Aujourd’hui, deux albums très forts, l’un parle de pédocriminalité, l’autre de harcèlement.
Miette adore sa maison. Comment ne pas l’aimer ? Ici, tout est fait pour s’y sentir bien. Il y a des plantes, des décorations sur les murs, les ami·es viennent régulièrement jouer et, à table, on se régale. Mais alors que tout le monde semble vivre en harmonie, un loup se cache dans le foyer. Personne ne sait que c’est un loup, on le prend pour un homme, mais Miette, elle, connaît sa vraie nature. L’enfant voit les oreilles et la queue de l’animal, quand les autres ne voient qu’un homme gentil, toujours blagueur qui invente de super boissons pour les enfants. Si Miette sait, c’est parce qu’il vient la voir la nuit, à pas feutrés, quand tout le monde dort. Le loup lui demande des choses qui ne lui plaisent pas du tout, mais comme il lui a fait promettre de ne rien dire, elle garde le secret…
Mai Lan Chapiron parle avec beaucoup de justesse des abus sexuels qui ont lieu au sein même d’une famille (rappelons que 1 Français·e sur 10 déclare avoir été victime d’inceste). Ici, le loup n’attend pas sa proie dans la forêt ou caché dans une rue sombre, il est là où l’on devrait se sentir protégé·e (doit-on rappeler que le foyer est le principal lieu des violences sexuelles ?). Miette a peur partout (dans sa chambre, dans la salle de bain…) et elle n’ose pas parler parce qu’elle craint qu’on ne la croie pas et que ça détruise sa famille, que ce « loup » se retrouve seul (arguments souvent entendus de la part des victimes de violences sexuelles au sein d’une famille). Heureusement, Miette saura trouver une personne à qui parler (une personne de l’école). Le récit est suivi d’une double page d’informations complémentaires qui permettent d’engager la conversation sur ce sujet douloureux, d’un rappel du numéro Allô enfance en danger et d’un cahier d’accompagnement écrit par une psychologue clinicienne qui travaille à la protection de l’enfance. Voilà un livre simple et bien fait, un ouvrage nécessaire sur un sujet souvent difficile à aborder.
Un enfant trouvait étrange qu’un renard se soit introduit dans l’école et surtout puisse jouer avec les autres enfants, comme ça, sans que ça semble ne choquer personne. Comme tous les prédateurs, le renard s’approchait de lui sans crier gare, souvent il le déstabilisait avec des mots blessants, se moquant du fait qu’il avait des lunettes ou lui donnant toutes sortes de surnoms. Ça avait commencé comme ça, juste avec des mots, des mots qui font mal, mais bientôt le renard était passé à l’étape supérieure, le cartable abîmé, le ballon crevé, la réquisition de goûter… Petit à petit, le renard a été rejoint par d’autres… La peur était de plus en plus présente, surtout la peur de parler.
Lola et Olivier Dupin racontent comment le harcèlement se met en place avec une métaphore simple et percutante. Surtout iels rappellent que la seule solution pour stopper le harcèlement c’est d’en parler. Le communiqué de presse rappelle ce chiffre édifiant : 700 000 élèves harcelé·es chaque année en France (d’après l’Éducation nationale). Ce genre d’album est parfait pour rappeler à quel point le harcèlement peut être destructeur, alors qu’il peut paraître insignifiant pour ceux et celles qui harcèlent. Côté illustration, Ronan Badel accompagne de ces magnifiques planches le texte, en le rendant plus poétique.
Le loup de Mai Lan Chapiron La Martinière Jeunesse 9,90 €, 211×210 mm, 48 pages, lieu d’impression non indiqué, 2021. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Un renard dans mon école Texte de Lola et Olivier Dupin, illustré par Ronan Badel Gautier Languereau 10,95 €, 206×238 mm, 28 pages, imprimé en France chez un imprimeur éco-responsable, 2021. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !