Chan-ok est un éditeur dont je n’avais absolument jamais entendu parler. Comme, vous devez commencer à le remarquer, j’adore les contes du monde et en particulier les contes asiatiques. J’étais très curieux, car c’est le point commun des livres édités par Chan-ok : toutes les histoires viennent de la Corée du sud.
Jik-Nyeo est la plus jeune fille de l’empereur du ciel. Sa vie consiste à tisser les nuances du temps, à fabriquer les saisons mais cette vie l’ennuie. Elle va descendre sur Terre et y rencontrer Gyeon-woo. Elle en tombe éperdument amoureuse. Son père ne verra pas d’un bon œil cet amour et la forcera à revenir dans le ciel. Mais Jik-Nyeo ne peut vivre sans Gyeon-woo et ses larmes provoqueront des déluges. Mais si l’amour des deux amants était plus fort que tout ?
C’est un très beau conte, une magnifique histoire d’amour. Les étoiles amoureuses nous raconte donc la rencontre de deux jeunes gens qui n’étaient pas fait pour se rencontrer et qui pourtant vont s’aimer malgré les interdictions. Cette histoire est inspirée d’une légende coréenne qui est à l’origine de la fête de Chilseok, équivalent de notre St Valentin, célébrée chaque année. Le très beau texte de Céline Lavignette-Ammoun est magnifiquement mis en image par Kim Dong-seong. Un album qui va séduire tout ceux qui aiment les belles histoires d’amour légendaires.
Yuhwa, la fille du dieu des rivières et Haemosu, le dieu du soleil, se sont aimés éperduement, un amour que Habaek, le père de Yuhwa, a interdit. Mais un jour, alors qu’elle est assise devant chez elle, Yuhwa voit un rayon l’envelopper, neuf mois plus tard elle met au monde un œuf énorme dont tout le monde va vouloir se débarrasser mais rien n’y fera, l’oeuf restera intact et de cet oeuf Yumong, un enfant très étrange qui parlera à un mois et deviendra très vite un expert en tir à l’arc, naîtra.
C’est une très belle histoire que celle de ce livre. Mon résumé ne parle que des premières pages, Yumong va vivre de nombreuses aventures, sa différence fera de lui une cible, quelqu’un dont on va vouloir se débarrasser car il fait peur. C’est de ça dont parle surtout l’histoire, la peur de l’autre, de la différence, de la méfiance (c’est aussi ce sentiment qui fera qu’Habaek chassera Haemosu). L’histoire prend ici aussi ses racines dans les légendes Coréenne, Jumong étant le fondateur du royaume de Koguryŏ en 37 avant Jésus-Christ. Les illustrations sont de Kim Dong-seong, comme pour le livre précédent et c’est absolument magnifique. En début d’ouvrage les illustrations ressemblent à des enluminures anciennes, toutes en longueur. Il y a une vraie recherche graphique. C’est vraiment un très bel objet.
Bao travaille dans les rizières, sous la chaleur du soleil dont les rayons lui brûlent le dos. Il doit mettre deux gouttes d’eau par pousse, pas plus car il ne faut pas la gaspiller. Elle coûte cher car le seul puits appartient à Tsai Shen et connaissant son avantage il la vend à un prix très élevé. Un jour Bao va sauver une petite araignée, ce geste anodin en apparence va changer sa destinée et celle des autres paysans.
On a encore affaire ici à une histoire magnifique, issue elle aussi des contes traditionnels coréens (il est ici question des dragons cerfs-volants qui apportent la pluie, selon la légende coréenne). Le texte est très agréable à lire à voix haute, très bien écrit et entrecoupé de petites phrases poétiques. Au niveau des illustrations on change radicalement de style par rapport aux deux premiers, et j’avoue y avoir moins adhéré mais ce n’est qu’une question de goût (je suis presque sûr que Marianne, elle, accrocherait bien plus), je n’ai bien entendu pas trouvé ça laid (Marie Caudry a beaucoup de talent) mais ça me parle moins, tout simplement.
Je suis vraiment content d’avoir découvert cet éditeur et je vais suivre de près ce qu’il sort, j’aime ces dépaysements que nous proposent des gens comme HongFei, Picquier Jeunesse ou donc Chan-ok.
Les étoiles amoureuses de Céline Lavignette-Ammoun, illustré par Kim Dong-seong.
Chan-ok, dans la collection Perles du ciel. 14€
Public : A leur lire / Lecteurs débutants
Jumong de Kim Hyang-keum, illustré par Kim Dong-seong.
Chan-ok, dans la collection Perles du ciel. 14€
Public : A leur lire / Lecteurs débutants (dès 5 ans d’après l’éditeur)
Le dragon du vent de Régine Joséphine, illustré par Marie Caudry.
Chan-ok, dans la collection Perles du ciel. 13€
Public : A leur lire / Lecteurs débutants (dès 5 ans d’après l’éditeur)
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A part ça ?
Le magazine Dada, revue d’art pour enfants qui fête cette année ses 20 ans, vient de sortir un numéro spécial Tim Burton à l’occasion de l’expo à la cinémathèque dont vous avez forcément entendu parler. Cinquante pages épaisses sur le cinéaste, on nous parle des films bien-sûr, de l’homme, on décortique des scènes, on parle des œuvres qui l’ont inspiré. Mais on apprend aussi aux enfants à créer des monstres à partir d’une tache ou avec des vieux jouets et des chiffons. La revue est superbe et son prix (7,90€) est justifié car on est plus proche du livre que du magazine. Par contre tout est ici à la gloire du réalisateur sans aucune réserve, c’est bien ici aux fans qu’on s’adresse. Si comme moi vous trouvez que son côté décalé est très calculé pour plaire au plus grand nombre, que ses premiers films ont quand même très mal vieillis et que son meilleur film (L’étrange noël de Mr Jack) n’est même pas de lui (d’ailleurs le jour où il a voulu faire lui-même un film du même genre, Les noces funèbres, c’était beaucoup moins réussi), vous ne trouverez ici que des éloges. Mais comme vous êtes très nombreux à l’adorer, vous adorerez ce numéro de Dada que vous conserverez précieusement et qui est une véritable mine d’information.
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Bel article sur le “pays du matin calme”, la corée! (ha, je ne pouvais que commenter).
ps : ha tiens je suis d’accord avec toi pour Tim! (oui, tu vas râler je ne poste pas sur le blog…) Je m’étais d’ailleurs faite lyncher sur un forum (gentiment). bon, j’irai quand même à la cinémathèque car je suis curieuse, et oui, Les noces funèbres, pour moi, c’est moyen, tiède et je me suis limite ennuyée… J’aime l’ambiance et l’atmosphère “Tim Burton”, mais je suis souvent assez déçue au final… (Batman, par exemple, heureusement qu’il y a le chevalier noir pour redresser ce qui avait été fait avant, dont le premier de Tim Burton)
Quelques commentaires (facebook et mails) m’arrivent déjà sur mon A part ça ? et ma critique envers Tim Burton. Je m’y attendais clairement.
Soyez clair, j’ai été très fan de Burton, et je pense que sans lui je ne me serai pas intéressé au cinéma d’auteur, aux films indépendants, ça a été une étape, mais une étape qu’il faut dépasser !
J’ai en DVD tous ses premiers films (de Pee Wee à Big Fish), plusieurs livres (dont La triste fin du petit enfant huitre qui est d’après moi une des meilleures choses qu’il ai faite), des affiches que j’ai eu longtemps sur mes murs de post-ado,…
Je dis souvent que j’aimais Burton jusqu’à ce qu’il soigne sa dépression (en gros à l’époque Lisa Marie et donc jusqu’à Big Fish, qui est d’après moi un navet absolu de mièvrerie. En fait j’ai adoré et même au delà ses premiers films. Mais j’ai beaucoup de mal à les revoir ! Beetlejuice et Edward aux mains d’argent, malgré la poésie qui s’en dégage, ont un côté téléfilm M6 ! Beaucoup de films de cette époque ont beaucoup mieux vieilli. Et même des films beaucoup plus vieux ! Alors il reste Pee Wee’s big aventure que je continue d’adorer à la folie, Sleepy Hollow qui est un beau film, Mars Attacks qui est très drôle (mais un blockbuster, pas du tout un film indépendant, déjanté ou je ne sais quoi… ou alors John Waters fait quoi ?), Ed Wood est d’après moi le seul film vraiment “à risque” de Tim Burton. Le reste est quand même très calculé, surtout depuis La planète des singes…
Burton était parti des studios Disney car trop excentrique… et il s’est tellement assagi qu’il y est revenu… c’est bien la preuve que ça ne dérange pas grand monde (car y’a rien de pire, d’après moi, que Disney quand on parle de bien pensant). Alors depuis que je ne l’aime plus… J’ai eu envie de crier devant Big Fish, j’ai eu envie de sortir pendant Charlie et la chocolaterie et Les noces funèbres m’ont juste donné envie de revoir L’étrange noël… (et de remercier Henry Sellick de l’avoir réalisé). Après j’ai lâché l’affaire… On m’a dit d’ailleurs le plus grand mal de son Alice au pays des merveilles.
Pour moi Tim Burton est en marge du cinéma comme Indochine ou Tokyo Hotel le sont à la musique. C’est en marge pour plaire à ceux qui aiment ça et ne pas déplaire au plus grand nombre. C’est de la grosse machinerie américaine, il n’y a aucune prise de risque. C’est du film pop corn.
PS : j’ai été fou de Johnny Depp à peu près à la même époque et d’après moi il est mort au même moment que Tim Burton a commencé à faire de très mauvais films. Johnny Depp c’était du cinéma décalé, un acteur hors norme. Des chefs d’œuvres comme Arizona Dream, des merveilles comme Cry Baby, de très bons films comme Gilbert Grape ou Las Vegas Parano. Puis Johnny a eu des enfants… et il a fallu les nourrir… Et depuis Sleepy Hollow a echainé les navets commerciaux (Pirates des Caraïbes et Tutti Quanti)… C’est triste… Comme quoi quand on est dépressif il ne faut pas se soigner et quand on fait de bons trucs il ne faut pas faire d’enfants…
@Agnès : ton commentaire a croisé le mien ! Ben justement t’es sur le blog là 😀
Je suis d’accord sur “J’aime l’ambiance et l’atmosphère « Tim Burton »,” Mais pareil je suis déçu au final, ça ne va pas très loin. Finalement il faut vendre et ne pas vexer les studios donc on édulcore tout ça. Tout le contraire d’Ed Wood dont il a fait un film. je pense que c’est d’ailleurs ce qu’il admire chez ce mec, c’est que lui allait au bout des choses, était indépendant (mais ça l’a ruiné).
Chan-Ok, oui, une très belle maison d’édition…Leurs contes sont superbes !
il y a aussi la collection Matins calmes, en romans jeunesse. Dépaysement garanti !
ha oui, je pensais “forum” en écrivant blog… 😀
Oui, pareil, Sleepy Hollow, mon dieu!! quelle déception!!
Bon, je n’ai jamais été fan de Johnny Depp, désolée… et je pense que la mariage Tim burton/ Johnny depp est en effet une mascarade. (fan de Johnny depp, dans 21 Jump Street haha! ). Je trouve qu’il surjoue et on crie O génie…bref.
Ed wood, ouais, pas mal… et encore, je pense que si je le voyais aujourd’hui…
J’adore le cinéma. Sinon.
Pour revenir au matin calme, je ne connaissais pas la collection matin calme…
Hop! Hop! Hop!! Je ne suis pas d’accord avec tout ce qui est dit! Je ne suis pas une inconditionnelle de Tim Burton et je suis loin d’avoir tout vu…
J’avais beaucoup aimé “L’étrange Noël de Monsieur Jack”, mais j’ai été plus touchée par “Les noces funèbres” (qui pourtant est venu bien après…). Je l’ai revu il y a peu à la TV et à part quelques passages auxquels j’ai moyennement accroché (et la première fois et la dernière) je reste sur ma première impression que c’est un petit bijoux.
Quand à “Alice”, plus complexe, il y aurait des choses à dire et à redire – je crois aussi que Tim Burton n’a pas fait exactement ce qu’il aurait voulu – mais dans l’ensemble, c’est un film qui vaut le détour (le défi était délicat à relever) donnant un regard intéressant sur l’univers d’Alice. Moi j’ai aimé en tous cas. 🙂
Les noces funèbre c’est quand même beaucoup plus laid, c’est très “ordinateur”, moins magique que l’étrange noel qui était du stop motion.
A propos du traitement de l’image même, il faudrait que je revois “l’étrange Noël…” pour la comparaison…
Je n’ai pas été gênée par l’aspect “ordinateur” des “noces…”, sans doute parce qu’il y a beaucoup de poésie dans le reste. C’est un peu comme pour Miyazaki et l’animation saccadée. Au début cela me gênait (un côté “Candy” dont je me serais bien passée – mais j’adorais “Candy” à part ça!), et puis la poésie etc, m’a vite fait oublier ce défaut qui en est devenu une sorte de qualité en opposition aux perfectionnisme des nouvelles technologies numériques… Les “Noces funèbres” ont presqu’un effet inverse: comment apporter de l’émotion à travers la froideur numérique par exemple…
Moi, c’est sur le scénario que je suis intraitable…
Sleepy Hollow, la photo est magnifique, mais l’histoire complètement insipide.
Noces funèbres, zzzzzzz par contre, j’ai bien aimé les images, encore une fois.
C’est pourquoi je dis que j’aime son univers. Point.
Mais faire du cinéma, ce n’est pas que de la photo, que de l’atmosphère…
Bon, après, les goûts, hein… 😀
(mais par exemple, je n’aime pas Scorsese, et POURTANT je lui reconnaît tout le talent. Pour tim burton, je suis bien plus mitigée sur le pied d’estale qu’on le place…)
J’irai à la cinémathèque quand même ! (car ses croquis et ses dessins m’intéressent…)
Je partage assez la remarque sur “Sleepy Hollow”.
Quand aux “Noces funèbres”, pour moi c’est plus de l’ordre de la poésie avec une dimension romantique shakespearienne que de la narration. Je comprends qu’on puisse ne pas y être sensible… Mais l’image seule ne m’aurait pas séduite autant ; pour moi elle vient vraiment au service d’un univers intérieur qui s’exprime entre les “lignes”, au-delà de la narration…
Contente de découvrir ces albums, je ne connaissais que le premier. C’est Chan-ok aussi, j’aime énormément l’imagier “mes petites choses”:
http://chlopitille.free.fr/dotclear/index.php?post/Mes-petites-choses
Pour les plus jeunes sans doute.