Je joue, sorti chez La Martinière Jeunesse, est un livre d’activités aussi intelligent que beau, j’ai eu envie d’en savoir plus sur sa créatrice, Pascale Bonenfant. Puis, je vous propose de partir en vacances avec un illustrateur dont j’adore le travail, Gérard DuBois. Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Pascale Bonenfant
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
L’illustration d’album jeunesse est relativement récente pour moi. Je suis enseignante en graphisme depuis une douzaine d’années et j’ai consacré la majeure partie de mon temps à cet emploi, mais en parallèle, je n’ai jamais cessé de dessiner, d’écrire et de participer à différents projets de création. J’ai, entre autres, une passion pour les fanzines et l’autopublication a été pour moi un terrain de jeu extraordinaire avant de passer à l’édition professionnelle.
Présentez-nous votre album Je joue qui vient de sortir chez De la Martinière Jeunesse après être sorti à La courte échelle au Québec.
Je joue, initialement publié sous le titre Rou joue ! au Québec, est un album pour nommer, deviner et imaginer, à mi-chemin entre l’imagier et le livre jeu. L’enfant peut prendre plaisir à regarder les images tout seul, mais le livre prend son véritable sens lorsque le parent joue avec son enfant. C’est un livre pour discuter et échanger avec les tout-petits. Il aborde plusieurs thèmes et apprentissages essentiels pour les enfants de 3 à 5 ans et la plupart des jeux du livre sont conçus pour permettre aux lecteurs d’extrapoler. Un parent et un enfant imaginatifs peuvent s’y amuser un long moment. D’ailleurs, ce n’est pas forcément la meilleure lecture avant d’aller au lit ;^)
Qu’est-ce qui est arrivé en premier, les dessins ou l’histoire ?
Le projet m’a été proposé de façon presque synchronistique, alors que j’accumulais dans mes carnets secrets, des idées de jeux à illustrer que j’espérais transformer en livre. On peut dire que l’invitation de La courte échelle tombait à point. J’ai tout de suite été emballée par ce projet qui faisait converger mes intérêts pour l’illustration, l’écriture et la pédagogie.
Ce sont d’abord les thèmes à aborder selon le public visé et les idées de jeux qui ont été mis sur la table. Carole, l’éditrice, et Julie, la directrice artistique, m’ont fourni une liste de suggestions que j’ai amalgamées à mes idées pour créer une vingtaine de jeux. J’ai rédigé les textes et fais des esquisses pour créer une maquette crayonnée du livre. Nous avons ensuite travaillé ensemble pour corriger, bonifier, clarifier et bien adapter le livre à la clientèle. Ce fut un processus enrichissant qui, une fois terminé, m’a permis de réaliser les illustrations finales avec une certaine tranquillité d’esprit.
Comment avez-vous travaillé sur cet album ?
Personnellement, j’adore les étapes de conception et d’esquisse. C’est la partie la plus savoureuse du travail de création, j’y prends un réel plaisir. La réalisation des illustrations finales est pour moi plus exigeante. Je travaille lentement. Les dessins sont faits à l’aquarelle et au crayon, parfois même en pièces détachées. Je numérise ensuite le tout pour faire le travail de composition et de retouche des couleurs à l’ordinateur. Honnêtement, c’est un peu lourd et j’y réfléchis beaucoup ces temps-ci. Pour mes prochains livres, je souhaiterais privilégier le travail fait à la main, assouplir mon style et simplifier ma méthode de travail.
Où trouvez-vous votre inspiration ?
Partout. Les idées apparaissent souvent dans les moments les plus inopportuns… À l’épicerie, chez le dentiste, en vacances… Je griffonne souvent sur de petits bouts de papier que je consigne ensuite dans mes carnets. Je peux y consigner une couleur de cheveux, un mot étrange, une scène observée dans l’autobus, le visage d’un personnage. Il y a beaucoup de n’importe quoi dans ces carnets, mais j’y retrouve parfois de bons éléments.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Nous avions très peu de livres à la maison, mais j’ai été marqué par un classique de la littérature jeunesse américaine, Le livre des mots de Richard Scarry. Enfant, mon père nous faisait des séances de devinettes à partir de ce livre et son univers a clairement influencé mon travail. J’ai aussi lu du Disney en quantité et plus tard, des romans de la série d’horreur Frissons, très populaire au Québec dans les années 90. Adolescente, je n’étais pas une grande lectrice, j’ai découvert le plaisir de lire sur le tard, vers l’âge de 16 ans.
Des projets que l’on découvrira prochainement ?
Je travaille présentement sur un nouveau livre pour les tout-petits qui aborde avec joie le sujet des dégâts ! Le thème nécessite une approche plus spontanée, ce qui me donne la chance d’explorer de nouvelles techniques. J’ai aussi un projet de roman graphique qui est sur la glace depuis un certain temps, mais je compte bien le remettre en tête de ma liste prochainement.
Bibliographie :
- Je joue ! — Un livre d’activités pour nommer, compter, imaginer…, texte et illustrations, La Courte Échelle (2019) et La martinière Jeunesse (2020).
- Le parapluie jaune, illustration d’un texte de Lili Chartrand, La Courte Échelle (2011).
Le site de Pascale Bonenfant : http://pascalebonenfant.blogspot.com.
En vacances avec… Gérard DuBois
Régulièrement, nous partons en vacances avec un·e artiste. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais moi j’adore partir comme ça avec quelqu’un, on apprend à la·le connaître notamment par rapport à ses goûts… cet·te artiste va donc profiter de ce voyage pour nous faire découvrir des choses. On emporte ce qu’elle·il veut me faire découvrir. On ne se charge pas trop… Des livres, de la musique, des films… sur la route on parlera aussi de 5 artistes qu’il·elle veut me présenter et c’est elle·lui qui choisit où l’on va… 5 destinations de son choix. Cette fois-ci, c’est avec Gérard DuBois que nous partons ! Allez, en route !
5 albums jeunesse :
- Heinrich Hoffmann, Struwwelpeter
- Histoire de Babar
- André François, Roland
- Histoire de l’art, Paul Cox
- The Slant Book, Peter Newell
5 romans :
- Céline, Voyage au bout de la nuit
- James Baldwin, La chambre de Giovanni
- McCarthy, La trilogie des confins
- Gary, La vie devant soi ou Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable
- Dostoievski, Crime et châtiment
5 DVD :
- Once upon a time in the west, Leone
- Mon oncle, Tati
- The Party, P.Sellers
- I, Daniel Blake, Loach
- Tenue de soirée, Blier (ou n’importe quel Dardenne et, ou, Audiard fils).
5 CD :
- Overkill, Motörhead
- Hand it over, Dinosaur Jr
- The Ooz, King Krule
- Push the sky away, Nick Cave
- Smoke ring for my halo, Kurt Vile
5 artistes :
- Balthus
- Farah Atassi
- Goya
- Hockney
- Morandi
5 lieux :
- Strand bookstore à NY
- Le restau L’anecdote à Montréal.
- Le musée/maison d’Edward Gorey à Cape Cod
- Ti Beudeff à l’ile de Groix
- Marconi Beach à Wellfleet
Gérard DuBois est auteur et illustrateur
Bibliographie (sélective) :
- Comptines de la mère l’Oie, illustration, Grasset Jeunesse (2019).
- J’aimerais, illustration d’un texte de Stéphanie Demasse-Pottier, L’Étagère du bas (2019).
- Voici Colin, illustration, Le lièvre de Mars (2018).
- Au-delà de la forêt, illustration d’un texte de Nadine Robert, Comme des géants (2016) et Seuil Jeunesse (2017), que nous avons chroniqué ici.
- On aurait dit, illustration d’un texte d’André Marois, Comme des géants, Montréal (2015) et Seuil Jeunesse (2016)
- Enfantillages, texte et illustrations Gérard DuBois, Rouergue Jeunesse (2015).
- Un verger dans le ventre, illustration d’un texte de Simon Boulerice, La Courte Échelle (2013) et Grasset Jeunesse sous le titre Un pommier dans le ventre (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Arlequin, Charlot, Guignol & Cie, illustration d’un texte de Bénédicte Rivière, Actes Sud Junior (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Henri au jardin d’enfants, texte et illustration, Seuil Jeunesse (2008).
- Riquet à la houppe, illustration d’un texte d’André Marois, Les 400 Coups (2000).
- Ma victoire sur Cauchemar, illustration d’un texte de Jean-Loup Craipeau, Nathan (1998).
- Le livre de la nuit, illustration d’un texte de Marie-Francine Hébert, La Courte Échelle (1998).
Le site de Gérard DuBois : https://www.gdubois.com.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !