Dans cette sélection vous trouverez mes albums, documentaires, bandes dessinées et mangas favoris chroniqués cette année. De quoi satisfaire tout le monde sous le sapin.
ALBUMS
L’Étoile de Mo, de Yeon Choi (texte et illustration) et Elvire Beaule (traduction).
Il s’agit peut-être là de mon plus gros coup de cœur de l’année ! Je l’ai mis dans la catégorie des albums, mais il pourrait tout autant être considéré comme un roman illustré. Dans un tout petit format cartonné à la fabrication soignée, l’autrice sud-coréenne met en scène Mo, un chat noir et blanc qui part pour une grande aventure au cœur d’une nuit d’hiver. Difficile de déterminer ce qui est le plus mignon entre le texte et les images, mais une chose est sûre : cette histoire fait l’effet d’un pull moelleux enfilé par une fraîche soirée, d’une douche bien chaude après une longue journée, du poids réconfortant d’un chat ronronnant roulé en boule sur des genoux.
Hélium, 15,90 €.
Chronique complète ici.
Mouette et Chouette, de Sandra Le Guen (texte) et Julien Arnal (illustration).
Un soir, Mouette et Chouette se rencontrent à la guinguette après avoir commandé le même cocktail : le Belles Gambettes. Elles aiment tellement passer du temps ensemble qu’elles finissent par emménager dans le même bus anglais près de la forêt. Les journées se suivent et sont bien remplies, surtout de joie. Tant et si bien qu’elles décident de les partager avec des petit·es. L’histoire de ces deux oiselles qui décident de créer leur propre modèle familial est extrêmement réjouissante, pleine de vie et de liberté. On peut y voir la mise en scène d’une famille homoparentale évidemment, mais pourquoi pas simplement deux personnes qui aiment tellement passer du temps ensemble qu’elles décident de faire famille ? Mouette et Chouette évoluent dans un univers qui pourrait être un tableau de Monet revisité par Miyazaki. Les ponts fleuris, le train qui roule sur l’eau, les nénuphars en fleur… Chaque page est une invitation à sauter les deux pieds dans le dessin !
Little Urban, 14,90 €.
Chronique à venir.
Indomptable, de Morgane de Cadier (texte) et Pierre-Emmanuel Lyet (illustration).
Sans grande originalité, je suis une éternelle admiratrice du travail de Maurice Sendak et notamment de Max et les maximonstres. Évidemment, ses héritier·ères sont nombreux·ses dans le paysage de la littérature jeunesse. Je pense notamment à Animal d’Amélie Graux (Little Urban) qui était dans la sélection de Noël de Delphine en 2021, mais aussi au plus récent Chemin des étoiles de Landis Blair (Kaléidoscope) chroniqué ici par Julie. Avec Indomptable, Morgane de Cadier et Pierre-Emmanuel Lyet s’inscrivent avec brio dans cette lignée : même insolence, même liberté, même soif d’aventure, même joie. Avec leur héroïne, les interdits disparaissent pour laisser place au jeu, à la danse et à la pagaille et nous n’avons qu’une envie : être invité·es à la fête !
HongFei, 16,90 €.
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Cache-cache yéti, de Marie Mignot (texte et illustration).
Ce bel album tout en hauteur met en scène les (més)aventures de deux jeunes filles et d’un yéti sur les crêtes d’une montagne enneigée. Seulement quelques verbes font office de texte : s’ennuyer, se rencontrer, s’amuser, se préparer, admirer… Pour le reste, ce sont les magnifiques illustrations de Marie Mignot qui racontent les péripéties des personnages. Elles fourmillent de détails et suffisent à créer une narration passionnante et pleine de surprises (une page, une illustration, un verbe). Trois parties se suivent dans cet album. La première déroule le point de vue des deux fillettes, la deuxième celui du yéti et la troisième les réunit. Ce procédé permet de se rendre compte que nous ne connaissons jamais vraiment toutes les facettes d’un événement et que les apparences peuvent parfois être trompeuses.
Albin Michel, 18 €
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Les Chemins de traverse, de Maylis Daufresne (texte) et Juliette Lagrange (illustration).
La curiosité et la spontanéité de l’enfance, voilà des sujets qui ne cesseront jamais d’inspirer les auteur·trices ! Nour et Félix, les deux personnages principaux de cet album, passent leur mercredi après-midi à déambuler dans les rues de la ville au gré de leurs envies, allant de surprise en surprise. Dans cet album, Maylis Daufresne et Juliette Lagrange transforment littéralement chaque page en une porte vers un monde inconnu plein de promesses. Un passage est matérialisé par de la découpe laser sur les pages de droite, permettant aux lecteur·rices d’entrapercevoir les merveilles à découvrir après la tourne. Ingénieux et magnifique !
La Joie de lire, 17,90 €.
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Van Dog, de Mikołaj Pa (texte), Gosia Herba (illustration) et Nadja Belhadj (traduction).
Voilà un album sur lequel passer des heures ! L’histoire est pourtant des plus simples : un peintre de talent du nom de Van Dog profite d’une belle journée ensoleillée pour aller peindre dans le calme de la nature. Mais au fil des heures, l’emplacement choisi par l’artiste semble attirer de plus en plus de passages, de discussions bruyantes et d’étrangetés… Un livre qui se lit et se relit, dont on tourne les pages dans tous les sens pour comprendre d’où peut bien sortir tel ou tel animal que nous n’avions pas remarqué avant. Il déborde de détails, de poésie et d’humour. Il peut évidemment se lire comme une histoire classique, mais peut aussi être prétexte à un jeu de cherche et trouve ou même être utilisé comme un imagier.
Saltimbanque, 15,90 €.
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Poisson-Fesse, de Pauline Pinson (texte) et Magali Le Huche (illustration).
Damien est un petit poisson tout rose, tout rond, un peu rebondi : Damien a une tête de fesses et pour son plus grand malheur, on l’appelle Poisson-Fesse. Nouvelle collaboration entre Pauline Pinson et Magali Le Huche, Poisson-Fesse est un album aussi absurde que touchant. Même si l’on n’est pas soi-même un poisson ou que l’on n’a pas une tête de fesses, il n’est pas difficile de s’identifier à ce pauvre Damien, victime de moqueries et de harcèlement basés sur son apparence. Le message de tolérance porté par le texte de Pauline Pinson sait être subtil et s’éloigner du simple moralisme pour se terminer d’une manière joliment poétique.
Les Fourmis rouges, 14,90 €.
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La Petite Espionne des Nymphéas, de Béatrice Fontanel (texte) et Alexandra Huard (illustration).
Avec cet album, Béatrice Fontanel poursuit un travail entamé aux côtés du musée d’Orsay avec le podcast pour enfants « Promenades imaginaires » (des histoires mettant en scène les personnages de certains tableaux afin de les découvrir). L’épisode est multisupport : la version audio est interprétée par Arianne Dionyssopoulos et la version papier est illustrée par Alexandra Huard. C’est une narratrice mystérieuse (on découvre son identité à la fin de l’histoire) qui nous promène une journée durant à Giverny, entre les jardins et la maison de Claude Monet. En refermant le livre, une seule envie : courir au musée pour se plonger dans les toiles du maître impressionniste !
Seuil jeunesse, Musée de l’Orangerie, 19,50 €.
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Documentaires
Qu’est-ce qu’une frontière ?, de Gudol (texte), Haerang (illustration) et Sungyup Lee (traduction).
Voilà un album documentaire passionnant et très complet qui nous vient de Corée du Sud. En s’appuyant sur des exemples concrets, ce livre met en avant les réalités multiples qui entourent la notion de frontière. Le texte de Gudol est assez discret et laisse toute la place aux belles illustrations numériques d’Haerang, fourmillantes de détails et de textures. Cet album pourra sans doute apporter quelques réponses aux enfants qui assistent parfois perplexes aux tremblements du monde.
La Partie, 18 €.
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Ponts du monde, de Marc Majewski (texte et illustration) et Nadja Belhadj (traduction).
Ce très beau documentaire permettra aux enfants de voyager de manière originale : en empruntant les ponts les plus remarquables construits par les humain·es. Marc Majewski a choisi de faire cohabiter les opposés : le pont le plus haut et le pont le plus bas, par exemple, ou encore le plus extravagant et le plus camouflé, etc. Les architectures les plus époustouflantes et ingénieuses s’enchaînent et nous rappellent pour quoi elles ont été pensées : nous rassembler.
Saltimbanque, 15,90 €.
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Le Grand Livre des véhicules, de Tom Schamp (texte et illustration) et Noëlle Michel (traduction).
Attention les yeux ! Cet album tout droit venu des Pays-Bas est foisonnant, coloré, drôle et passionnant ! En plus d’être un imagier très soigné et détaillé sur les véhicules, c’est une véritable encyclopédie. L’artiste distille tout un tas d’informations historiques ou simplement descriptives un peu partout sur les pages dans un joyeux fourre-tout. Cette mise en page volontairement désordonnée permet de piocher les informations ici ou là, d’y revenir, d’en lire d’autres et d’en apprendre toujours plus à chaque lecture. Les lecteur·trices y voyagent à travers le temps et l’espace, entre inventivité, ingénierie et course au progrès.
Albin Michel jeunesse, 19,90 €.
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Bandes dessinées
Aurore et l’orc, de Lewis Trondheim (texte et illustration).
Il y a un nouvel élève dans l’école d’Aurore et c’est… un orc ! Cela ne semble poser problème à personne dans l’établissement, mais Aurore, elle, a bien remarqué le gourdin du jeune orc, sa propension à la violence et son appétit pour la chair fraîche. Puisque son entourage a l’air d’avoir perdu tout sens commun, la fillette est bien décidée à garder un œil sur cette créature ! Pour Aurore, l’incursion de la magie dans son univers ne va pas de soi et c’est ce qui crée tout le décalage comique et absurde absolument savoureux de cette BD. Chaque page présente un gag différent et alors que les journées se suivent, Aurore abandonne un peu de sa méfiance et développe de l’affection pour la créature magique. Le premier volume de cette série tient ses promesses et saura séduire toute la famille. Les deuxième et troisième tomes sont à présent disponibles.
Albin Michel, 10,90 €.
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Brume, de Jérôme Pelissier (texte) et Carine Hinder (illustration).
Rigolade assurée avec une héroïne qui ne s’embarrasse pas de délicatesse ou de politesse pour atteindre ses objectifs. Dans le village de Groach, la panique règne depuis la disparition de Naïa, la sorcière protectrice. Brume, la fille adoptive du pêcheur, aimerait être celle qui prendra sa suite pour sauver les habitant·es des dangers qui rôdent au cœur de la forêt. Si la mauvaise foi accompagne bon nombre de ses décisions, c’est aussi par l’espoir d’une vie un peu plus magique qu’elle est animée, ce qui la rend extrêmement attachante. Les tomes 2 et 3 sont disponibles et nous en dévoilent un peu plus sur les origines mystérieuses de Brume.
Glénat, 12,50 €.
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Mangas
She wasn’t a Guy, de Sumika Arai (texte et illustration) et Morgane Paviot (traduction).
Voici une histoire d’amour qui commence par un quiproquo et pas des moindres : alors qu’Aya tombe sous le charme de son disquaire préféré (qu’elle pense bien être un disquaire), il s’agit en fait de Mitsuki, l’une de ses camarades de classe, méconnaissable sans son uniforme et cachée derrière un masque ! L’énorme succès de cette série de mangas (deux tomes disponibles en français pour le moment) s’explique par un savant mélange entre romance, graphisme marquant et références à la pop culture. L’histoire naissante entre Aya et Mitsuki est à la fois très mignonne et intense en émotions puisqu’on ne sait pas comment va réagir Aya en réalisant qu’elle tombe amoureuse d’une fille. Une série vraiment originale qui modernise le genre du manga yuri !
Mangetsu, 9,85 €
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Aime tellement parler des livres qu’elle en a fait son métier et son hobby ! Libraire généraliste la semaine, Manon écrit pour plusieurs médias le week-end et monte sur des volcans endormis en Auvergne dès qu’il lui reste cinq minutes.