Thème que l’on retrouve souvent dans la littérature jeunesse (et forcément sur le blog) aujourd’hui nous allons parler de la différence et du rejet qu’elle provoque souvent. Je vais vous présenter des personnages qui ne sont pas comme leurs congénères, mais c’est si bon de ne pas être tous faits dans le même moule, non ?
Ce crocodile-là avait peur de l’eau… Pendant que ses frères et sœurs s’amusaient à patauger, lui les regardait bien au sec. Par contre, il aimait grimper aux arbres, contrairement aux siens. Comme il avait quand même envie de faire comme les autres notre crocodile s’acheta une bouée… mais rien à faire, avec une bouée il ne pouvait pas faire comme eux et donc il restait différent…
Je ne vous raconte pas la chute de Le crocodile qui avait peur de l’eau, mais cette différence a forcément une raison. Ce magnifique album nous fait forcément penser au vilain petit canard (bon du coup je vous dis la chute sans vous la dire). Beaucoup d’humour, de tendresse, de très belles illustrations pour nous rappeler que nos différences sont des forces, que si l’on ne fait pas certaines choses aussi bien que d’autres, on en fait peut-être d’autres mieux ! Un gros coup de cœur !
Le même vu par Enfantipages.
Parce qu’il avait la crinière raide, Limbo était la risée des visiteurs du zoo. On se gaussait de sa coiffure qui ressemblait à une serpillière mouillée. À côté, les autres lions paradaient, fiers de leur crinière. Quand les animaux s’aplatissaient devant eux, ils rigolaient devant Limbo. Il fallait agir ! Et si Limbo devenait le modèle ?
Parce qu’il est différent, Limbo va devenir le chouchou d’un soigneur qui va s’occuper de lui et lui offrir les coiffures les plus extravagantes. Celui qui était moqué deviendra celui qui est jalousé. On parle de la différence qui est une force, de la roue qui tourne (les moqués d’hier seront peut-être les héros de demain) dans ce très bel album traduit du coréen. Sur la couverture on peut même caresser la chevelure de Limbo. Encore un magnifique album sorti chez Picquier jeunesse.
Quand Bernard vivait sur sa planète rose (où TOUT était rose), il était le seul bleu. Il se sentait si différent… Jusqu’au jour où il a rencontré Zoé, qui est verte. C’était la première fois que Bernard voyait du vert ! Aujourd’hui, il va quitter pour la première fois sa planète rose, car Zoé veut retrouver une amie Maho qui vit sur la planète rouge. En chemin, Bernard va découvrir des tas de couleurs…
Basile habite sur une planète bleue. Il a entendu parler de son cousin Bernard, qui est parti sur la planète rose, car sa santé ne lui permettait pas de rester sur la planète bleue, mais il ne s’en souvient pas vraiment. Mais alors qu’il est chez sa grand-mère, il voit à la télévision un drôle de vaisseau qui a atterri aujourd’hui sur leur planète avec à son bord une petite fille verte, une petite fille rouge… et un petit garçon bleu.
Je vous avais déjà parlé de Bernard Bleu (ici) qui était le deuxième tome de cette série, Un monde en couleur, voici donc le troisième et le quatrième. Série qu’on pourrait résumer par « personne dans la vie ne choisit sa couleur, l’important c’est d’écouter son cœur » ! J’aime décidément beaucoup l’univers graphique de Matthieu Roussel, ces personnages qui semblent être en bois crayonnés… je ne sais pas comment vous expliquer mais le mieux est de vous rendre compte vous-même (sur Papier de soie par exemple) ! Un monde en couleur est une très bonne série sur la différence et le fait de vivre en harmonie, peu importe d’où l’on vient, peu importe sa couleur.
Amédée avait des vaches de toutes sortes, aucune ne se ressemblait, mais elles avaient toutes un point commun : elles avaient des taches ! Toutes ? Non pas vraiment, il y en avait une qui n’avait pas la moindre tache. Les autres trouvaient ça bizarre et la rejetaient. Alors notre vache partit à la recherche de taches…
Bien sûr, notre vache ne trouvera pas de tache et elle sera acceptée (et s’acceptera elle-même) telle qu’elle est (car elle a une qualité qui n’avait pas été prise en compte). La vache sans tache est une histoire classique sur la différence, mais pleine d’humour avec des dessins très colorés signés Manola Caprini.
Quand il est né Charles était tout maigrichon mais il avait de grands pieds et des ailes majestueuses. En grandissant ses pieds et ses ailes grandirent aussi… mais son imagination également. Car même s’il était toujours aussi maigrichon, Charles se démarquait par les poèmes qu’il écrivait. À l’école des dragons, pendant que ses congénères brûlaient des cahiers lui les remplissait de ses écrits. Alors forcément ces gros costauds se moquaient de celui qu’ils surnommaient avec mépris « le poète ».
On en a beaucoup parlé de ce livre lors de sa sortie (couronné par plusieurs prix, remarqué par les libraires et même sur La mare aux mots Za l’avait choisi dans sa liste de Noël et sa suite, Charles prisonnier du cyclope, par Chantepages sur notre Pavé de la mare de Noël 2012). Je profite de sa sortie en poche au Seuil (donc à petit prix) pour vous présenter à mon tour ce petit dragon poète, différent des autres de son espèce. Les mots d’Alex Cousseau, pleins de poésie, sont magnifiquement mis en image par les illustrations hautes en couleur (découvrez les aussi sur Papier de Soie) de Philippe-Henri Turin (même si le petit format n’est pas l’idéal pour les découvrir). Un album extrêmement poétique avec de somptueuses illustrations.
Le même vu par Le cabas de Za, Sous le Feuillage et Chez Clarabel.
Dans le troupeau des éléphants il y en avait de toutes les sortes : des jeunes et des vieux, des gros et des minces, mais tous étaient de la même couleur, un seul était différent : Elmer. Il était jaune, mais aussi orange et rouge et violet, mais aussi bleu et vert et noir et même blanc. Elmer était la joie des autres éléphants, il était le plus drôle d’entre eux et mettait tout le monde de bonne humeur. Mais un jour, Elmer en eut assez d’être différent, il voulut être comme les autres…
À cause d’a priori idiots (mais les a priori sont rarement intelligents), je n’ai jamais été attiré par Elmer. Voyant l’éléphant bariolé sur des sacs et des t-shirts, le voyant sous forme de figurine ou de tirelire, je me disais que c’était plus un produit de marketing qu’une œuvre de littérature jeunesse. Aussi j’ai été extrêmement surpris de tomber sur un livre d’une telle qualité (quand je vous disais que les a priori sont idiots). Je pense que vous serez peu nombreux à découvrir Elmer grâce à moi, mais peut-être ne suis-je pas le seul donc j’avais envie de vous parler de la poésie de ce personnage. Elmer va tout faire pour être comme les autres, alors que ce qui est bon c’est d’être différent, non ? Un grand classique de la littérature jeunesse qui n’a pas pris une ride en 46 ans (et oui, Elmer a 46 ans).
Le même vu par Dans la bibliothèque de Noukette.
Quelques pas de plus…
Vous trouverez beaucoup d’autres livres sur la différence que nous avons chroniqué sur notre fiche thématique.
Nous avons déjà chroniqué des ouvrages de Matthieu Roussel et Nathalie Tousnakhoff (Bernard Bleu), Alex Cousseau (Les Frères Moustaches), Bénédicte Carboneill (La lampe des jumeaux), Manola Caprini (Un accordéon sinon rien) et David McKee (Six hommes).
Le crocodile qui avait peur de l’eau![]() ![]() de Gemma Merino (traduit par Rémi Stéfani) Casterman dans la collection Les albums Casterman 13,95 €, 270×216 mm, 32 pages, imprimé en Chine, 2014 |
Limbo le lion![]() ![]() Texte de Kim Kyung Hwa (traduit par Lee Ji Won), illustré par Yi Jiwon Picquier Jeunesse 13,50 €, 226×268 mm, 36 pages, imprimé en Chine, 2014. |
À la recherche de Maho![]() ![]() Texte de Nathalie Tousnakhoff, illustré par Matthieu Roussel Kilowatt dans la collection Un monde en couleur 10,20 €, 170×240 mm, 30 pages, imprimé à Singapour, 2009. |
Le cousin de Basile![]() ![]() Texte de Nathalie Tousnakhoff, illustré par Matthieu Roussel Kilowatt dans la collection Un monde en couleur 10 €, 170×240 mm, 26 pages, imprimé à Singapour, 2012. |
La vache sans tache ![]() ![]() Texte de Bénédicte Carboneill, illustré par Manola Caprini Les éditions du pas de l’échelle 10,45 €, 209×249 mm, 32 pages, imprimé en République Tchèque, 2014. |
Charles à l’école des dragons![]() ![]() Texte d’Alex Cousseau, illustré par Philippe-Henri Turin Seuil dans la série Seuil’issime 5,90 €, 190×149 mm, 48 pages, imprimé en France, 2014 (première édition 2010). |
Elmer![]() ![]() de David McKee (traduit par Elisabeth Duval) Kaléidoscope dans la série Elmer 10,70 €, 206×236 mm, 36 pages, imprimé en Italie, 2013 (première édition 1989). |
Livres pour enfants : les clichés sexistes n’ont jamais été aussi présents, un article de Libération.
Gabriel

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Ha. Voilà Elmer ! Moi je connais depuis longtemps et ouah quel bel album ! J’adore la fin en plus quand j’étais petit c’était trop cool!
Belle sélection ! Celui d’Alex Cousseau me tente bien!
Bonne semaine!
Comme tu parles de Charles à l’école des dragons, j’en profite pour faire un peu de pub : l’illustrateur, Philippe-Henri Turin, sera à la bibliothèque Oscar Wilde (Paris 20e) le mercredi 19 mars à 15h pour rencontrer les enfants et parler de cet album. Il nous a promis des dessins de dragons !