Chants entêtants, odeurs de biscuits, de vin chaud ou de thé bouillant… Sans nul doute, Christmas is coming ! Pour parfaire ce tableau de fêtes, ma sélection de belles pages pour passer Noël au milieu des livres.
ALBUMS
Imagine une ville d’Elise Hurst (texte et illustrations).
Imagine une ville. Mais pas n’importe quelle ville. Celle qui serait la destination d’un long voyage en train. Là-bas, d’interminables rues, aussi longues que les gratte-ciels seraient hauts. Là-bas, des milliers de silhouettes et de visages qui ne ressembleraient pas toujours aux nôtres. Des minois d’hommes et de femmes mêlés aux faciès d’animaux anthropomorphes. Une ville pleine de lieux insolites et de recoins-trésors. Un lieu fabuleux où le végétal se mêle à l’architecture, où la poésie s’immisce dans le quotidien en suggérant, dans le presque silence des pages, que l’oisiveté et la sérénité sont les mots d’ordre du vivre ensemble. Un album – coup de foudre – en noir et blanc au trait griffé qui ravira les amoureux·ses du grand Miyazaki ou du merveilleux Pullman.
D’Eux, 16 €.
Chronique à venir
Fracassante rencontre d’Estelle Vonfeld (texte) et de Giulia Pintus (illustrations)
Dans la ville de monsieur D.Zert, tout le monde est né avec une excroissance végétale sur le crâne. Fleurs sauvages, roses éclatantes, chardons peu avenants… Chaque “végétête” détermine alors le caractère de tout un chacun. Les parents de notre héros semblent quelque peu désemparés après la naissance de leur progéniture. Pas une once de mousse, pas une jeune pousse venant croître sur la tête de leur nouveau-né. Devenu adulte, cet homme si différent vit en reclus dans sa boutique d’oiseaux d’ornement… Un jour, en ouvrant un carton de livraison, voilà qu’il découvre un oisillon fébrile, loin des canons de beauté des espèces qui s’affichent et se pâment en vitrine… Et si cette fracassante rencontre marquait le début d’une amitié ? Voilà donc un album qui aborde de manière bien singulière le thème du rejet et de la différence. Poétiques et tendres, parfois piquantes, ces pages sauront émouvoir les lecteurs et lectrices sensibles à cette amitié forte entre deux êtres qui se ressemblent et s’apprivoisent. Un petit bijou à plumes aussi touchant à lire qu’à regarder.
A2MIMO, 16 €
Chronique à venir
Le Petit Poucet d’Agnès Ledig (texte) et Frédéric Pillot (illustrations).
Il était une fois, un petit garçon plus connu sous le surnom de Petit Poucet… Il est vrai qu’on ne le présente plus tant son histoire a parcouru les siècles. Mais comment poser un regard neuf sur des contes traditionnels tant de fois mis en lumière ? Ici, Agnès Ledig s’empare du texte de Charles Perrault pour le dépoussiérer d’une langue parfois vieillie et moins accessible sans pour autant négliger tout le plaisir des mots et de l’écriture. En écho, les illustrations absolument grandioses de Frédéric Pillot. Chaque page est synonyme d’émerveillement tant il maîtrise son art. Nous nous retrouvons aussitôt tiraillé·es entre l’envie de découvrir la page suivante et celle de rester contempler les moindres détails d’un travail minutieux qui laisse sans voix. Un livre magnifique à découvrir dont la prouesse est de ne jamais céder à l’écueil du déjà-lu ou du déjà-vu.
Flammarion jeunesse,18 €.
Chronique complète sur mon blog
L’Île au Trésor de Robert Louis Stevenson (texte) et d’Étienne Friess (illustrations), Déodat Serval-Théo Varlet (traduction)
Jim Hawkins, Billy Bones, la bande du Chien noir, Long John Silver… Autant de noms qui n’ont rien d’anecdotique puisqu’ils ont marqué l’univers des récits d’aventures et de piraterie… Pour ces fêtes, rien de tel qu’un magnifique classique à offrir pour redécouvrir le très célèbre L’Île au Trésor de Stevenson. Un livre-grimoire absolument somptueux qui joue habilement la carte de l’esthétisme pour combler son lectorat. Enluminures, jolie graphie, volutes dorées, illustrations époustouflantes, nous voilà toutes et tous à bord d’un navire, pris·es par l’envie soudaine et irrépressible d’échappées maritimes et de grands bols d’air sans même trembler à l’idée de croiser quelques corsaires sanguinaires.
Albin Michel, 23,90 €.
Chronique à venir
ALBUM MUSICAL
Saute-la-puce de Thomas Fersen (texte) et Benoît Debecker (illustrations).
Prêt·es à embarquer pour les îles Sandwich? Alors suivez donc Manuel, José et Augusto. Mais leur voyage n’est pas de ceux qui font simplement voir du pays. Si les trois compagnons quittent leur terre natale, c’est avant tout pour une question de survie. Leur métier d’ébéniste ne leur permettant plus de manger à leur faim, ils décident d’aller voir ailleurs si le quotidien est moins pénible. Ces pérégrinations les conduisent alors à croiser de nombreux visages et à renouer avec l’amour du bois et son façonnage. De leurs mains d’or naît un instrument de musique qui va mélodieusement insuffler une véritable petite révolution musicale. Quoi de plus fabuleux que de se laisser conter cette aventure-là par la voix charmante et les notes enjouées du conteur-chanteur Thomas Fersen ? Un délice drôle et enchanté – impertinemment dessiné par Benoît Debecker – bercé par les cordes pincées du frétillant ukulélé.
Margot, 22,90 €.
Chronique à venir
BEAUX LIVRES
Il était 343 fois d’Anne-Florence Lemasson (texte) et de Dominique Ehrhard (illustrations).
Cela pourrait être simplement une histoire de chevalier ou de danseuse construite sur trois volets fragmentant le personnage de la tête au pied… À chaque partie son petit vers poétique pour un portrait haut en couleur autour de chaque personnage qui surgit des pages… Mais cela serait finalement un peu trop convenu. Alors si la magie de la poésie et des pages qui se tournent donnait naissance à des êtres qui bousculent un peu les codes ? Il était 343 fois est un album qui rappelle le travail oulipien de Raymond Queneau. L’exercice est semblable mais toute la beauté de cet ouvrage repose sur l’incroyable association d’illustrations en pop-up. Des pages, surgissent alors une fée à l’armure de chevalière et aux pieds robotisés, un pirate poilu d’une élégance rare dans son tutu. Une belle manière de déconstruire les représentations trop genrées et de s’amuser des associations de mots et d’images. Si la poésie sait sans cesse se renouveler, elle le fait ici à travers des dessins aussi facétieux que les jeux de mots suggérés.
Les Grandes Personnes, 20 €.
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À la recherche du Père Noël, Loïc Clément (texte) et Anne Montel (illustration).
Comme chaque année, décembre est en fête. Tout le monde s’affaire pour préparer Noël et autant dire que nos amis les lutins ne chôment pas. En coulisse, tous et toutes s’agitent pour que les festivités de fin d’année soient belles et fassent pétiller les regards. Mais une disparition inattendue vient bouleverser les rouages pourtant bien huilés de ce mois très agité. Pas de Père Noël à l’horizon… Immense format pour cet album absolument savoureux à lire. À nous de mener l’enquête au fil des pages pleines d’humour de Loïc Clément, dans lesquelles fourmillent mille petits détails soigneusement orchestrés par les talentueux pinceaux d’Anne Montel. Cet album cherche et trouve est une merveille qui promet des moments tendres de lecture et de partage en ces fêtes de fin d’année. De la grande bibliothèque au jardin enneigé, en passant par toutes les pièces du grand atelier, la mission sera d’ouvrir grand les yeux et de retrouver le barbu qui, paraît-il, s’est sacrément bien caché. Un régal !
Little Urban, 19,50 €
Chronique à venir.
ROMAN
La Montagne qui m’a sauvée, de Lauren Wolk.
Ellie quitte sa ville et son quotidien pour une vie au cœur des forêts. Là-bas, tout est à réapprendre. L’occasion ou jamais de vivre différemment et peut-être de prendre goût à un monde dont elle ignorait tout. Changer de vie comme on accepterait une nouvelle peau, délaisser ses chagrins et ses démons comme on abandonne un vieux manteau. Et pour y parvenir, une rencontre puissante avec cette femme de la montagne, cette sorcière qui aura, elle aussi, beaucoup à lui apprendre. Pour le seul roman de ma sélection, il me fallait choisir un titre fort et une héroïne qui impose sa ténacité et sa détermination. Ellie est de ces demoiselles qu’on aimerait croiser sur sa route et qui vous accompagnera durant de très jolies pages où l’entraide et la solidarité ont une place de choix. (Et si comme moi, vous avez un jour eu le superbe La Combe aux loups de Lauren Wolk entre vos mains, c’est avec une impatience non dissimulée que vous vous précipiterez sur ce dernier roman.)
École des Loisirs, 18 €.
Chronique à venir.
BD
Birdy Melody, de David Périmony (texte et illustrations).
Une belle histoire d’oiseaux amoureux vite séparés par de tristes mésaventures. Face à ce chaos, une rencontre lumineuse avec une jeune musicienne fait de sa présence une protection — aussi douce que du coton — pour celle qui reste seule à défendre vaillamment l’œuf si précieux. Aussi fort·es et prudent·es qu’ils ou elles soient, les personnages auront impérativement besoin, au cœur des marais tortueux, d’ouvrir l’œil tant le mal peut, à tout moment, prendre un nouveau visage.
David Périmony récidive après sa très belle ouverture symphonique portée par son premier album Billy Symphony. Entre pleines pages illustrées et découpages audacieux, s’enchaînent les rocambolesques rebondissements d’une aventure qui fait quelques clins d’œil au tome précédent tout en s’émancipant de ses premiers choix narratifs et graphiques. Et si une douceur évidente émane des premières planches, la tonalité flirte avec des notes plus graves qui font douloureusement écho à des périodes sombres de l’Histoire. Les loopings de notre volatile intrépide se transforment soudainement en une odyssée de guerrière, de battante.
Les éditions de la Gouttière,16 €.
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Les Strates de Pénélope Bagieu (texte et illustrations).
Carnet moleskine, cadenassé par l’élastique. Les pages. Ses strates. Et comme toutes celles qui sont autobiographiques, inévitablement les nôtres. La vie, dans toute sa splendeur écorchée. La vie, par petites superpositions de moments qui peuvent sembler anodins mais qui remplissent durablement le carnet de nos existences. Cet album ne fait que renforcer toute la sincère estime que j’éprouve face à son parcours, face à la profonde sincérité qui émane de cette artiste. Lire Les Strates, c’est évidemment y trouver des échos et des miroirs, des aveux de faiblesse, des déclarations d’estime à celle ou celui qu’on a pu être avant de glisser vers la vie d’adulte. Un album au ton qui n’appartient qu’à elle, qui n’a pas que la légèreté des êtres à raconter et qui donne une envie furieuse d’acheter un carnet pour remplir à notre tour ces pages-strates pleines de souvenirs à consigner.
Gallimard, 22 €.
Chronique complète sur mon blog.
Dans la tête de Sherlock Holmes (Diptyque) de Benoît Dahan (auteur) et Cyril Lieron (illustrations).
Et si, le temps d’une lecture, vous aviez l’occasion d’entrer dans la tête du plus célèbre des détectives, connu pour se remuer les méninges et résoudre les plus grandes enquêtes grâce à son talent et son flair légendaires? Après le succès considérable de premier tome, cette fin d’année nous offre un beau cadeau pour les lecteurs et lectrices impatient·es de découvrir le second opus. Ni une ni deux, n’hésitez plus pour rendre doublement heureux en déposant ces albums savoureux au pied du sapin !
Ankama, 14,90 €
Chronique à venir.
J’aime les gens qui doutent, aller voir ailleurs si j’y suis, oublier le temps dans une librairie, boire du vin et du thé, entretenir mon goût démesuré pour les petites listes… Amoureuse du cinéma de Miyazaki, des chansons de Pierre Lapointe, des pinceaux de Mélanie Rutten, des BD de Renaud Dillies, de la poésie de Vinau, des livres illustrés et des romans qui bousculent avec de jolis mots.