Pour la sixième année, cet été encore, on vous propose une rubrique que vous aimez beaucoup (et nous aussi !), Du berger à la bergère. Tous les mercredis jusqu’à la rentrée, ce sont des auteur·trices et des illustrateur·trices qui posent trois questions à une personne de leur choix. Puis c’est à l’interviewé·e de poser trois questions à son tour à son intervieweur·euse d’un jour. Après Elsa Oriol et Marie Sellier, Gaël Aymon et Sandrine Beau, Isabelle Wlodarczyk et Aline Pallaro Lacroix, Bruno Pilorget et Véronique Massenot, cette semaine c’est au tour de Christine Roussey qui a choisi de poser ses questions à Émilie Chazerand.
Christine Roussey : Renard ou sanglier ?
Émilie Chazerand : Quelle question : sanglier, bien sûr ! C’est presque mon animal totem : grâce racée, poil dru, petite foulée athlétique inoubliable… c’est tout moi ! Et quand j’ai la chance d’en croiser un, dans la forêt de mon village, je deviens tout à fait folle et sautillante. Peu de créatures sont plus mignonnes qu’un marcassin. Mes enfants, à la rigueur. Et encore, ça dépend vraiment des jours…
Christine Roussey : Un jour il s’était passé un truc mais je sais plus quoi tu t’en souviens ?
Émilie Chazerand : Un jour on est monté dans un arbre, tout en haut, tout tout en haut. Ça a mis longtemps et je grognais pas mal, parce que j’ai un peu le vertige et beaucoup la paresse. Mais toi, t’étais rudement volontaire et tu m’encourageais avec la pédagogie et l’enthousiasme d’un maître-chien. Et, finalement, à la dernière branche, on s’est cogné au plafond du ciel. On était au max du max. On a réalisé que les oiseaux volaient plus bas que nous et c’était pas rien, comme découverte. La vue était drôlement jolie, si jolie qu’y avait de l’émotion et que je me suis mouchée dans une feuille. Les gens étaient comme des petits pois et les maisons, des legos. Et puis on a eu faim, mais on avait oublié les sandwichs radis/mozzarella dans le sac, au pied de l’arbre. (Oui, bon, c’est moi qui avais oublié, d’accord, mais ça encombrait !) Donc on est redescendu et on n’a jamais raconté cette journée à personne. Parce qu’on a le goût du secret, toi et moi.
Christine Roussey : Si j’enfile mes bottes et toi aussi, on part à 10h, on arrivera quand ?
Émilie Chazerand : Pfiou, on arrivera jamais, je crois bien. Parce que, déjà, on ne sait pas où on doit aller, au juste. Nous, ce qui nous plaît, c’est le trajet, le parcours, pas la destination. Ça, ça compte pas tellement. Mais le plaisir de se perdre, le temps libre, les ruisseaux, les fleurs, les oiseaux et les copains-pas-encore-copains-mais-bientôt-copains croisés en chemin, ça, c’est important. Et puis en bottes, toutes les routes sont possibles et envisageables : c’est la VTT des chaussures !
Émilie Chazerand : Tu vas planter quoi, dans ton jardin, à part des taupes ?
Christine Roussey : Arf pour l’instant je plante mes yeux et j’essaie de comprendre comment le sauvage fonctionne ici.
C’est très différent du sauvage de l’Est d’où je viens.
Par exemple on a paillé et réalisé une haie de benjes le long du ruisseau en bons élèves de la biodiversité en danger…
Le problème c’est que nous sommes dans un environnement TRÈS humide et que nous avons ainsi créé des refuges à tiques…
BREF pour l’instant on plante rien… on SE plante beaucoup 😉
Et sinon quand on sera devenu un peu moins débutants je rêve d’aller cueillir des petits pois et de la camomille dans mon jardin 😉
Je t’attends pour la tisane !
Émilie Chazerand : Le dernier rêve dont tu te souviens bien, il s’y passait quoi ?
Christine Roussey : J’ai rêvé que j’adoptais un cochon et que je comprenais tout quand il parlait !!!!!!!!!!!!!!!!
Émilie Chazerand : Le livre dont tu serais l’héroïne, il raconterait quoi, y aurait qui, dedans, et il finirait comment ? (oui ça fait trois questions en une seule mais je suis gourmande !)
Christine Roussey : En toute humilité, j’aurais une cape, un legging à paillettes, une couronne qui claque et des cheveux de petit poney (je sais pas encore trop bien de quelle couleur).
Il raconterait qu’on s’en sort de ces gros cataclysmes, écologiques, sociaux, politiques.
Y’aurait plein de gens dedans, des gens qui pensaient pas qu’ils pouvaient être dans un livre, des gens qui s’en foutraient, des gens qui se croyaient les plus forts et qui se feraient casser les dents, des gens gentils et même des méchants, des gens de rien du tout qui voudraient juste pas que leurs enfants et leurs petits enfants finissent en poulets rôtis ou sous des bombes ou noyés dans la Méditerranée.
Ça finirait bien, hyper bien, tellement bien qu’un bisounours aurait la nausée en refermant le bouquin.
Et ce livre sentirait la guimauve, mais c’est pas grave parce qu’elle serait certifiée Nature et progrès la guimauve et qu’elle donnerait pas de caries.
Bref… ce serait un conte, une légende… une histoire pour les enfants…
Bibliographie sélective de Christine Roussey
- Série Promesses, texte et illustrations, De la Martinière jeunesse (2020-2021), que nous avons chroniqué ici et là.
- Mes moments doux, texte et illustrations, De la Martinière jeunesse (2020-2021), que nous avons chroniqué ici.
- 6 histoires de Mirabelle & Viandojus, texte et illustrations, De La Martinière Jeunesse (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Mon cochon dingue, texte et illustrations, De La Martinière Jeunesse (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Sous mon arbre, illustration d’un texte de Jo Witek, De la Martinière Jeunesse (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Le manchot qui en avait marre d’être pris pour un pingouin, illustration d’un texte de Nicolas Digard, Nathan (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Allez, au nid !, illustration d’un texte de Jo Witek, De la Martinière Jeunesse (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Dans mon potager automne, illustration de textes d’Alain Ducasse, Ducasse édition (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Mes petits cadeaux, illustration d’un texte de Jo Witek, De la Martinière Jeunesse (2017), que nous avons chroniqué ici.
- L’album de mon bébé, textes et illustrations, De La Martinière Jeunesse (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Mon lapin patate, texte et illustrations, De La Martinière Jeunesse (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Crotte !, illustration d’un texte de Davide Cali, Nathan (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Ma petite chambre, illustration d’un texte de Jo Witek, De la Martinière Jeunesse (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Mon chat boudin, texte et illustrations, De la Martinière Jeunesse (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Mes petites peurs, illustration d’un texte de Jo Witek, De la Martinière Jeunesse (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Mon chien qui pue, texte et illustrations, De la Martinière Jeunesse (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Ma boîte à petits bonheurs, illustration d’un texte de Jo Witek, De la Martinière Jeunesse (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Wilo et Mi, la légende de La Grise, illustration d’un texte de Séverine Vidal, L’élan vert (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Dans mon petit cœur, illustration d’un texte de Jo Witek, De la martinière Jeunesse (2013).
- Les bras de papa, rien que pour moi, illustration d’un texte de Jo Witek, De la martinière Jeunesse (2012).
- Les cocottes à histoires, illustration de textes d’Agnès de Lestrade, Milan (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Toi dedans, moi devant : Le ventre de maman, illustration d’un texte de Jo Witek, De la martinière Jeunesse (2011), que nous avons chroniqué ici.
Son site : http://www.christineroussey.com.
Bibliographie sélective d’Émilie Chazerand.
- Souris, maman !, roman, Sarbacane (à paraître le 25 août).
- Annie au milieu, roman, Sarbacane (à paraître le 25 août).
- Chiens, album illustré par Naomi Wilkinson, Marcel et Joachim (2021).
- Amour et confettis, album illustré par Aurélie Guillerey, Sarbacane (2021).
- Marie-Verte, album illustré par Marion Arbona, Sarbacane (2021).
- Comment j’ai changé ma sœur en huître (et une huître en ma sœur), roman illustré par Joëlle Dreidemy, Sarbacane (2020).
- La société des pépés à adopter, roman illustré par Joëlle Dreidemy, Sarbacane (2019).
- La fourmi rouge, roman, Sarbacane (2017).
- Le génie de la lampe de poche, roman illustré par Joëlle Dreidemy, Sarbacane (2017).
- Série Suzon, albums illustrés par Amandine Piu, Gulf Stream éditeur (2017-2021), que nous avons chroniqués ici et là.
- Y en a qui disent…, album illustré par Maurèen Poignonec, L’élan vert (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Le bébé s’appelle Repars, album illustré par Isabelle Maroger, Gautier-Languereau (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Les papas de Violette, album illustré par Gaëlle Soupard, Gautier-Languereau (2017), que nous avons chroniqué ici.
- L’horrible madame mémé, album illustré par Amandine Piu, L’élan vert (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Jean-Jean à l’envers, album illustré par Aurélie Guillerey, Sarbacane (2016), que nous avons chroniqué ici.
- La petite Sirène à l’huile, album illustré par Aurélie Guillerey, Sarbacane (2015), que nous avons chroniqué ici.
Son site : https://www.emiliechazerand.com.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !