Une fois par mois, avec Véronique Soulé, nous mettons en avant deux invité·es lié·es par un livre. Cette fois-ci, c’est Une histoire de regards, sortie aux Éditions Le diplodocus qui nous a fait réunir l’illustratrice Bérengère Mariller-Gobber et l’autrice Clémence Sabbagh. La première est mon invitée pour l’interview, la seconde répond à la rubrique (sonore !) Du tac au tac de Véronique Soulé.
L’interview du mercredi : Bérengère Mariller-Gobber
Présentez-nous votre dernier album, Une histoire de regards…
Une histoire de regards commence avec le regard des parents posés sur… un ventre rond ! Un petit cœur qui bat… Une nouvelle vie !
L’album va suivre cette petite fille qui fait ses premiers pas, ses premiers sourires, son premier spectacle, mais aussi son émancipation, ses engagements, ses amitiés…
C’est la vie, avec les regards que l’on pose dessus (l’émerveillement, la joie, la tristesse, la sérénité, la colère…).
Comment avez-vous travaillé sur cet album ?
J’ai pris un grand moment pour travailler sur le chemin de fer : nous avons eu pas mal d’échanges avec nos éditeurs (Floriane et Matthieu du Diplodocus) et Clémence. Quel visage aurait le personnage principal ? Clémence avait une idée assez précise sur les cadrages (sur la dynamique question/réponse), nous avons donc avancé ensemble pendant quelques mois !
Après nous être mis d’accord, j’ai commencé à travailler sur les illustrations. Je crois qu’ils ont tous demandé que je travaille aux crayons de couleur… (Ça tombe plutôt bien, j’adore ça !).
Une fois lancée, ça a été très fluide… Faire grandir le personnage à travers les dessins a rendu l’ampleur du travail très agréable. Tout changeait à chaque fois… Et cet album assez universel m’a fait replonger dans ma propre enfance, les photos, les tenues, les souvenirs. Ça a vraiment été un album doux à réaliser !
Comment choisissez-vous vos projets ?
Voilà une question difficile ! En général, je ne refuse pas de demande d’éditeurs… Je n’ai pas (encore) ce luxe et je le prends comme un challenge d’imaginer des illustrations dans des domaines qui me sont totalement inconnus (comme la voile par exemple !). Pour l’instant, je suis contente de tous les albums que j’ai pu illustrer, avec parfois des choses très différentes de ce que j’affectionne le plus. Maintenant, je sais dessiner des bateaux… Et parfois, cela m’a ouvert des portes vers d’autres projets, avec d’autres éditeurs super chouettes ! L’important pour moi est d’y trouver du plaisir, sinon, ça ne va pas marcher du tout.
Pour les textes que les auteurs m’envoient directement, je ne sais pas, je le sens, j’ai des images qui viennent… J’ai juste envie de les dessiner en fait !
Où trouvez-vous l’inspiration ?
Dans la vie, sûrement ! J’aime observer, écouter… J’étais une petite fille très timide qui n’osait pas trop parler fort, je crois que j’ai gardé ce besoin de regarder avant d’agir et dessiner est une bonne façon d’appréhender ce qui nous entoure. Mon enfance est aussi un puits sans fond d’histoires !
Parlez-nous de votre parcours.
J’ai dessiné petite et je n’ai jamais arrêté… Je faisais des carnets, des petits livres, des collections inspirées de mes livres préférés.
À l’école, j’ai passé un bac L avec option arts plastiques. Comme j’avais un an d’avance, mes parents m’ont proposé de passer un an dans une école municipale d’arts plastiques. J’en garde un souvenir très positif : j’ai appris énormément de choses cette année-là et c’est mon professeur (l’illustrateur Jérôme Peyrat) qui m’a aiguillée sur ce que je voulais faire de ma passion pour le dessin. À l’issue de cette prépa, je suis partie à Besançon, aux Beaux-Arts où j’ai travaillé le graphisme, la mise en page… Enfin, j’ai intégré l’atelier d’illustration des Arts Décoratifs de Strasbourg 2006 d’où je suis sortie en 2008. Après… ça a été compliqué ! Mais j’ai continué à dessiner et écrire. Dix ans plus tard, je découvrais presque par hasard Maison Éliza (NDLR Adèle, chroniqué ici) qui allait être ma première maison d’édition. Je les remercie de m’avoir fait confiance, c’était nouveau pour moi et je suis fière de cet album qui nous lie !
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Je crois que j’ai lu autant que j’ai dessiné. Les lectures dont je me souviens c’est tous les comtesse de Ségur… Je les lisais avec ma cousine, pendant nos vacances en famille… Ils ont vraiment eu un impact très fort sur moi, les personnages, le langage utilisé, la relation entre les enfants…
Petite, j’ai adoré les Ernest et Célestine et tous les albums illustrés par Jean Claverie.
Et puis j’ai beaucoup lu Susie Morgenstern et plein de romans Père Castor Flammarion sur des sujets très différents… Avec une prédominance pour la vie avant la chute du mur de Berlin…
Et plein d’albums jeunesse… En secret…
Et aujourd’hui, il y a des illustrateur·rices dont le travail vous touche particulièrement ?
Mon premier coup de cœur (de foudre ?!) serait pour Isabelle Arsenault ! Je trouve ses images sublimes, sensibles, on a envie de s’y perdre, de s’y fondre, de regarder chaque détail…
J’aime aussi beaucoup Anne Herbauts et Kitty Crowther pour leurs univers singuliers et la beauté étrange de leurs images !
Quelques mots sur vos prochains ouvrages ?
Après une période très intense, j’ai plein de textes que de talentueuses autrices m’ont confiés pour les illustrer.
Des petits bonheurs de la vie, grandir, l’adolescence, voilà un peu les thèmes dans lesquels je vais baigner.
Je travaille aussi sur une histoire d’amitié contrariée par la peur de l’autre… Deux enfants et un terrain vague… Et un orage !
Enfin, deux futurs livres sont en prévision avec deux maisons avec qui j’ai déjà eu la chance de travailler. J’ai hâte que tout cela se concrétise, mais là, c’est encore un peu tôt !
Bibliographie sélective :
- Une histoire de regards, illustration d’un texte de Clémence Sabbagh, Le Diplodocus (2022).
- Quelle princesse !, illustration d’un texte de Valérie Weishar-Giuliani, Auzou (2022).
- La berlue, texte et illustrations, Voce Verso (2022), que nous avons chroniqué ici.
- Madame et monsieur, illustration d’un texte de Magali Chiappone-Lucchesi, Glénat (2021).
- Le goût inventé des cerises, illustration d’un texte de Marie-France Zerolo, Voce Verso (2021).
- Léni veut aller danser !, illustration d’un texte de Stéphanie Demasse-Potter, L’étagère du bas (2020).
- Dans ma ville, texte et illustrations, Cépages (2020).
- Léo et Lino, texte et illustrations, La Martinière Jeunesse (2019).
- Honoré n’est pas pressé, texte et illustrations, Cépages (2019).
- Adèle, texte et illustrations, Maison Eliza (2017), que nous avons chroniqué ici.
Retrouvez Bérengère Mariller-Gobber sur Instagram.
Du tac au tac… Clémence Sabbagh
Une fois par mois, Véronique Soulé (de l’émission Écoute, il y a un éléphant dans le jardin) nous propose une capsule sonore, Du tac au tac. Avec la complicité du comédien Lionel Chenail, elle pose des questions (im)pertinentes à un·e invité·e que nous avons déjà reçu·e sur La mare aux mots. Aujourd’hui, c’est Clémence Sabbagh qui répond à ses questions à l’occasion de la sortie d’Une histoire de regards.
Clémence Sabbagh est autrice. Une histoire de regards, son dernier album en date, est sorti aux éditions Le diplodocus en mai dernier. Il est illustré par Bérengère Mariller-Gobber.
Bibliographie sélective :
- Une histoire de regards, album illustré par Bérengère Mariller-Gobber, Le Diplodocus (2022).
- Poulette, album illustré par Magali Le Huche, Les fourmis rouges (2022).
- Vert jardin, album illustré par Teresa Arroyo Corcobado, Le diplodocus (2021), que nous avons chroniqué ici.
- Les Grrr en vacances, album illustré par Agathe Moreau, Le Diplodocus, que nous avons chroniqué ici.
- Rouge jardin, album illustré par Teresa Arroyo Corcobado, Le diplodocus (2021), que nous avons chroniqué ici.
- Bleu jardin, album illustré par Teresa Arroyo Corcobado, Le diplodocus (2021), que nous avons chroniqué ici.
- La grande course des Jean, album illustré par Magali Le Huche, Les fourmis rouges (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Moi et les autres, album illustré par Elo, Plume de Carotte (2020).
- Moi et les machines, album illustré par Carole Aufranc, Plume de Carotte (2020).
- Moi et ce que je vois, album illustré par Joanna Wiejak, Plume de Carotte (2020).
- Seuls, moches et abandonnés, album illustré par Gilbert Legrand, Plume de Carotte (2020).
- Bonjour le monde !, album illustré par Margaux Grappe, Maison Eliza (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Le sommeil a disparu !, album illustré par Fabien Öckto Lambert, Gautier-Languereau (2018).
- Les Grrr, album illustré par Agathe Moreau, Le Diplodocus (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Rose cochon, album illustré par Françoise Rogier, À pas de loups (2017), que nous avons chroniqué ici.

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !