Aujourd’hui, je vous présente deux romans courts, à la fois drôles et tendres !
Une maison qui veut voyager, une cheminée qui attend désespérément l’arrivée du Père Noël alors que ce n’est pas du tout la saison, la révolte d’un paillasson qui en a marre qu’on le piétine et qui préférerait être une couverture, un grenier qui accueille une collection de gros mots, une télé qui avale les personnes qui la regardent, un arbre qui toutes les nuits s’enfuit du jardin dans lequel il est enraciné,… Voici un aperçu des Histoires de la maison qui voulait déménager ! Et pour déménager, ça déménage, ça c’est sûr !
J’ai vraiment eu un coup de cœur pour ce recueil de courts récits d’Hervé Walbecq qui mêle humour et poésie avec beaucoup de finesse. L’environnement quotidien prend vie, et les plus inertes des objets deviennent doués de pensée et de mouvements. Je pense que ça parlera très bien aux enfants, qui ont eux-même une certaine faculté à imaginer vivants les objets les plus courants. Chaque histoire est indépendante, mais elles s’articulent très bien entre elles et permettent aux plus jeunes de fractionner leur lecture. On lit tout d’une traite ou on picore, on lit dans l’ordre ou dans le désordre, et on retrouve même quelques illustrations très simples de l’auteur pour donner encore un peu plus de vie à l’ensemble ! C’est surréaliste, loufoque par moments, et toujours délicieux ! Quel bonheur de voir tout ce qui nous entoure avec un œil nouveau !
Adalbert a un drôle de prénom, hérité de son grand-père Albert et de son arrière-grand-mère Ada. Il est né prématurément et reste plutôt chétif. Tout le monde passe son temps à lui casser les pieds, en le trouvant trop maigre, trop rouge, pas assez fort, et surtout pas assez âgé pour décider. Dur dur d’avoir onze ans et d’être encore considéré comme un bébé ! Mais Adalbert a décidé de ne plus se laisser faire ! Il compte bien prendre de l’assurance, et nous raconte son quotidien.
Angela Nanetti nous livre vraiment le journal intime du jeune héros, qui entre doucement dans l’adolescence mais a un peu de mal à quitter réellement l’enfance, quoiqu’il en dise. En racontant son quotidien, il aborde avec humour des questions quotidiennes : les changements de son corps, les premières émotions amoureuses, les relations familiales ou amicales pas toujours simples, et on sent que progressivement, il se détache de sa famille pour penser par lui-même. Ce qui donne parfois lieu à des passages qui m’ont fait un peu (beaucoup) grincer des dents, notamment quand le jeune garçon évoque la manière dont son père considère les femmes médecins (en gros, un discours très machiste), ou quand il parle de “devenir un homme”, forcément fort, costaud, et pas trouillard. Au départ, j’ai ouvert des grands yeux, mais on comprend très rapidement qu’il reprend à son compte des choses entendues chez lui ou dans la cour de récré sans y adhérer : il est simplement gêné de se déshabiller devant le médecin scolaire lors de la visite médicale, et ne pense pas un mot du discours de son père, avec lequel il cherche plutôt à prendre de la distance. Et avec les copains, il essaie d’abord de rentrer dans le moule, avant de comprendre qu’il y a d’autres manières de voir les choses que celles transmises par la famille, ou les amis costauds. C’est un témoignage sur la vie des grands enfants qui deviennent doucement de jeunes adolescents un peu coincés entre deux univers, qui apprennent doucement à penser par eux-même. Touchant et drôle, voici un court roman dans l’air du temps !
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué une histoire de maison aussi vivante que ses habitants : La maison qui ne voulait pas de Pauline Croze et Anne-Marie Hugot.
Histoires de la maison qui voulait déménager![]() ![]() d’Hervé Walbecq L’école des loisirs dans la collection Neuf 9,50 €, 125 x 190 mm, 141 pages, imprimé en France, 2013 |
Les mémoires d’Adalbert![]() d’Angela Nanetti (traduit par Nathalie Sinagra Decorvet) La joie de lire dans la collection Hibouk 6,90 €, 130 x 185 mm, 80 pages, imprimé en Pologne, 2013 |
Peter Callesen manie les ciseaux avec brio ! Venez admirer ses œuvres de papier.
Marianne

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !