Tarja est une salope, c’est écrit sur les murs, ceux des toilettes de l’école et ceux de facebook (un groupe facebook (site qu’elle qualifie de « chiottes virtuelles ») a même été créé pour que tout le monde le sache « Si toi aussi tu penses que Tarja est une salope »). Alors Tarja essaye de se faire discrète, elle rase les murs. Elle se souvient du jour où elle est passée de « bonne élève à élève bonne à baiser ». Elle a tellement entendu ces insultes à son sujet que pour elle c’est la vérité, c’est ce qu’elle est : une salope. Pourtant elle aimerait recommencer sa vie à zéro, « effacer toutes ces informations erronées, ces erreurs système du disque dur de (sa) vie ». Heureusement il y a Léon, son meilleur ami, celui qu’il lui reste. Léon avec qui elle partage le souvenir de Jessica, celle avec qui ils formaient une belle équipe jusqu’à ce qu’elle les quitte pour son « paradis personnel », celle dont elle était inséparable depuis la maternelle. Sans elle Tarja essaye de se raccrocher aux branches qu’elle peut… et parfois on tombe sur une mauvaise branche, celle qui semble solide et vous fait tomber encore plus bas…
Tarja est un roman qui coupe le souffle, qui laisse sans voix, qui assoit. L’héroïne principale, une sorte d’oiseau blessé qu’on voudrait recueillir chez soi pour l’aider à se reconstruire loin de tout son quotidien pour qu’elle puisse ensuite voler aussi bien qu’avant. Jean-Noël Sciarini a écrit un roman qui pourrait être dérangeant, déplaisant mais grâce à son style très lyrique, très littéraire, on n’est jamais choqué par les mots trop crus, les mots du quotidien de Tarja. Je vous le disais il n’y a pas longtemps, c’est un auteur qui a une vraie plume, une belle écriture. Ici on parle donc des adolescences brisées par une réputation, phénomène qui existe depuis toujours mais qui s’est amplifié ces dernières années avec les réseaux sociaux. On parle aussi d’amour, de rêves, d’amitié et de choses bien plus graves… un magnifique roman, de ceux qui marquent, qui restent.
Lola Frizmuth c’est le genre de fille qui a un portable rose paillette (Agatha Ruiz de la Prada, excusez du peu), qui pense que Rimbaud, s’il vivait aujourd’hui, aurait deux fans sur skyblog, qui parle de sa « best », de gens qui habitent à « whatmiles bornes » de chez elle et de gens « boooooring ». Bref une fille plutôt superficielle. Son amoureux (depuis la veille) est parti vivre au Japon, elle décide donc de le suivre, c’est le début d’une aventure à laquelle elle ne s’attendait pas…
Et soudain on se dit qu’on est trop vieux pour lire des romans d’ado… Sincèrement c’est une question qu’on peut se poser « A 35 ans, suis-je la bonne personne pour donner mon avis sur des livres qui s’adressent à des gens de 20 ans de moins que moi ? », il m’arrive de me la poser surtout quand je lis un roman comme Où est passée Lola Frizmuth… Langage SMS, mots anglais au milieu de français, personnage que je trouve absolument insupportable… J’avoue que je n’ai pas vraiment « kiffé »… Il y a une bonne intrigue (Lola va être mêlée à une histoire de yakuza) mais le personnage m’est tellement antipathique, je trouve que c’est une telle tête à claque que pour moi ce n’était pas possible. Je l’ai quand même lu (péniblement) jusqu’au bout, ce n’est pas mal écrit (même si je me demande si les ado qui utilisent déjà ce genre de langage à tout bout de champ ont besoin d’en retrouver en plus dans leurs livres… vaste débat), l’intrigue est bonne (donc) mais ce n’est vraiment pas pour moi. Le dossier de presse dit « une héroïne adolescente pleine de personnalité, qui irrite pour mieux séduire » j’avoue avoir juste été irrité…
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà parlé d’un des livres de Jean-Noël Sciarini : Les disparitions d’Annaëlle Faier. Kik a aussi chroniqué Tarja ici.
Tarja![]() de Jean-Noël Sciarini La joie de lire dans la collection Encrage 16,25€, 140×210 mm, 256 pages, imprimé en Allemagne, 2011. |
Où est passée Lola Frizmuth![]() d’Aurélie Gerlach Gallimard dans la collection Scripto 12,20€, 132×200 mm, 330 pages, imprimé en Italie, 2012. |
Vous avez de vieux annuaires qui trainent… Alex Quezal lui sait quoi en faire ! http://www.projectsgallery.com/Queral.htm
Gabriel

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Ah je trouve cela super bien de lire une critique “négative”…..tu oses et c’est bien!….après tout est subjectif certes puisque selon la personne (âge comme tu le soulignes, personnalité etc) le ressenti va être différent mais au moins dans un sens (comme pour Tarja) ou dans l’autre (pour Lola) ça titille l’esprit d’aller y jeter son propre regard. En tout cas moi cela me donne envie d’aller les lire. Merci.
Oh tu sais ce n’est pas ma première critique “négative”… c’est pas toujours facile…
Ahhh le premier m’intrigue depuis un ‘tit moment. J’ai vraiment envie de le lire d’autant que cet auteur est “à part” et qu’effectivement il a une vraie plume!
Le second bof, je suis comme toi, je commence à me faire vieille pour ces livres écrits soit disant “djeun’s” mais qui m’irritent les yeux^^
On peut être original, parler aux ados et aux adultes sans pour autant tomber dans le “facile”. Dommage car comme tu le soulignes malgré tout, l’intrigue est pas mal. Bref, le premier te marque et le second sitôt lu sitôt oublié…Je ne me (re) note donc que le… premier (of course)
Bonne journée
Merci Thalie ! Si tu lis le premier fais moi signe, j’aime bien lire les avis des autres sur les livres qui m’ont marqué