Maison Eliza c’est la jeune maison d’édition qui fait le plus parler d’elle en ce moment. Forcément, on eu envie d’en savoir plus en posant des questions à ses fondateur.trice.s. Ensuite, je vous propose de vous glisser avec moi dans l’atelier de Matthieu Maudet ! Bon mercredi à vous.
L’interview du mercredi : Flora Prevosto, Pauline Basset et Johan Dayt de Maison Eliza
Comment est né Maison Eliza ?
Flora Prevosto : L’idée de créer une maison d’édition jeunesse n’est pas nouvelle et fait son petit bonhomme de chemin depuis quelques années dans nos têtes. Nous sommes depuis longtemps passionnés par les livres pour enfants et c’est d’abord en tant qu’auteurs et illustrateurs que Pauline et Johan font leurs premiers pas dans le monde de l’édition, en 2014. Puis après avoir mis un pied dans le milieu, ils ont des idées plein la tête, rêvent de prolonger l’aventure et me proposent de monter notre propre maison d’édition. Nous travaillons pendant plus d’un an sur le projet et en septembre 2016, l’aventure prend forme avec la sortie de nos premiers livres en librairie !
Vous vous définissez comme une maison d’édition solidaire et responsable. Comment cela se traduit-il ?
Nous souhaitons en effet être solidaires dans notre démarche. Nous voulons que nos livres soient accessibles au plus grand nombre et pour cela, nous avons décidé de mettre en place l’action suivante : pour 5 livres vendus, Maison Eliza offre 1 livre à un enfant qui a peu accès à la culture. Comment faites-vous, nous direz-vous ? Eh bien nous mettons en place des partenariats avec différentes associations. Par exemple, nous venons de donner des livres neufs aux enfants hospitalisés à l’Hôpital Robert Debré à Paris via l’association « Des rêves et des actes ». Si vous connaissez d’ailleurs des associations à la recherche de dons de livres, n’hésitez pas à nous contacter.
Il nous semblait également important d’être attentifs à l’impact écologique de notre projet. Ainsi, nous faisons imprimer nos livres en France ou Europe proche (en Espagne et en Italie) et sur du papier issu de forêts gérées durablement.
Pouvez-vous nous présenter les personnes qui travaillent à Maison Eliza et quels sont leur rôle ?
Notre petite équipe est composée de trois personnes :
• Pauline Basset est directrice éditoriale
• Johan Dayt est responsable de la fabrication
• Et moi-même, Flora Prevosto. Je suis en charge de la communication et du marketing.
Quels sont vos parcours respectifs ?
Aucun d’entre nous n’avait d’expérience dans le monde de l’édition. Nous venons tous les trois de parcours très différents mais nous avons la chance d’avoir des compétences complémentaires et des goûts similaires : Pauline a un parcours de styliste de mode pour enfant, de graphiste et d’illustratrice. Johan est tailleur de pierre de formation mais est également illustrateur. Et pour ma part, je viens du monde des langues et de la communication.
Quand vous étiez enfant, quelles sortes de livres lisiez-vous ? Et quel était votre livre préféré ?
Flora : Ma mère étant bibliothécaire en section jeunesse, j’ai baigné toute mon enfance dans les albums illustrés notamment ceux de l’école des loisirs. J’aimais particulièrement la série des Tromboline et Foulbazar de Claude Ponti ou les livres de Claude Bougeon comme La brouille. Les jeux de mots de Pef dans La belle lisse poire du Prince de Motordu restent aussi un souvenir marquant.
Pauline : Mes parents sont très bédéphiles. J’ai donc été biberonnée aux BD mais si je dois citer un album préféré, je dirais Le plus grand livre du monde de Richard Scarry ed. Albin Michel Jeunesse qui reste mon 1er souvenir de livre jeunesse.
Pouvez-vous nous présenter vos différentes collections ? Quelle est votre ligne éditoriale ?
Chez Maison Eliza, nous proposons des livres colorés, avec un graphisme de qualité et soignés jusque dans les moindres détails et qui transmettent, tout en délicatesse, des valeurs telles que la tolérance, l’amitié, la confiance en soi… le tout enrobé de poésie et d’humour.
Nous avons à ce jour 3 collections :
• La collection Menthe à l’eau s’adresse aux petits à partir de 3 ans et l’idée est de susciter la curiosité, l’envie d’apprendre et de rire chez les plus petits à travers animaux, bestioles et toutous en tout genre. Une belle façon d’appréhender les premières découvertes de la vie.
• La collection Pistache c’est une pointe d’humour dans un océan de poésie ou une histoire farfelue à la portée des enfants et des passionnés. Cette collection s’adresse aux enfants dès 4 ans.
• La collection Corail est une collection de livres de voyage qui permet de découvrir chaque pays par une balade poétique à travers ses paysages, ses cultures, ses recettes… pensée et illustrée pour toute la famille.
Vous avez publié un très joli livre sur l’Italie, qui s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes, et qui propose une découverte du pays à travers sa culture, ses paysages, son architecture. Est-ce le premier d’une série de livres de voyage ?
Merci, c’est effectivement un ouvrage un peu différent. C’est une balade tout en aquarelle à travers les régions italiennes. Nous pensons qu’il peut plaire à toute la famille et susciter le goût du voyage. Chacun peut se plonger dedans avant, pendant ou après le voyage. L’idée est de continuer la série avec d’autres destinations. L’Espagne est le prochain pays que nous avons choisi d’aborder (il devrait sortir en février 2018).
Pouvez-vous nous dire un mot des prochaines parutions chez Maison Eliza ?
Dès la rentrée, nous allons sortir un bel album intitulé C’est toi mon papa ? de Elsie W. Right et Giordano Poloni, sur un petit robot qui part à la recherche de son papa dans une ville « rétro-futuriste » très colorée. Puis, en octobre, vous pourrez retrouver la suite des aventures de Mizu et Yoko. Dans ce nouvel épisode, Mizu veut apprendre à voler. Mais va-t-il y arriver ?…
Pour le reste du catalogue, nous sommes en train de travailler sur 4 autres projets dont certains d’auteurs et illustrateurs avec lesquels nous avons déjà eu le plaisir de collaborer. Nous vous en dirons plus d’ici quelques mois.
Déjà sorti chez Maison Eliza :
- Adèle, de Bérengère Mariller (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Péripéties d’une pêche impromptue, d’Anne Defreville (2017).
- Une Italie, de Johan Dayt (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Monsieur Martin, de Caroline Attia (2017).
- La grande inconnue, de Pog et Maurèen Poignonec (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Chichi Poilu, de Lenia Major et Caroline Ayrault (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Un lion très coquet, de Valérie Weishar-Giuliani et Lili la baleine (2016).
- Mizu et Yoko – Tout seul, de Laurie Cohen et Marjorie Béal (2016), que nous avons chroniqué ici.
Quand je crée… Matthieu Maudet
Le processus de création est quelque chose d’étrange pour les gens qui ne sont pas créateur.trice.s eux-mêmes. Comment viennent les idées ? Et est-ce que les auteur.trice.s peuvent écrire dans le métro ? Les illustrateur.trice.s dessiner dans leur salon devant la télé ? Peut-on créer avec des enfants qui courent à côté ? Faut-il de la musique ou du silence complet ? Régulièrement, nous demandons à des auteur.trice.s et/ou illustrateur.trice.s que nous aimons de nous parler de comment et où ils.elles créent. Cette semaine, c’est Matthieu Maudet qui nous parle de quand il crée.
Alors… c’est simple et c’est compliqué.
Et puis, ça dépend si on parle de dessins ou de textes.
Le dessin, c’est le plus simple pour moi. Je fais ça depuis que je suis petit.
Si j’ai un texte, ma tête fabrique des images.
C’est simple.
Mais je sais pas vraiment comment ça se passe à l’intérieur…
Sans doute un gros mélange entre : des dessins que j’ai déjà fait, des souvenirs, des mots, des ambiances, des dessins d’autres personnes, du nombre d’enfants qui crient dans le bureau, des films, des promenades, de la musique, de ce que je suis en train de manger, des photos, mon humeur.
Faudrait regarder tout ça au scanner pour voir…
Pour la partie visible, je prends un crayon et c’est parti, c’est un peu flou, un peu de travers, mais souvent l’idée est là, parfois même, ces dessins seront ceux que l’on retrouvera dans le livre.
Si ça ne m’évoque rien, soit c’est pas le bon moment et je réessaie plus tard, soit ce n’était pas un texte pour moi, pas grave, je passe à autre chose.
Parfois, ça redevient compliqué au moment de choisir la technique pour finaliser les illustrations. L’imbrication des crayonnés, de l’histoire et de ce qu’on veut dire par le rendu même du dessin prend du temps. C’est un moment où j’ai besoin de nourriture visuelle, de ne pas être dans l’urgence. Mais pas trop relâché quand même. Il faut être aux aguets. Ouvrir les yeux, grands. Ensuite, je fais des essais qu’on ne verra et ne soupçonnera même pas une fois le livre terminé. Une fois trouvé LE dessin, la bonne idée, ça redevient simple.
Enfin… sauf si on n’a plus trop envie de dessiner…
Là, il faut trouver l’astuce. La musique qui donne l’élan, l’émission de radio sur laquelle se fixer pendant que mes mains travaillent, les deux seules heures de travail disponibles dans une journée… Trouver mon rythme pour ce projet.
Pour l’écriture, c’est autre chose. En fait, non, c’est exactement pareil.
Mais pour moi c’est moins immédiat.
En général, ce n’était pas vraiment un texte. Plutôt une idée.
Une idée de livre, directement.
Donc pas de complication avec les mots, l’idée est là.
C’est simple.
Quand j’y pense un peu trop, je note l’idée dans un carnet.
Parfois, ça me permet de ne plus y penser.
Parfois, c’est le contraire. J’ai envie de continuer, de dessiner les personnages, de crayonner toute l’histoire, voir si ça tient ou pas.
Quand les textes sont plus longs, c’est plus compliqué.
Il faut que je trouve le temps à accorder uniquement à cette idée. Quand je sais que je vais avoir plusieurs heures de train, par exemple.
J’emmène 2-3 idées à avancer. Je crayonne. J’écris. Ça m’a souvent permis de débloquer, de consolider ou d’associer des histoires. D’en trouver des nouvelles.
Mais ça ne marche pas à tous les coups.
Ça serait trop simple !
Matthieu Maudet est auteur et illustrateur.
Bibliographie sélective :
- Y’a un loup !, texte et illustrations, L’école des loisirs (2017).
- Le piège parfait, illustration d’un texte de Gilles Baum, Seuil Jeunesse (2017).
- Disparais !, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, L’école des loisirs (2017).
- Les chaussettes, texte et illustrations, L’école des loisirs (2016).
- Un enfant parfait, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, L’école des loisirs (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Bonjour Pompier, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, L’école des loisirs (2016).
- Nous quand on sera grand, illustration d’un texte de Jean Leroy, L’école des loisirs (2015).
- Le pirate et le roi, illustration d’un texte de Jean Leroy, L’école des loisirs (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Ab et Cé, texte et illustrations, L’école des loisirs, que nous avons chroniqué ici.
- uvre-moi ta porte, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, L’école des loisirs (2014).
- Le ça, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, L’école des loisirs (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Un jeune loup bien éduqué, illustration d’un texte de Jean Leroy, L’école des loisirs (2013), que nous avons chroniqué ici.
- La croccinelle, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, Frimousse (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Papy, illustration d’un texte de Jean Leroy, L’école des loisirs (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Bonjour facteur, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, L’école des loisirs (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Bonjour docteur, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, L’école des loisirs (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Le moustoc, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, Frimousse (2011), que nous avons chroniqué ici.
Retrouvez Matthieu Maudet sur son blog : http://matthieumaudet.blogspot.fr.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !