Trois histoires d’amour déçues traitées de façon très différentes.
Parfois on n’est pas aimé parce qu’on est moche…
Gisèle est moche ! Du moins c’est ce que pensent certains… Elle a surtout des cheveux qui lui posent problème… déjà elle en a beaucoup, ensuite ils ne sont ni raides, ni bouclés, ni bruns, ni blonds, ni doux, ni rêches… ils sont juste moches d’après sa sœur. Alors comment se faire remarquer par Maurice, un garçon qui est dans sa classe depuis des années et qui ne sait pas qu’elle existe ? C’est simple ! En lui proposant de garder son poisson rouge pendant les vacances ! Mais il ne faut pas qu’il lui arrive quelque chose à ce poisson… Mission impossible ?
Je n’avais jamais lu de romans d’Agnès Desarthe (juste des nouvelles et sa participation aux Carnets de Lieneke, chroniqués ici) et j’ai été séduit par son style. Mission impossible est drôle et fin. Le personnage de Gisèle est absolument irrésistible. On reconnaît bien ici les petits complexes de l’adolescence, les amours à cet âge, les petites choses idiotes qu’on fait par amour. L’écriture d’Agnès Desarthe est jeune et moderne, vraiment efficace. Le roman est illustré par Anaïs Vaugelade et là aussi c’est un régal, les dessins de Gisèle ajoutent encore plus d’humour au personnage. Un roman où l’on découvre que les moches ne sont peut pas ceux qu’on croit, une histoire qui risque de beaucoup plaire aux jeunes ados !
Parfois c’est juste qu’on ne correspond pas à la recherche de l’autre…
Mona, 15 ans, part pour Saint-Malo, Saint-Malo où Mamy vient de mourir, Saint-Malo où il y a Gaël, l’amoureux de toujours, celui qu’elle rejoignait chaque été, celui qui l’a tant fait souffrir quand il l’a quitté. Depuis Gaël, Mona espère rencontrer un amour calme. Un truc qui ne déborde pas. Un genre de ruisseau, quoi.
Séverine Vidal nous livre une fois de plus un roman plein d’émotion, drôle et émouvant. Son personnage de Mona (dite Mo) est comme la plupart de ses personnages, une boule d’émotion au caractère fort. Ça parle des amours qui commencent à 18h51, de l’enfance qui se termine mais revient en bouche grâce à des vieux bonbons, de l’amour/amitié. Ça parle surtout de ces amours d’enfance, qu’on connait depuis toujours et qu’il est évident qu’on finira notre vie avec, à tel point que le jour où ça se brise ça fait très très mal. Des amours impossibles. Le texte est magnifique, truffé de jolies petites phrases, très bien ciselées. Ah le style de Séverine Vidal… Un roman absolument magnifique, une fois de plus. J’ai juste ouvert mon portable pour éclairer son visage, vu que la lune n’y mettait pas du sien.
Et parfois on est juste amoureux de la mauvaise personne…
Lucy, jeune canadienne de 13 ans, est fille de pasteur, on est en 1936, il fait très chaud, et c’est la crise économique. Prêches, sécheresse et pauvreté, voilà son quotidien. Alors Lucy décide décrire dans un journal, là elle peut blasphémer, laisser libre court à ses pensées, dire ce qu’elle veut ! C’est donc par les mots de Lucy qu’on découvre sa vie, qui va changer le jour où ses parents vont recueillir un médecin défroqué énigmatique qui va beaucoup troubler la jeune fille.
Ultraviolet est un beau petit roman. Même si l’action se passe en dans un milieu et une époque loin de nos ados, ils se retrouveront pourtant en Lucy, ils reconnaitront ces révoltes qui nous animent à cet âge, contre l’ordre établi, contre les parents. Cette force qui nous pousse vers les plus grands. Cette envie de fuir. Le mystérieux Dr Beauchemin va changer la vie de Lucy, lui ouvrir les yeux sur plein de choses, l’aider à s’affirmer, à comprendre le monde et les autres. Alors bien sûr Lucy va ressentir plus que de l’admiration pour cet homme qu’elle trouve si beau… On parle ici de quitter l’enfance, des sentiments amoureux, de ces adultes qu’on rencontre enfant et qui façonnent notre personnalité, qui nous aident à sortir de ce pour quoi on était destinés. Le récit fait parfois sourire, Lucy est une jeune fille avec un caractère très fort, dans son journal elle accepte d’être tout ce qu’elle ne peut pas être par ailleurs. Elle disserte souvent sur les mots, les analyse, sans peur de passer pour une intello, ici personne ne la juge. Elle y raconte toutes ses pensées, de la même façon, sans peur du jugement.
Quelques pas de plus…
D’autres livres de Séverine Vidal chroniqués sur La mare aux mots : Philo mène la danse, Plus jamais petite, Comment j’ai connu papa, Arsène veut grandir, Lâcher sa main, Comme une plume, J’attends Mamy, Roulette Russe tome 1 Noël en juillet; Je n’irai pas, Léontine, princesse en salopette, Prune Tome 1 La grosse rumeur, Prune Tome 2 Le fils de la nouvelle fiancée de papa, Mamythologie, On n’a rien vu venir.
Deux autres très beaux romans sur les amours d’adolescence : Sur les quais et La fille aux cheveux d’encre.
Les petites marées chroniqué par enfantipages.
Ultraviolet chroniqué aussi par enfantipages.
Mission impossible d’Agnès Desarthe, illustré par Anaïs Vaugelade L’école des loisirs dans la collection Mouche 8,70€ |
Les petites marées de Séverine Vidal Oskar éditeur dans la collection Court MÉ-trage. 5€ |
Ultraviolet de Nancy Huston Thierry Magnier 8€ |
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A part ça ?
Vous venez de lire cet article et vous vous dites “Tiens j’aimerai bien m’acheter Les petites marées et ça serait bien qu’il soit dédicacé… j’habite près de Bordeaux et je suis libre demain et après-demain… Y-a-t-il une solution ?” ET BIEN OUI ! Séverine Vidal est à la fête du livre “Lis tes ratures” à St Loubès demain et après-demain ! Ça tombe bien non ? (ça pour un hasard…). Et elle ne sera pas seule ! Jean-Claude Mourlevat, Jérôme D’Aviau,… Plus d’informations sur le site de Séverine Vidal, ici : http://severinevidal.blogspot.fr/2012/05/lis-tes-ratures.html
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
J’ai envie de lire Ultraviolet ^^
Je vais me le procurer et te dirai comment je l’ai trouvé si tu veux 🙂
Ah ben oui je veux ! J’adore les retours de ce genre moi !
Quel trio de talents. Je pense en particulier à Séverine dont le talent éclate !
J’ai lu ces deux romans récemment.
Dans Ultraviolet la dimension “religion” apporte vraiment quelque chose de très important au roman. Même si ça se passe pendant la grande dépression au Canada, le roman semble très actuel (crise économique, repli communautaire, les affrontements sociaux) et je pense que de nombreux ados peuvent se retrouver en Lucy.
Le petit plus qui m’a plu dans ce livre c’est l’amour des mots de Lucy qui les décortique.
Séverine Vidal a comme d’habitude touché mon cœur. Ses petites marées m’ont bouleversée. Mona et Gaël qui vont le temps d’un été quitter le monde de l’enfance, ouvrir les yeux sur leur vie, sont des personnages marquants.
Ah les amours de jeunesse impossibles, c’est loin tout ça 😀