Pour terminer l’année, j’avais envie de revenir sur l’une de mes lectures marquantes de 2019. Quoi de mieux que d’inviter son auteur à venir en parler ici. Aujourd’hui nous recevons Vincent Villeminot, l’auteur de Nous sommes l’étincelle, paru au printemps. Il est accompagné pour le bonus par Isabelle Réty, de la librairie Gwalarn, à Lannion, pour la rubrique Ce livre-là.
L’interview du mercredi : Vincent Villeminot
Comment êtes-vous venu à l’écriture ? Pourquoi la littérature jeunesse ?
En fait, je suis venu à l’écriture par hasard, par rencontres, et à la littérature jeunesse par effraction. J’avais rencontré à l’école de journalisme un auteur, Éric Holder, qui nous avait fait travailler et m’avait donné envie d’essayer. J’ai fait dix ans le métier de journaliste, reporter, j’ai écrit vers 25 ans deux romans de « littérature vieillesse » très mauvais, des trucs narcissiques et imitant les écrivains que j’admire. Et j’en avais conclu que je n’étais pas romancier.
Et puis, quand j’ai quitté le journalisme, une éditrice jeunesse pour qui je préparais un guide de voyage (il faut vivre) m’a demandé d’écrire un texte « comme une des histoires que tu racontes à tes enfants », pour voir. Il a été publié. Ensuite, on m’en a demandé un deuxième, un troisième… j’ai commencé à faire des albums, des petits romans, des contes, et plus tard, d’autres éditrices m’ont dit qu’à leurs yeux, j’étais romancier, qu’il fallait que j’essaye. Ce sont des éditeurs et des éditrices qui m’ont « fait » écrivain.
Quant à la littérature jeunesse, je ne savais pas que ça existait – pour moi, « ça n’était pas de la littérature », et c’est sans doute ce qui m’a permis d’y entrer, d’en faire : quand je me suis lancé, je ne me « regardais pas » écrire, je n’étais pas écrasé par des grands modèles, et je n’écoutais que mes personnages… Au lieu d’être surtout centré sur moi ou sur mon « style ». Et c’est ça qui a permis que je devienne un vrai romancier, c’est à dire quelqu’un qui fait exister « d’autres vies que la sienne ».
Romans pour les plus jeunes, scénarios de bande dessinée, romans d’anticipation, science-fiction, romans noirs, dystopies, écriture collective… Vous couvrez un large spectre de créations en littérature jeunesse. Comment passez-vous d’un genre à l’autre, avez-vous des façons différentes d’aborder l’écriture suivant les projets ?
Oui, chaque projet est différent. Pour moi, la coupure fondamentale, c’est entre « le roman YA (Young Adult) » d’un côté, et tout le reste de l’autre côté… J’ai l’impression de faire les romans pour plus jeunes, ou les scénarios de BD en dilettante – ça n’empêche pas de travailler ; mais en YA, je trace un sillon, j’y suis depuis des années, j’ai appris des bouquins précédents que j’ai écrits, de ceux que j’ai lus, édités parfois, j’ai des lecteurs et lectrices qui m’accompagnent de livre en livre…
L’autre point important de différence, c’est qu’un roman YA me demande une toute autre énergie que tout le reste : j’y suis plusieurs mois à temps plein, sans aller-retour avec d’autres, c’est une sorte de tunnel de solitude puis un dialogue très long avec mon éditeur… Bref, c’est un marathon, quand les autres écritures sont des disciplines plus « explosives ». D’ailleurs, je suis incapable de vraiment « retravailler » un livre d’humour, un strip de BD : soit il paraît bon, soit je le jette et j’en fais un autre. Alors que je retravaille chaque ligne de mes romans. C’est à ça que je distingue ce dont j’ai fait un métier, et ce qui reste pour moi des chouettes opportunités…
Vous avez publié de nombreux romans pour la jeunesse qui s’inscrivent dans le genre apocalyptique ou de science-fiction. Qu’apporte selon vous cette possibilité dans le roman pour adolescents ?
En fait, raconter la catastrophe, ou l’après-catastrophe, ou l’anticipation à cinq, dix, vingt ans, ce sont différents moyens de regarder l’époque actuelle. Dans une société qui vit des ruptures technologiques tous les vingt ans, et où chacun dépend tellement de la technique, il est plus intéressant, je trouve, pour réfléchir notre rapport et notre aliénation à la technique, d’imaginer le manque que de pronostiquer l’étape technologique suivante – parce qu’on risque moins de se tromper, déjà, hihi… Et puis, en réponse à une sorte de confiance ou d’idéologie du « progrès », je suis tenté moi-même, souvent, par le dénuement, l’ensauvagement. Et ce sont aussi probablement des illusions. Donc je dois les éprouver. Mes romans servent à ça : éprouver mes illusions, celles de l’époque, et celles de mes lecteurs, de mes lectrices. Ce sont des petits laboratoires…
Vous avez publié cette année deux romans pour ados très différents (Nous sommes l’étincelle paru chez PKJ et Ciao Bianca aux éditions Fleurus). Nous sommes l’étincelle est un roman d’anticipation éminemment politique, un texte d’envergure qui se passe dans un futur proche sur plusieurs générations, et qui nous amène à réfléchir à travers une jeunesse qui se soulève pour s’extraire d’une société dont elle ne veut plus. Comment avez-vous construit cette société, cette révolution (ici plutôt une sécession), et les personnages qui la font ?
Par collage. Puis en bossant comme un âne. En fait, j’avais commencé deux, trois romans différents, j’attendais que des personnages surgissent – je fais souvent ça, j’écris, je réunis de la matière, des visages dans une pièce, des lieux, en attendant qu’un truc survienne, devienne « vivant », qu’« il se passe quelque chose d’imprévu ». Et je ne savais pas quoi faire de ces débuts… Et puis un copain éditeur m’a envoyé un article d’un géographe, parlant des paysages français dans l’hypothèse d’une conversion agricole au véganisme.
L’article évoquait une grande forêt.
Ça a été le déclic.
J’ai commencé par écrire une vision de ces trois mômes, perdus dans quarante ans, dans une « grande forêt », au bord d’une rivière, on aurait dit une scène de Kipling, ça m’a plu et je me suis demandé : comment sont-ils arrivés là ? Puis j’avais aussi ces pages, évoquant le désir de sécession de jeunes gens – des bribes, écrites ici et là. Je les ai placées trente-cinq ans plus tôt, et je me suis demandé : qu’est-ce que ça va donner, pour eux, s’ils partent ? Qu’est ce qui se passe entre les deux ? J’avais le décor pour rassembler ces deux bouts de l’histoire, j’avais le temps pour inviter d’autres personnages, venus d’autres mondes, d’autres questions – l’Univercity Stendhal, les villes-containers, la culture du viol… Et je savais que ce décor allait évoluer sur des décennies, puisqu’on passait de la lisière à la forêt profonde. Je savais aussi que je suivrais certains personnages jusqu’au bout (mais pas lesquels, je ne sais jamais au début, qui va mourir…), de 2024 à 2061. C’était l’occasion de parler vraiment d’une vraie révolution : les révolutions, ce n’est intéressant selon moi que si on les éprouve sur le temps long – non seulement les éruptions, les événements, les flambées, mais leurs conséquences sur les êtres, sur les sociétés qu’elles prétendaient transformer, sur ceux qui prennent le train en route, ceux qui tombent… On peut alors, au final, se demander : se sont-ils, nous sommes-nous trompés ? C’est vertigineux, cette question. C’est romanesque…
Ciao Bianca traite à la fois du voyage, de la famille, de la fratrie. Qu’est-ce qui vous plaît dans le passage au roman plus intimiste, plus familial ?
J’aime bien quitter un roman en écrivant, dans le suivant, une chose radicalement différente : ici une histoire ramassée dans le temps, dans le nombre de personnages – de la même façon, j’ai écrit Le Copain de la fille du tueur après U4, par exemple.
Dans les grandes fresques, tu te rends compte pendant l’écriture que tu passes forcément à côté de temps plus « vides » : tu ne peux pas consacrer à chaque personnage toutes les lignes qu’il mériterait, tu en viens à ne raconter que le « décisif », le « visible » pour chacun… C’est le rythme qui demande cela. Ce n’est pas pour ça que tu ne « sais » pas ce qu’ils pensent ou vivent (d’où le temps que ces romans te demandent, parce qu’il faut bien laisser chaque personnage mûrir), mais enfin, tu ne l’écris pas, ou tu finis par le retirer du roman.
Dans Ciao Bianca, l’intime, l’humour, la joie simple peuvent se déployer sur un autre rythme. En fait tu racontes plein de choses que tu avais ellipsées pour chaque personnage dans la « grande fresque » et qui sont, aussi, la vie même… C’est une autre ambition, pas moindre, mais différente. Cette alternance me plait, et je constate que je l’ai aussi dans mes lectures, dans ma vie tout court, où je réfléchis le même jour à l’actu mondiale et à l’actu familiale, huhu.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescent ? Quels livres conseillez-vous aux adolescents qui vous entourent ou que vous rencontrez ?
Enfant, et adolescent, je lisais beaucoup de livres d’Histoire, surtout autour de la Seconde Guerre mondiale – la passion de mon grand-père chez qui je trouvais mes livres. Et je lisais aussi des BD. Et aussi un peu n’importe quoi qui me tombait sous la main. J’adorais les romans d’aventures, des romans américains, London, Steinbeck – pas du tout de fantastique, ni de fantasy, ni de science-fiction, il n’y en avait pas dans les bibliothèques que je fréquentais… Puis sont venus d’autres « grands auteurs ». Mais pour moi, l’entrée dans l’âge adulte, c’est Dostoïevski : ce type écrivait des romans qui avaient tout pour me déplaire, mais que j’ai adorés. À partir de là, j’ai commencé à « entrer en littérature ».
Et à un ado, aujourd’hui, je conseillerais London, Steinbeck, Orwell, Camus et García Márquez. Et pas mal de copains et copines, mais je ne vais pas dire lesquels pour ne fâcher personne.
Vous êtes également directeur de collection pour Casterman, dont les textes de la collection « ici/maintenant » sont à destination des jeunes adultes. La littérature dite « YA » (Young Adult) est un genre en soi, qui a émergé ces toutes dernières années. Quelle en est votre vision, cette fois en tant qu’éditeur ?
Hum… Vision de la YA, c’est super vaste, faudrait raconter nos existences entières – et vision comme directeur de collection, c’est peut-être un peu tôt. Mais disons que j’ai découvert le YA quand des copains, des copines, des collègues m’ont dit : « Tu devrais nous lire ; nous, on te lit. » Encore une fois, je m’étais lancé dans mes premiers romans sans trop connaître, en me demandant ce que mes mômes pouvaient entendre, ce qu’on pouvait partager…
En lisant les copains et copines, j’ai découvert que le YA avait plein de « façons », plein d’angles et donc d’angles morts, plein de tics sans doute, d’habitudes, mais aussi de fulgurances, et que c’était parfois « de la littérature ». Et que je devais arrêter de me prétendre « juste raconteur d’histoires », parce que c’est vraiment ça qu’on essayait de faire, les uns à côté des autres, ensemble : une littérature, certes « adressée » à d’autres que ceux qui l’écrivent (c’est ce qui fait sa spécificité et à quoi je tiens), mais enfin, une littérature tout de même. Dominée par le genre romanesque. C’est à dire par un regard sur le monde qui prétend s’offrir, se partager, au moyen d’un travail sur la narration, l’incarnation, l’invention de personnages ; et sur la langue, à distance, sans « représentation » vivante.
Bon, une fois qu’on comprend que « c’est de la littérature », tout est possible.
Le YA est devenu je crois un « genre » en soi, où les autres genres peuvent se rencontrer, se mâtiner, pourvu qu’ils restent « initiatiques »… Et parfois, tu as envie de voir des copains que tu as lus essayer d’aller sur d’autres territoires, tu leur proposes, c’est le sens de la collection « Ici/maintenant ». Mais je pense que la définition du YA dépend aussi du paysage éditorial où il existe : en France, si moi je publie en YA, par exemple, c’est aussi parce qu’on publie très peu de romans d’aventures français, en « littérature vieillesse ». Ce serait une autre définition : « le YA, c’est de la littérature romanesque ; qu’on adresse à d’autres que soi ; où les personnages qu’on cherche à incarner ne peuvent être soi parce qu’ils sont moins âgés que soi, et plus innocents/illusionnés dans ce monde, à cette date, peut-être ; et dont les histoires ne trouveraient leur place ni en littérature générale, ni dans des littératures de genre, parce que lesdites histoires sont trop impures, pas assez désabusées… »
Pouvez-vous nous dire un mot de vos prochains projets d’écriture ?
Et ben je pioche, je n’y arrive pas… J’essaye des bouts de trucs. Des trucs sur le sauvage, le courage, sur l’Eden, des récits qui ressemblent à des bouts de Genèse, à l’époque de la guerre par drones interposés.
À un moment, ça va se coller, s’agglomérer, « il va se passer quelque chose d’imprévu », mais ça tarde un peu, là ; si ça ne vient pas, et bien, j’irai planter des tomates ou ouvrir une crêperie (NDLR : ou une tartinerie ; l’auteur semble indécis sur ce point)… Mais j’espère vraiment qu’il va se passer quelque chose.
Bibliographie sélective :
- Kong-Kong, Un singe pour la vie, BD, avec Yann Autret, Casterman (2019).
- Ciao Bianca, Fleurus (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Nous sommes l’étincelle, PKJ (2019).
- Fais de moi la colère, texte adulte, Les Escales (2018).
- Samedi 14 novembre, Sarbacane (2016).
- Les Pluies, Fleurus (2016).
- Le Copain de la fille du tueur, Nathan (2016).
- La Brigade de l’ombre, t. 1, La prochaine fois ce sera toi, Casterman (2016).
- Ma famille normale contre les zombies, texte illustré par Yann Autret, Nathan (2015), que nous avons chroniqué ici.
- U4, Stéphane, Nathan (2015).
- Réseau(x), 2 tomes, Nathan (2013 et 2014).
- Instinct, trilogie, Nathan (2011 et 2012).
Ce livre-là… Isabelle Réty
Ce livre-là… Un livre qui touche particulièrement, qui marque, qu’on conseille souvent ou tout simplement le premier qui nous vient à l’esprit quand on pense « un livre jeunesse ». Voilà la question qu’on avait envie de poser à des personnes qui ne sont pas auteur·trice, éditeur·trice… des libraires, des bibliothécaires, des enseignant·e·s ou tout simplement des gens que l’on aime mais qui sont sans lien avec la littérature jeunesse. Cette fois, notre invitée est Isabelle Réty, une super-libraire qui officie en Bretagne, à Lannion chez Gwalarn.
Ce livre-là… serait plutôt dans mon cas ces livres-là… je n’ai en effet pas de livre « doudou », ce livre qui ne quitte pas la table de chevet, que l’on relit et relit à différents moments de nos vies. Ces livres-là donc, ce sont ceux qui m’ont accompagnée et qui ont marqué les étapes successives de ma vie de lectrice et de libraire. Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours eu un livre à portée de main.
L’aventure a commencé avec Le Conte de la Marguerite (Béatrice Appia, éditions du père Castor) livre avec lequel j’ai commencé mon apprentissage de la lecture en grande section de maternelle. C’est avec cette histoire que j’ai découvert que les lettres harmonieusement assemblées pouvaient former des mots, qui eux-mêmes constituaient des histoires absolument merveilleuses dans lesquelles on pouvait se perdre à l’infini… Et puis, le premier Oui-Oui (pas très rock’n’roll certes mais passage indispensable à l’époque !) offert par le Père Noël, au CP… le premier livre lu toute seule… fierté absolue ! J’étais tombée dans la marmite de la lecture pour ne plus jamais en sortir ! Dans les années 70-80 quand on avait épuisé les stocks de bibliothèques roses, vertes et rouge et or, il n’y avait plus rien… pas de littérature dédiée aux adolescents. C’est ainsi que j’ai très vite puisé dans les grands auteurs intimidants, Maupassant, Zola, Hugo… mon premier vrai choc littéraire et émotionnel ne fut pour aucun des « grands » (même si je les lisais et les appréciais) mais pour le texte d’une jeune femme décédée une dizaine d’années plus tôt. Un texte qui n’était pas un roman mais un récit de vie, le récit d’une vie de jeune délinquante, le récit d’une amoureuse… texte parfois âpre, parfois cru, texte ramassé, texte qui ne ressemblait à rien de ce que j’avais pu lire jusque-là, texte lu sûrement trop jeune pour l’époque ! (je me souviens de la réflexion de mon professeur de français, faisant un tour de classe pour savoir ce que nous étions en train de lire : ce n’est pas un livre pour ton âge… oups !) Albertine Sarrazin, puisque c’est d’elle dont il s’agit, m’a émue, touchée avec L’Astragale. Ce livre-là est de ceux qui me restent en mémoire, de ceux que l’on n’oublie pas, de ceux que en tant que libraire je peux conseiller à un adolescent.
Le deuxième choc littéraire, s’est produit alors que j’étais bébé libraire, fouinant et piochant un peu dans tous les rayons de la librairie. Une littérature estampillée jeunesse commençait alors à émerger, des maisons d’éditions uniquement consacrées au secteur jeunesse naissaient, des collections pour les adolescents (on ne parlait pas encore de littérature « young adult », terme au demeurant que je n’apprécie guère !) voyaient le jour. Donc, bébé libraire je suis tombée à quelques mois d’intervalle sur deux textes édités chez Thierry Magnier, malheureusement épuisés (La Danse interdite de Rachel Hausfater et Acte II de Michel Le Bourhis). Je me suis dit que si c’était ça la littérature jeunesse, alors je serai libraire jeunesse !
Depuis, je vais de découverte en découverte, à l’affût de nouveaux auteurs dont, quand j’aime un de leurs romans, je lis tout ! Parmi ces belles découvertes, il y a eu Pierre Bottero avec des romans de fantaisie, genre auquel je ne m’étais pas frottée jusqu’alors. Les Mondes d’Ewilan, puis La Quête d’Ewilan et Ellana, m’ont complètement transportée dans un ailleurs et sont des titres de fonds que je ne cesse de conseiller. Jean-Claude Mourlevat m’a fait pleurer avec son Combat d’hiver, (je suis capable de verser toutes les larmes de mon corps devant un film à l’eau de rose mais qu’un roman me fasse pleurer, c’est beaucoup plus rare ! ou alors de rire comme ce fut le cas récemment avec Falalalala d’Émilie Chazerand chez Sarbacane – un futur livre doudou ? probablement !). J’ai découvert Vincent Villeminot avec sa série Instinct, texte qui m’a véritablement scotchée par son intelligence et son propos (et ce n’était pas gagné à la lecture de la quatrième de couverture… un garçon qui se transforme en grizzli à la suite d’un accident de voiture… j’ai juste voulu jeter un œil… pour voir… je ne l’ai pas lâché et depuis j’attends les romans de Vincent comme autant de gourmandises.) Alors oui, j’ai des auteurs doudous dont j’aime faire découvrir les romans aux adolescents et à leurs parents, tout cela étant de la littérature et uniquement de la littérature, jeunesse, vieillesse, peu importe… le plus important étant que ces livres rencontrent des lecteurs quel que soit leur âge.
Isabelle Réty est libraire à la librairie Gwalarn, 15 rue des Chapeliers à Lannion (22).
Vous pouvez retrouver ses coups de cœur sur le blog jeunesse de la librairie, ici.

« Un instant, un seul, lui fait déserter son corps : le temps des livres. Le corps de l’enfant qui lit n’est plus qu’un tas de vêtements qu’il a jetés n’importe où. Le livre est ouvert sur la moquette. Les vêtements glissent du lit ou font les pieds au mur. Il est en train de lire. […] Il n’y a plus personne dans la chambre. L’enfant est très loin de là, dans un corps plus ample, au milieu des vagues, loin de nous. » Timothée de Fombelle, Neverland.