Depuis le début de l’été, vous pouvez lire, tous les mercredis, une question d’enfant et la réponse d’auteurs, illustrateur-trice-s, éditeur-trice-s… Les enfants ont été nombreux à nous envoyer des questions, nous en avons choisi huit. Après les questions de Tristan, Daphné, Madeleine et Rose les semaines passées, aujourd’hui une question de Martin, 8 ans qui m’a proposé de demander aux llustrateur-trice-s : « Comment les illustrateurs font-ils pour faire de si beaux dessins, plus beaux que ceux que peuvent faire les forts en dessin de ma classe ? ». Ronan Badel, Sébastien Mourrain, Éric Veillé, Antoine Guilloppé et Olivier Tallec ont accepté de lui répondre, vous découvrirez, en même temps que lui leurs réponses. Chacune des questions retenues fait en plus gagner un ouvrage à l’enfant qui l’a posée. Cette question permet donc à Martin d’avoir la chance de recevoir, grâce aux éditions Bayard, la BD Kiki et Aliène de Paul Martin (au scénario) et Nicolas Hubesch (aux illustrations). Une bande dessinée pleine d’humour qui raconte les aventures de deux extra-terrestres déjantés en vacances sur la planète Terre ! Vous pouvez retrouver notre chronique sur cet album ici.
« Comment les illustrateurs font-ils pour faire de si beaux dessins, plus beaux que ceux que peuvent faire les forts en dessin de ma classe ? » (Martin, 8 ans)
Ronan Badel :
Je ne peux pas parler au nom de tous les illustrateurs. Nous avons tous des parcours différents et chacun travaille à sa manière. Moi j’ai fait une école de dessin, les arts déco de Strasbourg, où j’ai appris beaucoup de choses sur l’illustration. Ce qui est compliqué, ce n’est pas de faire de beaux dessins, c’est de raconter quelque chose dans son dessin. C’est ça l’illustration.
Avant de faire une illustration, je fais beaucoup de brouillons, je déchire, recommence, etc. Je peux refaire 10 fois un dessin jusqu’à ce qu’un trait posé me plaise et que l’illustration s’approche de ce que j’ai en tête.
Une dernière chose, s’il y a une part de talent, il y a surtout beaucoup de travail. Je dessine depuis tout petit. J’ai toujours avec moi un carnet de croquis et il ne se passe pas une journée sans que je fasse des dessins d’observation… Dans la rue, au café, chez moi. Plus on dessine et plus on apprend…
Voilà, Martin, j’espère avoir bien répondu à ta question. Un dernier petit conseil si l’illustration t’intéresse. Achète-toi un petit carnet (les feuilles volantes se perdent) et dessine régulièrement, écris des bouts d’histoires ou tout simplement raconte ta journée avec des mots et des dessins… C’est déjà ça être un illustrateur.
Ronan Badel est auteur et illustrateur. Il vient de sortir Le livre abominable avec Noé Carlain chez Sarbacane. Il sortira à la rentrée Ptit Napo avec Géraldine Elschner chez Glénat et Le meilleur livre pour apprendre à dessiner une vache avec Hélène Rice chez Thierry Magnier. Vous pouvez retrouver ici une interview que nous avions réalisée de lui.
Sébastien Mourrain :
Bonjour Martin,
La beauté d’un dessin est très subjective, c’est personnel. Je trouve parfois qu’il y a de très beaux dessins d’enfants lorsque j’interviens dans les écoles.
Néanmoins, si l’on veut acquérir une bonne technique et un bon coup de crayon, il faut beaucoup travailler, dessiner tous les jours. J’ai fait une école de dessin où j’ai appris à dessiner tout et n’importe quoi pendant quatre ans.
Après, savoir dessiner ne fait pas tout. Il faut trouver son propre univers et pour cela il faut être curieux de tout. Il faut lire, aller au cinéma, voyager… que des choses géniales quand on y pense.
J’espère avoir répondu correctement à ta question Martin.
Sébastien Mourrain est illustrateur. Récemment, il a illustré un texte de Géraldine Elschner, Moustachat, sorti chez L’élan vert et un texte de Delphine Perret, Bigoudi, sorti chez Les fourmis rouges.
Vous pouvez retrouver Sébastien Mourrain sur son site : http://sebastienmourrain.blogspot.fr.
Éric Veillé :
Tu sais quand ils étaient petits, les illustrateurs ne dessinaient pas forcément bien. L’important est : est-ce que tu as en toi le désir de t’exprimer à travers l’art et le dessin ? Quand on voit des dessins très bien faits, on se dit parfois : « oh la la, moi je ne vais même pas essayer, car je n’arriverai jamais à dessiner aussi bien. »
Et bien, non ! Si tu as le désir en toi, il faut y aller, rater, recommencer…
Plus on dessine et plus on sait dessiner. Ne jamais avoir peur de rater, c’est comme ça qu’on avance ! Si tu as la volonté, tu deviendras peut-être illustrateur, alors que les plus forts en dessin de ta classe seront peut-être chirurgien-dentiste !
Éric Veillé est auteur et illustrateur. Il vient de sortir Tout sur le grand méchant loup chez Actes Sud Junior (que nous avons chroniqué ici) et il sortira le 20 août Ma vie en pyjama (illustré par Pauline Martin) chez l’école des loisirs puis à la rentrée Les secrets de l’école, où vont les maîtresses après le coucher du soleil ? et Mon imagier après la tempête, tous deux chez Actes Sud Junior.
Retrouvez notre interview d’Éric Veillé
Antoine Guilloppé :
Martin,
Pour faire un beau dessin, il faut être patient et ne pas abandonner son idée pour aller jouer au foot.
C’est souvent difficile parce qu’on rate beaucoup, mais grâce à la gomme et au crayon à papier on peut s’entraîner jusqu’à ce qu’on réussisse !
Il est important de savoir aussi que certains illustrateurs ont fait une école de dessin où ils ont dessiné 8 heures par jour pendant 3, 4 ou même 5 années.
Alors forcément, ils dessinent mieux que les forts en dessin de ta classe.
Antoine Guilloppé est auteur et illustrateur. En octobre, il sortira cher Gautier Languereau, un album que nous sommes nombreux à attendre, Little Man. En attendant, vous pouvez découvrir des images de cet album ici.
Vous pouvez retrouver notre interview d’Antoine Guilloppé ici.
Olivier Tallec :
Je suis sûr que parfois c’est moins bien que les plus forts en dessin de ta classe…
Mais je dessine toute la journée, donc plus tu dessines mieux tu dessines. C’est aussi une question de patience…
Olivier Tallec est auteur et illustrateur. Il a sorti il y a peu La boum ou la plus mauvaise idée de ma vie avec Charlotte Moundlic au Père Castor (que nous avons chroniqué ici) et il sortira à la rentrée Louis Ier, roi des moutons chez Actes Sud Junior et Bonne journée, une BD, chez Rue de Sèvres.
Le site d’Olivier Tallec : http://www.oliviertallec.fr.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
quelle jolie idée que ces questions “dis, tu peux lui demander”, Gabriel! C’est très sympa de découvrir les auteurs/illustrateurs par ce biais, bravo!
La technique, le talent, la créativité et le travail pour y arriver ! Pourvu que ça motive plein d’enfants.