Oh, oh oh ! Voici ma hotte de Noël, remplie de mes livres coups de cœur de cette année 2021. J’espère que vous y trouverez des idées pour gâter petit·es et grand·es. Alors, avec un peu d’avance : Joyeux Noël, à tous et à toutes !
BEAUX LIVRES
Petits portraits de chats, collectif.
Le chat ouvrit les yeux,
Le soleil y entra.
Le chat ferma les yeux,
Le soleil y resta.
Ces quelques vers de Maurice Carême, appris lorsque j’étais enfant, me restent encore en mémoire. Ce poète n’est pas le seul à avoir été inspiré par les chats. Cet album regroupe une série de textes et de poèmes mettant à l’honneur ces gracieux félins. Espiègle pour Edmond Rostand, un peu fou pour Lewis Caroll, joueur pour Jules Renard… Cette anthologie révèle toutes les facettes de l’animal. Sur chaque double-page, une magnifique illustration d’un·e artiste contemporain·e fait écho au texte sur la page en face. On reconnaît facilement la patte d’illustrateurs ou d’illustratrices, comme celle de Rébecca Dautremer ou Ilya Green. Cet ouvrage est publié dans La collection de Grasset jeunesse, qui a pour objectif de mettre en regard texte d’hier et images d’aujourd’hui, offrant ainsi aux plus jeunes un accès au patrimoine littéraire par le biais d’illustrations très actuelles. Un beau livre à glisser dans la bibliothèque familiale, et à ressortir de temps en temps, quand le cœur nous en dit, un chat tendrement blotti sur les genoux.
Grasset jeunesse, 19,90 €.
Chronique à venir.
LIVRES CARTONNÉS
Roule Renard, de l’Atelier Saje.
Cinq petits renards s’amusent dans la neige. Un à un, ils roulent jusqu’à disparaître totalement du paysage. Mais où sont-ils passés ?
Cet ouvrage est une adaptation de la célèbre comptine « Ils étaient cinq dans le nid », souvent chantée dans les écoles maternelles. Le livre comme la comptine permettent de comprendre de manière ludique et implicite la décomposition du nombre 5. Dans ce livre, les renards s’esquivent, un à un au fur et à mesure que la comptine s’égrène, à l’aide d’un système de tirettes. Le livre est tout cartonné, ce qui le rend très solide, et permet par conséquent aux enfants de le manipuler à volonté. Les illustrations sont très épurées, donnant ainsi toute la place au jeu de comptage. Au-delà de l’aspect mathématique, ce sont des thématiques caractéristiques de la petite enfance qui sont évoquées ici : le jeu, la séparation, les retrouvailles. Caché, trouvé !
Didier jeunesse, 12,90 €.
Chronique à venir.
ALBUMS
Le monde de Monsieur Taupe, de Teresa Sediva (texte et illustrations).
Monsieur Taupe vit seul au fond de sa galerie. Unique compagnon : son lampion rose. Tous deux, la taupe et le lampion, prennent plaisir à converser. Mr Taupe aimerait découvrir le vaste monde, mais il n’ose pas s’y aventurer. Lampion sait Mr Taupe sensible à la couleur, lui qui vit dans un milieu en noir et blanc. Alors, il lui parle de la nature, de son foisonnement, de ses mille nuances. Un matin, Mr Taupe est réveillé par le soleil qui l’aveugle ; Lampion a disparu. Et si c’était, pour lui, l’occasion d’explorer cet environnement étranger, là, au-dessus de sa tête…
L’artiste joue sur l’ouverture inhabituelle du livre, sur sa pliure, pour montrer le monde du dessous et le monde du dessus. L’antre obscur de la taupe et sa partie de dialogue se trouvent sous la pliure ; la nature colorée et les mots du légume se trouvent au-dessus. De fait, le lecteur ou la lectrice voit ce que la taupe ne voit pas. L’opposition se fait aussi par la couleur : noir contre couleurs fluo. Comme la petite taupe, peut-être le lecteur ou la lectrice aura-t-il envie d’apprendre à ouvrir les yeux, à s’ouvrir au monde, à mettre un peu de fantaisie dans sa vie.
Flammarion, 13 €.
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Ernest et Célestine, comment tout a commencé, de Gabrielle Vincent (texte et illustrations).
À l’occasion des 40 ans d’Ernest et Célestine, Casterman a publié un album collector intitulé Ernest et Célestine, comment tout a commencé. Celui-ci regroupe deux histoires d’Ernest et Célestine : Ernest et Célestine ont perdu Siméon et Les questions de Célestine, ainsi qu’un dossier documentaire sur le travail de l’artiste.
Ernest et Célestine, c’est beau, c’est doux, c’est triste et gai, à la fois… Juste quelques mots, de grandes illustrations, et nous voilà embarqué·es dans l’univers de Gabrielle Vincent. Dans les scènes en extérieur, place est laissée aux personnages sur le fond blanc enneigé ; au contraire dans les scènes en intérieur, l’espace est encombré de détails qu’il faut prendre le temps de fouiller du regard. Le travail du trait est vraiment ce qui caractérise le travail de Gabrielle Vincent. Mais la couleur à l’aquarelle a également, toute son importance. Le livre est porteur de belles valeurs. Le tout sur fond de fêtes de Noël. Forcément, on ne peut résister.
Casterman, 17,90 €.
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Le plus bel été du monde, de Delphine Perret (texte et illustrations).
Dans l’obscurité de la nuit, un petit garçon et sa mère prennent la route pour rejoindre la maison de vacances familiale qui les attend depuis un an. Il faut peu de temps à l’enfant pour retrouver de petits trésors, reprendre des habitudes oubliées, (re)découvrir la beauté de la nature. Il n’y a pas de petits bonheurs qui ne soient finalement immenses. La mère prend plaisir à regarder son garçon grandir et à lui transmettre histoires familiales et joies personnelles. Mais le bonheur, c’est fait pour être partagé. Alors, qu’il est bon pour le garçonnet de retrouver ses cousin·es pour s’inventer des histoires et se créer de nouveaux souvenirs ! Nul besoin de plus, voici le secret du plus bel été du monde.
Dans cet album, il y a beaucoup de Delphine Perret et un peu de chacun·e d’entre nous, grand·es et petit·es. L’histoire est un dialogue entre une mère et son fils ; elle parle de partage et de transmission. Et c’est exactement ce que pourront vivre, ensemble, l’enfant qui écoutera et l’adulte qui lira cette histoire. Les illustrations à l’aquarelle et les dessins au crayon habillent le récit de Delphine Perret. L’alternance des deux rythme l’histoire et se prête particulièrement bien à l’évocation de souvenirs d’enfance. C’est doux, tendre et poétique.
Les Fourmis Rouges, 18,50 €.
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La révolte, d’Eduarda Lima (texte et illustrations).
Un jour, un oiseau s’arrêta de chanter. Il fut immédiatement suivi dans cette action par l’ensemble de ces congénères. Puis, animaux domestiques comme animaux sauvages se murèrent à leur tour dans le silence. Plus aucun bruit, plus aucun mouvement : les vaches ne donnaient plus de lait, les éléphants du cirque ne faisaient plus le poirier… Les journaux commencèrent à croire que les animaux avaient conclu un pacte entre eux. Ils semblaient unis autour d’une même cause. D’ailleurs, ils furent bientôt rejoints dans cette lutte par les enfants. Le monde restait muet. Mais pourquoi ?
En voilà un silence qui fait grand bruit ! Parfois, nul besoin de barricades et de slogans pour se faire entendre. De même, nul besoin de grands discours quand les dessins parlent d’eux-mêmes. Écouter, observer, réfléchir : c’est ainsi que l’enfant donnera sens à ce texte. Car La révolte (forcément avec un titre pareil !) fait partie de ces livres qui poussent à la réflexion. Pollution, surabondance de plastiques, pesticides, agriculture de masse, conditions animales… Voilà ce qu’engendrent nos modes de vie actuels. Ne serait-il pas temps de passer à autre chose ?
La joie de lire, 14,50 €.
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Esther Andersen, Timothée de Fombelle (texte), Irène Bonacina (illustrations).
Chaque année, dès le premier jour des vacances, le petit garçon, narrateur de l’histoire, va rejoindre par le train son oncle Angelo. Son grand plaisir estival, c’est de parcourir la campagne à bicyclette. Un jour, après s’être volontairement perdu, le narrateur fait une découverte fabuleuse : la mer. « C’était là et je ne l’avais su. » L’émotion est immense. Mais la voilà encore décuplée par l’arrivée sur la plage d’une jeune personne, nommée Esther Andersen.
Ce livre ne laissera personne indifférent. À mi-chemin entre l’album et le roman graphique, il séduira les enfants comme les adultes. Il instillera sa poésie dans les oreilles des uns, fera infuser sa nostalgie dans la tête des autres. Le grand format à l’italienne fait une belle place aux illustrations, et permet de savourer et d’étirer le temps. J’avoue un vrai coup de cœur pour le travail de l’illustratrice Irène Bonacina. Plusieurs détails me font penser aux dessins de Quentin Blake. Le duo Timothée de Fombelle et Irène Bonacina fonctionne à merveille. Les illustrations sont comme l’histoire : douces, tendres et poétiques.
Gallimard jeunesse, 24,90 €.
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DOCUMENTAIRES
Joséphine Baker, Alice Babin (texte) et Camille de Cussac (illustrations).
Joséphine Baker naît le 3 juin 1908 à Saint-Louis au sein d’une famille pauvre. Dès son plus jeune âge, elle aime faire le spectacle et danser. Elle croit en ses rêves ; et à force de détermination, elle devient la première femme artiste noire. Au fil des années, elle s’impose comme une star.
Ce petit documentaire, qui s’adresse aux enfants de fin de primaire/début collège, retrace la vie de l’artiste de sa naissance dans une famille pauvre des États-Unis à sa mort à Paris, au sommet de la gloire dans les années 1970. L’ouvrage évoque son parcours d’artiste (noire dans un monde réservé aux Blancs), ses convictions personnelles et luttes de toujours (pour la liberté, contre le racisme, pour la paix, sa vie de résistante, sa tribu arc-en-ciel…). Le livre est un petit format, mais il est riche d’informations. Il est divisé en plusieurs parties : résumé, documentaire, ouverture sur l’avenir, chronologie, définitions. J’aime beaucoup le travail d’illustration, son monde apparaît multicolore, comme le rêvait l’artiste ; le choix graphique est vraiment intéressant.
Gallimard jeunesse, 9,90 €.
Chronique à venir.
ROMANS
Le phare aux oiseaux, Michael Mopurgo (texte) et Benji Davies (illustrations).
Depuis toujours, Benjamin Postlethwaite est le gardien du phare de Puffin Island — l’île aux macareux. Un hiver, par une nuit de tempête, Benjamin assiste au naufrage d’une goélette. Ne pouvant rester les bras ballants, il monte dans sa barque, et au péril de sa vie, sauve trente autres vies. Parmi les naufragé·es se trouve le narrateur de cette histoire, Allen William, alors âgé de 5 ans. À l’abri dans le phare, il observe le vieil homme silencieux qui les a tous sauvés, mais remarque surtout les dizaines de tableaux et dessins éparpillés. Après le sauvetage, Allen et sa mère partent vivre chez ses grands-parents, comme initialement prévu. Le souvenir de cette nuit terrible, du vieil homme et de son phare ne quittera jamais le garçonnet. Tandis qu’il termine ses années de lycée, Allen tombe, par hasard, sur un article au sujet de celui qu’il n’a jamais oublié : le vieux gardien de phare. C’est alors que lui vient une idée.
Le phare aux oiseaux est un très beau livre, dans la lignée des romans d’aventures qui ont marqué nos enfances et l’histoire de la littérature de jeunesse. Mais au-delà de l’aventure, c’est surtout une histoire d’amitié qui nous est contée : l’amitié entre un vieil homme et un jeune garçon, liés par un drame, mais surtout par l’amour de la peinture et de la mer. Deux grands talents, tels que Michael Morpurgo et Benji Davies, qui se réunissent, c’est forcément une belle histoire qui naît. Le texte et les illustrations habilement mêlées, le format et le thème en font un livre idéal pour les jeunes lecteurs et lectrices qui font leurs premiers pas dans la lecture de romans.
Gallimard jeunesse, 16,50 €.
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Une fille en or, de Philippe Nessmann.
Hiver 1928. Elisabeth Robinson, dite Betty, est lycéenne. Elle habite dans un quartier de Riverdale, dans la banlieue sud de Chicago. Chaque jour, elle prend le train pour se rendre à son école et en revenir. Ce soir-là, lorsqu’elle arrive en gare, le train vient de partir. Sans hésitation, elle court pour essayer de le rattraper et saute dedans. À ce moment précis, depuis le wagon, quelqu’un l’observe : Mr Price, son professeur de sciences, et entraîneur de l’équipe masculine d’athlétisme de son lycée. Impressionné par ce qu’il vient de voir, il lui propose de rejoindre l’équipe. Betty ne le sait pas encore, mais cette course après le train et cet homme vont changer sa vie. Rapidement, et cela malgré les préjugés, elle va progresser, participer à des courses officielles, jusqu’à se qualifier pour les Jeux olympiques. Et ce n’est que le début de son incroyable histoire !
Connaissiez-vous Betty Robinson ? Elle fait partie de ces nombreuses pionnières, femmes aux destins incroyables, sportives de haut niveau dont l’Histoire a oublié de retenir le nom. Betty est ce que l’on appelle une battante. Et elle ne se bat pas seulement contre le chronomètre. À chaque moment de sa vie, il lui faudra trouver la force de surmonter les obstacles : elle ignorera ceux qui pensent que les filles ne doivent pas courir, elle défendra l’idée que les filles puissent participer aux épreuves d’athlétisme aux JO, elle devra vaincre des ennuis de santé et des problèmes financiers… Mais chaque fois, elle fera le choix d’aller de l’avant.
Flammarion, 13,90 €.
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JEUX
La cabane.
Chercher les quatre coins, puis les positionner, trier les pièces ayant un bord droit et les autres, enfin les placer une à une. Voilà les grands principes que l’on expose aux enfants qui commencent à faire des puzzles de grande taille, comme cette Cabane de 200 pièces. Trier, trouver, créer, rêver…
Lorsqu’on est un·e enfant, on aime se faire des cabanes de bric et de broc, où l’on fourre tout son petit bazar. C’est cet univers enfantin que l’on retrouve en illustration du puzzle de 200 pièces La Cabane, proposé par Jour Férié. Pour ajouter de la complexité à l’activité, ce petit monde fourmille de détails et de couleurs. Pour les enfants, cela a toujours été une valeur sûre. On appréciera la démarche clairement écoresponsable de la marque. La fabrication est française et les matières recyclées ou issues de forêts durablement gérées. Un puzzle à réaliser dès 6 ans.
Jour Férié, autour de 25 €.
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Le griffographe, d’Hélène Jourdain.
Le griffographe est un outil permettant, aux petit·es et aux grand·es, de dessiner avec une grande facilité. En effet, il suffit de tracer le contour des formes, de les colorier et de les combiner, afin de créer animaux et univers merveilleux.
Cet outil rappellera à certain·es les normographes utilisés pour construire les cartes de géographie ; à d’autres, il fera penser aux pochoirs dont certain·es artistes font usage pour leurs illustrations. Le griffographe est effectivement un accessoire à mi-chemin entre ces deux outils. On appréciera le large panel de possibilités de création qu’il offre. Il permettra aux plus jeunes de découvrir un nouveau mode d’illustration, de développer leur motricité fine, de laisser libre cours à leur inventivité, pour un résultat toujours bluffant. Les plus grand·es, et même les adultes, pourront l’utiliser pour leurs activités créatives, telles que Bullet journal, décoration de cartes ou de lettres… Notons ce petit plus : l’objet est fabriqué en France. Place à l’imagination !
Griffographe, à partir de 9,90 €.
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Fille des années 80, amoureuse des livres depuis toujours. La légende raconte que ses parents chérirent le jour où elle sut lire, arrêtant ainsi de les réveiller à l’aube. Sa passion des livres, et plus particulièrement des livres jeunesse, est dévorante, et son envie de partage, débordante. Elle est sensible aux mots comme aux images, et adore barboter dans les librairies et les bibliothèques. Elle aime : les albums au petit goût vintage et les romans saisissants, les talentueux Rebecca Dautremer et Quentin Gréban, les jeunes pousses Fleur Oury et Florian Pigé, l’humour d’Edouard Manceau et de Mathieu Maudet, les mots de Malika Ferdjoukh et de Marie Desplechin.