la famille déménagera à nouveau. Sophia se demande quels secrets on lui cache (la découverte d’une lettre de sa sœur lui mettra la puce à l’oreille) et rêve d’une vie plus ordinaire.
Sophia a 17 ans lorsqu’on la rencontre, elle vit en Amérique centrale. 17 ans, c’est l’âge des sorties, des amoureux·euses, des premières expériences. Mais comment vivre son adolescence quand on vit entouré·e de mystère, dans un pays qui n’est pas le sien, que l’on ne doit rien révéler de sa vie et surtout quand on risque de déménager à tout moment ? L’autrice Sophia Glock s’est inspirée de sa propre vie pour écrire Passeport, un roman graphique qui s’adresse aux plus grand·es (pas avant 13-14 ans, je dirai). J’ai aimé découvrir ses histoires d’amour et d’amitié, ses joies et ses peines, sa relation avec sa sœur aînée (qu’elle idolâtre et jalouse) et avec sa mère. C’est une histoire sur le déracinement (mais Sophia, qui n’a pas de lieu « référent », a-t-elle des racines ?) et sur l’adolescence originale et intéressante.
Se jeter à l’eau![]() Scénario de Gwénola Morizur, dessins d’Elléa Bird Jungle, dans la collection RamDam 18 €, 227×288 mm, 75 pages, lieu d’impression non indiqué, 2022. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Passeport![]() de Sophia Glock (traduit de l’anglais (États-Unis) par Naomi Defays) Casterman 24 €, 157×224 mm, 336 pages, imprimé en Italie, 2022. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !


