Aujourd’hui, je vous présente trois petits romans qui mettent en scène des héroïnes toutes très énergiques et attachantes mais très différentes.
En 1792, Margot est une enfant. Alors que le peuple se révolte contre la monarchie depuis la prise de la Bastille 3 ans plus tôt, elle est lingère au service de la princesse Marie-Antoinette. Du haut de ses 9 ans, elle est assez admirative de la reine, et impressionnée devant tant de fastes, de belles robes, et de beau linge. Marcellin, son ami est plutôt du côté révolutionnaire et pas vraiment de cet avis. Durant cet été, les événements vont prendre une toute autre tournure, et le destin de la France et des Français va changer.
Vivre cette période charnière de l’histoire de France, dont on parle tant de l’intérieur, c’est ce que propose aux jeunes lecteurs Noélie Viallet avec ce court roman plein d’actions, de détails historiques, et de rebondissements. Elle nous propose une belle histoire d’amitié sur fond de fresque historique documentaire. De temps en temps s’intercale une page d’informations sur les Etats Généraux, la famille royale, les symboles de la Révolution ou bien encore la mort de Louis XVI,, avec dates, frises, et faits historiques, en appui de l’intrigue. De plus, les illustrations de Prince Gigi, pleines de réalisme ponctuent joliment les moments de lecture. On est plongé plusieurs siècles en arrière, on révise ses classiques ou on apprend de nouvelles choses, bref, on joint l’utile à l’agréable.
Retour en 2013, avec Essie cette petite fille pleine d’énergie, toujours prête à vivre de nouvelles expériences. Cette fois-ci, elle a décidé d’essayer d’être parfaite. Parfaite à la maison, parfaite en classe, parfaite avec ses amies, parfaite tout simplement. Alors pendant un temps, c’est super, tout le monde l’admire, on ne lui fait jamais aucun reproche, et elle est un modèle pour tout le monde. Elle est très amie avec Emma, une petite fille loin d’être parfaite, dont tout le monde loue pourtant la bonne volonté, les efforts et les progrès. Essie finirait presque par être jalouse : de son côté, tout le monde semble habitué à sa réussite et à son aisance, et on ne la complimente jamais. Elle en a marre : elle veut rire, faire rire, progresser et exister aux yeux de tout le monde.
Au départ, je me suis dit que ce petit roman était adressé en particulier aux enfants qui réussissent facilement, sont très populaires, mais pas toujours les plus heureux pour autant. Et c’est effectivement le cas. Vouloir être parfait, ou tout simplement avoir certaines facilités n’est pas que source de joie et d’épanouissement. Mais Claire Clément engage également, avec le personnage d’Emma, une réflexion sur le bonheur de faire des erreurs, le plaisir d’apprendre et de progresser, entouré par la bienveillance de sa famille ou de ses amis. Dans les deux cas, voici un court texte plein d’énergie pour dédramatiser ces situations, finalement certainement assez courantes chez les enfants. Je l’analyse avec un regard d’adulte, mais les mots, l’intrigue et le message sont parfaitement adaptés aux plus jeunes lecteurs. Ajoutez quelques illustrations vitaminées de Robin, et vous obtenez un joli petit roman sur la confiance en soi et l’acceptation de ses défauts, pour être plus heureux ! La vie est bien plus belle, drôle et passionnante quand on a quelques défauts et encore plein de choses à apprendre !
Enfin, on termine avec une dame plus âgée, mais non moins énergique. Calamity Mamie est l’héroïne d’une série de courts romans pour lecteurs débutants. Dans Calamity Mamie à l’hôpital, elle enchaîne les maladresses lors de son hospitalisation. Au départ emmenée aux urgences pour un mal de ventre, elle casse un pot de fleurs dans la salle d’attente, allume la télé au lieu de redresser son lit, renverse le vase, et fait même tomber un infirmier dans le couloir. Et encore, je ne vous dis pas tout ! En plus, elle est plutôt mauvaise malade, grimace au moment de prendre les médicaments et n’est jamais trop d’accord. Tout ce tohu-bohu pour une simple appendicite, sacrée Calamity Mamie !
Un texte simple, plein d’humour, au rythme enlevé accompagné d’illustrations colorées de Frédéric Joos tout aussi vivantes sur un moment pourtant pas très drôle qui concerne pourtant les enfants (qu’il s’agisse de leur propre hospitalisation ou de celle d’un de leurs proches) démontre que l’on peut rire de tout. Au contraire, sous couvert de gaffes en série, l’auteur propose aux jeunes lecteurs de se familiariser avec l’univers des blouses blanches, et de l’hôpital. On rit et on a hâte de connaître la prochaine bêtise de cette patiente pas comme les autres ! A noter qu’Arnaud Alméras reverse la moitié de ses droits d’auteur à l’association Sparadrap (une association que j’apprécie beaucoup et qui se propose d’expliquer aux enfants les différents soins auxquels ils peuvent être confrontés des plus banals aux plus lourds, notamment à l’aide de guides et de fiches pratiques) pour l’achat de ce livre. Encore une fois, on joint l’utile à l’agréable, et c’est quelque chose que j’aime !
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué un autre livre illustré par Robin (Hercule attention travaux)et un autre livre d’Arnaud Alméras (Les bêtises magiques de Lucie Caboche).
La véritable histoire de Margot, petit lingère pendant la Révolution Française Texte de Noélie Viallet et illustrations de Prince Gigi. Bayard dans la collection Les Romans Images Doc 6,20 €, 145 x 195 mm, 43 pages, imprimé en France, 2013 |
Essie, et si j’étais parfaite Texte deClaire Clément et illustrations de Robin Bayard dans la collection Mes premiers J’aime Lire 5,50 €, 145 x 190 mm, 32 pages, imprimé en France, 2012 |
Calamity Mamie à l’hôpital Texte d’Arnaud Alméras et illustrations de Frédéric Joos. Nathandans la collection Premiers Romans 5,60 €, 147 x 192 mm, 36 pages, imprimé en France, 2013 |
Marianne
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !