Je vous ai parlé il y a peu de Plan B pour l’été, un roman qui m’a tellement plu que très vite j’ai voulu poser quelques questions à Hélène Vignal, son auteur. Merci à elle d’avoir accepté d’y répondre. Comme je trouve que ce roman est une merveille j’ai proposé au Rouergue de vous le faire gagner et il va donc y avoir un chanceux parmi vous (rendez-vous après l’interview). Ensuite pour la rubrique Coup de cœur/Coup de gueule, Anne Loyer, que j’aime beaucoup et dont je viens de lire un très bon roman… dont je vous parlerai bientôt, a accepté de se prêter au jeu, merci à elle.
L’interview du mercredi : Hélène Vignal
Quel a été votre parcours ?
J’ai tout d’abord passé un DESS en développement local, puis j’ai travaillé pendant 15 ans (animatrice, agent de développement local, …), avant de proposer mon premier texte à des éditeurs. Lorsque Le Grand Concours est paru (mon premier texte édité), j’avais je crois 34 ans et j’ai ainsi commencé à mener de front deux « métiers » : mon métier « social » et mon métier « artistique ». Depuis j’ai édité 12 livres en littérature jeunesse et je continue à mener ces deux activités avec plaisir.
Quels sont vos souvenirs de lecture d’enfant, d’adolescente ?
Au tout début, les albums du Père Castor, que j’ai ensuite raconté à mes enfants, forcément. Mais surtout, nous avions deux gros tomes des contes de Grimm dans une reliure de tissu vert sombre. Et ma mère de temps en temps prenait l’un de ces livres et me lisait une histoire. Nous la choisissions au titre, et aussi à la longueur du texte que ma mère (ou plus rarement mon père) mettait en perspective avec l’énergie et le temps dont elle disposait. Je lisais seule aussi, bien sûr, les « Oui-oui », puis un peu plus tard, « le club des cinq » et les « Fantômette ». J’ai dû lire quasiment tout Enid Blyton, ce nom me paraissait très mystérieux, je me demandais si c’était quelqu’un de « vrai », et je ne pouvais savoir si c’était un homme ou une femme. Je crois que j’imaginais que c’était le nom d’un collectif d’écrivains tant il me semblait impossible d’avoir seul, une telle production. J’ai aussi le souvenir ému d’avoir lu les 7 ou 8 tomes de La petite maison dans la prairie de Laura Ingalls Wilder qui ont été édités en France l’année de mes 10 ans en 1978 alors que le texte d’origine était paru en 1937 aux États-Unis. Ce que j’aimais particulièrement dans cette écriture c’était son aspect très concret, très « sensuel », il y avait des odeurs, des sensations de chaud et de froid, d’herbe dans les pieds, de poils de vaches et de chevaux sous les doigts, de bois, d’échardes, de pâtisseries… autant de propositions fortes pour mon imaginaire. Dans une certaine mesure, j’ai retrouvé l’équivalent en sensations adultes, dans l’écriture de Barbara Kingslover que j’ai lue pour la première fois il y a une dizaine d’années. A partir de 12 ans je suis allée me nourrir dans la littérature générale. Un été, une amie de mes parents m’a emmenée dans une librairie et m’a proposé des textes en littérature générale. Elle m’a offert une dizaine de livres et cet été là je suis entrée dans les
livres des « grands ». Je ne me souviens que de deux de ces titres : La mère de Pearl Buck (c’est pour cela que j’en parle dans Plan B pour l’été) et Pêcheur d’Islande de Pierre Loti.
Ces livres vous ont-ils inspirée ?
Toutes les lectures nous inspirent. Mais je ne peux pas dire que j’ai tiré mon goût pour l’écriture de ces lectures. C’est quelque chose qui m’a été offert à la naissance. Alors quand on a cette propulsion de l’écriture en soi, tout fait nourriture, tout peut faire carburant pour ce véhicule : ce que l’on observe, ce que l’on écoute, ce que l’on vit, ce que l’on lit…
Que pensez-vous de la littérature jeunesse actuelle ?
Je pense qu’elle est foisonnante. Mais il me semble voir diminuer ce foisonnement. Les tables de libraires mettent beaucoup en avant les textes de fantaisie, fantastiques, essentiellement des traductions. L’écriture que je pratique semble devenir une écriture « prescrite », comme un médicament. Cela m’inquiète un peu. Ce n’est pas une écriture vers laquelle les adolescents semblent spontanément se tourner. Mais écrire des livres en jeunesse ne fait pas de moi une spécialiste de cette discipline. Il vaut mieux, sur ces sujets, interroger les professionnels : éditeurs, libraires, documentalistes, chercheurs…
Parlez-moi du magnifique Plan B pour l’été, d’où est venue cette histoire ?
Le point de départ a été double. D’une part la confidence de quelqu’un qui m’indiquait avoir des « flashes » de voyance et s’en trouvait très perturbé et presque encombré. D’autre part un texte que j’avais écrit sur quelqu’un qui se compliquait la vie en permanence et que je voyais, désolée, creuser ce sillon en permanence. J’ai joué avec l’idée du culturiste qui a besoin de soulever de la fonte, comme certains ont besoin de compliquer les choses pour se sentir vivre. J’avais aussi envie d’une écriture gaie. Je traversais une période très triste dans ma vie, tout semblait vouloir sombrer autour de moi. Il me restait l’humour et j’ai essayé de m’y accrocher dans l’écriture et dans la vie quand j’en avais la force. En quelques mois j’avais installé Louise et sa petite famille, leurs confidences, leurs espoirs, leurs courages et leurs liens. Les liens entre les personnages de ce livre, sont comme dans la vie, faits avec à la fois du conflit et de la confiance. Les conflits peuvent se dépasser par la force de la confiance. Mais il faut un petit peu de courage, traverser une rivière pour rejoindre l’autre et se remettre un peu en question. C’est ce que fait Jamie, ce que font Louise et Théo aussi. J’aime ces personnages qui incarnent une façon de vivre que j’aimerais atteindre.
Qu’y-a-t-il de vous dans ce roman ?
On ne peut pas répondre à une telle question. Ce qu’il y a de moi n’a pas d’importance. J’ai envie de dire qu’il y a tout. Car l’écriture se fait avec un peu de technique mais beaucoup d’implication physique. Quand j’ai écrit 4 ou 5 heures je sors épuisée et nourrie à la fois. Comme après une randonnée en montagne. L’important c’est ce que le lecteur peut reconnaître de lui même et donc, les endroits où l’on peut se rejoindre nombreux : celui qui écrit et ceux qui lisent. C’est ça le bonheur : la rencontre dans les mots. Je pourrais vous répondre par la même question : « qu’y a-t-il de vous dans ce roman, vous qui me posez la question et qui l’avez lu ?».
Quels sont vos projets ?
Pour mes projets personnels je n’en dirai rien par discrétion et pudeur. Pour ce qui est de mes projets d’écriture, je n’en dirai rien par… superstition !
Bibliographie :
- Plan B pour l’été, Rouergue (2012), que nous avons chroniqué ici.
- La Fille sur la rive, Rouergue (2011)
- La Nuit de Valentine, Rouergue (2011)
- L’Ébouriffée, Rouergue (2009)
- Sorcières en colère, Rouergue (2008)
- Zarbi, Rouergue (2008)
- Gros dodo, Rouergue (2007)
- Trop de chance, Rouergue (2007)
- Bière Grenadine, Rouergue (2007)
- Les Rois du Monde, Rouergue (2006)
- Passer au rouge, Rouergue (2006)
- Le Grand Concours, Rouergue (2005)
Comme je vous le disais au début de cette interview, grâce aux éditions du Rouergue, j’ai la chance de faire gagner un exemplaire de Plan B pour l’été à l’un de vous. Pour cela dites moi, en commentaire, quel est le plus beau roman que vous ayez lu ces derniers temps (puisque moi je vous ai dit que c’est celui-là, il est logique que vous me disiez quel est le vôtre !). Vous avez jusqu’à lundi 20 h !
Le coup de cœur et le coup de gueule de… Anne Loyer
Une fois par mois un acteur de l’édition jeunesse (auteur, illustrateur, éditeur,…) nous parle de deux choses qui lui tiennent à cœur. Une chose qui l’a touché, ému ou qui lui a tout simplement plu et sur lequel il veut mettre un coup de projecteur, et au contraire quelque chose qui l’a énervé. Cette semaine c’est Anne Loyer qui nous livre son coup de cœur et son coup de gueule.
Coup de cœur :
Cet été je me suis offert un vieux coup de cœur, pour voir s’il avait survécu aux années (à mes années !). Et la réponse est oui ! Je peux dire que j’ai relu avec un plaisir incroyable le roman d’Aragon Aurélien. Ses mots m’ont de nouveau bouleversée, sa plume m’a touchée au cœur. Comme la première fois, lorsque j’étais étudiante et que ce chef d’œuvre m’avait percutée ? Je ne sais pas, car mes yeux aussi ont changé et mon regard n’était sûrement pas sensible aux mêmes attraits. Pourtant l’émotion a été au rendez-vous, avec une puissance intacte. Et ça c’est un bonheur formidable ! Car ce roman, dévoré sur les bancs de la fac, m’avait fait faire une promesse : mon fils, si j’avais un fils, s’appellerait Aurélien. Et la vie, parfois, tient ses promesses !
Coup de gueule :
La bêtise incommensurable de Todd Akin, élu républicain américain, qui a osé prétendre au sujet du viol que « S’il s’agit d’un véritable viol, le corps de la femme essaie par tous les moyens de bloquer tout ça ». Nonobstant l’incroyable manque de discernement d’un tel propos, c’est sa dangerosité qui est condamnable. Des paroles terribles qui font ressortir de vieilles antiennes malodorantes et qui devraient depuis longtemps être classées au rang d’antiquités. Bref, et en d’autres termes, un truc abominable qui me met hors de moi.
Bibliographie sélective :
- Solénia 2, M la Maudite (roman ado – 2012), Les Lucioles.
- S’amuser au Japon (album jeunesse, collectif – 2012), Limonade
- Ma grande sœur (album jeunesse illustré par Soufie – 2012), Limonade, que nous avons chroniqué ici.
- Sur les quais (roman ado coécrit avec Ingrid Chabbert – 2011), Les Lucioles, que nous avons chroniqué ici.
- Solénia, la survivante (roman ado – 2011), Les Lucioles.
- Ma grand-mère arc-en-ciel (roman jeunesse illustré par Leïla Brient – 2011), Rouge Safran.
- Moi Einstein, gardien de… Maizoo (album jeunesse illustré par Claire Gaudriot – 2011), Les Petits Pas de Ioannis, que nous avons chroniqué ici.
A paraître :
- Candy (roman ado – 2012), Des ronds dans l’O
- Mon petit frère (album jeunesse illustré par Soufie – 2012), Limonade.
- Le devoir bizarroïde (album jeunesse illustré par Madame Prope – 2012), Les petits pas de Ioannis.
- Notre pense pas bête (album jeunesse, collectif – 2012), Éditions P’tit Baluchon.
Vous pouvez Anne Loyer retrouver sur son blog d’auteur http://anne-loyer.blogspot.fr et sur son blog sur la littérature jeunesse, Enfantipages.

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Deux pour cet été ! D’abord l’épisode III du Passage des lumières (Catherine Cuenca) parce qu’avec mon grand, on est dingues des aventures de Zélie 😉 (merci LMAM)
Et, plus perso, encore un tome 3 (!) de La légende de Hawkmoon (Michaël Moorcock)
Merci pour cette super interview, Gabriel !
Hélène Vignal est une de mes auteurs fétiches et moi aussi, j’ai a-do-ré “Plan B pour l’été”.
1 seul ??? Euh… C’est dur ça Gabriel 😉
Alors je vais dire : Les petites marées de Séverine Vidal !!!
Oh oh !!!! Celui-là est sur la liste à lire (ou à offrir, d’ailleurs !!!) pour l’ado de la maison … J’ai lu cet été “La liste de mes envies” et … ça m’a beaucoup fait réfléchir à ce que j’en ferai, moi, de la cagnote du Loto si je la gagnais !!!… Mais je ne joue pas alors !!! Merci pour ce nouveau concours, à bientôt …
“On n’a rien vu venir ” roman chez Alice édition, écrit par 7 auteurs. Un sujet d’actualité traité avec justesse qui alerte les jeunes adolescents sur l’importance de voter juste.
Mmmmh, super tentant !
Alors mon ultime groooos coup de cœur, je crois, a été L’insoutenable légèreté de l’être de Kundera. Désolée, ce n’est pas vraiment une découverte, ni très récent, mais ça a été ma dernière vraie claque. Voilà !
génial! Merci pour cette belle interview d’Hélène, et bravo pour le coup de gueule d’Anne.
le livre lu cet été “Le pont des soupirs” de Richard Russo, je voudrais ne pas l’avoir encore lu … trop tard
merci pour les commentaires précédents, je suis touchée (et pour mes copines de On n’a rien vu venir aussi !)
Mon coup de coeur de cet été, est double :
– “Terrienne” de Jean-Claude Mourlevat, comme à son habitude l’auteur sait nous emmener dans un monde étrange et captivant
– “Goodbye Berlin” de Wolfgang Herrndorf, road movie très enlevé plein d’humour, d’énergie et d’humanité
Je n’ai pas encore lu “plan B pour l’été”, mais ça donne envie…
Je peux jouer aussi ? J’ai trop envie de lire le livre d’Hélène Vignal ! Alors pour moi c’est – en jeunesse – Oh ! Boy ! de Marie-Aude Murail !
très intéressante cette interview. je n’ai encore rien lu d’Hélène Vignal mais les réponses à ses questions me donnent envie de découvrir son écriture.
en ce qui concerne mon dernier coup de cœur, je dirais Jolene de Shaïme Cassim chez l’Ecole des Loisirs.
merci pour le concours et bonne continuation.
Je suis aussi “dans le social” comme on dit alors cet interview m’a encore plus interpellée ! Ce “Plan B pour l’été” me donne bien envie d’un plan B pour contrer la fin de l’été…Alors mon dernier coup de coeur pour sa fraîcheur, sa vivacité, sa façon d’être dans la vraie-vie, dans la rencontre intergénérationnelle, c’était “Tom, petit Tom, tout petit Tom, de Barbara Constantine. Du coup je l’ai relu cet été !
J’ai adoré l’ébouriffée. La fille sur la rive et la nuit de Valentine m’avaient laissée plus sceptique. J’ai désormais envie de découvrir ce plan B pour l’été. Gabriel, tu es un tentateur !!!
Mon coup de cœur de l’été est Luz de Marin Ledun (mais je suis d’accord pour dire qu’on n’a rien vu venir et les petites marées sont aussi des coups de cœur – d’avant l’été pour la part).
Et je partage le coup gueule d’Anne Loyer !!
comme Anne je suis fan d’Aragon, et d’Aurélien en particulier…. mais mon dernier roman coup de coeur est… choix cornélien… allez : La Grand-mère de Jade de Frédérique Deghelt côté adulte, et la trilogie d’Anne Percin pour la jeunesse !
Dernièrement, J’ai lu Les dix enfants que madame Ming n’a jamais eus, d’E-ES, vraiment très juste, un très bon livre. (Je me fais lapider si je dis Hunger Games ^^ ? ) Mais le prochain sera un d’Hélène Vignal, ça c’est sûr!!! 🙂
‘La couleur des sentiments’ de Kathryn Stockett (oui, je sais, le film a eu du succès il y a déjà un petit moment, mais bon… moi j’ai fini de lire le livre il y a peu)
Et côté plus jeunesse, je me suis surprise moi même d’adorer ‘Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède’ de Selma Lagerlöf, et je me suis vraiment demandée pourquoi je ne l’avais jamais lu avant ! C’est vraiment un livre incontournable !
Bravo Camy c’est gagné !
Dernier coup de cœur : un court récit paru en poche aux éditions de l’Aube. Gioconda de Nìkos Kokàntzis. Une initiation amoureuse sensuelle, lumineuse et tragique dans la Thessalonique des années 40.
Bonjour !
Mon roman préféré c’est aussi “L’insoutenable légèreté de l’être” que j’ai lu et relu mille fois (et j’adore Kundera) mais le dernier roman que j’ai lu et qui m’a plu c’est “la délicatesse” de David Foenkinos. Merci pour ce concours !
Mon indrétrônable est pour l’instant “coeur cousu” de Carole Martinez. Ce livre est fou et poignant. et j’ai trop envie de lire “plan B pour l’été”^^
Je précise que pour mettre un commentaire, il a fallu préciser que j’étais un humain ou un robot. ça m’a fait bcp rire, alors j’ai répondu avec une petite vanne, mais comme c’est un robot qui me lit, il n’a pas compris…ce qui m’a fait encore plus rire…
Bonjour ! Belle interview d’Hélène Vignal dont j’aime beaucoup le travail et qui en plus est très sympa ! Le livre le plus beau que j’ai lu ces derniers temps, et bien ce sont les contes de Grimm illustrés par Maurice Sendak, que je me suis surprise à lire sans pouvoir m’arrêter…
Longue vie à la mare aux mots!
Morgane
Il y a tellement de livres que je pourrais citer … je pourrais commencer par Tobie Lolness de Timothée de Fombelle (mon auteur préféré) mais j’ai choisi de te citer un livre inconnu, chez le super petit éditeur Hélium: Une tribu dans la nuit de Glenda Millard !
C’est un livre singulier, magnifique, poétique et terriblement émouvant ! ♥
A lire franchement !
Bonjour et merci de nous donner l’occasion de gagner un livre !
Mon dernier gros coup de coeur a été “Corps et âme” de Frank Conroy. J’ai lu beaucoup d’autres livres depuis, j’en lis au moins un à deux par semaine (j’ai le temps, je suis au chômage !) mais celui-ci reste indétronable pour le moment. La tristesse, la solitude de cet enfant m’ont beaucoup touchée. Et tant que j’y suis : une bande dessinée à lire absolument : “Herobear & the kid” de Mike Kunkel, une bd sur la naiveté, la tendresse de l’enfance, absolument magnifique !
Bonjour,
Le plus beau livre que j’ai lu ces derniers temps est Kafka sur le rivage de Haruki Murakami à la fois poétique et cruel, j’ai adoré !
C’est Camy qui gagne, bravo à elle !