Chaque mois, nous mettons un coup de projecteur sur un·e auteur·rice, un·e illustrateur·rice ou une maison d’édition. Ce mois-ci, c’est à Anne Montel que nous consacrons cette rubrique.
« Je travaille plus ou moins toujours de la même manière : je dessine à la plume et à l’encre de Chine, et je colore à l’aquarelle, tout simplement. »
Extrait d’une interview réalisée pour La Mare aux Mots (2014).
Anne Montel, continuez tout simplement à faire virevolter vos pinceaux sur le papier pour nous émerveiller !
L’univers de l’illustratrice est facilement reconnaissable : il est délicat et tendre, toujours empreint d’humour et de fantaisie. Lecture après lecture, on s’y replonge volontiers à la recherche des mille et un détails qu’elle parsème ici et là. Les petit·es s’en régalent et les grand·es y retrouvent le doux goût de l’enfance et son imaginaire.
Carole
Il est arrivé comme ça, discrètement, un dimanche soir comme un autre, tout gris, tout grincheux, il s’est installé bien confortablement devant la télé avec le père, la mère et la sœur du narrateur. Les jours suivants, le Crafougna semble étendre sa morosité : et voilà que ça traîne en pyjama, et voici que ça reste au lit ou dans le canapé, au téléphone ou devant la télé. Plus personne pour jouer avec notre héros ou vérifier ses devoirs. Oh, le Crafougna a bien essayé d’attraper le petit garçon aussi, mais celui-ci n’a pas dit son dernier mot et préfère résister. Et même si jusque-là rien ne semble fonctionner, il pourrait bien avoir une idée pour s’en débarrasser !
Si dans un premier temps on imagine lire un album au ton maussade, on comprend bien vite qu’il n’en sera rien, bien au contraire ! Bourrée d’humour, cette histoire et surtout ce monstre velu personnifient l’ennui, la mauvaise humeur, l’apathie, voire la dépression dont on peut tous et toutes être victimes à un moment donné. Avec son texte aussi drôle que juste, ses illustrations irrésistibles et terriblement expressives, Le Crafougna permet d’aborder un sujet sensible avec légèreté. Une lecture qui fera du bien à toute la famille !
Delphine
Deux ans, un mois et seize jours soit huit saisons et des poussières. Une longue période quand on est enfant, deux ans, un mois et seize jours. C’est le temps qu’Amos a passé sans son père. Mais il est enfin revenu, sauf qu’il ne parle presque pas, il est assis dans le fauteuil du salon et regarde devant lui. Il est là, c’est tout. Sarah, la grande sœur d’Amos, ne comprend pas pourquoi son père ressemble à un fantôme, pourquoi il crie la nuit pendant ses cauchemars. Leur mère, elle, est parfois gênée et pose sa main sur le numéro qui est tatoué sur l’avant-bras de son mari pour le cacher. Amos garde espoir, il va retrouver son père, il va donc lui parler, lui raconter les huit saisons et des poussières sans lui, et peut-être qu’un jour…
Un album fort pour un sujet fort. Un père qui revient de la guerre, d’un camp de concentration. Des enfants qui aimeraient retrouver celui qu’ils ont connu et pas un fantôme. Des camarades qui se moquent. Sans que ça ne soit jamais trop dur, Séverine Vidal nous raconte cette nouvelle vie, ces retrouvailles difficiles, cet « après » avec beaucoup de justesse, de pudeur. Les illustrations d’Anne Montel accompagnent à merveille le texte et le rendent même encore plus doux. Plus proche du roman jeune lecteur que de l’album classique (il y a beaucoup de texte), Huit saisons et des poussières est un très bel album, de ceux qui marquent.
Gabriel
Quand une feuille tombe sur le sol, la souris a très peur et détale à toute allure. Apercevant le petit animal, l’éléphant effrayé s’enfuit en barrissant. Les hurlements ont averti les autres animaux, bientôt on ne parle plus que de ça !
Voilà un album plein de tendresse et de poésie sorti dans la collection Mes premières histoires chez Père Castor. On s’amuse du texte tout en répétition et surtout on se régale des belles illustrations d’Anne Montel. Comme pour le livre précédent, les pages sont légèrement cartonnées pour être plus facilement manipulables par les plus petits. Une très jolie petite histoire.
Gabriel
Le professeur Goupil vivait dans une immense maison où il aimait profiter de sa solitude : en se baignant dans sa piscine (seul), en regardant des films (seul), en dormant dans un très grand lit (seul)… Mais, en tant que scientifique, il consacrait aussi beaucoup de son temps à mener des expériences en tout genre. Sans aucun doute, l’une d’elles lui permettrait un jour de faire une découverte de génie : par exemple, trouver la formule pour transformer les pantoufles en saucissons secs. Un matin, suite à une expérience (ratée ? réussie ?), le cher professeur se retrouva envahi par une tribu de petits animaux rigolos. Il essaya, dans un premier temps, de s’en débarrasser, mais au final, en avait-il vraiment envie ?
Pas sûr. Il allait donc lui falloir partager sa demeure et son cœur. Car, oui, le professeur Goupil était un grand renard au cœur tendre. Et cela allait devenir de plus en plus flagrant au fil des tomes de la série. Dans le tome 2, l’animal tombera d’abord amoureux de sa charmante voisine Akiko, à en perdre ses mots, mais pourra heureusement compter sur un bon coup de pouce de la part de ses petit·es ami·es. Puis, dans le tome 3, il devra faire le tour du monde pour reconquérir le cœur de sa belle : un défi pas gagné d’avance pour ce Goupil très casanier. Enfin, dans le tome 4, Professeur Goupil découvrira avec Akiko la grande aventure de la parentalité, faite de joies, mais aussi de peines.
J’avoue être une vraie fan du duo Loïc Clément et Anne Montel. L’auteur sait aussi bien manier les mots que l’illustratrice ses pinceaux. Les deux sont d’une grande complémentarité. Dans cette série, on retrouve l’un des petits plaisirs d’Anne Montel : émailler ses dessins de petits détails, ce qui devient un vrai jeu pour le lectorat.
Ses personnages sont toujours aussi drôles et attachants, rentrant ainsi en résonnance avec la poésie et l’humour des textes de Loïc Clément. Enfin, bien sûr, on se laisse attendrir par la délicatesse de l’aquarelle aux couleurs pastel et acidulées. Cette série de romans première lecture est d’une grande qualité ; néanmoins, mon préféré reste le petit dernier, Professeur Goupil et les rires qui s’envolent, dont vous pouvez trouver une chronique plus détaillée ici.
Carole
Charity, petite fille issue de l’aristocratie victorienne anglaise de la fin du XIXe, s’ennuie. Les rares interactions dominicales avec sa mère sont toujours orientées vers la religion, quant à son père il semble tout bonnement indifférent à son sort.
Isolée dans la nursery aux côtés de Tabitha, la bonne écossaise superstitieuse friande d’histoires de fantômes et de démons, elle commence à se découvrir une passion bien peu commune aux fillettes de sa condition : les animaux. Elle les étudie, tente de les soigner, leur attribue des petits noms et les traite comme ses ami·es et même sa famille de substitution !
Bientôt, une préceptrice française nommée Mademoiselle Blanche la prend en charge et lui fait découvrir l’aquarelle, qui va alors devenir un nouveau moyen de s’exprimer.
Charity va peindre ses ami·es à poils, à écailles et à plumes mais aussi le monde qui l’entoure et les paysages dont elle se régale lors de longues promenades en plein air. La rencontre avec de lointain·es cousin·es d’à peu près son âge va lui permettre d’étoffer ses réflexions sur ses semblables : et il s’avère qu’ils et elles apparaissent comme des êtres bien plus étranges que tous les animaux qu’elle a pu connaitre à ce jour !
Adapté du roman éponyme de Marie-Aude Murail, Miss Charity est le premier volet d’une trilogie aux aquarelles tendres et à l’héroïne très attachante. Inspirée de la célèbre illustratrice Béatrix Potter, cette histoire naturaliste confronte une personnalité singulière, curieuse et vive face à une époque conservatrice où l’on attend des jeunes filles qu’elles sachent chanter, broder, jouer du piano mais à aucun moment avoir comme animal de compagnie un rat appelé Julius ou comme premier amour un crapaud fugueur.
Bien décidée à ne pas rester dans ce cadre étriqué, Charity va étoffer sa ménagerie, se perfectionner dans l’étude de toutes les bestioles croisant son chemin et même se passionner pour la mycologie : sa curiosité du vivant et de ce qui l’entoure la poussant toujours plus loin.
L’univers délicat et tendre d’Anne Montel ainsi que l’adaptation de Loïc Clément collent parfaitement au roman, créant une ambiance douce où l’on retrouve toute l’imagination de l’enfance.
Une jolie bande dessinée autour de la curiosité et d’une attention dévorante portée à la nature avec comme personnage principal une petite fille passionnée.
Caroline
Arthur, un jeune ourson, vient d’emménager dans la vallée des Mitaines. Il appréhende la rentrée car il n’a toujours pas développé de pouvoir, au contraire de la plupart de ceux et celles de son âge. Mais dès son arrivée, il apprend qu’un élève a mystérieusement disparu. À l’aide de ses nouveaux et nouvelles camarades, Arthur va se lancer dans une enquête dont il risque de ne pas ressortir indemne.
Quelques pages m’ont suffi pour être happée par l’histoire du Temps des Mitaines. Dès ma rencontre avec Arthur, un jeune ourson un peu timide mais téméraire, j’ai su que j’allais passer un bon moment. Loïc Clément et Anne Montel ont su donner vie à leurs personnages avec une force et une sensibilité surprenantes. On ne peut que s’attacher à ce groupe de jeunes adolescent⸳es tous et toutes plus adorables et amusant⸳es les un⸳es que les autres. De plus, l’intrigue est très prenante et nous entraine au cœur d’une quête dangereuse, dans laquelle nos héro⸳ïnes n’hésitent pas à se jeter les yeux fermés. Et que dire des graphismes ! Le trait est subtil et doux et permet une immersion totale. Le Temps des Mitaines est une BD dans laquelle j’ai pris un grand plaisir à me plonger et qui ravira de nombreux⸳euses lecteurs et lectrices !
Manon
Parce qu’il se retrouve au chômage, le professeur Goupil parcourt les petites annonces… et il faut bien dire que c’est désespérant ! Mais tout à coup, voilà qu’il tombe sur une proposition d’emploi qui pourrait lui convenir : remplaçant du père Noël ! L’offre est à pourvoir très vite, on est le 23 décembre, pensez donc, et puisque personne n’a postulé (tout le monde a cru à une blague), notre héros a la place. Le voici donc parti pour le pôle Nord ! Une de ses premières questions sera forcément de savoir ce qu’est devenu le père Noël. Le vieux bonhomme aurait décidé de prendre quelques vacances, mais est-il vraiment parti très loin ?
Dans ce TRÈS grand album (43 cm de haut !), on va non seulement lire l’histoire pleine d’humour que nous propose Loïc Clément, mais également chercher sur chaque grande planche (et parfois même, double, ce qui donne une illustration de 66 sur 43 cm !) le père Noël, mais aussi d’autres personnages (un panda roux, un crocodile ou encore le Professeur Goupil, héros de l’histoire). On se régale de la multitude des détails des planches d’Anne Montel, on passe du temps à scruter chaque recoin pour retrouver le personnage que l’on cherche et l’on ne se dit pas que le livre n’a plus aucun intérêt une fois tous les personnages trouvés, car ici il y a une chouette histoire à lire.
Gabriel
Et puisqu’on adore les illustrations d’Anne Montel, que son travail du détail sur À la recherche du Père Noël est savoureux, on se régale avec une déclinaison de l’album : le puzzle ! Après avoir cherché les personnages, on va devoir assembler les 200 pièces épaisses de ce grand puzzle (78 x 51 cm !)… et à nouveau jouer au cherche et trouve ! Car, oui, ici encore on va devoir débusquer le père Noël, le Professeur Goupil, le lapin et une chauve-souris. Dans la boîte, on trouvera également un poster (la même image que le puzzle), qui sera du plus bel effet dans une chambre d’enfant.
Gabriel
Le Crafougna ![]() ![]() Texte de Stéphane Servant, illustré par Anne Montel Didier jeunesse 13,10 €, 240×260 mm, 24 pages, imprimé en France par un éditeur éco-responsable, 2012. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Huit saisons et des poussières![]() ![]() Texte de Séverine Vidal, illustré par Anne Montel Orso, dans la collection Impromptu 13,50 €, 185×260 mm, 32 pages, imprimé en Italie, 2014. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Trotte souris ![]() ![]() Texte d’Anne Fronsacq, illustré par Anne Montel Père Castor, dans la collection Mes premières histoires 7,50 €, 185×221 mm, 24 pages, imprimé en Chine, 2014. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Professeur Goupil![]() Texte de Loïc Clément, illustré par Anne Montel Little Urban, dans la collection Premiers romans 8 €, 180×200 mm, 48 pages, imprimé en France, 2017. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Professeur Goupil est amoureux ![]() Texte de Loïc Clément, illustré par Anne Montel Little Urban, dans la collection Premiers romans 8 €, 178×204 mm, 56 pages, imprimé en France, 2018. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Professeur Goupil autour du monde ![]() Texte de Loïc Clément, illustré par Anne Montel Little Urban, dans la collection Premiers romans 8 €, 178×204 mm, 56 pages, imprimé en France, 2019. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Professeur Goupil et les rires qui s’envolent![]() Texte de Loïc Clément, illustré par Anne Montel Little Urban, dans la collection Premiers romans 8 €, 178×203 mm, 54 pages, imprimé en France, 2021. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Miss Charity![]() Scénario de Loïc Clément (d’après le roman de Marie-Aude Murail), dessins d’Anne Montel Rue de Sèvres 16 €, 216×283 mm, 120 pages, imprimé en Belgique, 2019. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Le temps des mitaines – La peau de l’ours![]() ![]() Scénario de Loïc Clément, dessins d’Anne Montel Dargaud 16 €, 213×285 mm, 113 pages, imprimé en Italie, 2020. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
À la recherche du père Noël![]() ![]() Texte de Loïc Clément, illustré par Anne Montel Little Urban 19,50 €, 336×434 mm, 28 pages, imprimé en Chine, 2021. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Puzzle À la recherche du père Noël d’Anne Montel Little Urban 17 €, imprimé en Chine, 2019. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |

Fille des années 80, amoureuse des livres depuis toujours. La légende raconte que ses parents chérirent le jour où elle sut lire, arrêtant ainsi de les réveiller à l’aube. Sa passion des livres, et plus particulièrement des livres jeunesse, est dévorante, et son envie de partage, débordante. Elle est sensible aux mots comme aux images, et adore barboter dans les librairies et les bibliothèques. Elle aime : les albums au petit goût vintage et les romans saisissants, les talentueux Rebecca Dautremer et Quentin Gréban, les jeunes pousses Fleur Oury et Florian Pigé, l’humour d’Edouard Manceau et de Mathieu Maudet, les mots de Malika Ferdjoukh et de Marie Desplechin.