Il y a quelque temps, suite au visionnage de la version d’Enzo D’Alò de Pinocchio (que j’avais chroniqué ici) j’ai eu très envie de revoir les autres versions que j’avais vues il y a quelques années. En quelques semaines, avec ma fille de 5 ans, j’ai donc vu le magnifique dessin animé d’Enzo D’Alò, le téléfilm en plusieurs parties de Luigi Comencini avec Nino Manfredi dans le rôle de Geppetto et Gina Lollobrigida dans celui de la fée bleue et enfin la version de Roberto Benigni. Trois versions au final très différentes, qui m’ont donné envie de lire l’œuvre originale de Carlo Collodi. Flammarion venant justement de la sortir en version intégrale… C’était le moment idéal !
Père Cerise fit un jour l’acquisition d’un magnifique morceau de bois. Il se réjouissait déjà de ce qu’il allait en faire : un pied de guéridon ! Il prit sa hache quand il entendit une voix le suppliant de ne pas lui faire mal. D’où venait donc cette voix ? Il avait beau chercher, il ne trouvait pas ! Il reprit sa hache… la voix repris. Le vieil homme était terrorisé ! Quand son vieil ami Geppetto se présenta chez lui pour chercher un morceau de bois pour faire un pantin, il ne se fit pas prier pas pour lui donner la bûche qui semblait ensorcelée. Geppetto rentra chez lui, commença à façonner son pantin et décida de lui donner le nom de Pinocchio. Il ne savait pas encore quels malheurs l’attendaient !
Pour vous raconter ma vie (après tout, c’est un blog ici), nous avons lu ce livre par chapitre (ou par demi-chapitre) chaque soir avec ma fille pendant plus de deux mois. Chaque soir, elle attendait avec impatience la suite des aventures du petit pantin pas très sage (et quand le livre a été fini, elle était très déçue que ça soit déjà la fin). Il faut dire que c’est une histoire magnifique, pleine de rebondissements. C’est drôle et tendre, poétique et moral (parfois un peu trop). On ne s’ennuie jamais avec ce pantin qui passe son temps à mentir, à se lamenter, qui est extrêmement naïf et à la fois qui sait profiter de la bonté des gens. Pinocchio est un personnage assez insupportable (mais qui rentrera dans le droit chemin), mais tellement drôle ! On suit donc ses aventures extraordinaires, on tremble pour lui lorsqu’il est pendu par le chat et le renard, lorsqu’il est sur le point d’être rôti dans la poêle d’un pêcheur ou quand un marionnettiste veut le faire cuire. On est émerveillé quand il vole à dos de pigeon, rencontre une fille aux cheveux d’azur ou parle avec les animaux (qui tentent toujours de lui donner des conseils qu’il n’écoute jamais). On est triste quand il apprend la mort de sa fée, quand il pense que son père a été mangé par un requin ou lorsqu’un de ses compagnons meurt dans ses bras. C’est un roman absolument superbe, une grande aventure. À écouter à 5 ans, à lire à 80, un roman multigénérationnel, un bon livre quoi ! Cette version sortie chez Flammarion, avec sa couverture à rabat et ses illustrations de Jean-François Dumont est vraiment un bel ouvrage.
Petit aparté, forcément en lisant l’œuvre originale on se souvient des films vus… force est de constater que c’est Roberto Begnini qui a été le plus fidèle à l’œuvre. Le côté insupportable du personnage, le côté bavard (ça m’avait choqué dans le film, on a envie de lui dire « mais tais-toi ! » et je m’étais dit que Begnini faisait du Begnini… en fait, Pinocchio est comme ça, certaines « tirades » font des demi-pages). C’est intéressant aussi de voir que Luchignolo (appelé Lumignon dans cette version) est un personnage mineur contrairement aux versions cinéma. Et là encore, la fin de Luchignolo n’est montrée que dans le Begnini. Il a, à mon sens, été le seul à être vraiment fidèle au ton de l’œuvre de Carlo Collodi.
Un menuisier qui n’avait jamais eu d’enfant et se sentait seul décida de se faire un pantin de bois. Seulement une fois fait le pantin est doué de parole et est même très doué en bêtises !
Oui, c’est la même histoire ! Mais drôlement résumée… Le roman de plus de 150 pages de Carlo Collodi tient ici sur 18 ! Alors bien sûr il manque énormément de choses, le personnage de Pinocchio, lui-même, n’a plus sa saveur (et en enlevant certains passages on est obligé d’en changer d’autres choses) et perd même en cohérence (« Mais, Pinocchio s’enfuit de la maison. Bientôt, il fut arrêté par deux gendarmes. – Que fait un petit garçon comme toi, tout seul dans la rue ? demandèrent-ils. Ils le laissèrent partir, mais, à la place, ils allèrent chercher Geppetto et le menèrent en prison »… Pinocchio est à peine arrêté qu’il est libéré et Geppetto est arrêté sans qu’on sache pourquoi !). Par contre les illustrations tout en découpages sont absolument superbes. C’est du papier découpé au laser qui est collé sur du papier de couleur. Comme si l’on voyait l’histoire en ombres chinoises. Un ouvrage très graphique parfait pour une première approche de l’histoire de Pinocchio.
L’œuvre de Carlo Collodi a souvent donné des idées aux auteurs jeunesse (pas uniquement jeunesse d’ailleurs, on pense à la BD de Winshluss), on a vu plein d’histoires librement inspirées du pantin de bois (au cinéma aussi d’ailleurs, on pense à A.I. Intelligence Artificielle). Voici un exemple.
Un vieux lapin en peluche rêvait d’être un vrai lapin. Posé sur le rebord d’une fenêtre, il regardait les animaux dehors et rêvait d’être parmi eux. À force de le répéter, une fée apparut et lui exauça son souhait… sauf que le lapin (qu’on appelait maintenant Lapinokio) ne faisait que des bêtises et se mettait à dos les animaux de la ferme. Et si être sage était finalement mieux ?
Lapinokio s’inspire donc de Pinocchio (le rêve de devenir « vrai », les oreilles qui s’allongent quand il fait des bêtises, le fait de ne pas être sage). Voilà donc une version adaptée aux plus petits pleine de pep’s, très colorée, qui devrait plaire aux enfants. Et c’est bien connu, tous les doudous aimeraient devenir vivants, non ?
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué plusieurs ouvrages de Jean-François Dumont : Copains comme cochons, Gare à Edgar, La petite oie qui ne voulait pas marcher au pas et La grève des moutons.
Pinocchio Texte de Carlo Collodi (traduit par Claude Poncet), illustré par Jean-François Dumont Flammarion 13€, 165×220 mm, 160 pages, imprimé en Slovénie, 2013. |
Pinocchio d’Agnese Baruzzi (d’après Carlo Collodi et traduit par Françoise Nagel) Mango Jeunesse 16€, 220×220 mm, 14 pages, imprimé en Chine, 2013. |
Lapinokio Texte de Lili Chartrand, illustré par Pishier Dominique et compagnie 14,50€, 236×236 mm, 32 pages, imprimé en Chine, 14,50€. |
A part ça ?
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Intéressant cet article ! J’ai bien envie de découvrir le Pinocchio de Benigni 😉
Et sinon MERCI pour les photos de Montreuil !!!
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Bonjour !
Pinocchio me rendait triste quand j’étais enfant, le voir s’éloigner de son père me faisait peur … je me laisserais bien tenter par la version intégrale pour voir si j’ai moins peur^.
Bonne journée !
Moi le film en noir et blanc m’avait terrifiée à l’époque … Je serais curieuse de le lire maintenant. Il existe aussi une version illustrée par Roberto Innocenti : les planches sont remarquables.
Merci pour ce bel article.
Ici aussi nous avons lu chaque soir un chapitre de Pinocchio, et ce moment était attendu avec impatience !
Depuis, je recherche un autre conte ou roman qui se prêterait aussi bien à une lecture par chapitre. Aurais-tu une suggestion à me faire (mon fils a 5 ans) ?
Merci d’avance !
En fait là comme ça… je pense à Mon papi et moi et Mamie cochon que j’ai lu comme ça aussi en chapitre à ma fille (je le chroniquerai bientôt) et je pense essayer les Contes du chat perché de la même façon !
Merci pour le conseil ! Je vais essayer.