Chaque mois, nous mettons un coup de projecteur sur un·e auteur·rice, un·e illustrateur·rice ou une maison d’édition. Ce mois-ci, c’est à Régis Lejonc que nous consacrons cette rubrique.
« J’arrête de douter que les enfants ne peuvent pas tout comprendre »
Extrait d’une interview de Régis Lejonc sur Mon petit Prévert.
Lire les albums de Régis Lejonc a tout d’un enchantement perpétuel. Qu’il prenne la plume pour nous conter des fables dont lui seul a le secret ou qu’il s’empare des pinceaux pour illustrer de merveilleuses histoires, cet auteur nous ravit à chaque publication qui devient vite indispensable et incontournable pour nos étagères éprises de poésie. Petite sélection non exhaustive des titres de cet auteur dont j’attends chaque nouveauté avec une impatience non dissimulée.
Mokamilla
Sa voisine est amoureuse… d’un crapaud. Celui-ci raffole des libellules qui, elles, aiment se lover dans les nénuphars. Les nénuphars qui, quant à eux, vénèrent le soleil…
Construit un peu comme une chanson en laisse (style Trois petits chats), Ma voisine est amoureuse nous raconte donc une histoire d’amour où chaque fois on apprend ce qu’aime l’élément aimé dans la page précédente. Une sorte d’histoire sans fin (puisqu’à la fin, la boucle est bouclée). Régis Lejonc illustre lui-même son texte et c’est, comme d’habitude, un régal ! Ce très bel album de Régis Lejonc a été réédité au format poche (donc à petit prix).
Gabriel
Parce qu’il avait entendu une conversation entre trois sœurs, le fils d’un roi avait appris qu’une jeune femme souhaitait l’épouser et lui donner deux garçons et une fille avec une étoile sur le front. Le mariage fut célébré, mais la reine refusait cette union, comment aurait-elle pu tolérer que son fils épouse une fille des bois ? Elle allait tout faire pour que se débarrasser de sa belle-fille…
Le conteur Jean-Jacques Fdida nous captive avec ce conte issu de la tradition orale. Si l’histoire que l’on peut écouter sur le CD proposé avec le livre est magnifique (et remarquablement interprétée), elle est aussi superbement illustrée par Régis Lejonc. Ses dessins sont sombres et lumineux à la fois. Les corps, les postures, les textures, les décors… tout est somptueux ! Bref, voilà un magnifique livre-CD (qui a d’ailleurs été coup de cœur de l’Académie Prix Charles Cros).
Gabriel
Un lion n’est pas fait pour vivre dans un cirque et amuser la galerie, il n’est pas fait pour vivre à Paris et prendre le métro, sa place est ailleurs.
Fait pour ça de Régis Lejonc et David Merveille rappelle la vraie place des animaux sauvages avec humour. La couverture est trompeuse et les antis animaux dans les cirques (dont je fais partie) vont adorer cet album. Les illustrations sont colorées et David Merveille rend même un petit hommage à Monsieur Hulot quelques années avant son album Monsieur Hulot à la plage. Voilà un album un brin cruel, mais plein d’humour, parfait pour rappeler que la place des animaux c’est dans leur milieu naturel.
Gabriel
Il y a une nouvelle dans la boîte à joujoux. Mademoiselle Chouchou est une jolie poupée de porcelaine et en la voyant le maire et Polichinelle se sentent troublés. Mais c’est surtout le soldat de plomb numéro 7 qui perd ses moyens quand il croise son chemin, et voilà qu’il s’arrête en plein défilé, causant une sacrée pagaille ! Ces deux-là ont eu un gros coup de foudre et même si le soldat doit faire un séjour au cachot pour avoir mis le désordre, Mademoiselle Chouchou l’attendra. Mais Polichinelle ne voit pas ça du même œil…
Une amie m’avait conseillé ce livre-CD en me disant que c’était l’un de ses plus gros coups de cœur en littérature jeunesse… je n’ai absolument pas été déçu ! Magnifiques illustrations de Régis Lejonc, superbe histoire écrite par Rascal et racontée par Natalie Dessay, très belle musique de Debussy interprétée par l’Ensemble Agora… Tout était réuni pour faire un petit bijou, et c’est réussi ! Petits comme grands, on tombe sous le charme de cette belle histoire d’amour entre des jouets, de ces personnages qui regardent le ciel peint sur le plafond de la boîte à joujoux.
Gabriel
Dans un quartier rouge vif, rouge amour, rouge sang, un petit être s’éveille, les cheveux encore ébouriffés par une nuit de sommeil peut-être un peu agité. La maison ordonnée ne le restera pas bien longtemps puisque notre héros a égaré cet organe désigné pour être le siège de nos émotions les plus douces et les plus grisantes. Il faut pourtant que ce garçon parte à la recherche de son cœur égaré, mais les tourments qui lui nouent la gorge sont comme de petites aiguilles qui lui rappellent combien c’est douloureux d’être sans l’autre. Commencent alors les vains va-et-vient. Rien n’y fait, pas un battement de cœur, pas une pulsation sourde qui laisserait espérer une présence, même lointaine. Que faire alors quand un cœur se brise, éclate, disparaît ? S’essouffler, suffoquer, étouffer, s’éteindre ?
Régis Lejonc a le don incomparable de coucher sur le papier des mots d’une magie absolue. Son univers, d’une richesse étonnante vous transporte sans fausse note. Il se fait ici le poète de la douleur, l’écrivain des amours perdues et bien trop douloureuses pour s’épancher le temps d’un long roman. Il sème, quelques phrases, quelques mots au fil des pages. Sans mièvrerie, avec justesse, il nous parle d’amour quel que soit notre âge, que notre cœur soit celui d’un enfant de cinq ans, dont l’amoureuse le boude, ou celui d’un adulte brisé par une passion qu’il voulait éternelle. À ces mots délicats viennent se mêler les crayons audacieux de Carole Chaix. Cet album est une petite merveille d’inventivité, bien que le sujet puisse venir titiller les cœurs écorchés. Le joli désordre qui prend vie sous les traits espiègles de Carole Chaix a quelque chose de réconfortant et d’apaisant. La maison, la rue, le monde ne sont plus qu’un bric-à-brac coloré qui traduit bien l’esprit bouleversé du personnage un peu perdu. Le cœur pincé ou le sourire aux lèvres, cette quête devient alors un peu la nôtre. Pour évoquer la recherche de l’organe fugueur, une bobine qui déroule une ficelle malicieuse de page en page. C’est d’abord un filet, carcan de corde au-dessus d’un salon sens dessus dessous, prison souple enroulée autour d’un garçon qui peine à affronter le monde, c’est un cocon « brouillon », une triste chrysalide qui brouille les repères, le fil d’un téléphone qu’on ne décroche jamais. Fait de traits pleins, de jolies courbes, de discrets pointillés, ce lien fragile ne le quitte jamais vraiment. Et à l’autre bout du rouleau, une trouvaille qui mérite peut-être qu’on reste fermement accroché à cette jolie ligne de vie…
Mokamilla
Une petite fille voulait absolument quitter sa maison et se promener dans la forêt. Sa mère le lui avait interdit et pour gagner du temps lui avait promis qu’elle n’irait que quand ses souliers de fer blanc et son habit seraient usés. La petite fille fit tout ce qu’il faut pour les user le plus vite possible. Son habit déchiré sa mère la revêtit d’un grand manteau de velours rouge et lui accorda d’aller dans la forêt si elle allait chez sa grand-mère. Chemin faisant, l’enfant rencontra le loup…
Vous aurez reconnu l’histoire du petit Chaperon Rouge sauf qu’ici on est loin de la version aseptisée… et ça va même très loin, le loup « déchire en morceaux » la grand-mère et fera boire son sang à la petite fille. L’enfant va devoir se déshabiller devant le loup et se coucher nue contre lui. On parle souvent de métaphore avec la pédophilie dans beaucoup de contes avec des loups, c’est ici encore plus flagrant. Ici aussi les illustrations (signées Régis Lejonc) sont très belles avec un rouge éclatant et un loup vraiment terrifiant. J’avais déjà chroniqué La belle au bois dormant dans cette collection (ici), Cendrillon (là) et La Barbe bleue (ici) et j’avoue être très fan, les livres sont absolument superbes avec leur papier épais, leur dos toilé… au niveau édition c’est une pure merveille. C’est une chose rare que de lire les contes d’origine, ceux transmis par oralité, avant qu’ils n’aient été écrits… et quel bonheur ! Jean-Jacques Fdida a une superbe plume et ce sont vraiment des livres agréables à lire, la langue est belle, des petits joyaux à faire entrer d’urgence dans sa bibliothèque.
Gabriel
D’immenses immeubles à la verticale. Et à l’horizontale, la rue qui ne se traverse pas. Dans sa robe bleue au nœud blanc, elle a quelque chose d’une Alice moderne aux cheveux bruns. Elle s’amuse avec les oiseaux qui tourbillonnent près de sa fenêtre, gonflés d’orgueil car ils savent bien qu’elle les admire. Contre quelques graines quotidiennes, ils lui offrent un ballet aérien hypnotique. De l’autre côté de la rue, il regarde celle qui aime tant ces volatiles acrobates. Lui, c’est elle qu’il admire. Leur fenêtre devient lieu de rendez-vous et un fil aussi solide qu’invisible vient lier ces deux êtres.
N’y allons pas par quatre chemins, cet album est une merveille, fort de sa dimension théâtrale où la rue jouerait le rôle d’une scène presque vide, n’autorisant que le passage léger des oiseaux. L’histoire, la vraie, se déroule quant à elle côté cour ou côté jardin, dans ces appartements qui font office de coulisses. Les fenêtres ont indéniablement quelque chose des balcons des amant·es qui ont marqué la littérature mais sans jamais y voir déclamer les grandes tirades amoureuses. Des Roméo et Juliette de silence, une Roxanne et un Cyrano taiseux. L’une se pare de plume, l’autre d’un cocon végétal. Nul besoin de dire ce qui crève les yeux. Le silence est plus beau. Meunier et Lejonc offrent à leurs lecteurs et lectrices un de ces albums qui trouve chez les adultes des résonances poétiques étourdissantes. Entre art de la chute et doux récit, ce duo cultive brillamment le mystère de ces histoires où tout ne s’explique pas.
Mokamilla
À l’origine, la licorne était noire ; avant de s’occuper des filles portant une peau d’âne et d’un garçon à la houppe, les fées étaient espiègles et coquines ; les géants, eux, se faisaient la guerre avant de disparaître (un seul a survécu, mais il vit dans le ciel)…
Maxime Derouen nous raconte l’histoire de la licorne, de la sirène, de la fée, du griffon, du géant, du mage, du dragon, de l’ogre, du lutin, du loup, de la sorcière et du troll. Pour chaque personnage un texte d’une page, qui fait face à une magnifique illustration de Régis Lejonc. Les textes sont bourrés de références aux contes et font le régal des petits comme des grands, les illustrations sont somptueuses… voilà un album qui va plaire aux jeunes enfants, aux ados et à tout ceux et toutes celles qui aiment les univers fantastiques et les belles illustrations.
Gabriel
Le capitaine est à terre, il a pris sa retraite… et la mer a décidé de le suivre. C’était la première fois qu’un homme l’invitait à sortir, et comme il avait demandé poliment elle avait accepté. Ces deux-là vivent maintenant dans un petit meublé modeste.
Le texte extrêmement poétique d’Henri Meunier est magnifiquement illustré par Régis Lejonc qui rend ici hommage à plusieurs artistes (Edward Hopper, Sandro Botticelli, Claude Monet, Hokusai…). La jolie maquette met parfaitement en valeur les illustrations et fait qu’on peut regarder cet album jeunesse comme un carnet d’artiste tant le travail illustration est magnifique. Sublime !
Gabriel
Monsieur et Madame Darling avaient trois enfants : John, Michael et Wendy. Un soir que les parents étaient absents et que la chienne Nana gardait les enfants, ceux-ci eurent la visite d’un jeune garçon nommé Peter…
Alors bien entendu il y a le roman de James Matthew Barrie qu’on ne présente plus et qui a été adapté tant de fois (il est ici en version intégrale), mais dans ce gros album de plus de 200 pages c’est surtout la beauté des illustrations de Régis Lejonc qui nous éblouit. Le livre est richement illustré (mais quel boulot ça a dû être !) de grandes planches pleine page, c’est une pure merveille, un cadeau qu’on a envie de s’offrir à soi (OK, s’ils sont sages, on laissera les enfants le regarder), un petit bijou. Bref, ce Peter Pan là est LA version à avoir !
Gabriel
En Mongolie, la neige vient tout juste de commencer à fondre. Bagdan en profite pour partir chasser avec son fidèle aigle, Altaï. Soudain un tremblement de terre déchire le sol. Bagdan n’a que le temps de se mettre à l’abri. Un long hurlement perce le silence revenu. C’est une louve aux yeux d’or, prise sous un éboulis. Bagdan prend pitié d’elle, la dégage et l’accompagne jusqu’à sa tanière, dans laquelle se cachent cinq louveteaux, tout juste nés. La louve, blessée, ne peut plus chasser pour nourrir ses petits. En cachette de son clan pour qui les loups sont des ennemis dangereux, Bagdan décide de l’aider et lui apporte chaque jour un lièvre ou une marmotte. Mais un jour, les chasseurs rentrent au village heureux de la meilleure prise qu’ils aient faite : ils ont tué la louve aux yeux d’or, quant aux louveteaux, ils ont disparu. Une saison plus tard, alors qu’il se promène avec sa cousine, Bagdan aperçoit une bande de voleurs de bétail, venus piller la région. Il a à peine le temps de prévenir les villageois. La bataille se prépare. C’est alors qu’une meute de jeunes loups surgit à l’improviste.
Cet album nous invite à partager le quotidien d’une tribu de bergers en Mongolie : les villages de yourtes, la chasse à l’aigle, la peur des voleurs de bétail. Il y est question d’amitié bien sûr, mais aussi de solidarité et d’empathie. Le héros, Bagdan, parvient à vaincre sa peur et ses préjugés pour sauver une famille de loups. Un très beau conte, servi par les magnifiques illustrations de Régis Lejonc.
Gabriel
Au nord vit le grand méchant loup. Il a terrorisé tous les villages aux alentours de sa tanière. Il a dévoré tous les troupeaux de moutons, toutes les mères-grand et tous les petits chaperons qui passaient sur son chemin. Maintenant qu’il n’a plus rien à se mettre sous la dent, son estomac crie famine. Il en est de même à l’ouest, où vit un ogre au sommet d’un temple aztèque. Après avoir dévoré tout son peuple, il est bien embêté de ne plus avoir de nourriture dans les environs. À l’est, un vampire sanguinaire est tiraillé par la même faim car il a extrait tout le sang des habitant∙es de la montagne. Et enfin, au sud, un sorcier vaudou tourne en rond dans sa case après avoir sacrifié tou·tes les villageois∙es des alentours pour ses rites païens. Ces quatre créatures vont partir à la recherche de nouvelles terres à conquérir mais que va leur réserver ce voyage ?
J’ai adoré Qu’ils y restent ! L’originalité de cette histoire m’a directement plu. Les quatre personnages rencontrés nous sont familiers mais présentés sous un nouveau jour. L’intrigue scénarisée par Régis Lejonc et Pascal Mériaux m’a fait sourire car, qui aurait pensé qu’un jour les monstres les plus célèbres se retrouveraient sans pitance ni travail ? Les illustrations de Riff Reb’s m’ont charmée, j’ai frissonné devant ces créatures cauchemardesques. Il nous présente un univers complètement singulier et intéressant. Cette bande dessinée est à découvrir sans aucune hésitation !
Mathilde
Un chemin enneigé au milieu des arbres à la longueur infinie. Cette voiture rouge qui roule sans que l’on connaisse encore son point de chute… Une pause gourmande devant la boulangerie d’un village dormant sous un ciel trop lourd et trop gris. Elle n’en est alors que plus lumineuse cette femme aux traits de Faye Dunaway dans le rôle Bonnie Parker. Fatale et impassible, elle poursuit sa routine et va rejoindre celui qu’elle veut choyer inlassablement, comme une nécessité. L’orchestration parfaite : chaque geste est mesuré, chaque petite attention maîtrisée. Toutefois, devant la porte de vieille demeure décrépie, une profonde inspiration vient étouffer les faiblesses qui vivotent éternellement en elle. Même domptés, même apprivoisés, les fantômes du passé ont cet éternel pouvoir insolent sur nous. Dans une pièce sombre, le démon amaigri a définitivement perdu de sa splendeur. Son charisme n’est plus et il a fait de la pitié un manteau. Quant à elle, la candeur qui la définissait enfant l’a quittée depuis bien longtemps.
C’est ici avec une plume toujours aussi fine et une maîtrise subtile des symboles et des contretemps que les auteurs se réapproprient l’indémodable Petit Chaperon rouge. Plus qu’une revisite ou une réécriture, cet album offre aux deux plus célèbres héro·ïnes de l’imaginaire enfantin des retrouvailles étonnantes, plusieurs années après leurs mésaventures… Inversion des codes, jeu de références, personnages nourris par le temps qui passe : l’idée est belle, étonnante et le récit d’Henri Meunier nous enveloppe de sa jolie poésie. Il y insuffle une bonté et un goût du pardon qui, s’ils paraissent actés, n’en demeurent pas moins acquis. Les illustrations de Régis Lejonc sont aussi captivantes que le récit de Meunier est mystérieux, proposant à chaque page des tableaux hypnotiques. Lejonc parvient à équilibrer avec brio les jeux d’ombres qui laissent planer un mystère pesant et une luminosité éclatante qui veille sur chaque scène en toute discrétion… La complicité créatrice et narrative des auteurs se retrouve dans chaque écho entre le texte et les dessins, au fil desquels le lectorat désacralise les démons enfantins qui ont cédé leur place aux terreurs de l’âge adulte. Il prendra au fil des pages, la mesure du chemin parcouru vers le mieux. Se relèverait-on de tout, même des pires monstres qui ont salement égratigné ou meurtri ?
Mokamilla
Il se projette vers ce futur qui n’attend plus qu’elle. Il la pense, l’imagine, la devine, l’espère. Elle sera sa princesse, elle, l’enfant promise, l’enfant chérie. Avant même d’être là, désirée comme le plus précieux des trésors… Il pense à tout ce qu’elle sera pour lui et tout ce qu’il représentera pour elle. Avant même qu’elle naisse, ce lien indéfectible s’écrit, ce sentiment puissant et absolu se raconte comme s’il fallait acter et sans cesse répéter l’impatience des jours à venir.
Régis Lejonc s’associe ici à Marcus Malte pour faire surgir, au cœur des pages blanches, une immense déclaration d’amour. Celui d’un père à sa fille, celui d’un homme bouleversé par l’arrivée d’une enfant dans sa vie. À cœur ouvert, il liste ou égrène tout ce qu’il lui souhaite de beau, tout ce qu’il craint de pire, tout ce qu’il voudrait être pour cette demoiselle qui n’aura de cesse de grandir et de s’épanouir à ses côtés. Tel un long poème, les vœux de bonheur s’accumulent et trouvent un magnifique écho dans les illustrations de Régis Lejonc qui donnent vie à ces projections paternelles. Les motifs floraux habillent les pages, les petits symboles se glissent ici et là et la métaphore s’invite dans le quotidien rêvé, emportant avec elle le lecteur et la lectrice conquis·es, happé·es par cet amour tenace qui bouleverse page après page.
Mokamilla
1979. Le Shah d’Iran a été renversé par la révolution islamique et l’ayatollah Khomeini a pris le pouvoir. Un an après, l’Irak de Saddam Hussein déclare la guerre à l’ancien Empire Perse. C’est dans ce contexte trouble et difficile que le papa de Chiara est nommé ambassadeur d’Italie à Téhéran. Une nouvelle vie commence pour la petite fille. En sécurité dans une maison dorée digne des contes des mille et une nuits, l’enfant n’ignore pas, au-dehors, les bombes, les cris, et la douleur des Iranien·nes… Surtout lorsque se présente à sa porte un enfant du « dehors ».
Merveille d’intelligence et de subtilité, Le Jardin du dedans-dehors nous plonge au cœur de la Révolution islamique et de la guerre Iran-Irak qui secoue Téhéran entre 1980 et 1988. S’inspirant de ses souvenirs d’enfance Chiara Mezzalama (dont le papa a été ambassadeur d’Italie en Iran durant cette période) tisse un récit poétique et fin autour de la guerre. Ainsi, notre héroïne comprend très vite qu’elle vit dans un pays où le « dedans » (cette maison merveilleuse, véritable cage dorée où le jardin luxuriant devient le lieu de vie de notre narratrice) et le « dehors » (la ville en proie aux bombardements) ne se rencontrent pas. Jusqu’au jour où un jeune garçon fait intrusion dans le « dedans » en escaladant le mur et en jouant avec Chiara et son frère. Faut-il alerter la famille ? Continuer de jouer avec lui ? Cette irruption brutale de la réalité dans un monde protégé, la petite fille la reçoit avec simplicité. Cri d’amour à la liberté et à la puissance inébranlable de l’amitié Le Jardin du dedans-dehors se lit comme un conte : la rencontre d’une petite prisonnière et d’un prince persan… Ce très beau texte est mis en couleur et en forme par Régis Lejonc. L’illustrateur s’amuse à jouer avec les contrastes entre le dedans/dehors. Il nous plonge au cœur d’un jardin foisonnant et riche de végétation. Un havre de paix où même les corbeaux se savent en sécurité. Les scènes représentant le dehors, dans les teintes rouge-noir dépeignent une ville en proie à un chaos politique. L’album est truffé de références, hommage aux arts persans — dans la composition des scènes — mais renvoyant aussi aux affiches de propagandes des régimes autoritaires. Avec la rencontre entre les deux personnages principaux, l’album devient onirique, et l’on s’enfonce, avec plaisir, dans cette histoire imaginaire que se créent Chiara et son ami, loin des cris et des bombes…
Sarah
La reine attend des triplés. Le jour de l’accouchement, quelle surprise en voyant qu’un bébé possède une bouche dorée, l’autre les oreilles en or et le dernier, des yeux d’or. Rempli d’orgueil, le roi explose de joie devant tant de richesse incarnée en chacun de ses fils. En grandissant, Annved ne peut prononcer aucun son, il est muet du fait de sa bouche dorée. Samî lui n’entend rien, il est sourd du fait de ses oreilles en or. Et enfin, Oddvin ne voit pas le monde qui l’entoure, il est aveugle à cause de ses yeux d’or. Cependant, le roi continue d’exhiber sa descendance et de tyranniser son peuple pour collecter encore plus d’impôts. Un jour, Oddvin entend du raffut, il décide de suivre son instinct et de monter sur son renne domestique pour le mener loin de ce brouhaha. Le bruit venait des villageois∙es, ivres de colère contre le roi, sa famille et leurs impôts impayables. Oddvin est à présent loin des sien·nes, perdu dans la nature, il ne peut plus faire marche arrière.
J’ai été charmée dès les premières pages par Oddvin, le prince qui vivait dans deux mondes. Ce conte m’a complètement transportée dans l’univers imaginé par Franck Prévot qui nous a quitté depuis. Les illustrations de Régis Lejonc m’ont émerveillée pour m’immerger davantage dans cette histoire d’un autre temps. Les textes sont écrits avec beaucoup de douceur et de poésie. J’ai été bercée par cette aventure insolite où l’on croise beaucoup de personnages étonnants. Cet ouvrage mérite sans aucun doute d’être lu. Il vaut largement le détour et a réussi à me marquer. Découvrez sans plus attendre le destin d’Oddvin et de ses frères.
Mathilde
Madelyn, Canadienne de 6 ans, n’a jamais dit à personne que c’est elle qui a bouché la serrure de l’école avec des allumettes. Agostina, Argentine de 74 ans, elle n’a jamais dit à ses parents et à ses enfants qu’elle les aimait. Quant à David, un Français de 36 ans, il n’a jamais dit à personne qu’il avait un rêve : emmener sa famille pour un tour du monde en bateau.
Dans Je n’ai jamais dit, on va croiser vingt personnages qui vont chacun nous raconter une chose qu’ils n’ont jamais dite. On pourrait s’imaginer que cette suite de phrases est rébarbative et sans intérêt, mais grâce au talent des auteur·rices (Didier Jean & Zad) et au magnifique travail d’illustration de Régis Lejonc, l’album est vraiment réussi. On sourit parfois comme lorsqu’un policier ultra armé nous dit avoir peur des araignées ou lorsqu’une vieille dame raconte avoir laissé sa sœur se faire punir à sa place. On est ému aussi, comme lorsque cette femme soldat confesse avoir sauvé la vie d’un soldat ennemi ou qu’un homme, honteux, se souvient de cette femme qui s’est fait agresser devant ses yeux dans un train et qu’il n’est pas intervenu. Cette suite de témoignages est très forte, et avec une simple phrase, on a l’impression de connaître une part de l’intime de ces personnages. De nombreux sujets sont abordés, avec intelligence. Bref, voilà un très bel album.
Gabriel
Une girafe qui fait du vélo, une panthère sur une trottinette, des suricates en avion… Mais qu’est-ce qu’on nous raconte, c’est du grand n’importe quoi, non ?
Régis Lejonc propose ici un album pour les plus jeunes qui fait sourire. Parce que le texte est drôle, que les situations sont cocasses et parce qu’on ne s’attend pas à la chute ! L’album pourra aussi être utilisé pour apprendre le nom des animaux… et des véhicules ! Comme toujours, c’est graphiquement réussi. À noter qu’une version audio est disponible sur l’appli Nathan (avec une petite clochette qui indique quand tourner la page, à la façon des 45 tours des années 80).
Gabriel
Ma voisine est amoureuse de Régis Lejonc Actes Sud Junior dans la collection Encore une fois… 4,95 €, 151×191 mm, 32 pages, imprimé au Portugal, 2015 (première édition 2003). Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
L’oiseau de vérité Texte de Jean-Jacques Fdida, mis en musique par Jean-Marie Machado et illustré par Régis Lejonc Didier Jeunesse 23,80 €, 265x265mm, 48 pages, imprimé en Franc chez un imprimeur éco-responsable, 2010 Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Fait pour ça Texte de Régis Lejonc, illustré par David Merveille Actes Sud Junior, dans la collection Encore une fois… 4,95 €, 151×191 mm, 40 pages, imprimé au Portugal, 2014 (première édition française 2004). Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
La boîte à joujoux Texte de Rascal, conté par Natalie Dessay, musique de Claude Debussy jouée par l’Ensemble Agora, illustré par Régis Lejonc Didier Jeunesse dans la collection Contes musicaux 23,80 €, 270×270 mm, 43 pages, CD 35 min. environ, imprimé en France, 2005. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Un an, un jour Texte de Régis Lejonc, illustré par Carole Chaix L’Atelier du poisson soluble 16 €, 245×215 mm, 40 pages, imprimé en Espagne, 2009. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Le Petit Chaperon rouge ou La Petite Fille aux habits de fer-blanc de Jean-Jacques Fdida, illustré par Régis Lejonc Didier Jeunesse dans la collection Contes du temps d’avant Perrault 14,20 €, 130×190 mm, 60 pages, imprimé en France chez un éditeur éco-responsable, 2010 Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
La Rue qui ne se traverse pas Texte d’Henri Meunier, illustré par Régis Lejonc Éditions Notari 19 €, 195×375 mm, 28 pages, lieu d’impression non précisé, 2011. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Le bestiaire fabuleux Texte de Maxime Derouen, illustré par Régis Lejonc Gautier Languereau 15 €, 320×210 mm, 36 pages, imprimé en Espagne, 2013. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
La mer et lui Texte d’Henri Meunier, illustré par Régis Lejonc Notari dans la collection L’oiseau sur le rhino, section Les hérons 23 €, 296 x 196 mm, 48 pages, lieu d’impression non précisé, 2013. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Peter Pan Texte de James Matthew Barrie (traduit de l’anglais par Michel Laporte), illustré par Régis Lejonc Gautier Languereau 25, 250x310mm, 198 pages, imprimé en Espagne, 2015. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Bagdan et la louve aux yeux d’or Texte de Ghislaine Roman, illustré par Régis Lejonc Seuil jeunesse 15 €, 265 x 290 mm, 56 pages, imprimé en France, 2016. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Qu’ils y restent Texte de Régis Lejonc et de Pascal Mériaux, illustré par Riff Reb’s Les éditions de la Gouttière 16 €, 275×331 mm, 48 pages, imprimé en France, 2016. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Cœur de bois Texte d’Henri Meunier, illustré par Régis Lejonc Éditions Notari 19 €, 300x 220 mm, 34 pages, lieu d’impression non précisé, 2017. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Tu seras ma princesse Texte de Marcus Malte, illustré par Régis Lejonc Sarbacane 18 €, 268×390 mm, 36 pages, imprimé en Italie, 2017. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Le Jardin du Dedans-Dehors Texte de Chiara Mezzalama, illustré par Régis Lejonc Les éditions des éléphants 15 €, 213×330 mm, 40 pages, imprimé en, 2017. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Oddvin, le prince qui vivait dans deux mondes Texte de Franck Prévot, illustré par Régis Lejonc HongFei 17,90 €, 320×250 mm, 56 pages, imprimé en Espagne, 2018. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Je n’ai jamais dit Textes de Didier Jean & Zad, illustrés par Régis Lejonc Utopique, dans la collection Bisous de famille 17 €, 220×320 mm, 48 pages, imprimé en France chez un imprimeur éco-responsable, 2020. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Ça ne tourne pas rond de Régis Lejonc Nathan 10 €, 200×197 mm, 32 pages, imprimé en France chez un imprimeur éco-responsable, 2021. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
J’aime les gens qui doutent, aller voir ailleurs si j’y suis, oublier le temps dans une librairie, boire du vin et du thé, entretenir mon goût démesuré pour les petites listes… Amoureuse du cinéma de Miyazaki, des chansons de Pierre Lapointe, des pinceaux de Mélanie Rutten, des BD de Renaud Dillies, de la poésie de Vinau, des livres illustrés et des romans qui bousculent avec de jolis mots.