Leela est heureuse. Elle vit avec ses parents aimants et sa belle-famille est d’une grande gentillesse. En effet c’est chez ces derniers qu’elle va bientôt vivre puisque Leela a été fiancée à 2 ans, mariée à neuf, maintenant qu’elle en a 13 elle va s’installer avec son époux chez eux. Tout semble parfait, une belle vie lui est promise… sauf que son mari meurt et la voilà veuve à 13 ans. Être veuve dans l’Inde des années 20 ça veut dire rester cloîtrée un an, renoncer à tous ses bijoux et même à ses cheveux, et toute sa vie être considérée comme quelqu’un qui porte malheur, ne pas avoir le droit de se remarier. Grâce à quelques personnes Leela va pourtant trouver un peu de lumière dans son monde devenu très sombre.
Un roman absolument passionnant. Le personnage de Leela, jeune fille au destin tragique, est à la fois drôle et attendrissant, on sourit et on est ému à la lecture d’Un sari couleur de boue. À l’arrière-plan de l’histoire de la jeune fille il y a celle de Gandhi dont on commence à parler dans les journaux et qui est en train de révolutionner l’Inde, poussant les fermiers à se rebeller contre les anglais, incitant les indiens à se détacher des traditions, à traiter les femmes à l’égale des hommes. Car le livre parle aussi de ça, de la condition des femmes, de la différence entre les femmes et les hommes dans certaines cultures et de ceux qui se battent pour faire évoluer les mentalités. Ça parle aussi de l’éducation, si importante pour devenir quelqu’un. Leela est à la fois en rébellion et à la fois coincée par l’amour et le respect qu’elle porte à ses parents. Son personnage est inspiré par la grande-tante de l’auteure, qui a vraiment existé, qui comme elle a été veuve dès l’enfance et a connu cette vie. Un roman tout aussi attachant que passionnant pour les ados qui aiment lire de “gros” romans (il fait 250 pages) et les voyages dépaysant.
Camille et son frère Matthieu voient leurs parents se déchirer. Pourtant tout allait bien « avant »… Et quand le couple vole en éclat c’est toute la famille qui explose. Camille ne pense qu’à s’évader dans son jardin, Matthieu lui devient colérique et somnambule. Puis les choses s’accélèrent, leur père fuit, leur mère déprime de plus en plus jusqu’au jour où tout ça prend la pire des tournures…
C’est l’un des romans ado les plus dérangeants qu’il m’ait été donné de lire… Il m’est impossible de vous raconter l’histoire sans trop vous en dire mais sachez que c’est très sombre, très noir et vraiment déroutant. L’histoire est tellement particulière que sans la plume de Gisèle Bienne (que je découvre ici) je pense que ça pourrait être catastrophique, pourtant ça ne l’est pas. On nage dans des eaux sombres en compagnie de Barbara (dont les chansons sont plusieurs fois citées) et le voyage bien qu’inhabituel est plaisant. Je pense que c’est un roman qui ne laissera personne indifférent et qui reste en tête longtemps. Souvent Camille pense aux oiseaux, et son frère lui rappelle qu’ils n’en sont pas. Ça m’a fait penser à cette superbe chanson de Dominique A « Si seulement nous avions le courage des oiseaux qui chantent dans le vent glacé ! » Ici Camille l’a ce courage des oiseaux…
Quelques pas de plus…
L’avis d’Enfantipages sur On n’est pas des oiseaux
Un sari couleur boue de Kashmira Sheth École des Loisirs dans la collection Médium 11,00€ |
On n’est pas des oiseaux de Gisèle Bienne École des Loisirs dans la collection Médium 9,50€ |
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A part ça ?
Une petite balade interactive dans les monuments nationaux avec des petits jeux etc ça vous dit ? Alors c’est parti ! http://www.monuments-nationaux.fr/enfants/home_fr.htm
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
oh “le sari couleur de boue” me tente bien ! et hop dans ma liste d’envies
Le sari couleur de boue me tente vraiment… Je me le note!
Merci pour cette chouette découverte, encore une fois 🙂
Voilà des lectures qui me semblent bien intéressantes!
Je vais rebondir sur “on n’est pas des oiseaux” qui, bien que le thème n’ait rien à voir avec le livre auquel la description m’a fait penser, me donne envie de faire un parallèle.
Ce n’est pas le titre qui m’a rappelé “Les oiseaux” de Tarjei Vesaas, mais l’atmosphère dense que je perçois dans ce résumé. Dans “Les oiseaux”, le personnage principal s’appelle “Mattis”, c’est presque mattieu, et il vit avec sa soeur…
Je crois qu’on a besoin parfois, les jeunes et les adolescents en particulier, de pouvoir exorciser nos côtés sombres, nos angoisses enfouies, à travers des histoires poignantes et dérangeantes qui nous forcent en quelques sortes à nous repositionner sur nos bases et redéfinir nos repères, révélant nos propres forces ou capacités à faire face à ce qui nous touche, nous déstabilise, nous bouleverse…
Un Sari couleur de boue est un très bon roman. Assez dur mais c’est la dure réalité de la condition de cette jeune femme. Un personnage attachant.