Aujourd’hui pour ma première chronique, je vous propose deux ouvrages dans lesquels des voix s’élèvent pour protéger la nature, face à des enjeux économiques parfois dévastateurs.
Klervi coule des jours heureux dans les bras de Lucas, son amoureux. Bien sûr, elle sait qu’en digne héritier de l’empire Royer, il participe activement au trafic de civelles — ces petites anguilles qui se revendent à prix d’or. Mais bientôt, il aura mis suffisamment d’argent de côté pour pouvoir épouser Klervi et partir loin d’ici. Seulement, tout le monde ne semble pas voir ce braconnage d’un bon œil, à commencer par Jez, le frère jumeau de la jeune fille, qui affiche clairement sa volonté de préserver ses plages bretonnes et leur biodiversité. Alors quand il est retrouvé dans le coma, à côté du cheval mort de sa sœur, cette dernière commence à se poser des questions. Et si cet accident avait quelque chose à voir avec la destruction d’un des viviers de civelles de la famille Royer ? Témoin, coupable, Klervi va devoir choisir son camp…
Sur fond d’enquête policière, ce roman engagé parle de scandales environnementaux et écologiques bien réels : la prolifération meurtrière des algues vertes sur les plages bretonnes, le braconnage d’espèces réglementées. Mais ici un vent d’espoir se lève avec les personnages, des ados qui n’hésitent pas à s’engager, à prendre la parole, à manifester pour sensibiliser l’opinion publique à ces catastrophes. Qui dit trafic, dit argent, et donc risques : Klervi devra faire ses preuves, affronter une famille sans pitié et prête à tout, ouvrir les yeux et découvrir ce qui est vraiment arrivé à son frère. Un climat anxiogène pour un polar écologique mené tambour battant : pari réussi pour ce premier tome qui ouvre les yeux sur la réalité environnementale en nous faisant réfléchir.
À la lisière des bois, Maroussia vit une vie paisible avec sa grand-mère dans leur petite isba. Le vent porte les bruits de la forêt, contient la voix des esprits. La grand-mère, qui les entend, leur répond et raconte leur histoire à sa petite-fille. Un jour, une terrible nouvelle leur parvient : la forêt et le village vont être rasé·es pour laisser passer le Transsibérien. Le tsar a parlé, Maroussia et sa grand-mère n’ont d’autre choix que d’obéir et quitter l’isba. Mais la petite fille refuse de baisser les bras, et décide d’aller parler au dieu de la forêt.
Sous la plume de Carole Trébor se déploie un conte russe sorti tout droit de son imagination. Maroussia, héroïne forte et courageuse n’hésite pas à prendre les choses en main pour sauver sa forêt, quitte à s’opposer à des hommes puissants qui ne s’en soucient guère. La fin de l’album nous laisse avec l’espoir que cette famille, qui vit dans l’isba depuis des générations sera désormais tranquille. La petite-fille a-t-elle bénéficié de l’aide des esprits de la forêt, ou a-t-elle puisé force et courage au fond d’elle-même ? Peu importe, finalement : le plus important se trouve sûrement dans ce respect — essentiel — de la nature que nous transmet ce peuple dans ce bel album.
Polar vert, les algues assassines de Thierry Colombié Milan 14,90 €, 155×231 mm, 247 pages, imprimé en Espagne, 2021. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Maroussia, celle qui sauva la forêt Texte de Carole Trébor, illustré par Daniel Egnéus Little Urban 19,90 €, 299×367 mm, 40 pages, imprimé en Belgique chez un imprimeur éco-responsable, 2021. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Née un livre à la main, elle aime les mots et leur résonance, s’évader et découvrir de nouveaux univers. Elle fait partie de ces gens qui croient fermement qu’un livre peut changer une vie.
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