La nouvelle collection des éditions Léon art & stories nourrit des ambitions plus que louables : initier les enfants dès 4 ans à l’art et à l’anglais ! Pour cela, elles ont imaginé de réunir 13 œuvres sous un thème commun, et de les faire interagir avec un petit caméléon dessiné par Stéphane Girel, qui commente les œuvres avec humour, en français et en anglais. À la fin de chaque livre, on trouve des petites explications sur certaines œuvres du livre, une citation et quelques jeux.
Dans l’ouvrage Monstres, Léon s’amuse avec les branches d’un personnage d’Arcimboldo, s’attaque à L’Araignée souriante d’Odilon Redon, tente de trouver une compagne au Minotaure de George Frederic Watts.
Dans celui sur les nuages, notre petit caméléon admire le ciel de Delacroix, se balade sur la Falaise d’Étretat après l’orage de Courbet, lance des confettis sur les nuages de Seurat.
Deux petits livres drôlement bien pensés pour les enfants !
Les mêmes vus par Livres et merveilles.
Ce n’est pas toujours facile de sensibiliser les jeunes enfants à l’art moderne, parfois déjà bien obscur pour les adultes. Alors, le mieux, c’est de le faire en jouant ! Et pour ça, les cahiers de coloriage proposés par la FondationCartier pour l’art contemporain sont parfaits. D’abord parce qu’ils sont grands, beaux et agréables à manipuler, ensuite, et surtout, parce que les dessins sont réalisés par les artistes eux-mêmes. Neuf cahiers de coloriage sont actuellement disponibles, introductions intelligentes à Ron Mueck, Moebius, Jean Nouvel ou encore Beatriz Milhazes.
Dans celui réalisé par Yue Minjun, artiste chinois connu pour son personnage qui rit aux éclats, on retrouve ce sourire énigmatique par dizaine, sur des hommes, des femmes, des enfants, des animaux, des arbres et même des maisons ! L’enfant est invité à colorier et à dessiner des vêtements pour ces personnages qui sont tous en slip, et à imaginer des dialogues dans les bulles disséminées çà et là sur certaines pages. C’est audacieux et réjouissant !
Voilà une question qui agite nombre de personnes : à quoi sert l’art ? Avec ce livre, Anne Dalsuet lance une piste : l’art, ça sert à réfléchir ! Ainsi, sur chaque double page, l’auteure pose une interrogation philosophique : qui suis-je ? Puis-je échapper au temps ? Peut-on représenter l’invisible ? Pourquoi résister à la tentation ? Pour chaque question, elle décrit entre deux et quatre œuvres d’art, qu’elle utilise ensuite pour répondre, ou du moins lancer des pistes de réponses, à la question traitée.
Qu’on se le dise, cet ouvrage est assez pointu et exigeant. Il nécessite intérêt pour le sujet et concentration. Mais c’est ce qui le rend si intéressant ! Il nous pousse à nous interroger sur nous, sur le corps, sur la vie, sur la société, en nous familiarisant à la fois à de grands concepts philosophiques et à des grandes œuvres d’art. Ce que j’ai particulièrement apprécié dans cet ouvrage, c’est la diversité des œuvres choisies : des tableaux de Rembrandt et Poussin côtoient des installations modernes de la fin du 20e siècle, la photographie côtoie la sculpture, le surréalisme côtoie le classicisme. C’est foisonnant, diversifié et intelligent.
Nicolas Martin et Éloi Rousseau mettent en évidence une autre « utilité » de l’art : représenter l’histoire. Du Serment du Jeu de Paume, le 20 juin 1789, à la construction du mur de séparation entre Israël et les territoires palestiniens le 14 avril 2002, 50 évènements historiques sont ici brièvement expliqués et illustrés par une ou deux œuvres artistiques, elles-mêmes objets d’un petit texte explicatif. On trouve des tableaux classiques et réalistes, grâce auxquels nous devenons spectateurs de l’évènement en question, comme avec le tableau de David représentant le sacre de Napoléon, et d’autres œuvres qui sont davantage une vision, une interprétation de l’artiste face à l’histoire, comme L’Europe après la pluie, de Max Ernst, illustrant les ravages de la Seconde Guerre mondiale.
L’Art face à l’histoire est de ces beaux livres que l’on sort régulièrement de sa bibliothèque ou que l’on garde sur sa table de salon, toujours à portée de main, pour picorer quelques pages, au hasard, quand le cœur nous en dit de faire un petit saut dans l’histoire, instructif et pédagogique.
Quelques pas de plus…
Tous les livres qui parlent d’art que nous avons chroniqués sont regroupés dans un tableau Pinterest.
Nous avons déjà chroniqué des ouvrages d’Hélène Kérillis (Sous la grande vague, L’Envol des couleurs) et de Stéphane Girel (Les 3 soeurs du roi méchant).
Monstres / Monsters![]() ![]() Texte d’Hélène Kérillis, illustré par Stéphane Girel Léon art & stories, dans la collection Mini Léon 6,50€, 200×150 mm, 32 pages, imprimé en France, 2015. |
Nuages / Clouds![]() ![]() Texte d’Hélène Kérillis, illustré par Stéphane Girel Léon art & stories, dans la collection Mini Léon 6,50€, 200×150 mm, 32 pages, imprimé en France, 2015. |
Coloriages et fou rire avec Yue Minjun![]() De Yue Minjun FondationCartier pour l’art contemporain 6,50€, 240×340 mm, 30 pages, imprimé en France, 2012. |
Art & philosophie![]() D’Anne Dalsuet Palette… 24,80€, 238×267 mm, 74 pages, imprimé en Italie, 2015. |
L’Art face à l’histoire![]() De Nicolas Martin et Éloi Rousseau Palette… 24€, 240×269 mm, 93 pages, imprimé en Italie, 2012. |
À part ça ?
Sur l’art, comme sur tous les domaines, on entend tout… et n’importe quoi ! Ce petit ouvrage réunit 50 idées reçues sur l’art et, à grands coups d’exemples et de citations, leur tord le cou ou les confirme : le design et la photographie ne sont pas de l’art, alors que la publicité, si ; toute œuvre d’art n’est que représentation de la nature ; l’art doit être beau ; il faut souffrir pour créer ; l’art peut changer le monde, etc. Si vous avez plein de certitudes sur la peinture, les artistes, la création, attendez-vous à être contredit !
Petits Florilèges des idées reçues sur l’Art, 7,90€, Larousse, 2014.
Marie
Mariée, 1763 livres et 1 canevas de Claude François