J’ai créé La mare aux mots en 2008, il y a déjà seize ans. J’étais père au foyer et ma fille aînée qui venait de naître aimait beaucoup dormir, j’avais donc décidé de profiter de son temps de sommeil pour chroniquer des livres jeunesse (j’ai l’habitude de dire que si elle n’avait pas été une telle dormeuse La mare aux mots n’existerait pas). J’avais créé à l’époque un forum sur la culture en général (livres, cinéma, musique…) et donc naturellement j’ai eu l’idée de faire un forum sur la littérature jeunesse (d’ailleurs les prémices de La mare aux mots étaient sur ce forum — qui n’est plus en ligne — puisque j’y avais créé une rubrique littérature jeunesse). J’avais eu envie de faire un forum car je voulais que ce soit un lieu d’échanges, c’est ce que j’aimais sur les forums. Pas un « je » mais un « nous ». Pas une personne qui donne son avis aux autres, qui de leur côté ne font que lire, mais vraiment un lieu de partage. Le nom de « La mare aux mots » vient d’ailleurs de là, j’avais une image de la mare où des animaux différents se retrouvent (bon et ce jeu de mots avec marmot que personne ne voit…). Le forum a été un bide retentissant car j’étais quasiment le seul à poster. Les lecteur·rices me tannaient pour en faire un blog, plus lisible. J’ai mis trois ans à accepter l’idée (car justement pour moi un blog était un lieu où une personne impose ses idées et les autres ne font que lire), mais j’ai tout de suite dit que si je le faisais ce ne serait pas seul. J’ai proposé à deux amies, une seule a accepté et nous nous sommes lancé·es dans l’aventure blog en 2011… Nous publiions un billet par jour, sept jours par semaine. Le mercredi, c’était une interview, la première interviewée a été Gudule, que nous avons considérée comme notre marraine. Le temps a passé. L’équipe a évolué, nous n’avons été que deux pendant longtemps puis quatre et ça n’a fait que varier, nous avons été jusqu’à onze !
Gérer une équipe n’a pas toujours été simple, mais j’ai tenté de faire au mieux (je n’ai pas toujours réussi). Depuis les débuts, vingt-cinq chroniqueur·euses sont passé·es dans l’équipe. Si la plupart d’elleux nous suivent et nous soutiennent encore aujourd’hui, quelques départs ont été plus rudes, ce que j’ai toujours mal vécu. Voir des personnes partir en claquant la porte reste mon plus gros regret concernant le site et le plus douloureux dans cette aventure.
En 2015, épuisé par ce rythme, j’annonce qu’on fait une pause, mais dans ma tête je veux arrêter le site. Le nombre de messages de soutien me fait réfléchir et après plus de cinq mois de pause le site reprend avec quelques différences. Déjà, nous passons de sept à cinq articles par semaine et surtout le site devient payant. Ce site me coûtait de l’argent et ça me semblait aberrant que je paye pour donner des conseils aux autres, faire la promotion d’œuvres, d’auteur·rices…
Les années ont passé… Seize ans déjà et je dois dire que j’ai souvent voulu arrêter ce site ces dernières années, ce rythme m’épuise. Mais voilà, je n’arrive pas à arrêter. Je n’arrive pas à mettre un point final à cette aventure. Parce que c’est quand même quelque chose, cette aventure. Alors, pour ne pas arrêter totalement, j’ai décidé de baisser encore le rythme. Il n’y aura plus cinq articles par semaine mais un seul. Il n’y aura plus quarante-trois chroniques par mois (moyenne sur les douze derniers mois) mais une quinzaine. Ce ne sera plus, comme jusqu’à présent, un article par chroniqueur·euse, mais un article collectif.
Nous nous concentrerons sur les livres, nous ne chroniquerons plus de jeux, DVD, CD… Et vu la nouvelle organisation, il n’y aura plus de thématique.
Baisser le rythme, c’est aussi diminuer les actions qui prennent du temps. Les réseaux sociaux, par exemple, c’est du temps passé pour pas grand-chose (à cause des algorithmes, plus personne ne voit nos publications), donc nous arrêtons de les alimenter. Pour ne pas louper nos articles, le plus sûr reste de vous inscrire à notre newsletter (qui passe d’hebdomadaire à mensuelle), ici.
Et comme le nombre d’articles diminue énormément, je ne me sentais pas de laisser le site en formule payante. Faire payer 15 € par an pour une quinzaine de chroniques par mois, ça me semblait ne pas fonctionner. J’ai donc décidé de repasser le site en gratuit (en toute transparence, avoir des abonné·es nous mettait aussi une pression quant au rythme à tenir mais aussi au fait de continuer… Et comme il y a de nouveaux·elles abonné·es chaque semaine, c’est sans fin). Les articles seront donc à partir de la semaine prochaine en lecture libre (seules les archives seront encore sur abonnement quelque temps, histoire que celles et ceux qui ont un abonnement en cours aient toujours un avantage, mais d’ici un an environ tout le site sera accessible à toustes… Si on trouve comment faire techniquement !). Mais, parce qu’il faut dire les choses, ce site coûte environ 500 € par an (hébergement, logiciels, etc.). Je n’envisage pas de débourser cette somme de ma poche pour qu’il reste gratuit, donc nous laissons notre système de dons (ici). Actuellement, nous avons de quoi tenir deux ans. Si le système de dons ne fonctionne pas, j’aurai ENFIN une bonne excuse pour tout arrêter (la seule chose que je regretterais, c’est qu’il ne serait plus en ligne et je pense que certaines interviews — qui restent très lues — sont intéressantes à garder).
Alors, que vous dire de plus ? Pas grand-chose, car ce billet est déjà bien trop long ! Mais dès mercredi prochain vous trouverez un nouvel article, co-écrit par une partie de l’équipe, composé de quelques chroniques de livres et d’une interview.
Et comment ne pas finir en vous remerciant de nous soutenir depuis tout ce temps. Seize ans… c’est long ! MERCI !
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Merci pour toutes ces années.
Je vous souhaite d’avoir assez de dons pour qu’il reste en ligne et de continuer longtemps à votre allure de façon allignée.
Si ça devait ne pas être le cas, peut-être proposer au site Ricochet ou Babelio (ou autres idées) de pouvoir en héberger le contenu, car c’est effectivement précieux pour plein de lecteurs.
Bonne année 2025 à vous et à tous.
…Et au plaisir de vous lire.