Une fois par mois, avec Véronique Soulé, nous mettons en avant deux invité·es lié·es par un livre. Cette fois-ci, c’est l’album Grand-Mama, sorti à l’Atelier des nomades, qui nous a fait réunir l’autrice et éditrice Corinne Fleury et l’auteur-illustrateur Sébastien Pelon. La première est mon invitée pour l’interview, le second répond à la rubrique (sonore !) Du tac au tac de Véronique Soulé.
L’interview du mercredi : Corinne Fleury
Pouvez-vous nous présenter Grand-Mama, votre dernier album ?
Grand-Mama vit au bord de la rivière Lataniers. Cette vieille femme mystérieuse provoque la curiosité et la crainte des villageois. Un jour que le jeune Malo approche la maison de Grand-Mama, un chant créole, doux et mélodieux, l’attire. Malgré l’ambiance étrange qui s’en dégage, il décide de pousser la porte de cette maison…
Comment est-il né ? D’où est venue l’idée ?
L’album est construit autour d’une berceuse créole, Larivier Taniers. Ce chant traditionnel de l’île Maurice parle d’une vieille femme et de la dureté de la vie qu’endurent, parfois, les personnes âgées. J’ai eu envie, autour de ce chant, d’imaginer une vieille femme que l’on pense sorcière, un peu à la manière des contes.
Vous n’en êtes pas seulement l’autrice, vous en êtes aussi l’éditrice. Pouvez-vous nous parler de L’Atelier des Nomades, votre maison d’édition ?
L’Atelier des Nomades est une maison d’édition indépendante. Elle a été fondée en 2010 entre l’île Maurice et la France et se consacre aux littératures de l’océan Indien.
Quelle est la ligne éditoriale de la maison, comment choisissez-vous les projets que vous éditez ?
La maison explore les richesses des îles de l’océan Indien, elle interroge ses beautés et ses dissonances et espère provoquer la rencontre des cultures du Sud et du Nord.
Nous publions entre 6 à 8 titres par an en littérature générale, littérature jeunesse et art de vivre. Ce nombre restreint de titres requiert une exigence particulière dans nos choix éditoriaux. Nous publions les projets qui offrent un regard et une voix sur l’océan Indien et privilégions la singularité car la bibliodiversité est au cœur de notre catalogue.
D’où vient cet intérêt particulier pour cet endroit du monde ?
Je suis née à l’île Maurice et voue une affection pour les îles de l’océan Indien. Le condensé de richesses de ces petits cailloux posés sur l’océan Indien me fascine !
N’est-ce pas compliqué d’être l’éditrice de son propre livre ? Prenez-vous des avis extérieurs ?
C’est un exercice difficile ! Je suis l’auteure de deux albums à l’Atelier des Nomades et à chaque fois j’ai transmis mes textes de manière anonyme à mon comité de lecture ! Pour Grand-Mama, j’avais reçu une note de lecture de mon éditrice « J’aime beaucoup, on le publie quand ? ». Sans avis extérieur, je n’aurais pas eu la prétention de me publier !
Où trouvez-vous votre inspiration en tant qu’autrice ?
C’est une question difficile à laquelle je n’ai pas de réponse précise parce que tout m’intéresse et m’inspire ! Et puis, une étincelle plus forte que les autres jaillit de ces inspirations multiples.
Sébastien Pelon a illustré ce très beau conte et plusieurs de vos livres, parlez-nous de votre collaboration.
Sébastien et moi étions des anciens collègues d’une grande maison d’édition. J’appréciais beaucoup son travail d’illustrateur. Il avait et a toujours une sensibilité graphique qui me touche beaucoup. Lorsque j’ai créé ma maison d’édition, il a tout de suite accepté d’illustrer notre premier titre jeunesse Contes de l’île Maurice. Grand-Mama est le troisième titre qu’il illustre à l’Atelier des Nomades.
Parlez-nous de votre parcours.
Après mon Higher school certificate à l’île Maurice (équivalent du bac), je suis venue en France pour faire une maîtrise de lettres où je me suis spécialisée en littérature jeunesse et j’ai poursuivi avec un master d’édition. J’ai travaillé dans différentes maisons d’édition de littérature générale, d’art de vivre et de littérature jeunesse avant de créer ma maison d’édition.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Mon enfance a été marquée par l’oralité. On m’a beaucoup raconté des histoires issues de la tradition orale mauricienne. Et puis j’ai dévoré la Bibliothèque rose et verte : Le Club des cinq, Fantômette, etc. Plus âgée, peu de livres pour adolescents arrivaient jusqu’à mon île. J’ai donc lu tout ce que je trouvais dans la bibliothèque de mon père : des livres sur des inventions célèbres ; les fouilles archéologiques en Égypte ; Toussaint Louverture, Malcom de Chazal, Aimé Césaire ou Marcel Pagnol… Je ne comprenais pas toujours tout mais cela nourrissait mon imaginaire.
Quelques mots sur vos prochains ouvrages ?
Nous publierons en avril Un paradis dans mes cheveux de Skye Robinson et Katty-Laguette Labour. L’histoire d’une petite fille qui déteste se laver les cheveux au point de les laisser envahir par une sublime faune et flore…
Bibliographie de Corinne Fleury :
- Grand-Mama, album illustré par Sébastien Pelon, l’Atelier des nomades (2021).
- Le dodo aux plumes d’or, album illustré par Sébastien Pelon, l’Atelier des nomades (2014), que nous avons chroniqué ici.
Quelques autres livres (jeunesse) de l’Atelier des nomades :
- Les robinsons de l’île Tromelin, texte d’Alexandrine Civard-Racinais illustré par Aline Bureau (2021).
- Rêve d’oiseau, texte de Shenaz Patel illustré par Emmanuelle Tchoukriel (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Tizan et le loup, texte d’Amarnath Hosany et Véronique Massenot illustré par Solen Coeffic (2018).
- La carte magique – 1. Le trésor de la Citadelle, texte de Yianna Amadine illustré par Iloë (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Le bestiaire mauricien, texte de Shenaz Patel illustré par Emmanuelle Tchoukriel (2016).
Du tac au tac… Sébastien Pelon
Une fois par mois, Véronique Soulé (de l’émission Écoute, il y a un éléphant dans le jardin) nous propose une capsule sonore, Du tac au tac. Avec la complicité du comédien Lionel Chenail, elle pose des questions (im)pertinentes à un·e invité·e que nous avons déjà reçu·e sur La mare aux mots. Aujourd’hui, c’est Sébastien Pelon qui répond à ses questions à l’occasion de la sortie de l’album Grand-Mama.
Sébastien Pelon est auteur et illustrateur. Son dernier ouvrage publié à l’Atelier des nomades (voir interview ci dessous), Grand-Mama est sorti le 4 novembre.
Bibliographie sélective :
- Grand-Mama, illustration d’un texte de Corinne Fleury, l’Atelier des nomades (2021).
- Comète, texte et illustration, Père Castor (2020).
- La belle au bois dormant, illustration d’un texte de Gaël Aymon, Nathan (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Mon petit bout du monde, texte et illustration, Père Castor (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Fille de l’un, fille de l’autre, illustration d’un texte de Charlotte Moundlic, L’école des loisirs (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Le voyage de Grand Ours, illustration d’un texte de Nadine Brun-Cosme, ABC Melody (2020), que nous avons chroniqué ici.
- Caché dans la mare, illustration d’un texte de Juliette Vallery, Amaterra (2019), que nous avons chroniqué ici.
- La boîte à joujoux, illustration d’un texte d’Élodie Fondacci, d’après Claude Debussy, Gautier Languereau (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Caché dans la forêt, texte et illustration, Amaterra (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Caché dans la prairie, texte et illustration, Amaterra (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Calico Jack et Anne Bonny, pirates des mers, illustration de textes d‘Anne-Sophie Baumann, Nathan (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Mes petites roues, texte et illustrations, Père Castor (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Série Brune du lac, illustration de textes de Christelle Chatel, Nathan (2014-2017), que nous avons chroniqué ici.
- Le grand rendez-vous, collectif, Nathan (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Robin des bois, illustration d’un texte de Stéphane Frattini, Milan (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Mowgli et les loups, illustration d’un texte d’Anne Fronsacq, Père Castor (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Le déménagement de Maryse Cocotte, illustration d’un texte de Mim, P’titGlénat (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Les familles de la ferme et Le mémo des légumes, illustration de jeux, Père Castor (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Les rois malhonnêtes, illustration d’un texte de Reine Cioulachtjian, Magnard (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Contes de Russie, illustrations de textes de Robert Giraud, Père Castor (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Les fabuleuses aventures de Sinbad le marin, illustration de textes de Michel Laporte, Père Castor 2014), que nous avons chroniqué ici.
- Le dodo aux plumes d’or, illustration d’un texte de Corinne Fleury, l’Atelier des nomades (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Pourquoi les éléphants aiment-ils tant leur trompe ?, illustration d’un texte de Rudyard Kipling, Larousse (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Contes de l’Île Maurice, illustration de textes de Shenaz Patel, l’Atelier des nomades (2013), que nous avons chroniqué ici.
- La Befana, illustration d’un texte de Sandra Nelson, Père Castor (2012).
- Matriochka, illustration d’un texte de Sandra Nelson, Père Castor (2012).
- Série Nitou l’indien, illustrations de textes de Marc Cantin, Castor Benjamin (2004-2011).
- Le loup et l’agneau et 3 autres fables de La Fontaine, illustrations de textes de Jean de La Fontaine, Père Castor (2003).
Retrouvez Sébastien Pelon sur son site : http://sebastienpelon.com.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !