Aujourd’hui on reçoit tout d’abord l’illustratrice Pascale Breysse, qui vient de sortir le très joli Onze ours chez L’initiale. Puis, je vous propose de vous glisser dans l’atelier d’un illustrateur que j’aime beaucoup, Jérôme Peyrat. Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Pascale Breysse
Vous venez d’illustrer Onze ours, un texte de Nathalie Wyss sorti chez L’initiale, parlez-nous de cet album et de la façon dont vous avez travaillé sur ce projet
Quand l’éditrice, Juliette Grégoire m’a proposé d’illustrer ce texte de Nathalie Wyss, j’étais ravie de découvrir son écriture. Onze Ours abordant le thème de la peur, j’ai essayé de dessiner des Ours différents, parfois taquins, joueurs, grognons, stupéfaits, doudous, un panel d’émotions de nos vies quotidiennes. J’aime me glisser dans les mots et mettre en images ce qui n’est pas écrit. C’est dans le cadre que se trouve la liberté de créer dit-on en peinture. Les allers-retours avec Juliette ont été judicieux. La réalisation de l’album a été d’une belle fluidité.
Quelles techniques d’illustrations utilisez-vous ?
Depuis quelques années, ce sont les dessins dans les carnets qui sont devenus la base du travail d’illustration. La composition de l’image se faisant numériquement avec l’ajout de papiers, de textures, de collages. Cela offre une belle liberté de création.
Où trouvez-vous votre inspiration ?
J’aime dire qu’illustrer un texte c’est entrer dans les lignes, se laisser inspirer, se laisser infuser comme un bon thé. C’est s’abandonner à son imaginaire, plonger dans ses profondeurs et se relier à sa part d’enfance. C’est jouer avec les symboles, tirer un fil invisible au fil des pages. C’est donner à voir des mots sous un angle de vue singulier. C’est ouvrir une fenêtre sur le monde…
Aujourd’hui je puise dans ce qui m’anime, mes lectures, la nature, l’art, ma perception de l’existence….
Il y a-t-il des illustrateurs et des illustratrices dont le travail vous touche ou vous inspire ?
Oui au début de mon parcours des autrices-illustratrices comme Béatrice Alemagna, Anne Herbauts, Elzbieta ont été déterminantes.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
Un parcours atypique, mon désir de dessiner datant de mes 12 ans. Patience et persévérance (rires).
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Oh c’est loin ! (Rires) Je ne sais plus en détail mais les contes traditionnels, ma préférence allant à La petite fille aux allumettes. Puis Alice aux pays des merveilles, Bilbo le hobbit, les Agatha Christie, Hemingway, Colette, Balzac, Hugo, Queneau etc. ce qu’il y avait dans la bibliothèque de mes parents, de mon frère et à la bibliothèque du village puis au CDI au lycée. La littérature, la poésie et l’Art plus tard m’ont permis de trouver du sens à mon existence.
Travaillez-vous sur de nouveaux projets en ce moment, et pouvez-vous nous en parler ?
Oui j’ai une nouvelle commande éditoriale de L’initiale, un texte de la philosophe Edwige Chirouter, Plus personne, qui me réjouit. Un conte initiatique dont la parution est prévue en 2021.
Bibliographie :
- Onze Ours, illustration d’un texte de Nathalie Wyss, L’initiale (2019).
- L’esprit de la forêt, illustration d’un texte de Laurence Grateau, Papiers coupés (2016).
- Chanteline, illustration d’un texte de Pascale Gueillet, Chapeau bleu (2015).
- Raconte-moi les Pyrénées, illustration d’un texte de Patrice Teyssière, Cairn (2014).
- Petites histoires avant d’aller dormir, illustration d’un texte de Yolande Moreau, Petites Histoires (2014).
- Réeenchantez votre job !, illustration d’un texte de Laurence Thomas, Dunod (2014).
- Eros et Psyché, illustration d’un texte de Chochana Boukhobza, Lire c’est partir (2012).
- Le feu transparent, illustration d’un texte de Catherine Leblanc, Les petits pas de Ioannis (2010).
- Monsieur Jeusétou, texte et illustration, Bilboquet (2010).
- À la sieste, texte et illustration, Le bonhomme vert (2010).
- Deux princes, un royaume, illustration d’un texte de Lenia Major, Gecko jeunesse (2008).
- Le prince kangor, illustration d’un texte de Chaterine Leblanc, Lire c’est partir (2009).
- Le livre et le baiser, illustration d’un texte de Jean-Claude Gérodez, Lo païs d’enfance du rocher (2006).
Quand je crée… Jérôme Peyrat
Le processus de création est quelque chose d’étrange pour les gens qui ne sont pas créateur·trice·s eux-mêmes. Comment viennent les idées ? Et est-ce que les auteur·trice·s peuvent écrire dans le métro ? Les illustrateur·trice·s, dessiner dans leur salon devant la télé ? Peut-on créer avec des enfants qui courent à côté ? Faut-il de la musique ou du silence complet ? Régulièrement, nous demandons à des auteur·trice·s et/ou illustrateur·trice·s que nous aimons de nous parler de comment et où ils·elles créent. Cette semaine, c’est Jérôme Peyrat qui nous parle de quand il crée.
Quand je suis en phase de recherches (travail sur le rapport texte image, recherches sur les différents cadrages), il me faut un lieu calme, sans musique ni radio.
J’essaie toujours que cela se passe chez moi.
C’est souvent des séances de travail courtes, intenses pour lesquelles il me faut pas mal de pauses.
C’est pour moi les moments les plus importants de la création, ces heures où tout arrive pêle-mêle dans ma tête et où tout doit être « trié » par le dessin, c’est une période ou j’essaye beaucoup de choses dans mes carnets de recherche.
Ma vie fait que je me retrouve souvent à travailler un peu partout : chambre d’hôtel, cafés, salles d’attente, trains, ou chez quelqu’un d’autre.
Je ne suis pas dérangé par l’idée de produire ailleurs que chez moi. Souvent quand je vois un ancien album, je me souviens en premier où il a été produit, dans quel état j’étais pendant la création et la musique j’écoutais durant cette période.
Je me pose quelquefois cette question sans réponse : est-ce que si j’avais produit ces illustrations ailleurs, elles auraient été différentes… ?
Dès que je passe au stade de l’exécution (j’ai alors posé la technique et le style graphique), je peux mettre de la musique et travailler sur des périodes de travail de 6 à 12 h par jour, selon les techniques.
J’essaie souvent de démarrer la production d’un nouveau livre avec un genre de musique, un artiste, un univers sonore.
Jérôme Peyrat est illustrateur.
Bibliographie sélective :
- Les maudits, illustration d’un texte d’Hélène Gloria, A2MIMO (2019).
- La vie rêvée de M. Maniac, illustration d’un texte d’Adèle Tariel, L’étagère du bas (2019).
- Bertille et Brindille, illustration d’un texte d’Adèle Tariel, Père Fouettard (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Dans ma montagne, illustration d’un texte de François Aubineau, Père Fouettard (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Bob le zèbre ?, illustration d’un texte de Myriam Picard, Tom Poche (2017).
- Michel et Édouard, illustration d’un texte de Myriam Picard, Père Fouettard (2017).
- J’élève bien mes parents, illustration d’un texte de Myriam Picard, Points de suspension (2016).
- La fosse aux lions, illustration d’un texte d’Adèle Tariel, Les éditions du Ricochet (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Mon papi peuplier, illustration d’un texte d’Adèle Tariel, Talents Hauts (2015).
- La pluie et le beau temps, illustration d’un texte d’Anne-Claire Lévêque, Les éditions du Ricochet (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Mon gros cahier pour apprendre à lire et à écrire, illustration de textes d’Isabelle Arnaudon et Emmanuelle de la Chanonie, Hatier (2011), que nous avons chroniqué ici.
- Mon père me manque, illustration de textes de Betty Mamane et David Pouilloux, De La Martinière (2005), que nous avons chroniqué ici.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !