Aujourd’hui, on a rendez-vous avec Annelore Parot qui vient de sortir Petit Ouistiti découvre les formes Chez Casterman puis c’est un libraire, Louis de la croisée des mondes à Paris — ma librairie préférée —, qui nous parle d’un livre.
L’interview du mercredi : Annelore Parot
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
J’ai fait des études d’arts appliqués pour devenir dessinatrice textile, ce qui m’a permis de travailler dans le tissu d’ameublement, puis j’ai glissé vers les affiches de théâtre, la communication visuelle, je me suis rapprochée de l’univers de l’enfance, de fil en aiguille j’ai fait un premier livre chez Nathan, puis un deuxième, ça fait maintenant plus de 20 ans que j’illustre des livres pour la jeunesse chez de nombreux éditeurs.
J’aimerais que vous nous parliez de Petit Ouistiti découvre les formes, l’album que vous venez de sortir chez Casterman ?
Petit Ouistiti et Grand Ours Blanc sont invités à l’anniversaire de Lion, en chemin ils vont rencontrer des formes : une flèche pour indiquer la direction, un losange qui est un cerf-volant, des étoiles dans le ciel et bien sûr la coupe au carré (un peu bizarre !) de Lion !! C’est une façon amusante d’aborder des notions simples et pour un tout-petit c’est bien plus parlant !
Des albums sur les formes il y en a beaucoup, mais celui-ci est vraiment original, comment avez-vous travaillé sur cet album ?
L’originalité de cet album réside dans sa narration, les textes de Coralie Saudo racontent une histoire tout en abordant des notions (les contraires, les lettres, les couleurs, etc.) on sort de l’imagier pur et dur.
Coralie a travaillé les textes, puis l’éditrice de Casterman me les a soumis, j’ai essayé de créer un univers tendre et doux pour les petits, tout en restant très vigilante avec le sujet du livre : les formes ! Il s’agit de trouver le bon dosage entre l’histoire (personnages, décors) et les formes (le sujet du livre), ne pas faire passer l’un devant l’autre, ne pas noyer notre sujet. C’est un travail qui s’est fait à trois, l’éditrice, l’autrice et moi, avec de nombreux aller-retour, et si le résultat vous plaît, j’en suis ravie !
J’ai découvert votre travail avec Quand un enfant s’endort, où vous illustriez le texte de Malika Doray, ici vous illustrez le texte écrit par Coralie Saudo qui est également illustratrice. Est-ce que ça change quelque chose de travailler avec des illustratrices, interviennent-elles dans votre travail ?
De façon générale j’adore travailler en binôme, que ce soit avec un·e auteur·trice ou une illustratrice, c’est très enrichissant ! Sur la collection Petit Ouistiti j’ai eu des échanges téléphoniques avec Coralie que je ne connaissais pas, on a calé des éléments graphiques ensemble, elle m’a laissée très libre tout en me guidant quand j’hésitais, c’était fluide.
Avec Malika c’est un peu différent, on se connaît depuis longtemps, on est amies ! Quand on a travaillé sur Quand un enfant s’endort c’était un véritable ping-pong, on a pensé le livre en image dès le départ. Nos réunions de travail étaient truffées de bouts de papier, de scotch et de gribouillis, on n’a pas besoin de plus pour se comprendre, on se parle en images, en gestes, ça bouillonne ! On a d’ailleurs fait plusieurs livres ensemble, j’ai adoré !
Quelles techniques d’illustrations utilisez-vous ?
Ça dépend du sujet, de la façon dont j’ai envie de le traiter. Je commence par faire des crayonnés et quand j’ai le livre bien en tête je cherche la technique la plus appropriée. J’ai travaillé pendant longtemps à la palette graphique pour revenir finalement aux techniques traditionnelles. Les possibilités de correction sont infinies avec un ordinateur, ça a fini par m’ennuyer… quand j’ai passé plusieurs heures à construire une image, à la dessiner au crayon et que je passe à l’encre, au « rendu », j’ai un peu le trac, je dois contrôler ma respiration, ma posture, je n’arrive plus à dessiner sans cette petite dose d’adrénaline ! Le « contrôle Z » m’ennuie terriblement.
Pour la collection Petit Ouistiti, j’ai travaillé tous mes dessins à l’encre de Chine, puis j’ai fait la coloration sur Photoshop, ça reste malgré tout un outil très pratique pour peaufiner une image !
Est-ce qu’il y a un conte ou une thématique que vous rêvez d’illustrer ?
Je rêvais d’illustrer Alice au Pays des Merveilles, j’ai eu l’occasion de le faire en Pop-Up avec les éditions Milan. Maintenant j’aimerais illustrer des textes plus engagés, moins mignons peut-être, ça va venir, les livres se font au gré des rencontres…
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Je lisais beaucoup de BD, des classiques, j’étais complètement addict aux albums de L’espiègle Lili (que lisait ma mère quand elle était enfant), à l’adolescence j’ai lu des romans mais sans grande passion et puis en seconde j’avais à lire Le Rouge et le Noir, j’y suis allée à reculons, Stendhal, le 19e siècle, 600 pages… ça a été une révélation, c’est le livre qui m’a fait entrer dans la lecture, depuis je n’ai pas arrêté, je lis beaucoup et de tout, sur une île déserte j’emporterais une librairie !
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Avec Sébastien Perez qui est un ami, nous sommes passionnés de potagers, de nature. Il y a deux ans on a eu envie de faire un livre sur nos jardins pour raconter aux enfants comment fonctionne le vivant. Le projet a germé dans le jardin de Seb, Flammarion jeunesse nous a suivis dans cette aventure, Le Jardin de Basilic est né comme ça ! Je travaille actuellement sur le quatrième tome qui sortira au printemps prochain, j’apprends plein de choses, c’est passionnant, en parallèle je prépare un livre sur les Kokeshi (ces poupées japonaises avec lesquelles j’avais fait plusieurs livres il y a dix ans chez Milan), il devrait sortir en 2022, pour l’instant je n’en dis pas plus, c’est un peu secret !
Bibliographie sélective :
- Série Petit Ouistiti, illustration de textes de Coralie Saudo, Casterman Jeunesse (2020-2021).
- Série Le Jardin de Basilic, illustration de textes de Sébastien Pérez, Père Castor (2021).
- Berceuses et jeux de doigts, illustration de chansons de Rémi, Formulette Productions (2020).
- Dans la lune, illustration d’un texte d’Alice Brière Haquet, Gautier Languereau (2019).
- 7 jours et après, illustration d’un texte d’Alice Brière Haquet, Thomas Scotto (2019).
- Boucle d’or, texte et illustrations, Milan Jeunesse (2018).
- Série Rue des copains, illustration de textes de Sylvaine Jaoui, Albin Michel Jeunesse (2016-2018).
- Quand un enfant s’endort…, illustration d’un texte de Malika Doray, La Martinière Jeunesse (2016), que nous avons chroniqué ici.
Ce livre-là… Louis (Librairie La croisée des Mondes)
Ce livre-là… Un livre qui touche particulièrement, qui marque, qu’on conseille souvent ou tout simplement le premier qui nous vient à l’esprit quand on pense « un livre jeunesse ». Voilà la question qu’on avait envie de poser à des personnes qui ne sont pas auteur·trice, éditeur·trice… des libraires, des bibliothécaires, des enseignant·e·s ou tout simplement des gens que l’on aime mais qui sont sans lien avec la littérature jeunesse. Cette semaine, notre invité est Louis de la Librairie La croisée des Mondes.
La Princesse guerrière, d’Alexander Utkin chez Gallimard BD.
Ce titre est pour ainsi dire la suite du Roi des oiseaux, paru en 2020, mais peut être lu de façon indépendante. Ces deux magnifiques albums sont le fruit du travail d’Alexander Utkin, auteur russe publié en France aux éditions Gallimard. Les Contes de Gamaïoun, selon leur titre original, plongent le lecteur au cœur de mythes et légendes issus du folklore russe. Porté par un style graphique charmant, chaque livre contient plusieurs contes qui seront narrés par Gamaïoun, sorte d’oiseau magique à tête humaine qui adore raconter des histoires à qui veut bien prendre la peine de les lire.
Ce nouvel album contient deux contes : « Vassilissa et la poupée » et « les Pommes d’or ».
À la manière d’un puzzle, l’auteur éparpille différents éléments de son récit. Ainsi les contes du premier et du second livre se croisent et certains personnages apparaîtront dans les deux.
Seront sur le devant de la scène dans « La Princesse guerrière » : une jeune fille essayant de sauver son père malade des griffes d’une méchante belle-mère, l’effrayante sorcière Baba Yaga, un courageux prince, une souris voleuse de pommes, des hommes-arbres, un vil serpent, un oiseau-nagaï et bien sûr, une princesse guerrière !
À l’issue de ce deuxième tome, certaines histoires restent encore incomplètes, on espère donc pouvoir nous plonger très vite dans un troisième opus !
Louis est l’un des libraires de la super librairie — c’est ma librairie préférée — La croisée des mondes qui vient de fêter son premier anniversaire.
La librairie est située au 304 rue de Belleville dans le XXe arrondissement de Paris.
Retrouvez la librairie sur son site : https://librairielacroiseedesmondes.fr mais également sur Facebook (https://www.facebook.com/librairielacroiseedesmondes) et sur Instagram (https://www.instagram.com/librairielacroiseedesmondes).

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !