Aujourd’hui, deux albums particulièrement forts puisque le premier parle d’inceste et le second des jeux dangereux à l’école.
Une petite princesse vivait dans un château avec ses parents. Le roi, son père, avait l’air bon, mais il ne l’était pas et un soir il entra dans sa chambre et il fit ce qu’aucun adulte ne doit faire à un enfant, il toucha sa fille comme on touche sa femme. La petite princesse qui était si souriante perdit son sourire et vit même sa bouche disparaître à force de se taire. Et puisque personne ne semblait préoccupé par elle, elle s’en alla dans la forêt. Là, elle vit un chasseur tirer sur une biche et sa bouche réapparut pour crier. L’enfant allait s’occuper de la biche, comme elle aurait aimé qu’on s’occupe d’elle.
On avait déjà mis en avant le très bel album La princesse sans bouche lors d’un Parlez-moi de… avec les autrices et l’éditrice du livre (à lire ici), car voilà un livre très important. Peu de livres parlent d’inceste, surtout aussi frontalement (ici, les choses sont dites « Il la toucha comme aucun papa n’a le droit de le faire, d’une manière qui ne la respectait pas. Il la toucha comme si elle était sa femme, ce qui est interdit à tous les papas de la Terre. »), ce qui en fait un album essentiel, car une fille sur cinq et un garçon sur treize sont victimes de violences sexuelles selon l’OMS… des chiffres effarants. Surtout que dans 80 % des cas ces violences sont commises par la famille et les proches et 61 % par le père (chiffres donnés par l’autrice)… Bref, bien des enfants sont confrontés à cette tragédie, donc il est important que ce livre existe, pour qu’ils et elles se sentent moins seul·es et peut-être pour les aider à en parler. Notons que le livre n’est pas juste un livre « qui a le mérite d’exister », le texte et les illustrations sont réussi·es et certaines planches, comme le dessin avec l’ombre de père se projetant sur le lit de sa fille, sont saisissantes. C’est toutefois un album qui aura besoin d’un accompagnement.
Il y a eu de nombreux changements dans sa vie : l’arrivée d’un petit frère, un déménagement, un nouveau travail pour ses parents, une nouvelle école… pas facile de continuer à exister. Pas facile de se faire des ami·es quand on ne connaît personne et qu’on est mal dans sa peau. Rapidement, le quotidien s’est transformé en cauchemar. Les moqueries, les vols, les petites humiliations. Aussi quand un enfant lui a proposé de faire partie de la bande, à condition d’accepter de jouer à des jeux dangereux, il a accepté…
Hélène Romano raconte avec beaucoup de justesse le harcèlement scolaire et ces jeux dangereux qui causent chaque année des morts. Ici, sont évoqués un jeu où l’on doit rouler par terre pendant que les autres nous arrosent de coups de pied, un autre où l’on doit traverser à la dernière minute quand une voiture arrive ou encore le fameux jeu du foulard, où il faut tenter de s’étrangler le plus longtemps possible… L’album est poignant, mais jamais sordide, dur, mais pas insoutenable, il dit clairement les choses, sans détour. En fin d’ouvrage, une fiche détachable permet aux parents de mieux comprendre ce phénomène. Là aussi, c’est un album très réussi, qui peut être très utile.
La princesse sans bouche Texte de Florence Dutruc-Rosset, illustré par Julie Rouvière Bayard Jeunesse 13,90 €, 210×260 mm, 40 pages, imprimé en Slovénie chez un imprimeur éco-responsable, 2020. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Ma vie est un trésor Texte d’Hélène Romano, illustré par Germain Barthélémy Éditions Courtes et Longues, dans la collection Je dis mes maux pour mieux les vivre 19,90 €, 170×246 mm, 40 pages, imprimé en Belgique, 2020. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !