Une fois par mois, avec Véronique Soulé, nous mettons en avant deux invité·es lié·es par un livre. Cette fois-ci, c’est l’album Puisette et Fragile, sorti au Seuil Jeunesse, qui nous a fait réunir les autrices Laure Poudevigne et Estelle Olivier et l’illustrateur Samuel Ribeyron. Les premières sont mes invitées pour l’interview, le second répond à la rubrique (sonore !) Du tac au tac de Véronique Soulé.
L’interview du mercredi : Laure Poudevigne et Estelle Olivier
J’aimerais que vous nous présentiez Puisette et Fragile, un album singulier qui vient de sortir au Seuil et que vous nous disiez comment est née cette histoire, ce projet.
Estelle Olivier : Puisette & Fragile est au départ une aventure de spectacle vivant. Laure est comédienne et je suis danseuse. Nous avions envie de créer un spectacle à deux cœurs et quatre mains pour la scène. Il y avait les contraintes initiales, qui ont finalement fait la richesse de cette pièce : je ne suis pas comédienne, je m’exprime par le mouvement. Le geste est mon médium de départ. Laure n’est pas danseuse, elle vibre par le texte. Nous avions envie toutes les deux d’aller vers la discipline de l’autre, de frotter nos moyens d’expression. C’est un peu ça, aussi, l’histoire de Puisette & Fragile.
Je crois que le point de départ fut la lecture d’un texte de Jules Supervielle, L’enfant de la haute mer, qui m’a bouleversée. Il y avait finalement dans cette très belle nouvelle beaucoup d’éléments en germe de Puisette & Fragile : la prépondérance de la mer, la présence d’une enfant, la solitude… Je suis allée voir Laure avec le livre en lui signifiant mon coup de cœur. Elle l’a lu. Nous en avons beaucoup discuté et étions d’accord que la mélancolie et la tristesse qui émanent de l’écriture de Supervielle ne nous semblaient pas adaptées à un jeune public. Nous avons alors creusé, lu d’autres textes, des albums jeunesse et l’histoire de Puisette et de son phare blanc à rayures s’est esquissée doucement. L’actualité mondiale dans laquelle nous étions projetées, au moment de l’écriture du spectacle, en 2017, a orienté également cette histoire. De là est né le personnage de Fragile.
Nous avons passé du temps à écrire toutes les deux, côte à côte, dans différents lieux qui nous ont accueillies en résidence de création. Puis, très vite, nous avons confronté le texte à la scène : nous avons joué, testé, éprouvé. Le texte est clairement né d’allers-retours entre la table et le plateau.
Une création de spectacle vivant c’est toute une équipe, une collaboration de différents corps de métier. Nous avons travaillé avec un musicien (Sylvain Robine), qui a fait la composition musicale du spectacle, avec une créatrice lumières (Sonya Perdigao), avec un regard extérieur (Juliette Pradelle), avec des costumier·ières et bien sûr, dès le départ, avec Samuel Ribeyron qui a signé la scénographie et le visuel du spectacle.
Le spectacle a été créé en 2017 dans sa forme en autonomie (sans création lumière) : nous avons commencé à le jouer dans des écoles, des médiathèques… puis en février 2018, nous avons pu faire la création lumières et l’avons dès lors joué dans des théâtres. Nous tenons à ces deux formes pour que nous puissions toucher le plus d’enfants et de publics possible.
C’est après que le spectacle a tourné durant plusieurs mois que Samuel est revenu vers nous pour nous proposer de faire un album tiré du spectacle.
Laure Poudevigne : Je crois que Puisette et Fragile sont vraiment arrivées par la mer. La mer, près de laquelle je vis, d’ailleurs. Elles sont arrivées après de belles et vivifiantes lectures. Estelle avait lu l’Enfant de la haute mer de Supervielle, voilà le point de germination. Toutes parlant de phares, toutes parlant de tempêtes, toutes parlant des hommes et des femmes qui s’en approchent, y vivent où la traversent. Et nous voulions en parler de ces hommes de ces femmes.
Alors, elles sont arrivées, Puisette et Fragile, et on les a placées sur la scène d’un théâtre sans rien du tout autour d’elles au départ, que l’idée d’un carton, que le désir que j’avais de dire des mots saugrenus, et le désir d’Estelle de danser l’étrangeté.
Au départ était la scène, cette fable que nous rêvassions de la table au plateau.
Advint l’histoire que nous trouvions ensemble, pas à pas, les mots du phare portés par Estelle, les mots de Puisette que j’étais en charge d’écrire avec le plaisir d’avoir à les dire ensuite, la langue de corps de Fragile dessinée par Estelle au plateau, et qui continue à danser dans le livre…
Ensuite sont arrivés les doigts de fée de Samuel qui a été notre scénographe. Qui a créé autour de nous le monde de Puisette et Fragile. Le phare de bois à rayures, les vagues qui se plient et se déplient, les mouettes à suspendre dans le ciel du théâtre, le soleil et la lune qui tournent comme un pendule, les poissons en laine qu’on peut arroser. Samuel a mis le nez dans l’histoire de Puisette et de Fragile et ses idées ont nourri la fable de ces deux là.
Ensuite la pièce a tourné et tourné, devant des enfants et des grands… et puis Samuel est venu nous chercher, parce que cette aventure nous faisait sans cesse des appels du pied pour venir s’installer sur les pages, c’était comme évident. Il a fallu que le théâtre se retire sur la pointe des pieds du texte, qu’il laisse à Puisette et Fragile l’encre, les couleurs et le papier.
Mais du théâtre est resté l’oralité, la situation, de la danse est resté le langage étrange et silencieux de Fragile. Et tout naturellement, c’est la BD qui est venue à Samuel, comme vecteur le plus juste à raconter l’histoire.
Comment s’est passée la collaboration avec Samuel Ribeyron ? Êtes-vous intervenues sur son travail ?
Estelle Olivier : J’ai rencontré Samuel en 2016 alors que je menais un projet de cirque-danse dans un collège de l’Isère autour du travail d’Amélie-les-Crayons, qui venait en fin d’année donner un concert. La professeure d’arts plastiques avait invité Samuel, qui crée les visuels d’Amélie-les-Crayons, dans les classes : nous avons imaginé et construit avec lui les accessoires du spectacle de cirque (des crayons géants qui servaient à faire des équilibres, des parapluies, des arrosoirs farfelus…). J’ai découvert alors le travail de Samuel par le prisme de son lien à Amélie-les-Crayons.
Quelques mois plus tard, nous commencions le projet de Puisette & Fragile ; j’ai parlé de Samuel à Laure, lui ai montré son travail. Nous étions sous le charme de son univers. Coup gonflé : je décide de l’appeler, sans grand espoir. Vous savez, c’est ces moments où on y va au culot parce qu’on n’a rien à perdre… J’ai appelé Samuel — persuadée qu’il allait décliner notre offre : « Bonjour Samuel, tu sais on est une petite compagnie… on n’a pas beaucoup d’argent… on crée un nouveau spectacle… tu voudrais bien être notre scénographe ? ». Et il a dit oui !
La collaboration a commencé ainsi. Nous lui avons parlé du projet, envoyé des extraits de ce que nous avions écrit, parlé de nos envies. Ce qui a été tout de suite hyper stimulant c’est que Samuel nous a fait des retours sur l’histoire, sur le texte, sur la cohérence, la faisabilité. Ce n’était pas juste une collaboration de scénographe. Ensuite il a dessiné des croquis en amenant tellement de nouvelles idées de « bricolette » ! Comme l’histoire de la lune et du soleil qui tournent pour signifier le temps qui passe… Nous nous sommes mis d’accord sur le décor et il s’est lancé, très vite, dans la réalisation du phare. Il a bricolé dans son grenier. Il avait un cahier des charges serré : un phare à rayures, en bois, à notre taille (nous faisons toutes les deux 1,62 m… il fallait qu’il soit sur mesure), pas trop lourd et surtout démontable ! Nous devions pouvoir le transporter en tournée et il fallait qu’il résiste aux multiples montages et démontages…
Puis Samuel étant très demandé, sur plein de projets différents, il a dessiné et pensé l’univers du spectacle, les couleurs, les costumes et nous avons dû les faire réaliser par quelqu’un d’autre. Faute de temps pour lui.
Il a vu le spectacle fini assez tardivement, en octobre 2018 alors que nous étions programmées au Théâtre de Vienne. Peu de temps après, Samuel nous a recontactées en nous parlant de son envie de créer l’album. C’était un peu un rêve d’enfants qui se réalisait ! Nous avons fait une nouvelle résidence d’écriture pour adapter le texte du spectacle à l’écrit. Puisette était très bavarde… Il a fallu sélectionner des moments de l’histoire, en laisser d’autres, réfléchir à comment faire transparaître sur le papier tous les moments de danse de Fragile. Et à la fois, l’album ouvrait des mondes possibles par rapport à ce qui nous limitait au plateau : la machine à créer les nuages par exemple, est une invention de Samuel qui n’existe pas dans le spectacle, hélas… À ce moment-là, je me suis vraiment appuyée sur l’expertise de Samuel : il savait ce qui pouvait être mis en dessin, ce qui allait parler au lecteur. Je lui faisais totalement confiance. La première fois qu’il nous a envoyé le chemin de fer de l’album c’était très grisant et très perturbant : notre histoire mise en dessin ! Le personnage que j’incarnais à la scène depuis deux ans m’échappait un peu. Il avait sa vie propre et il me fascinait. On a eu ensuite plusieurs échanges sur des questions de texte notamment : Samuel nous proposait des changements, nous y réfléchissions toutes les deux, acceptions certaines propositions et en déclinions d’autres, celles qui nous semblaient être la saveur du texte, la « substantifique moelle ».
C’est pendant cette bulle très étrange que fut le 1er confinement que nous avons appris que le Seuil allait éditer l’histoire de Puisette et Fragile… C’était au-delà de nos rêves les plus fous ! J’avais du mal à y croire… Samuel a retravaillé sur l’album et nous a envoyé la version colorisée : le rose, absent du spectacle, faisait son apparition et venait adoucir l’univers tranché de Puisette. J’étais émerveillée. C’était comme si cette histoire ne m’appartenait plus, comme si c’était quelqu’un d’autre qui l’avait écrite… Je la re-découvrais. Il m’arrive aujourd’hui de relire l’album en ne regardant que les détails, en me focalisant sur Pingouin par exemple et je ris beaucoup… Samuel a su capter absolument le monde de Puisette et de Fragile. Fragile a désormais sa vie d’être de papier, indépendante de moi. Et c’est drôle quand des personnes qui ont vu le spectacle me disent qu’elles me retrouvent dans la Fragile de l’album.
Laure Poudevigne : Nous avions beaucoup interagi, nous avions beaucoup échangé. Au moment de la création du spectacle, et puis pendant les tournées. Il y a eu différents projets. Samuel est venu créer un film d’animation sur Puisette et Fragile, dans une école auprès d’enfants qui avait vu notre spectacle. Nous avions déjà beaucoup travaillé autour de cette histoire et concernant Puisette et Fragile, nous nous faisions la confiance que se feraient de vieux amis. Samuel qui avait fait la scénographie, avait toutes les couleurs toutes les énergies et toute la sensibilité de l’histoire entre les doigts.
Samuel, a travaillé de son côté, et chaque croquis, chaque planche qu’il nous envoyait était pour moi un émerveillement, car il y avait tout à chaque fois, du sensible et du vrai, le cœur de ce que nous voulions porter avec cette histoire. Je pense qu’il l’a comprise au-delà de tout.
Nous avons parfois réfléchi ensemble, sur la nécessité d’une double page silencieuse, sur une expression dont l’oralité devait être revue pour la lecture, pour passer du texte de bouche au texte de papier, de la façon la plus juste.
Pouvez-vous, chacune, nous raconter votre parcours ?
Estelle Olivier : J’ai commencé la danse très tôt, à 4 ans, et cette appétence pour le corps en mouvement ne m’a jamais quittée. J’ai rencontré le théâtre enfant aussi, un de nos oncles nous écrivait des pièces que nous jouions Laure et moi, embarquant nos grands frères qui se prêtaient avec plus ou moins de bonne volonté à nos jeux. J’ai poursuivi la danse et le théâtre jusqu’à mes études. J’ai passé un bac littéraire puis ai fait une classe préparatoire de Lettres (hypokhâgne/khâgne) au Lycée Joffre de Montpellier, en option philosophie. Je continuais à danser à côté bien sûr et l’idée d’en faire un (vrai) métier m’a toujours taraudée… J’ai enchaîné avec une année de philosophie à l’université, qui me laissait la possibilité de suivre, avec Laure, une formation pré-professionnelle de théâtre. J’ai ensuite poursuivi mes études de Lettres Modernes — après avoir obtenu ma licence de philosophie — à l’École Normale Supérieure de Lyon où j’ai passé, je crois, plus de temps dans le studio de danse et au théâtre Kantor qu’en cours… Après mon Master et ayant obtenu mon CAPES de Lettres, j’ai commencé à enseigner le français… et très vite cela m’a rendue très malheureuse. Je ne m’y sentais pas à ma place. J’ai été affectée en Corrèze où j’ai rencontré une chorégraphe avec laquelle j’ai travaillé ce qui a achevé de me convaincre que je voulais danser, professionnellement.
J’ai alors suivi une formation d’écriture du mouvement Benesh au CNSM de Paris, durant deux ans, en faisant des allers-retours tous les mois entre la Corrèze et Paris. Je suis partie alors vivre en Turquie pour des raisons personnelles. Ça m’a permis de faire le point sur ma vie : j’ai quitté l’Éducation Nationale, ai passé mon Diplôme d’État en danse contemporaine et, en rentrant, je me suis lancée dans une carrière de danseuse. Aujourd’hui je mêle paroles et gestes dans mes créations. Je travaille avec mon corps au plateau mais suis aussi amenée à travailler comme dramaturge, assistante de mise en scène, metteuse en scène… Mon travail me remplit et me réjouit. Je mesure la chance que j’ai de faire un métier que j’aime !
Laure Poudevigne : On peut dire que ça a toujours été les mots. Ça c’est sûr, comme dirait Puisette. Depuis toute petite. Beaucoup d’histoires, à dire, à jouer, ça, c’est le fait des enfants. Beaucoup d’amour pour le langage, au bord de l’océan au Brésil, au bord de la Méditerranée en France. J’aimais les poèmes, surtout ceux qu’on compose en secret sur la balançoire le dimanche après-midi. Et puis quand c’est qu’il a fallu décider de moi, j’ai suivi des classes préparatoires et la faculté toujours auprès de cette chère vieille littérature. Et puis j’ai planté la faculté pour le théâtre, suivi une école, puis une autre au Danemark, qui résonnait de langues de toutes l’Europe. Le théâtre, est devenu ma vie, où c’est qu’on peut dire et se taire, mais où ça fait toujours langage et sens. Ensuite, il y a eu d’autres enfants, les miens, et la source des mots a continué à clapoter, et notamment lors de l’écriture de Puisette et Fragile, où les babillements de ma petite m’ont tant inspiré de poésie.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Estelle Olivier : Enfant, je crois ne pas avoir eu de lectures très originales… Quand je vois l’offre actuelle de littérature jeunesse je regrette vraiment de ne pas y avoir eu accès ! Du coup, je me rattrape, je lis ces ouvrages maintenant, à mon âge !
J’ai été très marquée par l’album Les souris à la plage, allez savoir pourquoi. Je garde un souvenir terrorisé de toutes ces petites sandales emportées par la marée… Abonnés à J’aime lire avec mon frère, nous dévorions les Tom-Tom et Nana dans nos lits. Je crois que j’ai appris à lire avec ça. J’ai lu la série des Martine — je me souviens avoir adoré Martine découvre la musique (si j’ai joué du violoncelle plus tard, Martine y est pour quelque chose). J’ai été une grande adepte du Club des cinq. Je crois que je m’identifiais fortement à Claudine et trouvais Annie insupportable… Quand j’y pense, ces lectures étaient tellement genrées ! Je pense qu’aujourd’hui je ne pourrais en lire deux pages sans être exaspérée et ne suis pas sûre de vouloir les faire lire à des enfants… Il y a un livre jeunesse qui m’a vraiment marquée : Marie-Canète Reporter d’E. Jacquet et S. Jansem. Je crois que plus que l’écriture en elle-même, c’est le rituel de lecture dont je me souviens : à chaque fois que nous nous retrouvions avec Laure, elle me lisait ce livre, on regardait les images ensemble. Même quand j’étais bien assez grande pour lire, je voulais toujours que ce soit elle qui lise, je voulais entendre sa voix — c’est drôle, quand j’y pense, je me dis que ça a peut-être orienté nos vies futures et la répartition des rôles : elle parlant, moi dansant. C’était un peu notre petit mystère du soir, à la lampe de poche : Marie-Canète et son journal intime. On avait l’impression de partager un secret. On a dû le lire des milliers de fois !
À l’adolescence, j’ai commencé à lire tous azimuts : les romans policiers d’Agatha Christie, des classiques, des pièces de Racine en vers, de la poésie. J’ai été révoltée avec l’Antigone d’Anouilh. Je me souviens d’un jour, je devais avoir 11 ou 12 ans, j’avais laissé Le Parfum de Süskind que j’étais en train de lire, sur ma table de chevet. Mon grand-père nous avez rendu visite et, en voyant l’ouvrage dans ma chambre, c’était offusqué : « Ce n’est pas de la littérature pour jeunes filles ! ». Je crois que ça achevé de me convaincre qu’il n’y avait pas de « littérature pour jeunes filles » comme dirait Beauvoir. Balayé d’un revers de main toutes les Martine et autres héroïnes mièvres et soumises. La Littérature avec un grand « L » m’ouvrait grand ses portes !
Laure Poudevigne : C’est une question pas facile, alors je vais faire comme Puisette, je vais m’organiser, je vais vous livrer mes lectures marines, ça sera mon fil, avec Charlotte et Henri des Belles Histoires, et leurs vacances au bord de la mer, Les Contes bleus du chat perché (bon là je triche un peu), Les enfants de Noé, de Jean Joubert, Pierre et Jean de Maupassant, et la partie de pêche dans les varechs qui fut mon oral du bac, et puis en vrac, la Normandie de Flaubert, les bains à Balbec de Proust, Vers le phare de Virginia Woolf, Les passagers du vent de Bourgeon, la méditerranée, de Stendhal, de Gaudé, Océan mer de Baricco, et récemment, grande enfant que je suis, Lost and found d’Oliver Jeffers, si tu veux voir une baleine, de Julie Fogliano…
Puisette et Fragile est votre premier album, travaillez-vous déjà sur un autre livre ? D’autres projets ?
Estelle Olivier : La parution en album de Puisette et Fragile a été pour moi un des accidents heureux de la vie, sans que je n’y sois vraiment préparée. Nous pensons bien sûr à d’autres spectacles à créer ensemble ; Laure écrit de son côté. Quant à moi, je me suis lancée — depuis la création du spectacle Puisette & Fragile — dans plusieurs autres projets de scène : j’ai créé @2, un road trip chorégraphié à vélo mêlant danse et verticalité, qui a été bien bousculé par la crise sanitaire et a fini par voir le jour en 2021. Je suis en train de finaliser une création à destination du très jeune public, Jardin, un duo dansé. Et je lance tout juste une nouvelle création autour du doute, qui s’appellera Hic sunt dracones.
Toute cette histoire de parution s’est finalement passée très vite et je crois que je n’ai pas encore totalement conscience qu’on a écrit cet album avec Laure. Samuel a été confronté au public en allant faire des dédicaces ; il a plus l’habitude que nous. Pour moi, c’est comme si tout ça se vivait dans un monde parallèle. Je cours de résidences en tournées et j’ai peu de temps de repos. Je n’ai pas eu vraiment le temps de me poser pour savoir si je voulais écrire un autre album avec Laure, même si j’adorerais réitérer l’expérience ! Alors pourquoi pas ?
Laure Poudevigne : Entre temps, j’ai écrit plusieurs pièces pour le théâtre. Pour la jeunesse, pour les enfants un peu grands, j’écris dinosaure, une pièce, qui questionne l’identité et le genre à travers l’histoire de Mu. C’est un éloge libre et fantastique à tous ceux qui dépassent quand ils colorient et se font des trous aux genoux, aux filles et aux garçons qui grandissent dans le monde et n’aiment pas qu’on les coince dans des cases. D’abord c’est une pièce, peut-être ça sera un nouvel album ?
Bibliographie :
- Puisette et Fragile, album illustré par Samuel Ribeyron, Seuil Jeunesse (2021), que nous avons chroniqué ici.
Du tac au tac… Samuel Ribeyron
Une fois par mois, Véronique Soulé (de l’émission Écoute, il y a un éléphant dans le jardin) nous propose une capsule sonore, Du tac au tac. Avec la complicité du comédien Lionel Chenail, elle pose des questions (im) pertinentes à un·e invité·e que nous avons déjà reçu·e sur La mare aux mots. Aujourd’hui, c’est Samuel Ribeyron qui répond à ses questions à l’occasion de la sortie de l’album Puisette et Fragile.
Samuel Ribeyron est auteur, illustrateur et décorateur pour le cinéma d’animation. Son dernier ouvrage, Puisette et Fragile , écrit par Laure Poudevigne et Estelle Olivier (voir interview ci-dessus) est sorti le 3 septembre au Seuil Jeunesse.
Bibliographie sélective :
- Puisette et Fragile, illustration d’un texte de Laure Poudevigne et Estelle Olivier, Seuil Jeunesse (2021), que nous avons chroniqué ici.
- La bergère aux mains bleues, illustration d’un texte de Pierre-Luc Granjon et de chansons d’Amélie-les-crayons, Margot (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Dix ans tout juste, collectif, HongFei Cultures (2017).
- La bête de mon jardin, illustration d’un texte de Gauthier David, Seuil Jeunesse (2017), que nous avons chroniqué ici.
- La papote, illustration d’un texte de Yannick Jaulin, Didier Jeunesse (2015), que nous avons chroniqué ici.
- La moufle, illustration d’un texte de Christine Palluy, Milan (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Ce n’est pas très compliqué, texte et illustrations, HongFei Cultures (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Super Beige, le retour, illustration d’un texte de Pierre-Luc Granjon, Le vengeur Masqué (2011), que nous avons chroniqué ici.
- Le grand papa et sa toute petite fille, illustration d’un texte de Cathy Hors, Milan (2011), que nous avons chroniqué ici.
- Super Beige, texte et illustrations, Le vengeur Masqué (2011), que nous avons chroniqué ici.
- Beau voyage, livre-DVD, texte, illustrations et réalisation, éditions-coRRidor (2010), que nous avons chroniqué ici.
- Salade de fruits, texte et illustrations, HongFei Cultures (2010), que nous avons chroniqué ici.
- Pi, Po, Pierrot, illustration d’un texte de Chun Liang Yeh, HongFei Cultures (2010), que nous avons chroniqué ici.
- Yllavu, illustration d’un texte de Gambhiro Bhikkhu, HongFei Cultures (2008, puis 2015), que nous avons chroniqué ici et là.
- 38 perroquets, illustration d’un texte de Grigori Oster, Points de suspension (2006), que nous avons chroniqué ici.
- Comptines anglaises et américaines, Didier jeunesse (2005), que nous avons chroniqué ici.
- Les deux maisons, illustration d’un texte de Didier Kowarsky, Didier jeunesse (2004), que nous avons chroniqué ici.
Retrouvez Samuel Ribeyron sur son site : http://www.samuelribeyron.com.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !