Je reviens de quelques jours chez ma grand-mère. Ça vous fait sans doute une belle jambe, mais ça tombe plutôt à pic puisque je vous présente aujourd’hui deux albums qui mettent à l’honneur les grands-mères justement !
Grand-mère rentre d’un séjour à l’hôpital, mais elle n’est tout de même pas en pleine forme. A la maison, c’est le défilé, l’effervescence, les sentiments se mêlent, entre joie et inquiétude. Tout le monde s’affaire, prend mille précautions, et Biliam et sa cousine ont du mal à s’isoler et à s’extraire de ce tumulte pour discuter tranquillement. Heureusement, le châle de grand-mère est là : il leur offre une tente précieuse, à l’abri des regards d’adultes, et elles peuvent laisser libre court à leur imagination ou bien à des discussions plus sérieuses, sur la vie, le temps qui passe et leur chère grand-mère. Quel précieux cadeau elle leur fait là !
Quel bel album que Le châle de grand-mère ! Asa Lind nous propose une histoire forte, pleine de poésie et de tendresse qui montre à quel point les enfants sont forts pour appréhender les réalités les plus dures, même quand on essaie de leur cacher certaines vérités. C’est également un bel hommage aux grands-parents, et aux liens entre les générations qui tiennent parfois à quelques détails (ici ce châle noir si protecteur). Les deux héroïnes sont cousines, et finalement, ce qu’elles ont en commun, c’est cette grand-mère, et cette imagination débordante ! Tout n’est pas dit, mais on devine aisément tous les sentiments des personnages de cette histoire. Et les illustrations de Joanna Hellgren sont fortes, sombres mais colorées, contrastées, et pleines de douceur à la fois, pour nous donner l’impression de passer nous aussi un moment sous ce châle…
Mamily a oublié quelque chose. Mais quoi ? Peut-être de recoudre le bouton du pantalon de Papily ? Tant pis, ça ne l’empêchera pas d’aller se promener sous ce beau soleil. Le soleil, les enfants à la sortie de l’école, un train, des tournesols, elle profite de tout ce que la nature lui offre à voir, à entendre, à sentir, à vivre. Elle coud tous ces moments sur le pantalon de ces souvenirs en quelque sorte. Et retrouve Papily avec bonheur le soir venu, gaiement et simplement.
Le voyage de Mamily, c’est le quotidien d’une personne âgée, d’une grand-mère, avec ses trous de mémoire, son rythme de vie différent et sa présence si particulière, toujours un peu en décalé du reste du monde. Agnès de Lestrade nous invite à suivre cette petite dame, sans tristesse et sans questionnements sur les raisons de ces pertes de mémoire. On ne cherche pas pourquoi, on s’apitoie pas, mais on partage ce regard tendre posé sur les éléments si simples du quotidien, que l’on oublie parfois justement. Les illustrations de Charlotte Cottereau sont totalement en accord avec cette ambiance tendre, gaie et poétique et on se laisse embarquer avec bonheur dans les pas de Mamily…
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué d’autres livres d’Agnès de Lestrade (Pourquoi les chiens n’aiment-ils pas les chats ?, Les cocottes à histoires, Bon anniversaire, Gaston !, Les pendules de Dana, et Les baisers de Cornélius, également illustré par Charlotte Cottereau).
Le châle de grand-mère Texte d’Asa Lind et illustrations de Joanna Hellgren (traduit par Aude Pasquier) Cambourakis 13,50 €, 223 x 288 mm, 26 pages, imprimé en Malaisie, 2013 |
Le voyage de Mamily Texte d’Agnès de Lestrade. Illustrations de Charlotte Cottereau. Balivernes Éditions 12 €, 205 x 255 mm, 37 pages, imprimé en Espagne, 2013 |
Marianne
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
J’aime beaucoup les albums qui traitent des relations intergénérationnelles. Ils sont en général très émouvants et poétiques.
Agnès de Lestrade est vraiment une auteure très sensible et qui sait toucher les enfants très jeunes. J’avais adoré son roman mon cœur n’oublie jamais qui rejoint le thème.