Kimane est une maison qui a quelques années, mais que n’ai découvert que très récemment. Dans leur beau catalogue, on retrouve notamment la super série Petite & Grande, que j’adore. J’avais envie de poser quelques questions à la directrice de la maison, Jeanne Remience. Ensuite, on part en vacances avec une grande illustratrice anglaise, dont j’adore le travail, Sarah Massini. Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Jeanne Remience
Parlez-nous des éditions Kimane, comment est née cette maison et quand l’avez-vous rejointe ?
Kimane est née en 2013 sous la bonne étoile de Christophe Lagrange, heureux papa d’une petite Kim-Ahn adoptée au Vietnam. Christophe a malheureusement quitté ce monde quelques mois après la création de la maison. Je l’avais rejoint dans ses bureaux en 2012 pour l’accompagner durant sa maladie, n’imaginant pas un instant lui succéder ! Un autre de nos amis, Éric Ekmektchian, a également participé à cette aventure. Nous avons décidé en 2013 de reprendre tous les deux la maison d’édition et de poursuivre le travail commencé avec l’équipe.
Quel est votre rôle au sein de la maison et qui sont les autres qui composent l’équipe ?
Je suis gérante de la société, en charge essentiellement de la partie éditoriale.
Éric, mon associé, est responsable des finances.
Laure Tivolle et Claire Coutsoloucas sont éditrices.
Sabrina Amrouni assure la partie commerciale.
Thomas Kohler est directeur artistique.
Frédérique qui nous a rejoints récemment gère l’administration.
Une petite équipe de passionnés, enthousiaste, soudée et polyvalente !
Comment choisissez-vous les livres que vous éditez ? Pouvez-vous définir la ligne éditoriale ?
Kimane est une maison qui publie des ouvrages pour la jeunesse couvrant toutes les tranches d’âge et tous les sujets : de la petite enfance jusqu’à l’adolescence. Livres d’éveil, albums, documentaires, livres d’activité… Sa particularité réside dans la coédition. En effet, nous ne publions que des ouvrages qui ont connu un succès à l’étranger et nous les adaptons au marché français.
Nous avons à cœur de faire découvrir à nos lecteurs des livres venus d’ailleurs. C’est la raison pour laquelle il n’y a jamais d’auteurs français dans nos catalogues. La sélection des livres se fait essentiellement par coup de cœur. Nous tenons compte de l’illustration, du message transmis et également du potentiel du livre sur le marché français.
Je sais que la question n’est pas facile, mais si vous deviez me citer quelques albums qui ont marqué la maison…
Ce n’est pas facile effectivement car nous aimons vraiment tous nos livres ! Puisqu’il faut répondre, je choisirais plutôt une collection : Petite & Grande. C’est une série qui vient d’Espagne, qui connaît un succès international (des millions d’albums vendus dans le monde), qui a été proposée à de nombreux éditeurs français et que nous avons remportée (en toute humilité… ce fut laborieux, mais nous avons été convaincants !). Ces albums documentaires soulignent bien la ligne éditoriale de Kimane : nous sommes un éditeur indépendant, soucieux de transmettre des messages importants aux enfants, soucieux aussi de la qualité de nos ouvrages et du prix qui doit être accessible au plus grand nombre.
Ces « Petites & Grandes » nous ont ouvert la porte de nombreuses librairies, bibliothèques et intéressé les influenceurs. Cela nous a permis de leur proposer des albums qui commencent à les séduire car les ventes sont au rendez-vous.
Petite & Grande, que j’adore, n’est pas le seul livre chez vous qui met les femmes en avant (et vous avez même un livre qui rappelle que les garçons aussi pleurent). L’antisexisme est un sujet qui vous touche ?
Oui, bien sûr c’est un sujet qui devrait nous toucher tous.
Il est grand temps de faire bouger les mentalités chez nous, mais ailleurs également. En France, les femmes à travail équivalent gagnent toujours moins que les hommes !
Il nous faut réfléchir à l’éducation des petits garçons en les laissant être eux-mêmes sans qu’ils soient ensevelis sous les stéréotypes patriarcaux ; tenter de trouver des solutions et des outils pour repenser une éducation masculine trop peu remise en question.
Pour vous, qu’est-ce qu’un bon livre jeunesse ?
C’est avant tout un livre qui doit plaire aux enfants et ensuite aux parents et non l’inverse.
Il doit éveiller la curiosité, véhiculer un message, faire rêver ou faire rire… L’illustration doit soutenir le texte et être intemporelle : un bon livre jeunesse ne devrait pas vieillir !
Parlons un peu de vous, racontez-nous votre parcours ?
Je suis arrivée tardivement dans l’édition ! Je suis historienne de l’art, née en Belgique et descendue à Paris en 1993. J’ai travaillé dans des galeries d’art avant de découvrir les métiers de la communication événementielle où j’ai été directrice de production durant près de 20 ans. J’y ai produit des événements grand-publics, comme le Festival de Cannes ou privés, plus particulièrement pour les marques de luxe françaises.
C’est donc la magie de l’amitié qui m’a permis de découvrir le métier d’éditeur lorsque, entre deux missions, j’ai rejoint Christophe. En très peu de temps, j’ai pris conscience que ce métier était passionnant !
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Mon premier « roman » lu à 5 ans : Oui Oui et le chien qui saute. Très fière de lire un livre relié, avec peu d’illustration, un roman ! Depuis que j’ai appris à lire, je lis tous les jours. J’aimais beaucoup les imagiers de Alain Grée lorsque j’étais enfant. Ils existent encore en version modernisée je crois. Sinon Père Castor évidemment ! Plus tard, j’ai dévoré les classiques, j’étais la fille qui lisait toute la liste recommandée par le professeur…
Quelques mots sur les prochaines histoires que vous nous proposerez ?
En exclusivité : Ce sympathique Monsieur renard ! Une histoire pleine d’humour, pour rire et se faire peur. L’enfant des rêves. Un album très poétique qui permet d’aborder avec subtilité et délicatesse les thèmes de l’adoption, des familles mono-parentales et plus largement celui des origines.
Parmi les livres sortis chez Kimane :
- Valentin, pas facile d’être un bon copain, de Jacob Grant (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Fier d’être un blaireau, texte de Stella J. Jones, illustré par Carmen Saldaña (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Les grands garçons pleurent aussi, de Jonty Howley (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Premiers chiffres et Premiers mots, de Jane Ormes (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Maxou – Le petit ours au bonnet tout doux, de Vern Kousky (2019), que nous avons chroniqué ici.
- La baleine qui voulait voir la mer, texte de Troy Howell, illustré par Richard Jones (2019), que nous avons chroniqué ici.
- Le secret du hérisson, texte de Susanna Isern, illustré par Natalia Colombo (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Valentin, l’ours qui en était sûr et certain, de Jacob Grant (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Série Petite & Grande, Diverses autrices et illustratrices (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Le petit Ours des Neiges, texte de Tony Mitton, illustré par Alison Brown (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Ces femmes incroyables qui ont changé le monde, de Kate Pankhurst (2016), que nous avons chroniqué ici.
En vacances avec… Sarah Massini
Régulièrement, nous partons en vacances avec un·e artiste. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais moi j’adore partir comme ça avec quelqu’un, on apprend à la·le connaître notamment par rapport à ses goûts… cet·te artiste va donc profiter de ce voyage pour nous faire découvrir des choses. On emporte ce qu’elle·il veut me faire découvrir. On ne se charge pas trop… Des livres, de la musique, des films… sur la route on parlera aussi de 5 artistes qu’il·elle veut me présenter et c’est elle·lui qui choisit où l’on va… 5 destinations de son choix. Cette fois-ci, c’est avec Sarah Massini que nous partons ! Allez, en route !
- A Hole Is To Dig (Un trou c’est pour creuser) – Ruth Krauss/Maurice Sendak
- Who Will Comfort Toffle ? (Qui va rassurer le tibou ?) – Tove Jansson
- The Arrival (Là où vont nos pères) – Shaun Tan
- A Monster Calls (Quelques Minutes après minuit) – Patrick Ness/Jim Kay
- Pandora – Victoria Turnbull
- Persuasion – Jane Austen
- To Kill A Mockingbird (Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur) – Harper Lee
- Beloved – Toni Morrison
- The True History Of The Kelly Gang – Peter Carey
- All The Light We Cannot See (Toute la lumière que nous ne pouvons voir) – Anthony Doer
- The Ladykillers – Alexander Mackendrick
- Local Hero – Bill Forsyth
- Blade Runner – Ridley Scott
- Amélie (Le fabuleux destin d’Amélie Poulain) – Jean-Pierre Jeunet
- Pan’s Labyrinth (Le labyrinthe de Pan) – Guillermo del Toro
5 CD
- Vaughn Williams – Fantasia on a theme of Thomas Tallis
- The Kinks – The Singles Collection
- Amy Winehouse – Back To Black
- Radiohead – OK Computer
- The Imagined Village
5 artistes
- Honoré Daumier
- Paul Gauguin
- Éric Ravillious
- Edward Bawden
- Dave McKean
5 lieux
- The Victoria and Albert Museum – London
- Rye Harbour – East Sussex, England
- Beara Peninsular – Ireland
- Grand Saint Bernard Pass – Switzerland / Italy
- San Miniato al Monte – Firenze, Italy
Sarah Massini est illustratrice.
Bibliographie sélective :
- Petit nuage, illustration d’un texte d’Anne Booth, Circonflexe (à paraître en janvier 2020).
- Mouse’s Night Before Christmas, illustration d’un texte de Tracey Corderoy, Flammarion Jeunesse (à paraître).
- Éléonore et le dinosaure, illustration d’un texte de Hollie Hughes, Éditions Kimane (2019).
- Un bisou, ça change tout !, illustration d’un texte de Smriti Prasadam-Halls, Circonflexe (2019).
- La petite étoile tombée du ciel, illustration d’un texte de Sam Hay, Circonflexe (2018).
- Le Garçon et l’Ours, illustration d’un texte de racey Corderoy – Flammarion Jeunesse (2018), que nous avons chroniqué ici.
- Le lapin de velours, illustration d’un texte de Margery Williams, Flammarion Jeunesse (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Vive les livres !, illustration d’un texte de Jane Blatt, Gallimard (2013).
Le compte instagram de Sarah Massini : https://www.instagram.com/sarah_massini.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !