Cet été encore, on vous propose à nouveau la rubrique du berger à la bergère tous les mercredis. Cette rubrique vous avait tellement plu les trois derniers étés, nous nous devions de la reprendre (il faut dire qu’à nous aussi elle plaît beaucoup) ! Donc tous les mercredis jusqu’à la rentrée, ce sont des auteur·trice·s et des illustrateur·trice·s qui posent trois questions à un·e auteur·trice ou un·e illustrateur·trice de leur choix. Puis c’est à l’interviewé·e d’en poser trois à son tour à son intervieweur·euse d’un jour. Après Fanny Joly et Catharina Valcks, Clémence Pollet et Sandrine Thommen, Marc Daniau et Natalie Fortier, Gaya Wisniewski à Gaëtan Dorémus, Ella Charbon et Claire Lebourg, Ghislaine Roman et Csil, cette semaine c’est Élodie Shanta qui a choisi de poser des questions à Mirion Malle !
Elodie Shanta : Est ce que tu écris depuis toute petite ? Quel genre d’histoires écrivais-tu ? Quel·le·s étaient les héro·ïne·s de tes histoires ?
Mirion Malle : Oui, j’ai chez mes parents des cahiers où j’écrivais des débuts de romans, je n’étais pas très persévérante et je m’ennuyais vite alors ça faisait au final rarement plus de 10 pages. Je me rappelle bien de quelques histoires, par exemple ma première rédaction en CP c’était sur un lion qui avait mal aux dents car la viande humaine (la nourriture des lions) les fait pourrir, alors il partait en quête d’un arbre à viande mais végétale… et aujourd’hui je suis vegan… donc bon… on peut voir que j’étais prédestinée… À 7 ans j’ai ensuite commencé une œuvre qui s’appelait « Trois petites chattes », les aventures félines de trois petites chattes, donc, qui s’appelaient Coquine, Chipie et Câline, tout simplement. À 8 ans j’ai écrit aussi une sorte de roman avec une fille cool et riche et populaire qui avait un dauphin domestique. Donc vraiment de bonnes œuvres d’art.
Mais les vrais retournements de situation c’est quand j’ai lu le Journal d’Anne Frank à 10 ans (j’ai ensuite essayé de tenir plusieurs journaux intimes que j’abandonnais au bout de trois entrées), puis quand j’ai eu les cours sur les nouvelles fantastiques de Maupassant au collège, à 12 ans je pense ? En tout cas, je me suis mise à écrire des tonnes et des tonnes de nouvelles à chute et hyper glauques. Cette fillette mal en point dont le récit parle ? Elle est en fait morte depuis le début ET dans un camp de concentration ! Surprise ! La rédaction de mon bac blanc de français ? Tout simplement l’histoire de l’assassinat d’une jeune femme qui est en fait, plot twist, la première victime de Jack l’Éventreur. J’étais donc : hyper fun.
J’ai longtemps voulu être romancière, je ne faisais pas tant de BD au final, à part de nombreuses tentatives d’histoires de magical girls clairement pompées sur les W.I.T.C.H.
Elodie Shanta : Je sais que tu es très inspirée par le cinéma mais y a-t-il des œuvres de BD qui t’inspirent également aujourd’hui ?
Mirion Malle : Oui, des tas !! Déjà, il y a celles de Julie Delporte qui ont su parler exactement à ce qui me plaisait dans l’autobiographie en BD et qui ont complètement modifié mon rapport à mon travail de narration, dans l’autobio mais aussi en général. Je pense que c’est une des artistes qui a le plus marquée et je ne sais pas si ça se voit dans mon travail, mais ça m’a vraiment fait reconsidérer beaucoup de choses dans ma façon de raconter.
Il y a aussi le travail de Debbie Drechsler, qui je crois m’a fait comprendre que la forme devait aller avec le fond, qu’on ne dessine pas pareil selon ce qu’on veut raconter. Et puis ça a vraiment été un bouleversement de lire ses livres.
Sinon, en ce moment je travaille sur ma première fiction longue, et Les petits garçons de Sophie Bédard m’a beaucoup motivée et inspirée, je trouve que Sophie est une des meilleures dialoguistes actuelles, et je valorise beaucoup les dialogues en général. Je l’ai lu et puis j’avais envie de me remettre tout de suite au travail ! Enfin, j’essaie aussi dans mon dessin de revenir à mes premières amours : les shōjo manga, et particulièrement ceux d’Ai Yazawa et Mihona Fujii. Parce que je trouve que c’est un dessin vraiment expressif et nuancé, très vivant et souvent moqué (comme par hasard), et j’essaie d’incorporer cette influence quand même majeure dans ma vie dans mes bandes dessinées.
Elodie Shanta : Tu peux composer la BD de tes rêves : thèmes/scénariste/dessinateur·ice. Ça ressemble à quoi ?
Mirion Malle : Une BD sur le thème de l’amitié, co-dessinée et écrite par Élodie Shanta et Mirion Malle…
Mirion Malle : C’est quoi l’histoire qui t’a le plus marquée quand t’étais petite ou adolescente ? Genre, que ce soit un roman, une BD, un conte, un film, ou même un fait divers ou une légende urbaine sur un skyblog d’horreur ?
Élodie Shanta : Il y en a vraiment beaucoup mais un des trucs qui m’a marquée à plusieurs niveaux c’est le film Willow. Aujourd’hui je le découvrirais, j’arriverais pas à en venir à bout mais petite fille ça m’avait rendu dingue. Y’avait de la bagarre, des blagues, des sorcières, de l’amour. Et les trolls, des créatures qui m’ont filé des cauchemars pendant des mois. Aussi j’ai eu mon premier crush en la personne de Mad Martigan joué par Val Kilmer.
Sinon, marquée de façon plus violente, quand j’avais 4 ou 5 ans je suis tombée sur la scène de la douche dans Psychose chez mes cousins !
Mirion Malle : Est-ce que tu lis beaucoup de BD toi ? Est-ce que tu as l’impression que ça te nourrit ou plutôt que ça te « déconcentre » par rapport à ce que tu veux faire ? C’est qui ton autrice/auteur préf (de tous les temps ou en ce moment, ou les deux) ?
Élodie Shanta : Je lisais pas mal de BD oui. L’intégrale de Calvin et Hobbes assez jeune et je pense que ça m’a influencé sans que ça soit trop obvious. Plus tard j’ai lu Donjon et puis aussi des mangas, ce qui m’a le plus épaté c’est Akira Toriyama, j’étais et je suis encore fan de sa narration et de son trait. Mon auteur pref à l’heure actuelle c’est sûrement Mortis Ghost pour la fraicheur de sa narration et son dessin trop beau.
Sinon, je suis plus influencée par mes lectures, romans contemplatifs etc. que par des BD bien précises. D’ailleurs je lis plus tant de BD que ça aujourd’hui.
Mirion Malle : Tu m’as posé une question sur le cinéma alors en voici une sur les jeux vidéos : si tu devais en inventer un, il ressemblerait à quoi ? Quel type, quelle histoire, on jouerait qui et est-ce que les graphismes seraient beaux ?
Élodie Shanta : Alors, déjà ça serait soit du cell shading comme dans Zelda wind waker ou bien une très belle 2D en pixel.
Ça serait un genre d’action RPG simulation.
On jouerait une fille ou un garçon au choix.
Il y aurait une quête principale vraiment variée avec une aventure et plein de lieux variés, pas trop de quêtes secondaires chiantes. On pourrait aussi planter des trucs et les vendre une fois qu’ils ont poussé. Y’aurait plein d’items avec des icônes adorables, des villages avec plein de maisons visitables. Plusieurs gameplays différents, parfois de l’action mais aussi parfois de la réflexion. Il faut aussi de la magie en quantité raisonnable.
Bibliographie de Mirion Malle :
- La Ligue des Super Féministes, texte et illustrations, La ville brûle (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Les règles… quelle aventure !, illustration d’un texte d’Élise Thiébaut, La ville brûle (2017), dont nous avons parlé ici.
- Commando Culotte, texte et illustrations, Ankama Éditions (2016).
- Héro(ïne)s : La Représentation féminine en bande dessinée, collectif, éditions du Lyon BD festival (2016).
- Intinimitié amoureuse, avec Thomas Mathieu, Warum, (2013).
Son site : http://www.mirionmalle.com.
Bibliographie d’Élodie Shanta :
- L’énigme de l’objet mystérieux, illustration d’un texte d’Alexandre Fontaine-Rousseau, Lapin éditions (2019).
- Crevette, texte et illustrations, La pastèque (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Jujub’ et Bleble, texte et illustrations, Lapin éditions (2018).
- Madame Musaraigne change de maison !, texte et illustrations, Vide Cocagne (2017).
- Les Malheurs de Jean-Jean, texte et illustrations, Des ronds dans l’O (2016).
- Marcelin Comète se balade dans le cosmos, illustration d’un texte de Marc Lizano, Des ronds dans l’O (2015).
Son site : https://elodieshanta.weebly.com.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !