Ça vous dit de voyager ? Aujourd’hui je vous propose un conte du Sahel, un conte turc, une histoire qui se passe en Afghanistan et des contes du Maroc. Nous irons même, dans le A part ça, au bord du Mékong, du Zambèze et du Gange.
Un homme qui refusait de continuer à vivre dans la pauvreté décida de cultiver un champ qu’on disait appartenir aux génies. On lui avait pourtant dit que les génies n’aimaient pas qu’on touche à cette terre mais il ne voyait pas d’autres façons de gagner de l’argent. A peine avait-il commencé, que les génies intervinrent… pour l’aider ! Mais allaient-ils être toujours aussi bienveillants ?
Le chant des génies qui vient de ressortir au format « poche » chez Actes Sud Junior, est un magnifique conte traditionnel du Sahel. Le texte est superbe et les nombreuses répétitions (les génies disent toujours les deux mêmes phrases) font que les enfants participent. Ils tremblent et rient à l’écoute des aventures de ce pauvre homme (et de sa famille). Ils imaginent même ce qui va découler des actions des personnages. Les belles illustrations d’Emre Orhun participent au côté « angoissant » du conte. Un très beau conte.
En jouant de son pipeau, un derviche avait créé un monde. Un monde dans lequel vivait le terrifiant Seyfi le Noir et la douce Aïché. Seyfi possédait toute la terre de ce petit monde sauf un petit jardin qui appartenait à Aïché. Bien entendu l’homme rêvait de s’en emparer, et pourquoi pas d’avoir Aïché pour le même prix ! Il allait devoir tenter milles ruses pour que le jardin lui appartienne… mais c’était sans compter sur un nuage amoureux d’Aïché qui allait tout faire pour aider la jeune fille.
Le nuage amoureux est un superbe texte, extrêmement poétique, magnifiquement écrit par Nâzim Hikmet, un auteur turc qui a passé une partie de sa vie en prison, a reçu le prix international de la paix en 1955 avant d’être déchu de sa citoyenneté turque et a fini sa vie en exil. Je ne connaissais pas cet auteur mais c’est vraiment une très belle plume. Ici on est entre le roman et l’album (c’est un album dont le texte est assez long) et chaque phrase est magnifiquement ciselée. Les illustrations d’Oya Lydia Bierschwale (qui n’est pas une contemporaine de Nâzim Hikmet puisqu’elle est née près de 20 ans après sa mort) sont très belles, elles ajoutent encore plus de poésie au texte et elles ont le charme des illustrations du Moyen Orient. Un magnifique album.
Un roi avait ramené un dieu de ses voyages. Pas un dieu qui punit, comme ceux qui vivent au-dessus de la montagne, non un dieu bienfaisant, un dieu souriant. Le roi voulu donc lui faire construire une statue sculptée à même la montagne pour qu’elle donne confiance à ceux qui doivent y monter. Une grande statue souriante. La construction pris des années mais la statue est faite pour rester longtemps.
François Place signe un très bel album qui nous rappelle bien entendu ces grands Bouddha de Bamiyan qui ont été détruit il y a quelques années alors qu’ils trônaient la depuis des milliers d’années. Le roi qui construit la statue veut que son peuple ait un dieu bon, qui veille sur lui et qui lui donne du courage, pas un dieu qui l’effraie et l’empêche d’avancer. Un très bel album plein de poésie et de philosophie sur ces sourires qui nous aident à avancer.
Karim refusait tout ce que sa mère lui donnait à manger, lassée un jour elle lui demande ce qui lui ferait plaisir… « de la purée de pommes de terre ! ». Sauf que lorsqu’il l’eue devant lui… il n’en voulut pas non plus ! Un homme sans travail décidât de déménager avec sa famille dans un autre village pour y trouver un emploi. Mais forcément il fallait aussi trouver où dormir ! Après avoir essuyé plusieurs refus, une vieille dame accepta enfin… sauf qu’ils ignoraient que c’était une ogresse. Mahboul était surnommé ainsi parce que tout le monde le pensait idiot. Pensez… il ne disait jamais non ! Pourtant une simple amande trouvée par terre allait lui apporter le plus grand des bonheurs.
Halima Hamdane raconte Mahboul le sage et les deux autres contes marocains issus de la tradition orale qui l’accompagnent… et c’est un pur bonheur ! Car le très bel album illustré par Nathalie Novi est accompagné d’un CD. On se régale à l’écouter nous raconter ces histoires où les mots arabes accompagnent les mots français sans que ça gène la compréhension. Entre chaque conte on écoute une petite comptine traditionnelle. A la fin du CD les contes sont même repris intégralement en arabe. C’est un beau voyage qu’on nous propose ici. J’ai eu la chance de voir Halima Hamdane raconter une de ces histoires il y a peu, si elle passe près de chez vous foncez ! Mais en attendant je vous conseille chaudement de l’écouter dans de très beau livre-CD.
Des extraits (du CD et du livre) en ligne.
Quelques pas de plus…
Nous aimons vous faire voyager régulièrement grâce aux contes, retrouvez par exemple notre dernière chronique de contes du monde.
Nous avons chroniqué plusieurs livres de Nathalie Novi (Mamouchka et le coussin aux nuages, Yeghvala, la belle sorcière et La petite sirène.
Le chant des génies Texte de Nacer Khémir, illustré par Emre Orhun Actes Sud Junior dans la collection Encore une fois 4,95€, 150×190 mm, 39 pages, imprimé au Portugal, 2013. |
Le nuage amoureux Texte de Nazim Hikmet (traduit par Münevver Andaç), illustré par Oya Lydia Bierschwale Gallimard Jeunesse Giboulées 14,50€, 230×257 mm, 42 pages, imprimé en France, 2013. |
Le sourire de la montagne de François Place Gallimard Jeunesse 16€, 225×237 mm, 32 pages, imprimé en France chez un imprimeur éco-responsable, 2013. |
Mahboul le sage Texte d’Halima Hamdane, illustré par Nathalie Novi Didier Jeunesse dans la collection Contes et Voix du monde 16€, 218×218 mm, 35 pages, CD 22 min., imprimé en France chez un éditeur éco-responsable, 2013. |
A part ça ?
Au bord du Gange on va rencontrer la Mataji, grande prêtresse, Deidi Von Schaewen, une photographe amatrice d’arbre sacrés ou le Sadhu Clic (qui tient son nom au fait qu’il fait beaucoup de photo) et on va assister à de grandes cérémonies religieuses. Au bord du Mékong un pêcheur funambule initie son fils, des archéologues essayent de préserver des vestiges et un hollandais cherche des plantes médicinales rares. Au bord du Zambèze un pêcheur risque sa vie pour nourrir sa famille, un riche hôtelier raconte l’histoire du pays et des gardes forestiers luttent contre les braconniers. Trois DVD, trois magnifiques voyages où non seulement on découvre des paysages d’une beauté à couper le souffle mais on rencontre aussi des hommes et des femmes qui vivent là, au bord de ces trois grands fleuves. Comment oublier la joie de Joseph, pêcheur, vivant un premier vol en hélicoptère, comment ne pas trembler devant le fils de Som Nieng qui va risquer sa vie en traversant le fleuve déchaîné sur une corde… Trois magnifiques voyages à vivre avec les enfants (ou pas… mais personnellement ma fille de cinq ans a adoré les regarder en plusieurs fois).
Quelques images :
Les gens du fleuve, 5h50 (3DVD), France télévision (24,99€ prix de vente conseillé).
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Le livre-cd de “Mabhoul le sage” me fait penser à un autre livre-cd, celui des “Contes d’Orient” chez Milan Jeunesse et lus par Moïse Fdida. http://www.editionsmilan.com/…/Contes-d-Orient-avec-CD
Contes d’Orient, avec CD – DE BOUCHE A OREILLE – Editions Milan
http://www.editionsmilan.com
Un vrai coup de cœur que mes loulous ont a-do-ré!!! Blandine.