Aujourd’hui, deux invité·es pour un même livre : le très très drôle Dynamythes : 20 histoires mythologiques dont on parle sans le savoir sorti chez Casterman. On a tout d’abord rendez-vous avec l’illustrateur de l’ouvrage, Benoit Perroud, puis c’est l’autrice Annelise Heurtier qui inaugure notre nouvelle rubrique (sonore !), Du tac au tac par Véronique Soulé. Bonne lecture, bonne écoute et bon mercredi !
L’interview du mercredi : Benoit Perroud
Parlez-nous de votre parcours
Je suis né à Bois-Colombes (92) mais j’ai passé la majeure partie de mon enfance dans le Haut-Doubs, près de Pontarlier.
Après avoir obtenu un Bac A3 (littéraire, Option arts plastiques), je rentre à l’École des Beaux-Arts de Besançon. Durant mon cursus de 5 années d’études en communication visuelle, j’expérimente beaucoup de techniques et de disciplines différentes : dessin, peinture, sculpture, gravure, sérigraphie, graphisme, vidéo, illustration.
Pour l’examen de fin d’année, je décide de créer de A à Z un album jeunesse : de l’écriture de l’histoire à la mise en page, de la création d’une police de caractères spécialement conçue pour ce projet aux illustrations réalisées en peinture. Ce projet a pour titre « Ombroglios ». Il me permettra d’obtenir mon diplôme et deviendra l’année suivante, après quelques ajustements, un titre de la collection Hurluberlu chez Didier Jeunesse : Fulbert et le tailleur d’ombres, paru en 1999, est mon premier album en tant qu’auteur et illustrateur. Parallèlement à cette activité, je suis directeur artistique dans une agence de publicité à Paris. Mais mon goût pour l’illustration est plus fort que tout et je me lance en freelance à partir de 2001. Depuis, je travaille sur des commandes d’illustrations pour des romans jeunesse, des documentaires ou des albums (Actes Sud Junior, Milan, Nathan, Bayard, La Martinière Jeunesse, Belin, Le pommier, Sarbacane, Mango, Tourbillon, Gautier-Languereau).
J’ai écrit et illustré une dizaine d’albums (L’île du Géant Repos, Sarbacane en 2008, Prince en pince, La Martinière Jeunesse en 2014, Drako, Chocolat Éditions en 2018.) et réalisé deux BD pour un public plus adulte (L’être effervescent, Les oiseaux de passage en 2004 et Grigridédé, Actes Sud L’an2 en 2008).
Je vis et travaille à Besançon.
Vous venez d’illustrer Dynamythes, pouvez-vous nous parler de ce livre ? La mythologie grecque me suit depuis un petit moment. En 2017, j’ai illustré un livre, Mythique Panthéon, sur le thème des mythes grecs. J’ai imaginé nombre de projets ayant un rapport avec les héros de la mythologie. D’ailleurs, mon prochain album, qui sortira en septembre chez Milan, reprend un passage célèbre de l’Odyssée d’Homère où Ulysse est confronté au terrible cyclope Polyphème.
Pour Dynamythes, la spécificité a été pour moi d’illustrer avec humour et décalages, propres à l’écriture d’Annelise Heurtier, les différents mythes qui existent encore dans nos expressions de tous les jours. J’ai donc cherché à rester fidèle au ton employé par l’autrice tout en apportant une touche personnelle humoristique et proche de la cible visée : les ados. J’ai adoré chercher des idées pour ce recueil et j’ai aussi appris beaucoup de choses : par exemple, une antonomase est un nom propre utilisé comme un nom commun (ex. : un dédale).
Comment avez-vous travaillé sur cet ouvrage, avez-vous fait des recherches ?
J’ai travaillé avec de la doc essentiellement glanée sur le web. Mais ce qui est passionnant dans la mythologie grecque, au-delà des éléments iconographiques existants, c’est qu’il y a une liberté folle dans l’interprétation graphique des différents protagonistes : créatures, demi-dieux, monstres et autres nymphes. Je pense que la mythologie grecque constitue une véritable mine d’or en termes de créations graphiques. La richesse de ses univers permet de s’ouvrir à un immense panel de possibilités imaginaires.
Quelles techniques d’illustrations utilisez-vous ?
Pour ce livre, j’ai utilisé un mélange de travail aux crayons et de couleurs sur Photoshop. À la demande de l’éditeur, j’ai travaillé sur un rendu en bichromie avec deux teintes pantone orange et bleu pour l’intérieur. J’aime bien partir d’une « contrainte » graphique, cela m’oblige à être plus synthétique dans ma démarche artistique.
Plus généralement, je change très souvent de techniques : je passe du dessin au trait avec une mise en couleurs sur Photoshop à des illustrations traditionnelles à la plume, à l’aquarelle ou à l’acrylique. En fait, j’évite de m’ennuyer en me limitant à un seul outil. C’est pourquoi, selon les projets, j’adapte ma technique et mon outil de travail.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescent ?
J’ai un souvenir ému de Petit Jaune et Petit Bleu de Léo Lionni. Avec mon fils, je replonge encore souvent dans l’univers tendrement anxiogène de Max et les Maximonstres de Maurice Sendak. Plus tard, je suivais les aventures de Tom Tom et Nana dans J’aime Lire. Adolescent, je lisais Roald Dahl (Charlie et la chocolaterie) et surtout des bandes dessinées : j’étais un grand fan de Gotlib et de ses Rubriques à Brac, que je recopiais maladroitement.
Quelques mots sur vos prochains ouvrages ?
Comme je l’ai dit plus haut, mon prochain album concerne encore la mythologie grecque : Ylusse et le Cyclope (oui, « Ylusse » et non pas Ulysse ! Ça a son importance !) paraîtra en septembre prochain aux éditions Milan. C’est une parodie du célèbre passage de l’Odyssée, qui m’a toujours fait rêver quand j’étais enfant. J’ai écrit et illustré cette histoire pour les enfants à partir de 6 ans. Cette fois, le petit personnage de l’histoire se tire d’une mauvaise passe en dessinant le portrait du Cyclope et de ses moutons. Comme quoi, le dessin peut être parfois utile !
Bibliographie sélective :
- Ylusse et le Cyclope, texte et illustrations, Milan (2020).
- Dynamythes : 20 histoires mythologiques dont on parle sans le savoir, illustration d’un texte d’Annelise Heurtier, Casterman (2020).
- Big Bang Boy Destination… Lune !, illustration d’un texte de Capucine Lewalle, Mango (2020).
- Dix défis de dino, illustration d’un texte de Mymi Doinet, Belin (2019).
- Pêche à l’arc, illustration d’un texte d’Anne Cortey, Mango jeunesse (2019).
- Ali Blabla, illustration d’un texte d’Emmanuel Trédez, Didier Jeunesse (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Coline ou les couleurs du temps, illustration d’un texte de Yannick Jaulin, Marmaille et compagnie (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Le livre des vrai faux de l’Histoire, illustration de textes de Gérard Dhôtel, De la Martinière Jeunesse (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Prince en pince, texte et illustrations, De la Martinière Jeunesse (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Les bêtes biscornues, saugrenues, toutes nues, illustration de textes de Jean-Baptiste de Panafieu avec Lucie Rioland, Gulf Stream (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Le livre des vrai/faux des animaux, illustration de textes de Gérard Dhôtel, De la Martinière jeunesse (2013).
Du tac au tac… Annelise Heurtier
Une fois par mois, Véronique Soulé (de l’émission Écoute, il y a un éléphant dans le jardin) nous propose une capsule sonore, Du tac au tac. Avec la complicité du comédien Lionel Chenail, elle pose des questions (im)pertinentes à un·e invité·e que nous avons déjà reçu·e sur La mare aux mots. Pour cette première, c’est Annelise Heurtier qui répond à ses questions.
- Dynamythes : 20 histoires mythologiques dont on parle sans le savoir, recueil d’histoires illustré par Benoît Perroud, Casterman (2020).
- Chère Fubuki Katana, roman, Casterman (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Le plus beau des colliers, album illustré par Elisa Caroli, Casterman (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Envole moi, roman, Casterman (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Trois frères pour un seul trésor, album illustré par Judith Gueyfier, Rue du Monde (2016).
- La couronne, album illustré par Andrea Alemanno, Alice Jeunesse (2016).
- Le complexe du papillon, roman, Casterman (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Danse Hinatea !, album illustré par Élice, Au vent des îles (2015).
- Refuges, roman, Casterman (2015)
- Série Charly Tempête, romans, Casterman (2013-2014), que nous avons chroniqués ici, là et ici.
- Là où naissent les nuages, roman, Casterman (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Combien de terre faut-il à un homme ?, album illustré par Raphaël Urwiller, Thierry Magnier (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Babakunde, album illustré par Mariona Cabassa, (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Sweet Sixteen, roman, Casterman (2013), que nous avons chroniqué ici.
- On n’a rien vu venir, roman collectif, Alice Jeunesse (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Bertille au chocolat, roman illustré par Élice, Alice Jeunesse (2012).
- La fille aux cheveux d’encre, roman illustré par Princesse Camcam, Éditions Casterman (2012) que nous avons chroniqué ici.
- Le carnet rouge, roman, Casterman (2011), que nous avons chroniqué ici.
Retrouvez Annelise Heurtier sur son blog.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !