Pour la première chronique de 2020, j’avais envie de parler d’un thème important. J’ai donc fait une sélection de livres qui parlent de vivre ensemble, de lutter contre les discriminations, de ne pas détourner le regard en ce qui concerne les violences que subissent certains enfants. Pas la chronique la plus joyeuse pour commencer 2020, peut-être, mais une chronique nécessaire. Cet article est en accès libre, n’hésitez pas à le partager.
Élie ne se sentait pas comme les autres filles de son âge… jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il était un homme transgenre. Karine, elle, n’était pas comme les autres ados, mais ne comprenait pas ce qu’elle était, les choses sont devenues plus claires quand elle a rencontré une fille qu’elle aimait. Quant à Patrick, il a toujours su qu’il était bi et en a parlé très vite à son entourage.
Je vous avais déjà parlé du très très bon Je suis qui ? Je suis quoi ? dans notre webzine LGBTQI+ (téléchargeable gratuitement ici) et lors d’un Parlez-moi de avec l’auteur, les illustrateur·trice·s et l’éditrice du livre (à lire ici), mais je ne l’avais pas clairement chroniqué sur le site, et c’était bien dommage, car ce livre est une pépite ! On y trouve de nombreux témoignages, un lexique, une foire aux questions (est-ce qu’on peut soigner les personnes non hétéros, à quel âge on sait qu’on est homo, hétéro, bi…), des données sur la situation des personnes LGBTQI+ dans le monde, des BD sur des personnes LGBTQI+ célèbres, des réponses aux préjugés et autres clichés que l’on entend trop souvent (on est lesbienne parce qu’on n’a pas trouvé le bon mec, un gay est efféminé, homo et pédophile c’est pareil), un annuaire d’assos à contacter… bref c’est complet ! Préfacé par Baptiste Beaulieu, c’est un ouvrage passionnant, riche, drôle, jeune, graphique… pour mieux comprendre qui l’on est quand on se sent différent, mettre un mot sur nos différences (Pansexuel·le ? Aromantique ? Transgenre ? Gay ?). J’ajoute que l’auteur n’hésite pas à parler de sujets osés (et ça fait du bien) et qu’il y a une double page sur le consentement.
Un ouvrage indispensable dans un CDI pour répondre aux questions des adolescent·e·s.
Poly a peur des accès de violence de son père, Théo subit les « babouins » et les « tu te mets du cirage sur la peau ? » sans rien oser dire, malgré son jeune âge Tiago travaille à l’usine, Fatoumata se souvient du jour où des femmes du village l’ont mutilée, Deepali a été enlevée, quant à Jean, c’est un enfant soldat.
Enfants du monde : stop aux violences ! nous propose le portrait de onze enfants du monde qui vivent une situation difficile (harcèlement, mariage forcé, excision, violences sexuelles, exil…). Après chaque témoignage, l’autrice explique en quelques lignes la thématique dont il est question et apporte quelques données. Si, par les thèmes abordés, l’ouvrage ne s’adresse pas aux plus jeunes (à partir de 12 ans d’après l’éditeur), les textes sont courts et faciles à lire et grâce aux témoignages on comprend bien ce que sont les situations de ces enfants. C’est un ouvrage qui aborde des choses dures, mais avec simplicité, sans brusquer le jeune lectorat. L’ouvrage est réalisé en partenariat avec la belle association Vision du Monde (un euro leur est d’ailleurs reversé sur la vente de chaque livre).
Un très bel ouvrage sur les violences de toutes sortes que subissent les enfants
Il y a dans le monde des millions de gens. Leurs couleurs de peau, leurs religions, le contexte familial et bien d’autres choses encore varient… mais personne ne vaut plus ou moins qu’un autre. Il faut mettre de côté nos préjugés et aller vers les autres pour apprendre à les connaître, car bien souvent le racisme et l’intolérance naissent du fait qu’on ne connaît pas l’autre.
Sorti dans la même collection que Les réfugiés et les migrants et La pauvreté et la faim (chroniqués ici), Le racisme et l’intolérance est un très bel album qui rappelle aux enfants ce que sont ces deux mots et ce qu’ils déclenchent. Proche du documentaire, mais qui se lit comme un album, cet ouvrage aborde avec des phrases simples des sujets pas si faciles à aborder. Les auteurs expliquent également ce que l’on peut faire pour changer les choses afin de faire reculer le racisme. Les belles illustrations accompagnent à merveille le texte.
Un album qui explique avec intelligence ce que sont le racisme et les discriminations.
Il y a tant de gens dont les comportements nous agacent, pourtant il faut vivre avec. Sans traiter les autres de barbares, de sauvages ou autres parce qu’ils ne font pas les choses comme nous. Pourtant certain·e·s appelent « face de citron » Ling ou traitent Koumary de macaque. Doit-on tous et toutes se ressembler pour s’accepter ?
Les goûters philo est une très bonne collection éditée par Milan. Dans ce numéro, il est donc question de la tolérance et de l’intolérance et, comme toujours, le texte amène les enfants à réfléchir sur bien des thématiques. C’est, comme à chaque fois, un ouvrage extrêmement bien fait qui ne se lit pas du tout comme un documentaire (ici, on ne pioche pas, on lit tout d’une traite !) et qui permet de lancer des débats, des sujets de discussion. Si j’ai aimé ce tome-là autant que les autres, j’émettrais une petite réserve sur un passage où, si j’ai bien compris, un exemple d’intolérance est celui d’une famille végétarienne qui n’est pas contente qu’une famille omnivore ait donné de la viande à leur enfant… Personnellement, j’y vois plus un non-respect des convictions de chacun·e… (l’auteur continue d’ailleurs ensuite sur les végans, on sent que c’est un sujet qui ne passe pas…) Mais cette réserve mise à part, c’est un très bon ouvrage vraiment réussi et un bon outil pour la classe (ou même en famille !)
Un livre qui fait discuter en famille à propos de la tolérance et l’intolérance.
Qui que nous soyons, peu importe nos différences, nous sommes toutes et tous des êtres humains et nous méritons le même respect. Comme sur un terrain de foot, nous devons jouer ensemble, ne laisser personne sur le côté, c’est ça une équipe ! Et bien sûr, il faut obéir aux règles, afin que tout se passe bien, que tout le monde soit respecté, que personne ne soit laissé pour compte.
Bien vivre ensemble, sorti dans la collection Archi Doc au Père Castor, est un ouvrage qui s’adresse aux plus jeunes (5-7 ans d’après l’éditeur) et qui aborde de très nombreux thèmes : égalité femme/homme, racisme, discrimination envers les personnes handicapé·e·s, religions, homoparentalité, âgisme… C’est vraiment bien fait et ça permet de parler avec les jeunes enfants de tous ses sujets, de les faire réagir, d’autant que l’ouvrage se termine par un vrai/faux qui permet de revoir ce que l’on a appris.
Un documentaire complet pour parler, aux plus jeunes, de toutes les formes de discrimination et du fait de vivre ensemble.
Qu’est-ce que les inégalités ? Et la Déclaration des droits de l’homme ? Il y a toujours eu des riches et des pauvres ? Vivent-ils aux mêmes endroits ? Est-ce que ça coûte cher de se soigner les dents et est-ce qu’un garçon peut être assistant maternelle ?
Pascale Hédelin répond à une quinzaine de questions que peuvent se poser les enfants sur la précarité, l’égalité femme-homme ou encore le travail des enfants. Avec beaucoup de justesse elle aborde des sujets pas toujours faciles à aborder (comme les camarades qui ne partent pas en vacances, ou les gens qui dorment dans la rue) ou rarement traités dans ce genre de documentaires (comme la CMU ou la peur d’aller dans les musées, car on pense que ce n’est pas pour nous). C’est un ouvrage vraiment abordable, simple, à hauteur d’enfant, qui permettra de parler de plusieurs formes d’inégalités.
Un documentaire sous forme de questions/réponses, pour parler des inégalités.
Qu’est-ce que le racisme, pourquoi ça existe et depuis quand ? Est-ce qu’on nait raciste ? Est-ce qu’on peut se marier même si l’on n’a pas la même couleur de peau et est-ce que tous les étrangers sont pauvres ? Pourquoi on insulte autant les musulmans et les juifs et au fait… c’est possible un monde sans racisme ?
Sorti dans la même collection que le précédent (Mes p’tites questions chez Milan), celui-ci, vous l’aurez compris, traite du racisme. Là encore, le sujet est très bien traité et le côté questions/réponses fait que ce n’est jamais rébarbatif pour les enfants. Les textes sont courts, mais complets, et abordent des tas de sujets, les jolies illustrations, signées Julie Faulques, les accompagnent à merveille.
Un ouvrage qui parle avec des mots simples de toutes les formes de racisme.
Pourquoi on dit qu’on est tous et toutes égaux ? Les lois c’est pour nous embêter, non ? C’est vraiment utile d’être poli ? Comment faire quand on a envie de taper quelqu’un ? Pourquoi ce n’est pas si facile de partager et est-ce si utile d’aider les autres ?
Dans cet album-là également, c’est sous forme de questions-réponses que Stéphanie Duval parle de vivre ensemble, sauf qu’ici les dix questions on peut vraiment les poser aux enfants, les laisser donner leur avis, débattre avec eux puis leur lire la réponse proposée. C’est très bien fait, la maquette est moderne, les illustrations pleines d’humour et l’on trouve même à la fin des activités à réaliser pour mieux comprendre tout ce qu’on vient de lire.
Un petit album très sympa pour expliquer pourquoi vivre ensemble c’est chouette !
Est-ce que les garçons sont les plus forts… et est-ce qu’ils peuvent mettre des jupes ou faire de la danse ? Et les filles, pourquoi elles préfèrent le rose et les poupées ou pourquoi ce sont les mères qui font tout ?
Un peu plus partagé sur ce livre sorti dans la même collection que le précédent (1,2,3 partez ! chez Gulf Stream). Par exemple, le passage sur les filles qui aiment le rose me semble discutable, de plus (comme souvent), il y a une confusion entre genre et sexe qui nuit bien souvent au propos. Malgré tout, ça reste un livre intéressant pour aborder la question de l’égalité fille/garçon… mais si vous êtes déjà intéressé·e·s par le sujet, passez votre chemin vous trouverez des ouvrages plus réussis (par exemple dans notre webzine antisexiste ici) !
Un ouvrage antisexiste pour une première approche du sujet (à lire accompagné d’un adulte qui aidera à aller plus loin que ce qu’il y a d’écrit).
Je suis qui ? je suis quoi ? Textes de Sophie Nanteuil et Jean-Michel Billioud, illustré par Terkel Risbjerg et Zelda Zonk Casterman 13,95 €, 175×236 mm, 77 pages, imprimé en France, 2019. |
Enfants du monde : STOP aux violences ! Textes de Cécile Benoist, illustrés par Olivier Charpentier Actes Sud Junior 15,90 €, 151×217 mm, 58 pages, imprimé au Portugal, 2019. |
Le racisme et l’intolérance Texte de Louise Spilsbury (traduit par Christine Liabeuf), illustré par Hanane Kai Nathan dans la collection Explique moi… 12,90 €, 230×230 mm, 32 pages, imprimé en Chine, 2019. |
La tolérance et l’intolérance Textes de Brigitte Labbé et P.-F. Dupont-Beurier, illustrés par Jacques Azam Milan dans la collection Les goûters philo 8,90 €, 130×188 mm, 45 pages, imprimé en France, 2019. |
Bien vivre ensemble Textes de Sylvie Baussier, illustrés par Ilaria Falorsi Père Castor dans la collection Archidoc 8 €, 205x255mm, 32 pages, imprimé au Portugal, 2019. |
les inégalités Textes de Pascale Hédelin, illustrés par Olivia Sautreuil Milan dans la collection Mes p’tites questions 8,90 €, 210×210 mm, 40 pages, imprimé en Roumanie, 2019. |
Le racisme Textes d‘Astrid Dumontet, illustrés par Julie Faulques Milan dans la collection Mes p’tites questions 8,90 €, 210×210 mm, 40 pages, imprimé en Roumanie, 2019. |
Pourquoi vivre ensemble c’est chouette ? Textes de Stéphanie Duval, illustrés par Marie de Monti Gulf Stream dans la collection 1, 2, 3, Partez ! 5,90 €, 150×210 mm, 35 pages, imprimé en Pologne, 2018. |
Est-ce que filles = garçons Textes de Stéphanie Duval, illustrés par Marie de Monti Gulf Stream dans la collection 1, 2, 3, Partez ! 5,90 €, 150×210 mm, 35 pages, imprimé en Pologne, 2018. |
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Est-ce possible de se procurer certains livres sur le racisme sans avoir a payer tous les frais élevés d’exportation. Je suis une enseignante au Canada et on prépare une unité sur le racisme, la diversité, la tolérance et le savoir vivre. J’aimerais utiliser vos ressources dans la planification des leçons.
Au plaisi de collaborer,
Mme Mercier
Bonsoir, je pense qu’il serait plus judicieux de poser la question à des éditeurs voire à des libraires, nous malheureusement on ne peut pas vous renseigner dans ce domaine.