Cinq livres qui parlent de personnages qui ont du mal à trouver leur place.
Les fées s’occupent des enfants, ça vous le saviez j’en suis sûr ! Mais saviez-vous que les fées blondes s’occupent des filles et les fées brunes des garçons ? Pas sûr ! (au moins cette chronique vous aura appris quelque chose !). Mais que ce passa-t-il alors quand Rita, une fée rousse naquit… On ne sait pas quoi en faire, pensez-donc ! On la laisse de côté, elle est inutile. Et quand personne ne s’occupe de vous comme ça, c’est pas drôle et au bout d’un moment ça rend méchant… mais si Rita avait elle aussi son utilité ?
Je découvre avec Rita, la féroce fée rousse, les éditions Clochette et c’est une très bonne surprise. Au départ, comme beaucoup je pense, je me suis dit « tiens Maureen Dor… la nana de la télé là ? » Et en fait il suffit qu’on laisse de côté ses préjugés (datés en plus) et on découvre qu’elle a du talent, que ce n’est pas juste une « nana de la télé » qui s’est dit « tiens si je faisais un livre pour enfants » (c’est d’ailleurs pas son premier). Avec sa voix qui pétille de malice (c’est un livre-CD), elle nous raconte donc l’histoire de cette petite fée née différente et qui va trouver sa place malgré le fait que les autres ne veulent pas d’elle. Au-delà du sujet sur la rousseur (qui est quand même un vrai sujet, vu tout ce qui continue de courir sur les roux et rousses…) on parle bien-sûr de la différence en général, de se faire accepter avec ses différences. On évoque aussi des aînés qui ont peur d’être moins aimés quand un bébé arrive. Le CD est un vrai bonheur, Maureen Dor est drôle, pétillante, et les enfants sont captivés par sa voix (et les parents ne la trouvent pas agaçante, c’est tellement rare les histoires pour enfants sur CD pas agaçantes pour les parents qu’il faut le signaler !). Des tas de bonus très sympa, une chanson d’abord, drôle et entrainante, ensuite la même chanson mais sans la voix pour que les enfants puissent la reprendre et enfin l’histoire est reracontée avec des trous pour jouer avec les enfants et voir s’ils ont bien suivi. Ah et le petit plus, il y a une clochette pour indiquer quand tourner la page ! Ce petit truc qui existait déjà quand nous étions petits est devenu assez rare… et c’est bien dommage. J’ai été séduit, ma fille a été conquise !
Vous pouvez d’ailleurs découvrir en ce moment ce livre-CD en ligne : http://www.editions-clochette.fr/une-histoire/sample-page
Momotarō a été trouvé, bébé, au bord d’une rivière, il a été élevé par les gens du village. Il grandit et devient même le plus fort du village mais seulement voilà… Momotarō est fainéant, le roi des fainéant ! Les villageois trouvent qu’il n’est pas utile, il doit partir ! Pas utile Momotarō, vraiment ?
C’est en partant d’une légende japonaise que le talentueux Frédéric Laurent a fait ce petit livre très graphique avec le système de frise qu’il a utilisé également dans Monstres en ville (dont je vous parlais récemment). Si on dépliait tout le livre on aurait toute l’histoire de Momotarō dans une seule et même bande (et c’est peut-être dommage que le livre ne propose pas des doubles pages qui auraient permis de mettre en valeur cette frise). Même si je reste très fan du travail de Frédéric Laurent, je trouve que le texte aurait mérité d’être développé ici, que l’histoire aurait mérité d’être plus longue à lire (on a parfois l’impression de lire un résumé). Toutefois il signe là encore un très bel ouvrage, un bien bel objet artistique.
Monsieur Oiseau non plus n’est pas à sa place. D’accord il est un oiseau, il est donc logique qu’il fasse comme ses congénères… Mais lui n’aime pas chanter à la chorale, il n’a pas envie de construire un nid… il aimerait être autre chose… Oui mais quoi ? Il tente d’abord d’être un coussin… mais une vache s’assoit sur lui, s’il était un hérisson on n’aurait pas envie de s’assoir sur lui ! Oui mais les hérissons hibernent l’hiver et lui n’a pas envie de dormir ! Et s’il était un bonhomme de neige ? Sauf que quand vient l’été il va fondre… Monsieur Oiseau se demande quoi être… et si c’était être lui le mieux ?
Autant, pour être franc, je n’ai pas trop accroché sur les illustrations de Monsieur Oiseau veut changer de peau, autant j’ai aimé cette histoire proche du conte philosophique. On parle donc ici de ces moments où l’on voudrait être autre chose, de ce fameux « l’herbe est toujours plus verte à côté ». Monsieur Oiseau va comprendre que la situation des autres n’est pas plus enviable que la sienne, que chacun a ses problèmes et finalement il vaut mieux être soi même. Bien sûr ses voyages, ses expériences, lui seront utiles, l’aideront à grandir. On parle aussi, ici, d’amour car c’est ce que trouvera Monsieur Oiseau au bout du chemin, et qui le fera se sentir bien.
Firmin tombe, sans arrêt il glisse. Il a tout essayé, rien à faire, ce petit pingouin se retrouve toujours le nez dans la neige. Alors Firmin est triste, pourquoi il n’arrive pas à être un pingouin normal, qui tient debout ? Et si en fait c’était utile aussi les pingouins maladroits ?
Firmin est un tout petit livre signé Ingrid Chabbert et illustré par Gwenaëlle Doumont. Le joli texte est plein d’humour et de tendresse, deux qualificatifs qui s’appliquent également parfaitement aux illustrations. On parle ici de l’importance de ceux qui semblent décalés, pas aux normes et on en parle bien !
Kangor était un prince timide, au désespoir de ses parents. Il était maladroit et lorsqu’il s’entraînait au combat il avait peur de blesser ses adversaires… Que faire d’un tel fils qui était pourtant appelé à régner un jour… Kangor, lui-même, souffrait d’être différent. Pourtant un jour, après avoir entendu un homme parler de sa fille enlevée par les loups, le prince décida de partir sauver la jeune fille.
Ici aussi il est question de différence et de vouloir changer sa vie. Kangor souffre de sa timidité, il aimerait être courageux. Il va d’ailleurs réussir à aller au-delà de ses peurs et découvrir qu’il n’est pas aussi peureux qu’il le croit, et qu’il a un don qu’il ne soupçonnait pas. C’est également parce qu’il est plus sensible que les autres qu’il va vouloir sauver la jeune fille. On peut aussi voir ici un texte sur l’agoraphobie, Kangor se cache, ne parle à personne et va décider de sortir, d’affronter les gens. Comme toujours avec Catherine Leblanc c’est très bien écrit, elle sait manier les mots, faire de belles phrases, faire passer des émotions.
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué…
– d’autres livres de Frédéric Laurent : Monstres en ville, Les deux poissons et Fipopus et Gropopus.
– d’autres livres d’Ingrid Chabbert : Un accordéon sinon rien, La vérité sort toujours de la bouche des enfants, La mémoire aux oiseaux, L’oiseau, Les écharpes de Mamie Berthe, Tonnerre de catch, La fête des deux mamans, Raconte-moi la révolution, Les yeux du parapluie, Sur les quais et Le bateau de Malo. (retrouvez aussi notre interview d’Ingrid Chabbert)
– d’autres livres de Catherine Leblanc : Ce crime, Ma couleur, Au lit, Ludo !, Le goût d’être un loup, Les petites personnes, Au revoir, bonjour, Lulu et Moussu, Ah ! Si j’étais président ! et Comment ratatiner les monstres ? (Nous avons également interviewé Catherine Leblanc)
Rita, la féroce fée rousse de Maureen Dor, illustré par Olivier Nomblot Éditions Clochette dans la collection Les Zygomots 14,95€, 214×212 mm, 25 pages, imprimé en Belgique, 2011. |
Momotarō de Frédéric Laurent Balivernes éditions dans la collection Petites sornettes 9€, 175×178 mm, 20 pages, imprimé en Espagne, 2012. |
Monsieur Oiseau veut changer de peau de Piret Raud traduit de l’estonien par Marie-Agathe Le Gueut Éditions Le pommier dans la collection Les bouts d’choux explorent le monde 13€, 207×257 mm, 38 pages, imprimé en France, 2012. |
Firmin d’Ingrid Chabbert, illustré par Gwenaëlle Doumont Gargantua Jeunesse 4,90€, 120×160 mm, 30 pages, imprimé en Bretagne sur papier recyclé, 2011. |
Le prince Kangor de Catherine Leblanc, illustré par Pascale Breysse Lire c’est partir 0,80€, 220×190 mm, 32 pages, imprimé en France, 2009. |
Quand une émission qu’on adore reçoit quelqu’un qu’on adore ça donne une super émission. L’émission Ecoute ! Il y a un éléphant dans le jardin ! reçoit Nathalie Colombier de DéclicKids et elle est tout simplement passionnante à écouter. Que vous vous intéressiez déjà au numérique ou pas, je suis certain que ça va vous captiver. L’émission est en ligne, à écouter d’urgence !
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !