En littérature jeunesse, le conte est une forme très fréquemment utilisée. Aujourd’hui je vous en présente deux, très différents.
Le premier s’adresse aux lecteurs déjà un peu autonomes. Il s’agit de La boulangerie de la rue des dimanches écrit par Alexis Galmot et illustré par Till Charlier, publié par Grasset-Jeunesse.
Louis Talboni et Adèle Pelviaire aiment la musique. Ils s’aiment et donnent un jour naissance à Jack Talboni. Malheureusement, ils décèdent quelques temps après. Le petit Jack va se débrouiller tout seul et faire son petit bonhomme de chemin. En sortant de l’orphelinat, il choisit un peu par hasard son futur métier : il sera boulanger-pâtissier. Il va transformer la vie de tout un quartier avec sa baguette pas trop cuite et sa religieuse au chocolat, seules choses qu’il sait préparer. Mais son secret est bien ailleurs…Une fée bleue, une horloge capricieuse, les Quatre Saisons de Vivaldi, accompagneront Jack vers un destin hors du commun, comme tout héros de conte qui se respecte, n’est-ce pas ?
Ce livre n’est décidément pas comme les autres. Une belle couverture rigide, du papier épais, du texte aéré, et des illustrations soignées pour reprendre son souffle de jeune lecteur, en font déjà un bel objet. Ensuite, j’ai beaucoup aimé l’histoire. Certes, elle est un peu loufoque, mais c’est là toute sa force ! Parfois, on trouve des similitudes avec les univers de Roal Dahl (Matilda) ou de Pierre Gripari (et ses célèbres Contes de la Rue Broca). Il y a plein d’éléments ancrés dans le réel, et en même temps, des tas de côtés surréalistes, tendres, poétiques, et même tristes. On est également transporté dans une grande ville de la première moitié du XXème siècle, comme ont pu connaître nos grands-parents.
Le parcours de Jack est atypique, et ce petit orphelin est très attachant. On vit avec lui la pauvreté, la vie difficile, mais également l’amour et les bonheurs simples du quotidien. On s’émeut de son parcours et de ses sentiments à fleur de peau. Pour résumer un peu son état d’esprit, je ne résiste pas à vous livrer un petit passage :
“Mais, couvé entre les quatre murs de sa soupente cloquée, tendrement chéri par ses deux parents mélomanes, le petit Jack ignorait ce qu’était la misère, puisqu’il ignorait ce qu’était la richesse. Tous les jours, avec Papa et Maman c’était dimanche, tant il est vrai qu’Amour et Musique savent reboucher bien des trous, et panser bien des plaies”.
Enfin, le fait que toute sa vie tourne autour de la boulangerie et de la pâtisserie donne lieu à des phrases appétissantes et croustillantes assez réjouissantes !
Je pense que c’est un livre à plusieurs niveaux de lectures…qui conviendra donc autant aux enfants (je dirais à partir de 9 ans) qu’aux adultes avides de jolies histoires de vie !
Respectant un peu plus la traditionnelle structure du conte, Arthur 1er et le trône à trois pieds d’Eric Battut est paru dans la collection Les p’tites balades aux éditions Gulf Stream.
On part cette fois au temps des rois et des chevaliers. Baptiste est ébéniste et fabrique entre autres, des trônes. Or, le roi Arthur 1er, un enfant assez difficile, les refuse absolument tous. Baptiste en a marre, et fabrique pour son plaisir un tabouret, pour changer un peu. Il le vend à un pêcheur…qui l’envoie au diable. Une laitière l’intercepte…et finalement, l’envoie au diable. Un brigand l’attrape…et l’envoie au diable ! Maudit, le petit tabouret atterrit dans le cachot d’Arthur 1er, que l’on pourrait justement surnommer “Petit Diable”…Comment finira-t-il sa vie de tabouret ? Et Baptiste l’ébéniste alors ? Trouvera-t-il grâce aux yeux du Roi ?
Voilà pour l’histoire, qui reprend bien le schéma des contes du Moyen-Age, avec rebondissements, aventures, chevaliers, château fort, oubliettes, méchants et gentils. Et ça fonctionne plutôt bien. Le texte est assez classique mais comme il est court et très illustré, il est facilement compréhensible. En plus, il y a une vraie chute ! Les illustrations sont quant à elles tout à fait dans le ton de l’histoire. A base de craft et de quelques couleurs seulement (blanc, rouge, vert, jaune…), l’univers et les personnages sont bien campés, rapidement et simplement. Il y a une sorte d’unité qu’on retrouve très souvent dans les contes et qui fait de cet album carré un livre particulier, mais assez intemporel.
La boulangerie de la rue des dimanches, Alexis Galmot et Till Charlier
Grasset-Jeunesse
Prix : 12,50 €
Public : Lecteurs débutants/Lecteurs confirmés
Arthur 1er et le trône à trois pieds, Éric Battut
Gulf Stream
Prix : 9,90 €
Public : A leur lire/Lecteurs débutants
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A part ça ?
Du 5 au 18 Mars, la 14ème édition du Printemps des Poètes bat son plein ! En plus, cette année le thème est “Enfances” ! On était donc obligé d’en parler par ici. Animations, concours, et lectures sont au programme de cette quinzaine. Plus d’informations sur le site de l’association. J’en reparlerai peut-être dans les prochains jours !
(en plus, la belle affiche est signée Joëlle Jolivet)
Marianne

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Merci pour ces critiques qui nous expliquent bien le contenu alléchant de ces deux ouvrages !
Sans l’avoir lu, avec la couverture, son titre et vos mots, les références à Roald Dahl et Pierre Gripari m’avaient en effet sauté aux yeux. C’est un très bon départ pour ce livre !
Chouette chronique!
Le deuxième, je le note dans ma liste^^