Aujourd’hui, le roman est à l’honneur ! L’invitée de l’interview, Pascale Perrier est l’auteur de Le bonheur en cinq lettres (chroniqué ici) et Le bonheur en cinq mensonges (chroniqué ici), romans que j’ai beaucoup aimés. J’ai donc eu envie d’en savoir un peu plus sur cette auteur. Ensuite, pour notre rubrique Parlez-moi de…, on revient sur Autobiographie d’une courgette, avec son auteur Gilles Paris (dont vous découvrirez l’interview dans quelques semaines). Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Pascale Perrier
Quel est votre parcours ?
J’ai toujours aimé écrire, mais lorsque j’étais enfant, je n’osais pas imaginer que je pourrais vivre de ma plume. J’ai fait des études de lettres, et après mon doctorat, j’ai travaillé en tant que professeur-documentaliste dans des collèges et des lycées, tout en écrivant mes premiers romans. C’était au siècle dernier, puisque les premiers romans sont parus chez Rageot en 1999. Les titres se sont enchaînés. Depuis plusieurs années, j’ai quitté l’Éducation Nationale pour me consacrer à l’écriture – ce qui me satisfait pleinement.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Enfant, je lisais beaucoup, à peu près tout ce qui me tombait sous la main. J’avais un petit coin dans ma chambre, à l’abri du bruit et de l’agitation familiale, dans lequel j’aimais me lover pour me transporter dans les univers que je découvrais. Je garde un souvenir aigu de plusieurs livres, notamment Jane Eyre, de Charlotte Brontë, qui m’a beaucoup marquée… et dont nous reparlerons bientôt, puisque je suis en train de travailler dessus.
Où puisez-vous votre inspiration ?
Il est toujours délicat de répondre à cette question, tant il est vrai que l’inspiration est un souffle mystérieux qui rode dans les méandres de l’esprit sans qu’on puisse le définir et l’attraper. Ce qui m’importe, c’est d’explorer des univers, de donner une couleur positive à la vie. À partir d’une situation difficile, de comprendre comment les personnages parviendront à s’en sortir – s’ils s’en sortent. J’aime varier les mondes, passer du contemporain au roman historique, du court au long, du suspense au psychologique… Assise à ma table de travail, je voyage chaque jour dans un univers différent : quelle richesse, quelles découvertes !
Le bonheur en cinq lettres, Le bonheur en cinq mensonges,… Pourquoi le nombre cinq est-il aussi important dans la série des aventures de Chloé, cette jeune fille si attachante ?
Le chiffre cinq symbolise le centre, l’harmonie et l’équilibre. Tout est là : que Chloé parvienne enfin à une vie harmonieuse, Les aventures de Chloé étaient conçues pour exister en cinq volumes. Cinq volumes à travers lesquels Chloé grandit, mûrit, découvre et explore la vie. Dans le dernier volume, il était prévu que Chloé soit maman d’une jeune fille de quinze ans, l’âge qu’elle-même avait au début du Bonheur en cinq lettres. Ainsi, la boucle était bouclée, l’équilibre était en place. Les deux premiers tomes sont parus… mais la maison d’édition a décidé d’arrêter la totalité de ses publications jeunesse, pour des raisons financières. À l’heure actuelle, la suite des aventures de Chloé est dans mes tiroirs. Je ne sais pas encore ce qu’elles vont devenir.
Quel regard portez-vous sur la littérature jeunesse actuelle, et particulièrement les romans ?
Je lis beaucoup de romans actuels, en particulier dans le secteur young adults comme on dit. Il y a beaucoup d’excellentes choses. Ce que j’aime dans la littérature jeunesse, c’est qu’elle est très ouverte (pourvu qu’elle continue à le rester !). On peut aborder des sujets très divers, s’exprimer dans des styles variés. Malheureusement, il est vrai aussi que le pire côtoie le meilleur. Je regrette cependant que les livres soient positionnés dans des collections si étanches les unes avec les autres. On catégorise, on découpe en segments, en tranches d’âge. C’est parfois très réducteur. Pour moi, un bon livre n’est pas « destiné » à un public plutôt qu’à un autre : s’il est suffisamment riche, il plaira à tous, et chacun y trouvera son compte, à son niveau.
Quels sont vos projets ?
Il y en a beaucoup, j’ai de la chance. Cette année, on dirait que tous les éditeurs se sont donné le mot pour sortir mes livres en avril 2014. Il y aura ainsi Disparition inquiétante chez Oskar, un polar à deux voix où il est question de top-modèle, d’enlèvement et de voyage exotique. Chez Nathan, La Nuit des Quintanelles, une histoire d’amour et de révolte sur fond de guerre entre protestants et catholiques. Et enfin, chez Rageot, le début de la série Bienvenue au Cast, aux portes du rêve et du show-biz, un voyage sous les projecteurs ! Pour les projets suivants : la suite de Bienvenue au Cast, bien sûr, et d’autres romans encore top-secrets, qui me donnent beaucoup de travail mais aussi énormément de plaisir ! Je n’ai pas le temps de m’ennuyer, et c’est tant mieux…
Bibliographie récente :
- Génétik, la planète modifiée, avec Sylvie Baussier, Gulf Stream (2014)
- Touristoc, la planète aux vacances, avec Sylvie Baussier, Gulf Stream (2014)
- Les couleurs de la liberté, avec Sylvie Baussier, Oskar (2014)
- Je ne te le pardonnerai jamais, Oskar (2014)
- Bienvenue au Cast, tome 1, Rageot (2014)
- Le bonheur en cinq lettres, L’archipel (2013).
- Le bonheur en cinq mensonges, L’archipel (2013).
- A la mer, Belin (2013)
- Kipu, la planète aux ordures, avec Sylvie Baussier, Gulf Stream (2013)
- Liquidia, la planète océan, avec Sylvie Baussier, Gulf Stream (2013)
- Bitumia, la planète aux voitures, avec Sylvie Baussier, Gulf Stream (2013)
- Le mystérieux trésor de Barbe-Noire, Oskar (2013)
- Les nombres dans les expression françaises, Oskar (2013)
- Tu n’es pas celle que tu crois, Rageot (2013)
À paraître :
Parlez-moi de… Autobiographie d’une courgette
Régulièrement, on revient sur un livre qu’on a aimé avec son auteur, éventuellement son illustrateur et son éditeur. L’occasion d’en savoir un peu plus sur un livre qui nous a plu. Cette fois-ci, c’est sur Autobiographie d’une courgette (chroniqué ici), de Gilles Paris que j’ai eu envie de revenir.
Autobiographie d’une Courgette, est adaptée d’une nouvelle que j’ai écrite vers l’âge de quatorze ou quinze ans, Icare et Camille, et qui sommeillait dans un carton. Après avoir publié Papa et maman sont morts aux éditions du Seuil (collection Point-Virgule), j’ai eu envie d’écrire un roman adulte Les amis de Paul qui m’a été refusé par de nombreux éditeurs. Cela m’a perturbé, et je pensais ne plus écrire. C’est le hasard qui m’a fait ouvrir ce carton, après un déménagement. En relisant Icare et Camille qui abordait le thème des maisons d’accueil d’une manière très succincte, j’ai eu l’envie soudaine d’en savoir davantage. J’ai rencontré aussitôt un juge pour enfant qui m’a dirigé vers la Fondation Cognacq-Jay. Et je me suis retrouvé un samedi aux Pressoirs du Roy, que j’ai baptisé Les Fontaines dans le roman. Une maison d’accueil, certes, mais hors norme. Un château magnifique, avec une rivière, un cadre presque enchanteur. J’ai tout de suite pensé, à tort, « comme ils doivent avoir de la chance de vivre là, ces enfants ». Puis je suis revenu régulièrement, j’ai rencontré ces mômes, les éducateurs, la psychologue, la directrice, et même le professeur qui me recevait dans son école, où je me retrouvais au dernier rang, grand benêt, parmi les enfants que cela faisait beaucoup rire. J’ai compris peu à peu que ce château était pour eux une prison, et qu’ils préféraient rentrer chez eux le week-end, quand ils le pouvaient, même si leurs parents se criaient dessus, ou pire encore, parce que c’était tout simplement chez eux. Il a fallu du temps pour qu’on s’apprivoise les uns, les autres. Pensez-vous, un écrivain qui a décidé d’écrire un roman à partir d’une nouvelle et qui, lui, a eu une enfance plutôt heureuse. Mais mes nombreux séjours m’ont aidé à les apprivoiser comme Le Renard et le Petit Prince. J’ai compris aussi qu’ils étaient des enfants comme les autres, et qu’ils cherchaient à se fondre dans la masse. Surtout pas à être montrés du doigt. Je les ai écoutés, observés, au quotidien, à la piscine, sur le terrain de foot, à la cuisine. J’ai fini par être presque invisible et encore mieux, je sentais dans leurs regards à tous, enfants, éducateurs, psychologue et directrice, que je n’étais pas un si mauvais bougre et que je savais écouter et comprendre. Je prenais des notes, je gardais des sensations, des moments précis dans ma mémoire. Je n’ai pris aucune photo. Je n’ai pas raconté l’histoire de ces enfants-là dans mon roman Autobiographie d’une Courgette. Elles sont toutes inventées. N’est-ce pas la plus belle chose qui soit : inventer ? Je leur dois tant, à tous. Sans eux la nouvelle Icare et Camille serait restée dans un carton, et je n’aurais pas écrit Autobiographie d’une Courgette en une courte année. Quand je l’ai rendu à mon éditeur (Plon), j’étais loin de m’imaginer ce que ce petit livre deviendrait. Une si belle aventure qui ne s’arrête plus. Au printemps 2015 sortira sur les grands écrans un film d’animation, adaptée du roman. Je ne m’en remets toujours pas. Il a eu des traductions, un joli téléfilm réalisé par Luc Béraud, une version pour les écoles de France (Flammarion 2013 – collection Etonnantiss!mes). Et tout cela grâce à une nouvelle qui aurait pu rester au fond d’un carton. La vie, décidément, est pleine de surprises.
Autobiographie d’une courgette
de Gilles Paris
Sorti chez Flammarion
2013
Chroniqué ici.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Bonjour!!
Encore un beau mercredi…et sous le soleil en plus! Que demander de plus pour commencer cette journée!!
“Autobiographie d’une courgette”!! Quel beau roman! Je l’ai lu, il y a 4/5 ans à peu près et cela a été un coup de coeur! C’était beau, émouvant, drôle également…j’ai tellement aimé que je l’ai passé à ma mère en lui disant de le lire. Mêmes émotions que moi!! A l’époque, je travaillais dans une petite bibliothèque. Je l’ai conseillé à beaucoup de lecteurs adultes qui ont également aimé. Je trouve qu’il parle autant à des enfants qu’à des adultes!! Très beau roman!! A lire!!
Merci Gilles Paris pour cette belle histoire!! Et merci à la mare aux mots de mettre en lumière cet auteur et ce roman!!
Les romans de Pascale Perrier sont à découvrir apparemment !
Quant à ceux de Gilles Paris, ils sont tous sublimes ! Mais mon préféré reste tout de même “Au pays des kangourous” !
Merci Gabriel et Marianne pour ce bel article et à très vite !
Théo
Très beau livre, qui a autant plu à mon fils qu’à moi ! Bravo à vous 🙂